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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment évoquer un livre dont chaque phrase pourrait être une citation qui prendrait sens même en ayant perdu tout son contexte.
Ici la phrase de Dhôtel est magique, les personnages sont ... dhôteliens, c'est à dire, à la recherche pour les uns d'une vie rangée, pour les autres ayant la rage de vivre à même la peau, y compris malheureux.

Après des rencontre improbables qui d'ordinaire ne se produisent que dans la réalité (les scénaristes les jugeant bien trop peu plausibles) et des péripéties où les moindres pièces du réel ont un pouvoir terrible, tous finissent par se retrouver, s'aimer d'amitié ou d'amour et, loin de tout bonheur paisible, par vivre à la recherche de ces instants secrets qui illuminent l'existence ... pour un temps.

Il y a dans les livres de Dhôtel une conception du bonheur et de l'amour tout à fait originale, à l'opposée de la satisfaction des besoins de sécurité matérielle et affective.
Étrangement, alors qu'on dit souvent qu'il n'a écrit qu'un seul roman (son oeuvre) ce recueil de nouvelles offre une grande variété de parcours.

Mon exemplaire bien usé est souvent ouvert au hasard sur une page, et c'est toujours avec ... bonheur.


(Merci à dourvach qui m'a signalé le mauvais adressage - de ma part - de cette critique dans les citations)
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Un soir… est un recueil de nouvelles sur le thème de la rencontre amoureuse. Au point de départ de chaque texte, se croisent deux êtres banals, modestes, deux regards (« la petite énigme du regard »). En toile de fond : villages des Ardennes, petites villes provinciales, bals du samedi soir, campagne et champs de pommes de terre. Un détail déclenche une passion, si infime parfois qu'il est oublié jusqu'à ce que l'évidence surgisse. « A vrai dire, dans n'importe quelle histoire, si commune soit-elle, il y a un moment prodigieux qu'il est difficile de saisir et qui met en jeu les évènements. le moment fut peut-être celui où Thierry aperçut par la fenêtre le ciel déchiré jusqu'à l'horizon. »
Les personnages d'André Dhôtel se laissent mener par le hasard – on peut appeler cela destin. Ils flottent, s'égarent, reviennent sur leurs pas des années plus tard. Ils flottent mais ne doutent pas, patients et placides, cherchent sans toujours savoir quoi, se heurtent à des obstacles, se trompent d'objet, poursuivent encore, oublient une femme pendant trente ans et la retrouvent vieillie mais la même. Et leur amour intact. Ils prennent des chemins buissonniers, sans urgence, dégagés de toute introspection comme de tout jugement. La narration, tout en détours et croisements, en errances, prend parfois, dans sa sinuosité et ses rebonds, des allures de fable.
Plaisir de se perdre pour mieux se retrouver et quête émouvante. Parce ce que l'objet ne s'en dessine qu'une fois qu'il est atteint et qu'il n'y a pas lieu de s'étonner ou de s'émouvoir des multiples et improbables coïncidences qui mènent au but. A la lisière du fantastique parfois (maison hantée, phénomènes météorologiques surnaturels, personnages inquiétants), la narration digresse, les protagonistes dérivent, mais Dhôtel nous mène, dans une langue limpide et une construction sûre, à la révélation. Seul le lecteur s'en émerveille (le personnage qui s'en étonne, lui, est vite « remis en place » par de plus aguerris que lui), et savoure ce contraste entre un monde ordinaire – ils sont fonctionnaires, employés de bureau, elles circulent en motocyclette et servent dans des cafés – et le fantasque ou la fantaisie de la vie qui se déroule sous ses yeux. Mieux vaut laisser tomber le bon sens. Seul le coeur gouverne, envers et contre tout. Chacun sortira de la confusion par la confiance dans ses sentiments et dans la vie. En ce sens, les nouvelles qui composent Un Soir… constituent l'envers exact de la tragédie : il y a une fatalité, mais elle est nécessairement heureuse.
La Clé à Molette, grâce à un précieux travail de réédition de textes devenus introuvables, nous invite à redécouvrir André Dhôtel. le plaisir de lecture est intact. Dhôtel nous peint avec tendresse et optimisme des anti-héros, un peu perdus, un peu vagabonds, un monde aussi envoutant que familier. Chez le même éditeur paraîtra en fin d'année La Route inconnue. D'autres titres devraient ensuite voir le jour en 2015.
Frédérique Germanaud
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Quelle découverte! Ce recueil de nouvelles est un bijou.

Dès les premières lignes de ces 11 nouvelles, on est frappé par l'écriture extraordinairement simple et belle. Les situations cocasses se construisent sans la moindre peine, les personnages légèrement désorientés nous font tourner les pages avec plaisir et tendresse, et les dénouements laissent une belle place au hasard et au destin. Deux inconnus échangent un regard, parfois même furtif, et voilà que leur vie est complètement chamboulée, leur destin se trouve scellé une bonne fois pour toute, peu importe ce qu'il se passera après, pour le meilleur et parfois pour le pire, mais ce n'est pas ce qui est important, c'est le début qui compte, pas la fin. En effet, une fois ce regard échangé, tout est dit, ces deux inconnus sont attachés l'un à l'autre, quoiqu'ils fassent et surtout quoiqu'ils en pensent. Comme dit l'un des personnages : « Je la reverrai, puisque la vie est plus forte que nous. » C'est la vie qui décide, les personnages l'on comprit et en acceptent toutes les conséquences avec douceur.

Si la presque totalité des 11 nouvelles (à l'exception de 2) reposent sur cette idée, Dhôtel excelle dans la manière de nous mener sur de fausses pistes, de nous tenir en haleine sur plusieurs pages, cherchant à nous faire comprendre ce que nous devions avoir vu dès le début. C'est brillant et fait avec une délicatesse remarquable. C'est rare qu'un recueil de nouvelles soit aussi uniforme et que l'ensemble des nouvelles soient de qualité égale, toutes d'une très grande sensibilité.

Certains prénoms se répètent, comme des apparitions; les noms de ville aussi, celles-ci nous deviennent familières. Il fait souvent froid, la neige, les silences, les premiers regards échangés. C'est un pur bonheur de lecture. À l'instar de la très belle illustration en couverture (de l'édition la clé à molette): un arbre, dépouillé de ses feuilles, entraperçu dans le brouillard, à la fois énigmatique, silencieux et paisible, ce recueil de nouvelles nous hypnotise et on espère qu'il ne se terminera jamais.
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Une rencontre fortuite, un destin, l'humour face aux objets quotidiens, le visage d'une jeune fille recherchée, un instant d'éblouissement, l'absence de réponses aux questions inutiles de l'existence.
Un recueil de onze nouvelles et toujours ce ciel fabuleux au-dessus des plaines et des collines...
Impossible de se déprendre d'André DHÔTEL.
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