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Citations sur King Kong Théorie (512)

Une otage est libérée, à la radio elle déclare : "J'ai enfin pu m'épiler, me parfumer, je retrouve ma féminité." C'est en tout cas l'extrait qu'ils choisissent de passer. Elle ne veut pas sortir en ville, voir ses amis, lire les journaux. Elle veut s'épiler ? C'est son droit le plus strict. Mais qu'on ne vienne pas me demander de trouver ça normal.
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Faire ce qui ne se fait pas : demander de l'argent pour ce qui doit rester gratuit. La décision n'appartient pas à la femme adulte, le collectif impose ses lois. Les prostituées forment l'unique prolétariat dont la condition émeut autant la bourgeoisie. Au point que souvent des femmes qui n'ont jamais manqué de rien sont convaincues de cette évidence : ça ne doit pas être légalisé. Les types de travaux que les femmes non nanties exercent, les salaires misérables pour lesquels elles vendent leur temps n'intéressent personne. C'est leur lot de femmes nées pauvres, on s'y habitue sans problème. Dormir dehors à quarante ans n'est interdit par aucune législation. La clochardisation est une dégradation tolérable. Le travail en est une autre. Alors que, vendre du sexe, ça concerne tout le monde et les femmes « respectables » ont leur mot à dire.
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La prostitution a été une étape cruciale, dans mon cas, de reconstruction après le viol. Une entreprise de dédommagement, billet après billet, de ce qui m'avait été pris par la brutalité.
(p. 72)
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Moi, j'aime Josée Dayan. Je ronronne de plaisir chaque fois que je la vois à la télé. Parce que le reste du temps, même les romancières, les journalistes, les sportives, les chanteuses, les présidentes de boîtes, les productrices, toutes les bonnes femmes qu'on voit se sentent obligées de jouer un petit décolleté, une paire de boucles d'oreilles, les cheveux bien coiffés, preuves de féminité, gages de docilité.
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Quand j'étais surveillante sur des réseaux minitel, et que je voyais des « hommes généreux » proposer mille francs pour une passe, je croyais à un piège : qu'ils proposaient si cher pour attirer de pauvres filles chez eux et leur faire tout un tas d'horreurs avant de les lancer nues et ensanglantées dans le fossé le plus proche. Lecture d'Ellroy, quelques films sur grand écran, la culture dominante fait toujours passer son message : méfiez-vous, les filles, on vous aime beaucoup en cadavres. A la longue, j'avais fini par admettre que des hommes payaient effectivement mille francs le rencard, j'en avais déduit que les meufs en question étaient des mégabombasses insensées.
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On dit souvent que le porno augmente le nombre de viols. Hypocrite et absurde. Comme si l'agression sexuelle était une invention récente, et qu'il faille l'introduire dans les esprits par des films. En revanche, que les mâles français ne soient pas partis à la guerre depuis les années 60 et l'Algérie augmente certainement les viols « civils ». La vie militaire était une occasion régulière de pratiquer le viol collectif, « pour la bonne cause ». C'est d'abord une stratégie guerrière, qui participe à la virilisation du groupe qui la commet tandis qu'il affaiblit en l'hybridant le groupe adverse, et ce depuis que les guerres de conquête existent. Qu'on cesse de vouloir nous faire croire que la violence sexuelle à l'encontre des femmes est un phénomène récent, ou propre à un groupe quelconque.
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Souvent les choses sont exactement le contraire de ce qu'on nous dit qu'elles sont, c'est bien pourquoi on nous les répète avec autant d'insistance et de brutalité.
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Post-viol, la seule attitude tolérée consiste à retourner la violence contre soi. Prendre vingt kilos, par exemple. Sortir du marché sexuel, puisqu'on a été abîmée, se soustraire de soi-même au désir. En France, on ne tue pas les femmes à qui c'est arrivé, mais on attend d'elles qu'elles aient la décence de se signaler en tant que marchandise endommagée, polluée. Putes ou enlaidies, qu'elles sortent spontanément du vivier des épousables.
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Dans le même ordre d'idée, la maternité est devenue l'expérience féminine incontournable, valorisée entre toutes : donner la vie, c'est fantastique. La propagande "pro-maternité" a rarement été aussi tapageuse. Foutage de gueule, méthode contemporaine et systématique de la double contrainte : "faites des enfants c'est fantastique vous vous sentirez plus femme et accomplie que jamais", mais faites-les dans une société en dégringolade, où le travail salarié est une condition de survie sociale, mais n'est garantie pour personne, et surtout pas pour les femmes.
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Je détestais travailler. J'étais déprimée du temps que ça me prenait, du peu que je gagnais et de la facilité avec laquelle je le dépensais. Je regardais les femmes plus vieilles que moi, toute une vie à bosser comme ça, pour gagner des SMIC à peine améliorés et à cinquante balais se faire engueuler par le chef de rayon parce qu'on sort trop souvent pisser. Mois après mois, je comprenais dans le détail ce que ça voulait dire, une vie d'honnête travailleuse. Et je ne voyais pas d'échappatoire possible. Il fallait être contente d'avoir un job, déjà à l'époque. Je n'ai jamais été raisonnable, j'avais du mal à être contente.
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