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sur 126 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Après avoir lu un roman sur Francis Bacon, « le peintre de la chair », voici un roman où la chair de l'héroïne déborde de tous côtés, sa peau, ses plis, ses bourrelets, un corps énorme, hypertrophié, qui vaut à sa « propriétaire » horreur et abandon de sa mère, moqueries et quolibets de ses camarades de classe, adoration et déni de son père. La narratrice est née en pesant déjà dix kilos, sa mère n'a jamais su comment la prendre « à bras le corps » si je puis me permettre le jeu de mots et s'st enfuie, épouvantée, dévorée par ce bébé hors-normes. le père accrédite la théorie que sa fille a mangé sa soeur jumelle dans le sein maternel et nourrit « ses filles » avec une dévotion épuisante, hors de tout bon sens. Un jour, elle a tellement grossi qu'elle ne peut plus quitter la maison et reste la plupart du temps couchée. Elle sa sait condamnée à mourir jeune, baleine, éléphanteau échoué dans son lit. Mais l'amour va s'inviter chez elle, malgré tout, et lui faire connaître le bonheur puis l'enfer, avant une fin… hallucinée.

Manger l'autre est un conte cruel sur le corps, l'image de soi, le regard des autres, la dictature du paraître, et interpelle notre société de consommation et ses excès (consommation de nourriture et d'images). C'est à la fois cruel et très sensuel, fort et provocant. Implacable. D'Ananda Devi, j'avais déjà apprécié Eve de ses décombres. Voici ici un texte très différent, que j'ai tout autant apprécié.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Il y a quelque temps, j'ai été contacté par les Editions Grasset pour être invitée au lancement d'un nouveau livre. Malheureusement pour moi, étant déjà prise ce jour-là, je ne pouvais m'y rendre. Après confirmation reçue peu après par mail, ce ne sera que partie remise !


Je les remercie cependant dans l'instant et très sincèrement de m'avoir proposé l'envoi de plusieurs livres. Ceci était dans le but d'en réaliser un service presse. C'est avec grand plaisir que j'ai accepté comme je le fais depuis toujours et ce peu importe la notoriété de l'établissement.


Dans cet ouvrage, on suit une jeune fille qui souffre d'obésité. Sur Internet, en direct, les gens de son collège et lycée en font le souffre-douleur de tout le monde. Par méchanceté, ceux-ci publient des photos d'elle sur le net afin d'assouvir leur "rage destructrice".


L'on ne connaîtra jamais son nom mais l'envie d'humilier la narratrice est évident. Elle est différente et ne correspond pas au culte de la minceur.


Celle-ci nous montre bien le danger que peut avoir l'impact de l'avis des autres ainsi que les réseaux sociaux sur nous. Il est facile de faire des commentaires sur le net de façon totalement anonyme. Certains ne se gêneront pas d'ailleurs, d'autant plus qu'il est facile de penser "personne ne sait que c'est moi, donc je peux dire et écrire ce que je veux."


Le sujet reste vraiment d'actualité et bien que j'ai apprécié la lecture et la plume de l'auteure, j'ai eu beaucoup de mal personnellement avec certains passages et surtout la fin du livre. Il vous suffira de le lire pour comprendre la raison de mon opinion.


Je pense que je vais essayer d'autres livres de cette auteure mais dans l'instant, je vais me laisser un peu de temps.
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Je viens de le finir et...cette lecture ne laisse pas indifférent. Une écriture crue, incisive sur le rapport à soi, au regard des autres à cet âge où il compte tellement. L'ogresse qui narre son histoire peut être vu comme étant victime ou bourreau. Les deux regards sont possibles : l'adolescent qui n'en a jamais assez, la société qui nous entoure et qui nous consomme toujours plus.
Pas de mélo, pas de pathos. Des mots actuels pour des maux actuels.
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J'étais donc persuadée de tomber dans le mille avec cette lecture mais dès les premières pages, la noirceur que dégage ce livre m'a glacé le sang. du début à la fin, nous nous retrouvons face à de l'autoflagellation. le personnage principal ne se fait que des reproches et encore des reproches, sur son corps, sa personnalité, la vie… C'en est à devenir dépressif… ! C'est certainement voulu par l'auteur mais je pense qu'un peu de positif aurait fait du bien à ce roman.

