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sur 114 notes
« Bourlinguer »… L'Auteur, Patrick Deville, se revendique de Cendrars et suit sur 4 générations les parcours de vie de quatre protagonistes de sa parentèle, mêlés aux turbulences de leurs époques, y compris les deux guerres mondiales. Avec ces existences particulières, Deville élabore une fresque du monde contemporain en adoptant, depuis le lieu de son enfance, l'hôpital psychiatrique de Mindin en Loire Atlantique, un « point de vue satellitaire » . Pour lui, par exemple, notre société, composée de plus de morts que de vivants, a été marquée à long terme par les Saint Simoniens, et l'action de grands entrepreneurs, tels les frères Pereire, créateurs des chantiers de Saint-Nazaire, voisins du Lazaret de Mindin.
Cette société a connu une histoire mouvementée, pleine d'aléas, tant dans les destins individuels que nationaux ou internationaux. Dans le regard que pose sur le monde l'écrivain/philosophe/historien, rien n'est écrit d'avance, tout est régi par le principe d'incertitude.
Toutefois selon la formule du Général, « Tout se tient dans le monde d'aujourd'hui », un évènement dans un pays proche, une équipée aventurière dans un pays lointain, peuvent avoir des effets « papillon » sur nos destinées. D'où les rapprochements, la mention de coïncidences, de concomitances, d'un continent à l'autre, qui entraînent des digressions - parfois ressenties comme intrusives par le lecteur, mais qui prennent sens dans la réflexion de l'auteur, ou renvoient à des personnages réels - comme Walker ou Yersin, acteurs principaux dans « Pura vida » ou « La peste et le choléra ».
« Aspiré par le gouffre du passé, perdu dans l'espace et le temps » l'auteur suit minutieusement les parcours individuels tant par la lecture d'archives complètes tombées entre ses mains, que par une documentation recherchée ou un retour sur le terrain. Nous avons sous les yeux l'oeuvre, mais aussi ses règles d'élaboration…
Ainsi nous est livré un triple portrait de l'auteur : l'enfant immobile dans une coquille de plâtre rêve de grands espaces dans un univers fermé et contraignant, l'écrivain plonge dans ses racines, médite sur l'histoire et sa relativité, le voyageur s'interroge sur la marche du monde sur tous les continents…
Avec Taba-Taba, l'oeuvre décrit une large boucle spatio-temporelle de 1860 au 15 mars 2017, [En 1860 débute au Caire l'histoire de la famille, en1864 lancement à Saint-Nazaire de « L'Impératrice Eugénie » , premier transatlantique], jusqu'aux attentats islamiques : la fresque temporelle d'une précision maniaque fait penser à un paysage hyperréaliste jusqu' à en devenir onirique...
Taba-Taba se situe dans la lignée d'un Panthéon culturel revendiqué : le lazaret de Mindin rejoint en littérature le château de Combourg et le village de Combray.
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A travers les archives d'une famille l'auteur nous promène dans l'histoire et dans la géographie. C'est passionnant, érudit, bien écrit, mais un peu touffus, et les personnages manquent un peu d'épaisseur.
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J'en suis précisément à la page 156 de Taba-Taba de Patrick Deville, et stimulé par le souci d'exactitude qui caractérise le narrateur, j'esquisse, à mes risques et périls, le profil du lecteur « devillien ».
Il doit connaître Proust, convoqué dès l'exergue, auteur qui amène aux sources de l'enfance, du milieu, et des rêves de voyage, alors bien compromis. Chateaubriand et Rimbaud apparaissent brièvement en chemin. Jean Claude Bailly suivra dans des rencontres et considérations passagères sur les paysages. Littérature et géographie inaugurent le cortège où défilent souvenirs, réminiscences, et des réflexions - souvent humoristiques, parfois désabusées, accompagnent le parcours des lieux mais aussi des époques.
Le lecteur aura bien sûr en tête les faits marquants, insolites ou pittoresques, de 1861 à nos jours, dans la mesure où Patrick Deville « obnubilé », dit-il, par les coïncidences de dates ou la concomitance d'entreprises distantes, fait dans un esprit de synthèse des parallèles, sortes de passerelles entre les continents, les épisodes historiques en même temps que les déplacements personnels de l'auteur. L'observateur suit l'Histoire sur le terrain. Un très grand terrain d'exploration.
Car telle est l'entreprise littéraire : Au lecteur de ne pas s'arrêter à un récit particulier de l'auteur, mais d'avoir un regard global sur les parutions passées - ou à venir, les aventures, vécues ou reconstruites, dans l'optique littéraire choisie comme postulat. Voir l'Histoire se faire, mais aussi hésiter, voire trébucher à des moments décisifs, tout en situant l'observateur en 2015-2016, avec les soucis et préoccupations de l'actualité.
Sur la route des protagonistes choisis - des ancêtres proches par la parenté ou par l'accompagnement dans l'enfance, on chemine à la suite de « petites bandes », par sauts et gambades dans le chaos historique.
