AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,49

sur 40 notes
5
5 avis
4
10 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pascal Dessaint délaisse le roman noir, son domaine de prédilection, pour enfiler un costume qui lui sied à merveille, celui d'historien. Avec « un colosse » il nous amène dans la France du 19eme sur les pas d'un homme au parcours incroyable, une figure toulousaine totalement oubliée de nos jours.

Dans les années 80, au Musée du Vieux Toulouse, Dessaint voit exposé un sabot de bois pointure 54. Il ne le sait pas encore mais il vient de croiser pour la première fois Jean-Pierre Mazas.
Né en 1847 à 25 km de Toulouse, cet humble laboureur deviendra lutteur, gloire nationale, puis bête de foire, avant de n'être plus qu'une curiosité scientifique. Jean-Pierre Mazas mesurait 2 mètres 20, il était « le géant de Monstastruc » !

Avec toute l'humanité et la subtilité qu'on lui connaît, l'auteur dévoile l'homme derrière le héros. Il mène l'enquête. Et quand la vie de Jean-Pierre comporte des zones d'ombres, le romancier prend le relais pour reconstituer l'ascension et le destin tragique d'un simple paysan devenu star de son temps.

En 125 pages, « Un colosse » est tout à la fois un travail journalistique, une fable, une fantaisie, un roman historique et social. C'est un vrai plaisir de lecture duquel on ressort avec l'impression d'avoir rencontré un mec bien, Jean-Pierre. Ce plaisir tient sans doute au fait que Pascal Dessaint, quelque soit le genre dans lequel il officie, ne sait parler que de choses qui lui tiennent à coeur... et la sincérité ça ne trompe pas.
Commenter  J’apprécie          80
Un livre sur une curiosité de la nature n'est pas naturellement une curiosité, sauf si l'auteur est Pascal Dessaint, qui, en reprenant des éléments de langage de l'époque sur fond de journal de bord sépia, nous laisse fort pressentir que nous bénéficierons de bien plus qu'une narration de surface.
Par son approche très humaine de quelqu'un qui s'est révélé ne pas être de taille à affronter la petitesse du monde nous pouvons remercier Pascal Dessaint d'avoir dépoussiéré les archives.
Il y a là une minutie qui crée du style et un style qui crée entre les protagonistes et le lecteur une relation familière. Au-delà de l'aspect singulier et de l'anecdote le grattoir de l'observation fait apparaitre que bien des événements sont palimpsestes des jeux de la nature humaine. Et il me semble qu'on ferait bien d'être curieux de l'Histoire, pour envisager ce que l'on s'apprête à nous faire accroire de ce monde la perpétuelle foire.
Commenter  J’apprécie          70
Jean-Pierre Mazas naît dans le sud-ouest de la France en 1847 et ne commence à grandir de manière démesurée qu'à partir de 16 ans . Ce gigantisme facilité sa tâche de laboureur mais bientôt il deviendra aussi lutteur et sa notoriété dépasseras frontières.
Pascal Dessaint, délaissant le roman noir, se penche ici sur une destinée hors-normes, celle d'un homme qui finira phénomène de foire  et curiosité scientifique dans un monde qui évolue très rapidement par certains côtés, mais conserve aussi certains vestiges du passé.
Le romancier mène l'enquête, rétablit quelques vérités et/ou approximations et peint un tableau plein de vie d'une société qui exhibe sans honte ceux qu'elle considère comme des monstres. C'est donc l'histoire d'un corps, mais aussi d'un paysan, tous deux voués à un destin tragique que nous propose Pascal Dessaint.Un récit court, un peu plus de 120 pages, mais dense.





