Comme cela fait plaisir de commencer l'année avec une aussi bonne lecture ! Finaliste du PLIB 2021, La Ville sans Vent mérite amplement cette place. Nous y suivons les aventures d'Arka, jeune magicienne venue chercher son père dans la ville d'Hyperborée. Elle y croisera le chemin de Lastyanax, tout juste promu ministre après le meurtre de son mentor. Ensemble, ils seront confrontés aux complots politiques menaçant la Ville sans Vent.
Premier point positif : les personnages et leur dynamique.
Eléonore Devillepoix a eu l'idée pertinente de partager le rôle du protagoniste entre Arka et Lastyanax. La première est une adolescente de 13 ans, tête brûlée, gaffeuse, mais drôlement débrouillarde. Fuyant un passé mystérieux (habilement distillé au fil des chapitres) elle débarque à Hyperborée et nous découvrons cette ville avec elle. Arka apporte de la fraîcheur. Elle était la seule protagoniste dans la première version du roman, celle commencée pendant la jeunesse de l'autrice. Depuis, Elénore Devillepoix a décidé de contrebalancer le côté chaotique d'Arka avec le plus calme et raisonné Lastyanax, opposant ainsi l'intellect à l'action. Deux caractères bien distincts qui ont tout pour entrer en conflit, mais qui sont surtout complémentaires. J'ai adoré leur relation, de plus l'autrice ne tombe pas dans le piège d'une relation amoureuse (Lyastanax étant plus âgé, comme un grand frère pour elle).
Le second point positif saute aux yeux dès la première page de l'ouvrage, avec cette dédicace originale… et très drôle ! L'autrice insuffle une dose d'humour rafraichissante dans son roman, que ce soit dans les commentaires pleins d'ironie de son narrateur ou certains de ses personnages. Je pense notamment à ces bandits triplets un tantinet abrutis et leur mère, semblant tout droit sortis d'un dessin animé (comme la troupe du Château dans le Ciel ou les terroristes écologistes de Cowboy Bebop) ou la servante Métanire, hilarante par ses tirades brayées, la plupart du temps reléguées en notes en pas de page pour épargner le lecteur… Ces éléments m'ont fait rire plus d'une fois.
Enfin, je tenais à vous parler de l'univers. L'ensemble de ce tome 1 est un huis-clos dans la cité d'Hyperborée, cette fameuse « ville sans vent » donnant son titre au roman. En effet, elle est construite sous un dôme la protégeant du climat glacial du dehors. Située dans le nord, elle doit son nom aux Hyperboréens, un peuple mythique de l'Antiquité. En effet, l'autrice a construit son univers en s'inspirant des civilisations byzantines et gréco-latines. Ainsi, les noms des personnages et certains éléments nous sont familiers (par exemple l'orichalque est un métal légendaire tandis que Pyrrha est un personnage de la mythologie grecque).
Je pourrais vous parler du système de magie, très bien pensé par l'autrice (qui réussit à adapter des concepts et technologies modernes à la fantasy antique, comme les tortues de transport ou les sceaux de magie). Mais je préfère revenir sur ce que symbolise Hyperborée. La structure de la ville reflète la structure sociale. Certes, ce n'est pas révolutionnaire dans l'imaginaire (les pauvres dans la ville basse et les riches dans la ville haute), pourtant j'apprécie la mise en scène de ces péages de plus en plus chers pour monter de niveau en niveau, faisant du plus haut un seuil inatteignable pour le commun des mortels. Un refuge où les mages gouvernent et complotent. On découvre ces manigances à travers l'alternance des différents points de vue, qu'il s'agisse d'Arka et Lastyanax, des personnages tertiaires ou même notre antagoniste. le tout mène à de jolis rebondissements et un dénouement qui vous donnera envie de lire le tome 2 sur le champ.
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