Le harcèlement scolaire, la haine sur les réseaux sociaux sont bien traités, on ressent très bien son désarroi face au harcèlement qu'elle subit au quotidien. Mais cela développe en elle une haine inconsidérée sur les personnes de corpulence « normale ». Les jugements corporels m'ont énormément dérangés, qu'une personne soit maigre ou ronde, les jugements ne sont pas les bienvenus, cela va dans les deux sens…

Le seul point positif est le style d'écriture de l'auteur, je l'ai trouvé très bien écrit, certains paragraphes sont très beaux. Mais encore une fois, le côté glacial est perturbant. Je n'avais qu'une seule envie : fermer ce livre avant de finir complètement déprimée… !

Pour résumé, ce n'est pas un livre que je vous recommanderai… les différents messages que cherche à faire passer l'auteur sont très bons mais cela n'a pas du tout fonctionné sur moi, bien au contraire, cette lecture m'a agacée…
Lien : http://www.carnet-plume.fr/m..
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Je n'arrive pas à déterminer si j'ai aimé ce livre ou non. Ca fait déjà un petit moment que je me suis dit "Faut que tu fasses une critique" mais je n'arrivais pas à comprendre mon sentiment (et, aujourd'hui encore, c'est très flou).

Ce livre est une critique de la société de consommation. Quelques passages m'ont particulièrement plu comme "Mais comment effacer l'obésité de la présence humaine sur terre, celle qui engloutit et dévaste et ne cesse de s'épandre ? Pauvres oiseaux, papillons et éléphants ! Tous logés à la même enseigne. Ce qui n 'était au départ qu'un élargissement mineur est devenu une expansion accélérée, effrénée, qui ne laissera bientôt plus le moindre espace aux autres espèces. Ma présence les ramène aussi à la culpabilité atavique d'avoir tout foutu en l'air.". Ananda Devi ne cesse de jouer entre l'obésité morbide de son personnage principale et l'obésité morbide de l'espèce humaine, entre la faim de cette jeune fille et la consommation effrénée et sans but de nos sociétés néolibérales. Encore, encore, encore, toujours plus ! Pourquoi ? On ne sait pas. Et cette volonté de gavage m'a vraiment écoeurée dans ce livre, que ce soit lorsque l'héroïnes se goinfre ou lorsque c'est la société qui se goinfre, au détriment d'autrui, au détriment de l'environnement, à son propre détriment.

Néanmoins, Manger l'autre n'est pas que ça. L'ouvrage traite avant tout de la vie de son héroïne, cette jeune fille obèse que ses camarades de classe filment à son insu et agressent verbalement. Il est question de l'Oeil, incarné par les réseaux sociaux et internet de façon plus générale, mais aussi de l'oeil que les autres posent sur elle. Il est question d'une mère absente et d'un père... scandaleusement irresponsable. Il est question de souffrance et de passion, de volonté d'exister mais d'une chute vers la mort inéluctable.

Aussi, je voudrais simplement alerter sur un point. Personnellement, lorsque le résumé du livre me disait "Par le plus grand des hasards, elle rencontre l'amour.", je ne m'attendais pas du tout à ça. Il est question de relations entre une adolescente de seize ans et un adulte. Et ça m'a mise très mal à l'aise, cette question de "Elle est obèse et ne va sans doute jamais connaître ni l'amour ni la sexualité" VS "Cet homme lui offre des moments de grâce mais ça reste un adulte qui couche avec une mineure". Très glaçant.

C'est un livre particulièrement déroutant pour moi, quelque chose de grinçant, de cru et qui m'a heurtée profondément. Quand je regarde le livre, je grimace. Est-ce que ça veut dire qu'Ananda Devi a atteint son but ? Peut-être. Si je n'aime pas le livre pour les émotions négatives qu'il a fait naître en moi (je pense que c'est ça qui me dérange, ce heurt), il m'a beaucoup fait réfléchir et réagir, si bien que je ne peux que le recommander. Mais armez-vous avant de partir à son assaut.
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Naître obèse, se voir grossir encore et s'imaginer que l'on ait pu manger son jumeau dans le ventre maternel. (cela m'a tout de suite fait penser à une chanson de Thièfaine "coupable" qui commence comme ça...)
S'en suit une longue et adipeuse descente dans un enfer pavés des bonnes intentions d'un père, dépassé, qui cuisine des bons petits plats pour l'appétit insatiable de sa fille qui le remerciera entre rancoeurs et gratitudes.