On ne s'étonnera donc pas qu'à partir d'un estuaire natal, Deville remonte les affluents, et demande son lecteur d'avoir le pied marin dans la grande houle qu'il affronte sobrement.
C'est donc à la page 156 que je fais provisoirement escale avant de reprendre le bourlingage de Taba-Taba.
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Le titre du dernier roman de Patrick Deville, Taba-Taba, peut laisser penser qu'il y est question d'une lointaine contrée enchanteresse, façon Bora-Bora. Mais c'est à un voyage beaucoup plus complexe et érudit que nous convie l'auteur; à travers l'espace et à travers le temps, il tisse un lien serré entre les arcanes de son histoire familiale, et les évènements qui ont marqué l'Histoire (avec un grand, grand H).
Le livre relate le périple de Patrick Deville, entre 2015 et 2017, sur les traces de ses aïeux. Parti de Mindin, en Loire Atlantique, il effectue un tour de France en voiture, qui le mène du Nord-Est au Sud-Ouest, de Chailly-en-Bière à Bram, Moissac et Sorrèze. Menant un véritable travail d'enquêteur, fondé sur des documents retrouvés à la mort de sa tante Monne, il entreprend aussi des voyages à l'étranger. Peu à peu, l'histoire familiale se dévoile, depuis la départ du Caire en 1862 de la singulière ‘petite fille en blanc', jusqu'à l'asile psychiatrique, le ‘lazaret' de Mindin où grandit dans les années soixante le jeune Patrick.
Au-delà de cette quête, l'ambition de l'auteur est beaucoup plus large, puisqu'il s'attèle en fait à retracer l'histoire de la France, et celle de la présence française dans le monde, depuis le Second Empire, jusqu'aux attentats qui ont ensanglanté Paris en 2015. Les chapitres sont courts, mais ne nous y trompons pas : le texte, extrêmement érudit et documenté, est d'une densité absolue; en l'espace de quelques lignes, il faut être prêt à faire des bonds de quelques dizaines d'années et quelques milliers de kilomètres. J'ai tenu héroïquement jusqu'à la dernière page, mais quel effort pour en arriver là ! Pourtant le style de Patrick Deville est puissant, il termine souvent les paragraphes ou les chapitres par une petite phrase au futur antérieur pleine d'ironie, ce qui donne du souffle au récit, et nous incite, malgré tout (!), à poursuivre. Afin de poursuivre la déambulation, suivez le lien :
Lien : http://bit.ly/2wfx38p
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Comme il nous emmenait avec passion dans la vie d'Alexandre Yersin (Peste et Choléra), Patrick Deville nous saisit dans un roman à mi chemin entre sa famille et son pays. L'auteur nous fait le récit intime de ses proches à partir des archives familiales. Par ses parents, il nous raconte les différents visages de la France, les territoires qu'elle a conquis et meurtri. La narration est tellement habile que l'auteur se libère de la chronologie et qu'à aucun moment, nous ne sommes perdu dans la généalogie ni dans les dates et les lieux. Patrick Deville relie tous les points de sa vie : la réalité et la fiction, les membres de sa famille et les auteurs lus et admirés, les territoires arpentés. On découvre ainsi tout ce que porte chacun, ce qui fait partie de l'héritage, celui choisi et subi. En se mettant en scène sur les lieux de son histoire, il marche dans les espoirs de ses ancêtres. Mais au coeur de ce roman, il y a également le présent qui doit se construire avec les douleurs nationales (les attentats reviennent hanter autant l'esprit du narrateur que celui du pays) et celles plus intimes. En terminant ce livre, on a l'impression d'avoir vécu plusieurs vies, d'avoir parcouru le monde et été marqué par l'Histoire. C'est aussi émouvant qu'intelligent.
Lien : https://tourneurdepages.word..
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On m'avait conseillé la lecture de Deville: pour "Viva!" j'ai tenu 80p., ici c'est 60... "Il déroule le fils de l'histoire", lis-je p. 4 de couverture. Et alors? Les manuels d'histoire le font déjà très bien... de fait, j'ai eu l'impression de lire un manuel de 3ème de jadis, qui va du second Empire à la guerre d'Algérie, en un "fourmillement " fastidieux de faits qu'une simple chronologie de l'histoire nous donne déjà, le tout farci de pages Wikipédia, comme dans "Viva!" , avec la même logorrhée, les avalanches de noms et d'anecdotes qui donnent l'impression d'une culture quant il n'y a que compilation. Un exemple: la page sur l'expédition Voulet-Chanoine, très bien traitée sur Wkp...
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Voici un livre bien émouvant puisqu'il est en grande partie autobiographique.
C'est une fresque du XXe siècle, avec tant de références à l'Histoire que cela en est passionnant. Les références aux deux grandes guerres sont troublantes d'actualité.
Magnifique écriture de l'auteur.
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« Depuis 1860, tous les événements sur la planète sont connectés ». C'est ce constat qui fonde le dernier roman de Patrick Deville, Taba-Taba, publié aux éditions du Seuil en août 2017.

