Excellente danseuse, Neith, princesse égyptienne, livre une prestation remarquée lors d'un rituel. Au point d'être remarquée par son père, le pharaon, lui-même. Un peu trop remarquée car Neith comprend que son père envisage de faire d'elle sa concubine. Elle s'enfuit avec son demi-frère, Sennedjem, mais, capturés par des marchands d'esclaves, ils sont vendus à la cour de Babylone. Neith devient la servante de la favorite du prince héritier tandis que Sennedjem est choisi pour devenir le "roi de paille", un roi pantin destiné à attirer sur lui les malédictions qui menacent le véritable souverain puis à être sacrifié pour apaiser les dieux. À moins que Neith ne trouve un moyen de l'empêcher.
J'avais gardé un bon souvenir d'une précédente série d'
Isabelle Dethan, Sur les terres d'Horus. Je me souvenais en particulier du dessin. J'ai retrouvé avec autant de plaisir son style dans cette série. Les dessins sont beaux, soignés, immersifs. Les décors, en particuliers sont remarquables. J'aime beaucoup les couleurs faites à l'aquarelle. Cela donne une authenticité qu'on ne retrouve pas dans la colorisation à l'ordinateur. Loin d'être pâlichonnes, comme on pourrait le craindre avec l'aquarelle, les couleurs sont intenses, chaudes et sombres comme cette histoire.
Isabelle Dethan nous plonge dans un monde violent et sans scrupules dans lequel l'affection entre Neith et Sennedjem apporte une touche de douceur bienvenue. Ce rituel du roi de paille qui sert de fond à l'histoire est très intriguant et donne envie de savoir s'il est documenté historiquement.
J'ai donc apprécié ma lecture et je serai curieuse de lire la suite car la fin nous laisse vraiment en suspens. Cependant, j'ai l'impression qu'il manque un petit quelque chose pour en faire une histoire vraiment marquante. Je n'ai gardé aucun souvenir de l'histoire de Sur les terres d'Horus et, si je n'avais pas dû écrire un avis sur cette BD pour Masse Critique, je me demande si son intrigue, aussi intéressante soit-elle, n'aurait pas suivi la même pente vers les oubliettes mentales.
Malgré tout,
Isabelle Dethan reste une auteur de qualité et qui a le remarquable mérite d'avoir su tracer son sillon singulier dans un champ artistique où les femmes sont plus représentées sur le papier qu'à la table de dessin.