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sur 126 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Pas vraiment aimé. Dérangeant et terrible. Une jeune fille de 16 ans qui pèse près de 200 kgs (10 à la naissance). Comment survivre aux moqueries de ses camarades d'école ? Comment ne pas être à la mode comme le corps longiligne et beau de sa mère qui a quitté le foyer ? Tandis que son père, travaillant dans le culinaire, va la nourrir, l'admirer. Mais un jour, elle ne peut plus passer la porte... Sur les dangers des réseaux sociaux où la haine est déversée. Sur l'uniformisation de l'être humain.
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Quand elle naît, elle pèse déjà 10 kilos. Son père dit même qu'elle a dévoré sa jumelle dans le ventre de sa mère … Pauvre enfant, elle a toujours faim et mange sans arrêt. Ce qui fait qu'elle est le sujet de prédilection de la part des autres enfants de sa classe, des professeurs, du monde en général. Sa mère quitte la maison horrifiée par sa fille. Son père lui, prépare d'excellents mets pour “ses filles”. Et la jeune fille ronde devient l'adolescente obèse ….

Un livre étouffant! Essoufflant! La bouffe, la surconsommation, ça devient exponentiel ! J'en avais parfois la nausée … et la finale …. ouff! Oui c'est une critique sur la consommation, sur la différence, sur la méchanceté, sur un amour maladif du père, mais pour moi trop c'est trop !

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« Après neuf mois et dix jours très exactement, ces dix jours lui ayant paru aussi longs que les neuf mois qui les avaient précédés, ma mère donna naissance à un éléphant rose. Il pesait dix kilos et deux cents grammes. […] Je n'avais ni trompe ni grandes oreilles, mais il était impossible de nous réconcilier, moi et le mot “bébé”.

Rejetée par sa mère, souffre-douleur de ses camarades de classe, elle n'a, pour se consoler de sa difformité, que la nourriture. Elle en rêve, l'attend, l'espère, toujours plus grasse et plus abondante. Elle n'envisage plus de se soustraire à l'obésité, elle est née obèse, elle mourra obèse, autant en profiter.

Sa mère, incapable d'aimer le monstre qu'elle a enfanté, a déserté. Est-ce parce que, foetus, elle a avalé sa soeur qu'elle a grossi sans cesse depuis sa naissance ? Son père ne lui en veut pas, il la nourrit pour deux, lui parle comme si elle était deux. Jamais de “tu”, toujours ce “vous” morbide, fou. Dans la schizophrénie qu'il lui impose, elle n'a pas la place de vivre. Pas la force, non plus, de demander à ce père de ne l'aimer qu'elle, sa fille en vie.

Des maltraitances au lycée au harcèlement qui la poursuit à la maison par le biais des réseaux sociaux, la narratrice crache son mépris d'elle-même, remisée dans sa chambre, guettant l'odeur de friture qui donnera une raison d'être à cette journée de souffrance. Emprisonnée dans ce corps-cercueil qui ne répond plus de rien sinon à l'appel de la bouffe, elle pleure. Puis vient la rencontre. Inespérée. René s'intéresse à elle, la chérit, la désire, l'admire. Elle est encore bien jeune pour un homme de son âge, mais y en aura-t-il un jour un autre ? Son père va jusqu'à fermer les yeux sur cette relation et leur laisse le champ libre : sa chambre d'adolescente devient alors le théâtre de leurs jeux sexuels. Elle se sent merveilleuse. Mais pour combien de temps ?