Rivages 2021.
Commenter  J’apprécie          70
Souvent auteur de polar noir écolo, Pascal Dessaint sort de son champ habituel pour nous livrer l'histoire douloureuse d'un paysan du XIXe du Sud-Ouest. Pierre Mazas. L'auteur replace son héros dans son cadre historique de ses deux ans au conseil de révision : il est si grand que ses parties intimes sont à la hauteur des yeux du médecin militaire...il fait 2,2 m; il est devenu un géant dont la force est..colossale! Il travaille toujours la terre et accomplit de véritables exploits; bientôt il se mettra à la lutte et ira de succès en succès; mais il veut déplacer un chêne tout seul et se blesse gravement, il se brise la colonne vertébrale. Il se remet mais son corps s'est transformé: il est devenu bossu mais a encore des succès à la lutte; il est cependant très endetté et a déménagé à la cloche de bois.Devenu monstrueux on l'exhibe de foire en foire. Il tombe ensuite dans les mains de médecins "scientifiques" avant de mourir probablement d'une crise cardiaque.
L'auteur explique sa démarche, sa recherche documentaire et semble sensible à la souffrance du géant devenu monstrueux au fil des ans, rejeté comme tout ce qui est différent.
Petite, il m'est arrivé d'entrer dans les tentes de foire où un spectacle étonnant était promis, parfois avec arnaque comme l'homme chauve-souris qui n'était qu'un chauve souriant, mais on exhibait des siamoises et je me souviens de jolies lilliputiennes . C'est plus tard que je me suis posée des questions sur ces exhibitions et sur la vie de ces personnes différentes.
Commenter  J’apprécie          60
•GÉANT ATTACHANT•

Il y a des personnages dont on se souvient plus que d'autres. Il s'appelle Jean-Pierre. Jean-Pierre Mazas. On ne sait pourtant que bien peu de choses sur lui alors Pascal Dessaint est parti enquêter sur le Géant-de-Montastruc. Les photos sont saisissantes et on imagine non seulement la douleur mais aussi la souffrance d'un tel homme à une époque où la différence était bien moins acceptée qu'aujourd'hui. Pascal Dessaint, une fois n'est pas coutume devient l'enquêteur, laissant le polar de côté en ces temps déjà très noirs.

Après avoir vu dans un musée toulousain, les preuves d'un certain gigantisme, il ne peut plus s'arrêter, il désire connaître la vie de ce paysan laboureur cabossé par la vie. Jean-Pierre Mazas mesure 2 mètres 20 après ses seize ans où sa croissance ne s'arrête guère. Regardé avec méfiance ou curiosité il est très vite enrôlé dans les foires pour lutter. Humiliant tour à tour ses adversaires pendant des années dans sa région natale ou à Paris, il devient une légende régionale.

À une époque actuelle où l'on s'émeut de la moindre moquerie, au XIX ème siècle, les surnoms des lutteurs prennent une place tout à fait singulière. On avance ainsi avec cette petite histoire dans la grande où les métayers sont encore sous le joug d'un maître. En naissant en 1847 à une époque charnière en matière industrielle, on voit évoluer à ses côtés la grande Histoire•••

Il paraît difficile de définir ce livre, à la fois roman, documentaire, récit. Mais on a-t-on véritablement besoin d'une étiquette, n'en avons-nous déjà pas assez ? Pascal Dessaint réussit à redonner vie à un ouvrier atypique dont personne n'avait parlé. Combien d'individus au passé héroïque ou sublime ont été rayés de la carte ? Si de nos jours tout est archivé il est difficile de s'interroger sur notre histoire, sur notre façon de protéger l'autre. Même si Jean-Pierre Mazas paraissait puissant et indestructible il n'en est rien. Lui aussi a souffert et ce par deux fois. Par le regard d'autrui bien sûr mais également dans sa propre chair. Lui, qui a ensuite été un phénomène de foire puis étudié sous tous les angles par Édouard Brissaud à une époque où la théorie du criminel-né était particulièrement crédible. Cesare Lombroso considérait qu'il existait ainsi un gène du criminel, parfois héréditaire où les caractéristiques physiques comme la longueur excessive des bras, un grand front et un long nez faisaient croire à un potentiel criminel (vous vous êtes reconnus ?).