Taba-Taba, c'est l'histoire d'un pays, la France, mais c'est aussi l'histoire d'une famille, celle de l'auteur. Au volant de sa Passat, ce dernier sillonne les routes de France sur les traces de ses ancêtres. Il choisit de faire commencer l'histoire en 1862, date à laquelle son arrière-grand-mère quitte l'Égypte pour la France.

Tout au long du roman, l'auteur se concentre sur le « groupe de quatre », autrement dit son grand-père, sa grand-mère, son père et sa tante, et va les suivre tout au long du XXe siècle à travers des événements tels que la Seconde Guerre mondiale et la Résistance.

L'oeuvre de Patrick Deville est une invitation au voyage. Il parcourt le monde à la recherche de ce qu'il appelle « les petites traces », morceaux de l'Histoire de France sur toute la planète. Ainsi, l'auteur transmet avec brio son amour du voyage au lecteur, notamment à travers une multitude de noms, de lieux et d'événements historiques. Finalement, Taba-Taba permet d'avoir accès à l'Histoire de France sous une forme très concrète. L'auteur retranscrit de manière fidèle des journaux, des lettres, et autres documents originaux lus et échangés par sa famille tout au long du XXe siècle. le lecteur est ainsi réellement immergé dans l'histoire de la famille de Patrick Deville, mais aussi dans celle de la France.

Vous l'aurez compris, Taba-Taba est une oeuvre d'une grande richesse historique … peut-être même un peu trop riche. L'auteur n'hésite pas à faire des bonds de siècles en siècles, passant entre deux chapitres du XIXe siècle aux attentats de Charlie Hebdo, prenant ainsi le risque de perdre son lecteur en cours de route.

Ainsi, l'architecture complexe du livre rend la tâche du lecteur ardue : lorsqu'il voudrait suivre l'histoire des Deville et mieux comprendre les différents personnages, il est transporté vers d'autres époques, ou plongé dans de longs résumés historiques. Si Taba-Taba nous invite au voyage, la route n'est pas sans embûches : lecteurs flâneurs s'abstenir.
Lien : https://mastereditionstrasbo..
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