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sur 114 notes
L'exode de 1940 comme point d'ancrage d'une histoire familiale et comme creuset d'une collection de traces de la France dans le monde. Émouvant et méticuleusement grandiose.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/08/14/note-de-lecture-taba-taba-patrick-deville/
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Grâce aux archives conservées précieusement par sa tante Simone, Patrick Deville nous raconte l'histoire de sa famille, depuis l'arrivée en France en 1862 de son arrière-grand-mère Eugénie-Joséphine.
Nous suivons cette famille à travers les grands bouleversements et les drames du vingtième siècle, que sont notamment les deux guerres mondiales.
Patrick Deville est un grand voyageur, on le suit aussi bien sur les pas de ses ancêtres, que dans ses voyages aux quatre coins du monde pendant la période du mois de janvier 2015 (après l'attenta de Charlie hebdo jusqu'au début de cette année).
Il place chaque évènement important dans son contexte de l'histoire de la France, et même mondiale.
Un roman passionnant, très documenté. A lire.
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Cette fois-ci, c'est en France, que Patrick Deville nous fait voyager sur les traces de sa famille. J'ai eu toujours autant de plaisir à le suivre dans ses pérégrinations, dans ce pays qui m'est plus familier et donc plus facile à imaginer. Par contre, l'auteur a lui toujours autant de plaisir à nous perdre dans les détails et de nombreuses digressions, qu'il assume pleinement en se posant la question: "jusqu'à quel point on pouvait saturer un cerveau d'informations, de dates, de noms, de lieux, d'oeuvres et de théories avant qu'il ne sombre dans le chaos, incapable d'ordonner les milliards de connexions neurones et protéiques au fond du petit hippocampe.".
Autant la famille paternelle est omniprésente dans le livre puisqu'elle en est le sujet, la mère est à peine abordée ! Cela nous présage-t-il un autre livre sur l'histoire de la famille maternelle ?
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Ceci n'est pas un roman , ou alors un roman sans fiction.
Taba Taba est le surnom d'un amnésique ne sachant qu'ânonner ces mots sans relâche étonnant malade qui devient le camarade du futur écrivain. C'est dans l'ancien Lazaret de St Brévin près de St Nazaire que grandit l'auteur , cette vieille bâtisse est devenue un hôpital psychiatrique . le père de l'enfant en est le directeur et durant les années de souffrance passées dans un corset de plâtre , c'est sa tante Monne qui lui apprendra les belles lectures.
Quand Momme part pour toujours, elle laisse derrière elle trois pièces remplies d'archives. C'est en essayant de tirer un fil que P.Deville nous embarque dans un phénoménal voyage en Passat à travers la France , un voyage dans le temps aussi ; c'est vers 1860 que débute au Caire l'histoire de cette famille. Nous sommes amenés à traverser les deux guerres, la Résistance, l'exode , tous les soubresauts de notre pays . On visite Soissons, St Quentin, Chartres , on parle d'Hugo etc, des échos également en Afrique et en Amérique du Sud. On en arrive aux attentats de Charlie Hebdo .
C'est un beau voyage, émouvant , mais P.Deville pose tout cela comme un puzzle , pas de ligne droite, l'auteur avance, revient sur ses pas, les digressions sont multiples, comme s'il voulait remettre sa mémoire en ordre, en anthropologue.
Cela donne une superbe lecture qui sort de l'ordinaire certes, mais j'avoue honnêtement avoir eu quelques difficultés à maintenir longuement mon attention ;
il faut beaucoup de disponibilité pour vraiment l'apprécier.
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Je vais arrêter la lecture de ce livre. C'est dommage car j'aime bien Patrick Deville. Ce qui m'avait emballé dans ses précédents ouvrages est absent dans celui-ci. L'exotisme sans doute et une curiosité des choses du monde m'ont apporté beaucoup dans Kampuchéa ou Viva, L Histoire en marche. Ici, cette recherche généalogique prime sur l'histoire, simple décor. Les détails foisonnent, un peu trop, brouillent le propos dans la superposition des époques. J'ai d'autres mondes à découvrir sur l'étagère de ma bibliothèque. Je le reprendrais peut-être un jour.
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Qu'est ce qui a fait Patrick Deville, ce petit garçon, cette "crevette", qui a vécu ses premières années derrière les murs du Lazaret de Mindin, en face de St Nazaire, cet hôpital psychiatrique où son père anime une troupe de théâtre, éprouvant une étrange fascination-amitié pour un pensionnaire, "solitaire ténébreux", scandant sa solitude de l'obscure litanie taba-taba-taba/taba-taba-taba, alexandrin parfait adressé à l'adversité?

