Prêté par ma fille, un bon bouquin, féministe mais pas comme j'aime pas, intelligent, cru, d'une lucidité appuyée sur une expérience de vie passionnante.
C'est en lisant ce genre de chose que je me rends compte à quel point je suis formatée par ma culture, même si j'ai une forte tendance anarchisante et révolutionnaire. Non, révoltée est un mot plus juste. Ce formatage, c'est une vraie catastrophe ! Mdr !
Dieu merci mon homme "n'est pas un homme", et me dit souvent que je "ne suis pas une femme", nous sommes donc un couple hors normes en ce bas monde, bâti sur un égalitarisme de base car aucun d'entre nous ne voulait dominer l'autre, mais qui avons aussi beaucoup appris et grandi au contact l'un de l'autre, et qui continuons à changer, et à évoluer et on le fera jusqu'à ce qu'un de nous deux meure.
Bref j'ai beaucoup aimé, même si ça parle de trucs qui me sont totalement étrangers, ça m'offre des points de vue auxquels je n'avais jamais pensé, c'est vraiment très intéressant !
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Une écriture franche et percutante souvent crue. On sent la colère derrière les mots. La colère d'être traitée avec condescendance, mépris, paternalisme, violence... parce qu'on est une femme. Nous sommes nombreuses à avoir ressenti cette colère. Ses mots Virginee Despentes ne les mâche pas. On est d'accord ou pas mais au-delà du coup de gueule et du ton vindicatif il y a une argumentation construite et réfléchie. Il faut du cran pour s'exposer ainsi d'autant que c'est fait sans misérabilisme. Elle n'a rien à faire de notre compassion, ce n'est pas l'objectif, ce qui compte c'est le propos. Être écoutée, entendue, pas plainte. Donc sur la forme j'adhère complètement.
Sur le fond, je ne suis pas d'accord avec toutes les positions prises par l'auteur mais dans tous les cas les arguments de Virginie Despentes poussent à la réflexion et à la remise en question. J'ai parfois eu un peu de mal avec le manque de nuance, on frôle la caricature quand elle parle des femmes mariées. Cependant je pense que c'est voulu par l'auteure : provoquer pour inciter le lecteur à réagir, à s'indigner, s'opposer ou adhérer, mais ne pas laisser indifférente.
A contrario j'ai aussi complètement adhéré à certains propos. Quand l'auteure nous dit que pour une femme exercer son droit à circuler librement va de paire avec prendre le risque d'être violée c'est malheureusement vrai. On doit parfois choisir entre liberté et sécurité, je ne me l'étais jamais formulé ainsi et dit comme ça, j'ai trouvé cet état de fait encore plus injuste.
On sent que Virgine Despentes a une envie folle de faire bouger les choses de briser ce carcan imposé par la société. Elle a jeté ses mots avec hargne sur le papier et ça fonctionne, je me suis sentie concernée.
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Un uppercut. Le premier chapitre donne le ton. C'est décapant. Despentes dérange, renverse les idées communément admises. Pas de politiquement correct, mais pas non plus de provocation pour la provocation. Chaque chapitre, chaque page, se révèle riche en idées. Intellectuellement, c'est un des livres les plus stimulants que j'ai pu lire depuis longtemps. Je dis bien "intellectuellement" : ancienne pute, droguée, marginale, Despentes n'en est pas moins intellectuelle, même si cela dérange beaucoup...
La question n'a pas été pour moi "suis-je d'accord ou pas". D'abord qui serais-je pour affirmer qu'elle a tort sur des sujets aussi complexes, et qu'elles a vécus, comme le viol, la prostitution, les conditions d'exercice du porno... C'est bien ce qu'elle dénonce : ces hommes qui se permettent des jugements assurés, moralisateurs et paternalistes sur des choses qu'ils ne connaissent pas mais sur lesquelles ils voudraient garder le contrôle, pour que tout reste comme avant.
Surtout, si la question n'est pas "d'accord ou pas", c'est parce que cet essai sert avant tout à faire réfléchir, à bousculer les points de vue, à s'interroger, à revoir nos jugements. Peu importe, au fond, qu'on soit d'accord ou pas avec toutes les idées évoquées (même si pour ma part, malgré la radicalité du propos, le tout m'a semblé très juste). King Kong Théorie est un choc, au sens d'un réveil - réveil des consciences. Et les réactions épidermiques à son sujet sont très révélatrices : si les propos de Despentes dérangent autant, c'est, au fond, qu'ils visent juste. Et qu'ils posent des questions nécessaires, par exemple quand ils relient condition féminine, lutte des classes et capitalisme. En ce sens, et même si leurs pensées politiques sont très différentes, les écrits de Despentes me font penser à ceux de Houellebecq, qui lie inégalités sexuelles et libéralisme économique.
Loin d'un essai anti-masculin comme certains ont pu le dépeindre, il montre en quoi les hommes eux-mêmes sont perdants dans ce système de représentation. Tout le monde est perdant, sauf les puissants.
Plus de 10 ans après sa parution, King Kong Théorie n'a pris une ride. Ses propos sur le porno, par exemple, sont plus-que-jamais d'actualité...Plus globalement, derrière les propos incisifs, enragés même, se cache une hauteur de vue rare, et plus de sensibilité qu'il n'y paraît. Je lis dans plusieurs critiques ici "âmes sensibles s'abstenir" : c'est tout le contraire. S'abstenir c'est fermer les yeux. C'est refuser de voir la réalité, qui est effectivement crue. C'est refuser de s'interroger, de se poser les questions. Qu'on en partage ou non les points de vue, ce livre est d'utilité publique.
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Un pamphlet prétendument féministe où l'on apprend que la prostitution, tradition patriarcale s'il en est, qui autorise les hommes à acheter le corps des femmes, est le summum de la libération des femmes... orwellien !
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