Je crois que dès les premières pages, j'ai su que je n'aimerais pas ce roman. le sujet est intéressant, j'étais curieuse de le voir traiter crûment dans une fiction. Mais l'attitude du personnage m'a rebutée. Cerné par le dégoût, la haine, le lecteur, ici, n'a pas sa place. le genre de monologue qui ne vous implique pas. Si le calvaire que vit cette ado est indéniable, je suis désolée de le dire parce que je m'attendais à tout autre chose, mais il n'y a pas d'émotion dans ses propos. Internet – le thème du voyeurisme en général – n'est que bien peu exploité alors qu'il offre d'innombrables possibilités. J'ai eu l'impression, en refermant ce roman, de m'être trompeusement laissé appâter par le résumé. le comportement du père, qui ne peut rester sans une explication à l'obésité de sa fille, jette sur ce récit un sacré malaise. C'est, pour moi, le seul point positif à relever. La critique de la société annoncée m'a semblé inexistante, le discours de l'héroïne répétitif et poussif, à la limité du vide, l'intrigue inaboutie. Après avoir oscillé entre agacement et indifférence, je peux dire que je suis passée complètement à côté de ce bouquin.
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Les thèmes multiples qui traversent le livre peuvent aider à surmonter le malaise qui baigne l'ensemble du récit. Je l'ai terminé, me demandant quelle fin pouvait-on donner à ce cauchemar, non pour le lecteur mais pour la personne au centre de cette gargantuesque métaphore. Je ne pouvais m'empêcher de penser à "La grande bouffe", film de Marco Ferreri en 1973 me semble-t-il.
Vous pouvez rajouter le voyeurisme inhérent à notre époque, le narcissisme, inversé dans ce cas, de l'internet et quelques descriptions scabreuses.
A vous de voir mais franchement, il y a beaucoup de livres à lire avant celui-là.
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Dans « Manger l'autre », l'écrivaine et poète mauricienne Ananda Devi dénonce les dérives consuméristes du monde contemporain à travers la hargne d'un personnage obèse au delà de l'entendement.

Le livre s'ouvre avec cette phrase glaçante : « Je me dévore dans une exquise absence de souffrance » et l'ensemble du livre est à l'image de cette ouverture corrosive. Un roman dérangeant qui marque davantage par sa noirceur que par l'humour mis en avant par l'éditeur sur le bandeau promotionnel.

Contrairement à ses autres livres, qui prenaient place en Inde ou à Maurice, Ananda Devi ne mentionne pas le lieu du récit, bien qu'on devine une société néolibérale gouvernée par la consommation, vautrée dans les excès en tous genres et défigurée par des comportements narcissiques guidés par les réseaux sociaux.

Grossissant au fil des pages, la narratrice devient l'objet d'une métaphore gargantuesque, au risque de friser l'exercice de style. Tout le champ lexical de l'adiposité est mis au service de cette chair exponentielle dont la vision renvoie chacun à ses propres phobies: l'altérité, la perte de contrôle, le handicap, l'apparence.

Le comportement du père, qui reste dans le déni face à l'obésité grandissante de sa fille, jette sur ce récit un sacré malaise. Est-ce parce que, foetus, elle a avalé sa soeur qu'elle a grossi sans cesse depuis sa naissance ? Contrairement à sa mère, son père ne lui en veut pas, il la nourrit pour deux et lui parle comme si elle était deux. Jamais “tu”, toujours ce “vous” morbide. Dans cette schizophrénie qu'il lui impose, elle n'a pas la place de vivre. Des maltraitantes au lycée au harcèlement qui la poursuit à la maison par le biais des réseaux sociaux, la narratrice cache son mépris d'elle-même, remisée dans sa chambre, guettant l'odeur de figure qui donnera une raison d'être à cette vie de souffrance.

Le sujet est donc hautement intéressant mais l'attitude du personnage risque de rebuter plus d'un lecteur. Nourri par le dégoût, la haine, un monologue se met en place quitte à laisser de côté les lecteurs. Si le calvaire que vit cette ado est indéniable, on peine à ressentir de l'émotion pour elle. Internet – le thème du voyeurisme en général – n'est que bien peu exploité alors qu'il offre d'innombrables possibilités. En définitive, en refermant ce roman, on peut regretter un quatrième de couverture trompeur. La critique de la société annoncée n'apparaît qu'en filigrane, derrière une métaphore filée qui appelle davantage à une analyse de texte qu'à un plaisir de lecture. Au final, le discours de l'héroïne se révèle répétitif, voire poussif, et l'intrigue inaboutie.

«Manger l'autre» reste malgré tout un écrit surprenant avec une fin inattendue. On ne peut nier que le sujet de l'obésité est abordé de façon originale avec ce brin de fantastique. Surtout, on ne peut rester insensible à la poésie qui inonde les réflexions de cette jeune femme mal dans sa chair.
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