Citations sur Teen Spirit (132)
C'est pas nous Bruno, personne est heureux dans ce monde-là. Personne. Réfléchis-y. Y a vraiment que les tout petits enfants.
Deux versions bien distinctes d'elle-meme se disputaient dans un seul corps et se partageaient le temps d'action. Entre la montre Kitty et le bracelet clouté, elle n'avait pas encore choisi son camp.
C'etait un bus de Parisiens, on faisait abstraction de notre prochain.
J'ai compris que c'etait comme le vélo: Ca ne s'oublie pas, l'abjection.
Je me suis retrouvé comme un pauvre con, dehors, le soir même. Et comme, dans l'ensemble, j'ai de la chance, il pleuvait un sale truc glacé tout cradingue et le bar était plein de gens qui s'abritaient et qui mettaient de la boue partout.
Les adolescents, à mon avis, c’est comme la plupart des adultes, plus tard : ils savent pas demander ce qu’il leur faut, ils savent pas reconnaître instinctivement ce qui est bon pour eux. Et ce qui est bon pour eux, c’est pareil que pour les adultes, plus tard : faut leur répéter tous les jours qu’on tient à eux, qu’on a confiance.
Par-dessus tout, Alice m’en voulait de ne pas travailler. D’avoir mes mercredis libres, mains dans les poches et sans portable. Que j’aie le temps de regarder des films et de lire des livres, de traîner. Elle n’imaginait pas ce que ça pouvait avoir d’angoissant, de rabaissant, d’intenable pour moi. Elle ne percevait que l’aspect cool du truc, dégagé de responsabilités, disponible, branleur éternel qu’elle croyait à l’abri des désagréments de sa vie d’adulte.
Tant qu’il ne s’agissait que de moi, l’aspect « gros pénitencier tenu par des barbares » de l’époque me faisait plutôt ni chaud ni froid. Maintenant que je pensais à Nancy qui grandirait là-dedans, viendrait éteindre sa bouille bondissante au contact de cette réalité-là, le sordide de la chose commençait de ronger mes tripes.
Elle était plus jeune que moi de sept ans, ce qui faisait plus de différence que je n’aurais cru. Voilà quelqu’un qui n’avait jamais connu le monde « avant » la chute du Mur, c’est-à-dire avant l’effondrement total de tout. Ça lui donnait un autre état d’esprit, un peu pathétique, manquant de tout, mais intéressant à dépiauter.
Et je sentais ma vie s'échapper. Je pensais vraiment fort à ma mère. Quand les enfants prennent toute la place, toute l'énergie, et toute la tête. Et qu'on reste là, impuissants, assis dans leur chambre, à attendre. Ne pouvant rien faire d'autre qu'espérer qu'il ne leur arrivera rien.
J'avais un peu peur de son âge, du moment où elle décollerait. Pareil que si elle était dans un train, encore à quai, et que je lui balance par la fenêtre tout ce que je trouvais qui pourrait lui servir, "pour la route". Je lui souhaitais de se faufiler entre les gouttes, de trouver les bonnes clefs et les trésors cachés, je lui souhaitais de se débrouiller mieux que moi et sa mère ne l'avions fait.
Dans quel genre de monde ces enfants-là seraient-ils adultes ?