Est-ce sa famille dont il déroule un historique tout à la fois romanesque et scrupuleux, grâce aux 3 m3 des archives de cinq générations, léguées par la tante Monne, rescapées de combien de pertes et de hasards ? Journaux d'époque, correspondances, photographies, journaux intimes, répertoires, factures, courriers administratifs lui permettent, une année durant, d'organiser un grand jeu de piste à travers la France, au volant de sa Passat : il n'est pas du genre à se contenter de la paperasse, Deville, il veut retrouver les lieux, il veut voir, il veut sentir, il veut rêver. Il veut imaginer ces fantômes d'ancêtres se glissant dans les rues, pêchant dans les ruisseaux, échappant aux obus, se cachant au maquis...

Est-ce notre histoire française, ses guerres sans cesses enchaînées, ces der-des ders préparant la suivante, dont le traumatisme se transmet au-delà des mots, trouvant son apogée dans les actes terroristes qui frappent nos territoires paysagers et intimes?

Est-ce l'histoire mondiale, de conquêtes en colonies, à la rencontre desquelles il s'envole en alternance avec son périple des campagnes et villes françaises (Wikipedia nous l'expliquant puisqu'il est directeur littéraire de la Maison des écrivains étrangers et des traducteurs de Saint-Nazaire, )?

C'est bien sûr tout cela qui l'a fait, fruit de tant de hasards qu'il aurait tout aussi bien pu ne jamais être là. C'est ce qui a fait cet esprit curieux, passionné, érudit, avide de détails inutiles qu'il rend indispensables, d'histoires et de souvenirs, de lectures et de voyages, organisés dans des digressions, des associations temporelles ou spatiales, livrés au lecteur dans un feu d'artifice foisonnant : émotions, noms célèbres ou inconnus, citations, lieux, événements historiques ou intimes étroitement mêlés. Dans la luxuriance et l'emportement, rares sont les instants où l'on frôle la noyade face à ce déferlement.

Le récit emporte brillamment la gageure d'une ambition folle qui cherche à l'exhaustivité : décrire un homme, c'est décrire le monde. Et cet homme, amalgame de tant de choses, de tant de gens, de tant de lieux, de tant de siècles, cet homme lucide se veut optimiste quand le monde part en vrille: et alors, ce monde ne le fait-il pas depuis des siècles et des siècles? C'est par un charme fou, un humour malin, une fantaisie jamais épuisée, un sens du romanesque captivant, une attention à l'autre et un amour partagé que Patrick Deville donne sens à tant de sacrifices dans les diverses boucheries des siècles passés.

Ici, la littérature, modelant habilement réalité et fiction entremêlées (il parle de roman sans fiction), répond à nos interrogations essentielles, en quelque sorte. Arrivée éblouie au terme de ce roman universel et intime, je ne sais plus au final si la question est : qu'est ce qui a fait Patrick Deville, ou : qu'est ce qui fait le monde.
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Je qualifierais ce roman d'ode à l'hippocampe cérébral, cette structure du cerveau qui joue un rôle central dans la mémoire et la navigation spatiale.

Car ce livre condense la mémoire de l'Histoire des 19e, 20e et 21e siècle en résumant les grands événements mondiaux ; en effectuant des rapprochements avec l'actualité.

De plus, le narrateur voyage au fil des pages : Lafrançaise (dans le Tarn-et-Garonne), les Vosges, mais aussi Saigon ou Antananarivo, et j'en oublie tellement.

Pourtant, le narrateur ne peut oublier celui qu'il a baptisé Taba-Taba et auprès de qui il s'asseyait, enfant, sur les marches de l'asile psychiatrique. Taba-Taba répétait cet alexandrin : Taba-taba-taba / Taba-taba-taba. Jamais il ne bougea, jamais il ne dit autre chose. Ainsi, l'auteur embrasse dans cette somme les deux pôles de l'humanité.

Je dois confesser que ce roman (mais je pose la question : est-ce réellement un roman ?) est parfois ardu à lire : tant de détails historiques, tant de pays dans une seule page, j'ai failli en perdre mon latin.