Ananda Devi est une habituée des récits psychologiquement violent, triste et des personnages féminins en grande détresse.
Écrit avec une virtuosité de la langue qui nous emmène dans une transe organoleptique. On peine à comprendre ou tout cela vas nous mener et quel est le fond de l'histoire si ce n'est une critique de la société de consommation un peu suranné après "la grande bouffe" de Marco Ferreri ou plus sûrement une critique du narcissisme ambiant des réseaux (a)sociaux.
Les amoureux du style et de la très belle écriture, eux, ne resteront pas sur leurs faims.
Ananda Devi est une des grandes pontes de la Francophonie contemporaine et elle le prouve une fois de plus. Il manque juste un peu de fond.
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Il s'agit d'un conte contemporain assez déroutant, comme en témoignent le titre et la couverture. Une adolescente obèse qui pesait 10 kg à la naissance, ne cesse de grossir. Sa mère, horrifiée, l'abandonne très tôt. Son père lui cuisine des plats succulents dans des quantités astronomiques car il est convaincu qu'elle a dévoré sa soeur jumelle in utero et qu'il doit les nourrir tous les deux. A l'école, elle est constamment humiliée, harcelée et prise en photo par ses camarades pour nourrir l'oeil d'Internet. Elle souffre beaucoup de solitude et de la méchanceté des autres. Quand elle découvre l'amour et les plaisirs de la chair, elle commence à s'accepter, mais elle n'est pas au bout de ses peines ...
Au fil des pages racontées par l'adolescente, on se gave de montagnes de nourriture jusqu'à l'excès et on frôle l'indigestion. On subit aussi de plein fouet la honte et le regard acerbe des autres.
Cette fable glaçante se veut une allégorie puissante de notre société de consommation à outrance, obsédée par le culte de l'image et l'intrusion des réseaux sociaux. Avec ce roman qui se dévore, Ananda Devi nous assène un coup de poing d'une violence inouïe et pourtant addictif !
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Ce roman est un conte dans lequel Ananda Devi met en scène une jeune fille obèse. Elle pesait 10 kgs à la naissance, bébé complètement hors normes, elle avait l'apparence d'un bouddha chinois. Sa mère déserte le foyer, son père, passionné de cuisine, la gave. Incapable d'admettre le problème de sa fille, il invente le mythe selon lequel elle aurait dévoré in utéro sa soeur jumelle, du coup le père appelle sa fille "mes chéries". Quel poids fait-il porter à la jeune fille qui va entretenir des conversations imaginaires avec sa jumelle anorexique !

Elle ne cesse de réclamer à manger et grossit, grossit... Elle ne vit que pour manger, "prisonnière de ses besoins... entre faim et honte, le choix est vite fait" et doit faire face à l'école aux moqueries et à la haine de ses camarades de classe qui la surnomment "La couenne"... Sa vie n'est que souffrance et solitude jusqu'à ce qu'un homme s'intéresse à elle... Va-t-elle réussir échapper à sa vie de recluse?

Je ne pense pas que j'aurai lu ce roman s'il n'avait pas été finaliste du prix Orange. J'ai été ravie de découvrir la magnifique plume de cette auteure que je ne connaissais pas. Dans ce roman très sombre qui est une sorte d'allégorie de notre société de consommation Ananda Devi pose la question de la norme, du diktat de la minceur, des préjugés et de la solitude dans nos sociétés. Un roman plein de noirceur allégé par de nombreux traits d'humour.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Prolifération de définitions du mal-être, jusqu'à notre propre nausée. Mal de vivre induit par le surpoids entretenu par des sens exacerbés et un père/société toujours à même de satisfaire des envies !
Sexualisation des goûts jusqu'au dégoût de soi et du seul lien nourricier ambivalent.
Le père remplace la mère et gâte littéralement sa double fille.
En tant que lectrice je me retrouve enlisée dans ces descriptions, riches en vocabulaires variés comme autant d'ingrédients sur un plat trop gras, que l'on voudrait abandonner mais dont on reprend toujours une bouchée jusqu'à l'excès... cherchant LA saveur qui nous donnera raison d'avoir persisté et finalement d'en ressortir l'estomac barbouillé. Une mise en abîme vertigineux avec cette jeune fille qui nous tend le miroir d'une société inhumanisée !
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