Pascal Dessaint vient ainsi s'attacher à un homme que j'ai adoré côtoyer à travers la littérature. Si l'on a envie de transposer cette situation en 2021, on s'inquiète, on hausse les sourcils devant un monde qui n'avait aucune pitié ou quelconque forme d'empathie. Je vous conseillerais presque de piocher dans les textes (de manière chronologique ne soyons pas fous) comme avec des nouvelles pour continuer de penser à cet homme dans le temps libre. Foisonnant d'informations, ce récit se savoure. Avec une écriture impactée par le colosse, j'ai eu l'impression que même la mise en page au travers d'affiches annonçant les combat, était le calque de la vie de Jean-Pierre Mazas dont je ne peux oublier ni le visage ni son histoire.
Commenter  J’apprécie          40
L'auteur s'éloigne de ses romans noirs habituels dans « Le colosse ». Il se penche sur le cas d'un homme au 19eme siècle, Jean-Paul Mazias. Ce dernier est né en 1847 dans le sud-ouest de la France. Il est issu d'un milieu paysan et à une taille et une stature hors normes. Il va en faire les frais toute sa vie et Pascal Dessaint qui a fouillé les archives de Haute-Garonne déterre un ensemble d'anecdotes qui vont former ce singulier bouquin. L'auteur restitue la vie d'un paysan dans un contexte politique que l'on redécouvre. Un voyage dans le temps qui se rapproche tout de même des thèmes que l'auteur affectionne, notamment la paysannerie et les rapports à la nature. On découvre un homme que l'on a défini neuf fois sur dix en fonction de sa singularité. Un homme qui a connu une ascension surprenante notamment dans le milieu de la lutte. Jean-Paul Mazias va malheureusement connaître l'ascenseur dans l'autre sens et sa vie va finir par se compliquer. Pascal Dessaint écrit un roman à la frontière entre fiction et documentaire. On découvre une période de l'histoire de France à travers sa ruralité. On découvre comment les singularités physiques étaient vécues à cette époque. Un livre original et bien ficelé.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          20
Pascal Dessaint s'est pris d'affection et même de passion pour la vie simple et glorieuse, triste et peu enviable de Jean-Pierre Mazas, né au milieu du XIXe siècle à quelques encablures de Toulouse, et connu pour être une anomalie de la nature, un géant de 2,20 m à la force herculéenne.
Pas causant, sans doute un peu limité de l'intellect, Jean-Pierre est métayer. Il abat à lui seul le travail de trois hommes. Il trouve tout de même à se marier, avec Marie-Adèle, avec qui il donnera le jour à trois enfants.
À cette époque, un sport nouveau a le vent en poupe, c'est la lutte. Tout en force et en spectacle, ce récent jeu du cirque attire les foules, friandes de voir des lutteurs-montagnes de muscles s'agripper, s'attraper, s'empoigner à mains nues. Jean-Pierre excelle dans une telle discipline. Pourtant, il ne possède ni la technique ni la souplesse indispensables à la plupart des pratiquants. Toutefois, sa force est si grande qu'il les terrasse l'un après l'autre, même les champions réputés invaincus et invincibles. Il devient le colosse-de-Toulouse et gagne des sommes également colossales pour un homme de sa condition à cette époque.
Cependant, Jean-Pierre, comme tout un chacun, prend de l'âge. Un jour, il se blesse en travaillant et c'est le commencement d'une longue et douloureuse déchéance. Diminué dans ses tâches professionnelles, harcelé par son ancien employeur, il est réduit à faire le phénomène de foire afin de subsister et de faire vivre sa famille. Il est même étudié, vers le terme de sa brève existence, par la médecine.
Malgré le cruel manque de documents et la rareté des informations qui demeurent (dont beaucoup sont fausses), l'auteur parvient à redonner un semblant de réalité à cet homme taciturne dont nul n'envierait le parcours. La narration est entrecoupée de rappels historiques sur les événements de l'époque, sur ses moeurs et ses évolutions rapides, de sorte que le lecteur est promptement immergé dans une trame sans temps mort. le récit réussit même à être émouvant, autant que peuvent l'être l'ascension et la chute d'un homme que rien ne destinait à sortir de l'anonymat, sinon cette particularité physique, qui fit sa fortune et fut sa tragédie.
Commenter  J’apprécie          20
De l'auteur, je n'apprécie pas trop les romans policiers dont je passe à côté. Mais ce dernier roman est différent. C'est en effet plutôt une biographie de Jean-Pierre MAZAS, colosse de Montastruc, né en 1847 et décédé en 1901.

A partir de sources parfois contradictoires, l'auteur redonne vie à ce géant de la campagne toulousaine qui se lança dans la lutte alors à la mode pour gagner un peu d'argent en plus de sa ferme.

J'ai aimé découvrir Jean-Pierre, paysan simple ne parlant que son patois mais voyageant d'abord jusqu'à Toulouse puis Bordeaux et Paris.