J'aurais aimé plus de romanesque : en apprendre plus sur la vie du narrateur au temps de Taba-Taba, sur les amours de ses parents, sur sa propre relation avec Yersin.

Une lecture en demi-teinte, donc, dans laquelle si je n'ai pas trouvé de souffle romanesque, j'ai au moins trouvé un souffle historique.

L'image que je retiendrai :

Celle du gymnaste, comprenez le grand-père du narrateur, sur les routes tout au long de sa vie pour fuir la guerre.

Quelques citations :

« Les livres sont des rapaces qui survolent les siècles, changent parfois en chemin de langue et de plumage et fondent sur le crâne des enfants éblouis. Des années encore et je lirai cette phrase du Journal d'un lecteur d'Alberto Mangel : « Pour Machado de Assis, de même que pour Diderot et Borges, la page-titre d'un livre devrait comporter les deux noms de l'auteur et du lecteur, puisque tous deux en partage la paternité.' (p.26-27)

« (…) je tentais de saisir la simultanéité du monde pendant ces quelques journées. » (p.204)

« Les maquis ne cessent de harceler les Allemands qui ne cessent de martyriser les civils. C'est la grande question de la violence dans l'Histoire résolue depuis la Révolution française. le droit ne s'installe pas par les moyens du droit. L'action terroriste illégale peut n'être pas illégitime. » (p.262)
Lien : http://alexmotamots.fr/taba-..
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À la rencontre. du parcours de sa famille. Un plaisir à lire, on a envie de parcourir ces petites routes francaises
Très bon moment de lecture.
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A la mort de sa tante Monne, Patrick Deville récupère les archives familiales qui lui sont prétexte pour voyager à travers la France sur les traces de sa branche paternelle, depuis ses arrières-grands-parents, au 19° siècle. C'est l'occasion pour nous raconter la petite et la plus grande histoire de France auxquelles il adjoint des éléments autobiographiques, plus que dans ses précédents ouvrages. Il s'y présente en petit garçon précoce, hypermnésique et qui a tenté d'en finir avec la vie à l'âge de 8 ans. Il dévoile sa rencontre amoureuse avec Véronique Yersin, survenue après la parution de Peste et choléra.

Comme à son habitude, c'est à un voyage vagabond que nous invite l'auteur : au verso d'une coupure de journal conservée depuis 1914, il lit dans la rubrique des faits divers une histoire de suicide par amour et décide de se rendre au café situé aujourd'hui à l'adresse indiquée, pour y boire "aux belles amours mortes".

Durant la réalisation de son projet (qui se déroule pendant l'année 2015), il s'interrompt pour des séjours en Amérique du sud, en Afrique ou en Asie.

Ses pérégrinations à travers la France sont aussi l'occasion pour Patrick Deville de nous parler de la situation contemporaine. Il est beaucoup question de l'attentat contre Charlie-Hebdo. Passant dans la Meuse il fait le parallèle entre les terres polluées au plomb et au mercure par les munitions de la première guerre mondiale et l'enfouissement des déchets radioactifs : "Dans ce concours de longue durée qui semblait une farce, Electricité de France prévoyait de démanteler dans un siècle son parc nucléaire et d'en enfouir les déchets, dont la durée de radioactivité atteignait pour certains le million d'années, tout au sud de ce département de la Meuse, sous le village de Bure, au long de trois cents kilomètres de galeries creusées à cinq cents mètres de profondeur. Sur les conteneurs serait bien précisée, dans tous les calendriers connus, la date avant laquelle il était préférable de ne pas les ouvrir, et le texte de ces étiquette serait sans doute traduit en arabe et en chinois, peut-être en swahili et en zapotèque, parce que l'avenir souvent est capricieux."

J'ai beaucoup aimé cette lecture, l'écriture à laquelle je trouve des accents poétiques et tout le projet qui m'apparaît comme une performance artistique complète, pas seulement littéraire.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Deville nous emmène moins loin que d'habitude puisqu'il narre son histoire familiale entre la Bourgogne et les Pays de la Loire en passant par le Tarn. La magie littéraire de Deville fonctionne tout autant. Les héros de l'histoire sont malmenés par les guerres mais construisent leur parcours familial malgré tout.
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