J'ai aimé l'arrière-plan du récit et j'ai été en colère contre les personnages qui profitent de Jean-Pierre. Les hommes ne changeront jamais….

J'ai eu de la peine pour lui quand une blessure au dos l'empêche à jamais de travailler.

Une lecture pleine d'émotions.

L'image que je retiendrai :

Celle de Jean-Pierre adolescent fendant du bois pour sa mère.
Lien : https://alexmotamots.fr/un-c..
Commenter  J’apprécie          10
COLOSSE AUX PIEDS D'ARGILE

Ils s'appellent Millehomme, le Meunier de Lapalud, Arpin le Terrible, L'homme de fer, L'ours noir de l'Ariège, le Rempart de Paris ou encore Mazagri le foudroyant…
Ils sont les gladiateurs du XIXème siècle, les lutteurs à mains nues qui déchainent les foules et les pronostics ; ils font le spectacle arborant des corps hors-normes capables de s'affronter dans des combats sans merci pour un public gonflé à bloc.

Lui, c'est Jean-Pierre le Laboureur ou le Géant de Montastruc. Un colosse- un vrai- sans artifice mais un corps dépassant tous les pronostics humains : deux mètres vingt, des pieds, des mains et des bras aux dimensions insolites. Un paysan courageux précipité du champ de blé au champ de foire où l'on mise sur des hommes capables d'exploits extraordinaires pour le commun des mortels.
Huit ans de célébrité en tant que lutteur inspirant des articles de presse à l'envolée épique inouïe !

Mais le colosse, on le sait, dans les histoires a les pieds d'argile… or celle-ci est une histoire vraie, celle de Jean-Pierre Mazas nait dans le sud-ouest, qui après la fulgurance de la célébrité et sa célébration unanime, de lutteur glorifié deviendra phénomène de foire errant pour sa monstruosité puis objet de curiosité pour la science…

Un destin- un vrai- hors normes, au propre comme au figuré, que Pascal Dessaint nous rapporte dans ce court roman entre chronique du XIXème siècle et récit de recherches, se lisant comme un roman grâce à son style plaisant, participant à nous retrouver au coeur de ce siècle débordant d'originalités !

Alors ? Prêts à vous jeter dans l'arène ?
Commenter  J’apprécie          10
« Nous ne sommes pas dans la tête de l'homme. Nous ne pouvons qu'imaginer. Même aujourd'hui, il existe rarement chose comparable. Se mettre dans la tête d'un tel personnage fera courir le risque de l'exagération. Il convient de garder la mesure. Mais nous avons affaire à un phénomène, pas de doute. Un phénomène, c'est cela ! » Ce phénomène se nomme Jean-Pierre Mazas, il est né en 1847 dans le Sud-Ouest de la France et à 23 ans, il mesurait 2,20 m. de part sa taille extraordinaire, il eut un destin qui l'était tout autant. D'humble métayer, il devint lutteur à l'époque où ce sport était un véritable spectacle et les sportifs des gloires locales. Jean-Pierre Mazas devient alors « le géant de Monstastruc », il domine sans partage la lutte durant plusieurs années. Sa santé déclinant (sa grande taille était dû à l'agromégalie), il devient monstre de foire avant de servir d'objet d'étude à Edouard Brissaud, médecin disciple de Charcot.

La destinée singulière de Jean-Pierre Mazas a longtemps habité Pascal Dessaint qui a découvert dans les années 80 un moulage de son pied (taille 54 !) au musée du Vieux Toulouse. Historien de formation, Pascal Dessaint part sur les traces du géant dans les archives, sur internet. Et son livre est également le récit de cette enquête dans les sources. L'auteur recherche dans ses pages un équilibre entre la vérité historique et le romanesque. On sent une volonté de respecter l'homme que fut Jean-Pierre Mazas, sa vie et ses douleurs. « Un colosse » est également la parfaite évocation d'une époque, d'une société et l'auteur y rend un bel hommage aux paysans, toujours sous le joug de propriétaires terriens et qui se ruinaient la santé pour eux.

« Un colosse » est un livre hybride, entre roman et documentaire sur la vie hors-norme de Jean-Pierre Mazas à qui Pascal Dessaint rend hommage avec empathie et humanité.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (75) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3680 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}