Un ouragan dans la barbe

Ah ! Hugo ! Hugo ! Ce petit garçon ferait attraper des cheveux blancs à un chauve ! Turbulent… Voire davantage, c'est le genre de môme que vous auriez envie de balancer par la fenêtre du centième étage si ce n'était pas le vôtre !
Sa pauvre maman entreprend de se rendre en voiture chez son vieux père qu'elle n'a plus vu depuis longtemps car leur relation est… disons… compliquée ! le voyage n'est pas une sinécure tant Hugo s'agite dans la voiture, râle pour tout et, ô sacrilège, jette violemment son livre…

Comment le grand-père va-t-il réagir quand il aura cet ouragan dans les jambes… ou plutôt dans la barbe ?

Critique :

La jeune autrice/auteure/auteur, Noelia Diaz Iglesias, bouscule les codes de la BD ! Pas de cases ! Il faut suivre le mouvement, et du mouvement il y en a sous toutes les formes ! Car, petite particularité du grand-père, en dehors de sa taille d'ogre et de sa barbe qui pourrait servir de couverture à une famille de sept nains de jardin, il est muet et ne peut s'exprimer que par gestes, ce qui rend la communication avec son petit-fils pratiquement impossible. Voilà qui ne va pas faciliter les échanges entre la mère et son père, déjà que leurs relations n'étaient pas au beau-fixe !

Le grand-père est relieur. Dans l'interview que l'autrice donne sur YouTube, elle explique qu'au Moyen Âge, les relieurs étaient souvent muets et analphabètes… Je vois à votre air perplexe que vous ne voyez pas en quoi cela pouvait avoir un quelconque intérêt ! D'après Noelia Diaz Iglesias, c'était pour éviter le plagiat. Ne comprenant pas ce qui était marqué dans les livres, il leur était impossible de divulguer des informations quant au contenu.

Les enfants n'auront aucune peine à appréhender la lecture de cet ouvrage et y trouveront une histoire pleine d'émotions et découvriront qu'Hugo n'a pas qu'un caractère de cochon et que son fond est bon. Quant aux adultes, s'ils ont été formatés, comme moi, par la BD ligne claire et les petites cases, il leur faudra apprivoiser un nouveau genre qui recèle bien des richesses.

Le séjour de trois générations sous le même toît. C'est la visite au grand-père.
Une corvée pour le petit-fils qui ne verra pas bien comment il pourra jouer un peu chez lui.
Avec un titre pareil, " Un ouragan dans la barbe", nous nous attendrons un peu à un vent d'agitation qui fera grand bruit dans le récit, pas vrai?
Grâce à la BD, cela devrait nous en promettre, avec des projections dangereuses d'onomatopées.
Petit-fils et Papy auront envie de se voler dans les plumes, chacun ne se remettant pas en question sur son caractère.

Une BD mais pas de bulles avec le Papy.
Pourquoi ne le voit-on pas parler ce papy, me demanderez-vous?
Peut-être ronchonne t-il bien trop bas dans sa barbe pour que les bulles de dialogue se forment?

Ce n'est pas une hypothèse, il aura selon nous, lecteurs, très mauvais caractère.
L'arrivée de sa fille et de son petit-fils va troubler sa retraite calme et les pièces de la maison vont contenir l'ouragan d'un petit garçon agité à l'imagination fertile.
Cet enfant prendra trop de place, manquera de discrétion, vient désorganiser sa journée.
Il faudra bien qu'il s'occupe pourtant, il n'y aura pas d'enfants dans cette maison et le papy peu aimable, ne proposera pas de temps à deux.

Nous comprendrons vite l'originalité de cette BD dont l'absence de cases démontrera qu'elles ne pouvaient ici s'installer pour contenir toute l'énergie qui va être déployée tout du long.
Le choix de ne pas contenir les personnages dans des cases amplifiera cette impression d'invasion de l'enfant, soit en paroles "onomatopées" qui mangent de l'espace ou bien en action, laissant son imaginaire vagabonder comme des jouets sur toute la double-feuille blanche.
Le papy n'est pas à l'aise avec ce "monde parlant" chez lui, il va défendre son territoire en s'agitant aussi, mais en signant, avec force de gestes amples.
Il est muet.
Un ouragan pourra être aussi très agité mais silencieux.
Et il ne supportera pas ce mouflet qui ne respectera pas sa maison en criant, courant partout, qui fouillera partout: un enfant, quoi.
Mais comment donc était sa fille, la maman, à son jeune âge? On se le demande.
Les choses pourraient-elles s'apaiser, s'arranger, si le petiot, qui se plaint de s'ennuyer avec un papy qui semblera ne pas vouloir de lui, apprenait la langue des signes?

Une BD accessible, dont le ton amusant et pétillant permettra de ne pas prendre la brouille au sérieux.
La mère n'aura qu'une envie, c'est de tirer l'oreille de son père et de son fils pour avoir la paix. On s'amusera de l'image du papy d'ogre grand barbu " du point de vue de l'enfant", le jugeant rapidement par son innocence avec son allure d'ours très poilu mal léché.

Rien de tel pour savoir si une histoire est bien racontée, si ses émotions et son atmosphère sont bien rendues que d'observer qu'elle nous a émue.
Plein de thèmes intéressants, pour certains même inhabituels, abordés dans cette tranche de vie. Les illustrations sont très vivantes, expriment très bien l'ambiance mouvementée de la situation. Parce que du mouvement il y en dans cette histoire, entre le gamin qui ne tient pas en place et le papi muet qui ne s'exprime que par des grands gestes...
Je suis émue mais aussi épuisée à la place de cette dame qui doit gérer le fils et le père 😱
Un petit bémol cependant : pour moi il y a un enchaînement d'illus très petites et difficiles à comprendre, celles de la nuit où tout le monde a l'air de se lever pour une raison ou une autre, j'ai vraiment dû bien bien observer et réfléchir 🙂

Cinq chapitres comme cinq jours que Hugo et sa maman vont passer chez Papy. Ce dernier est sourd et s'exprime en langue des signes, ce qui renforce la distance entre le petit garçon et ce grand-père qu'il voit peu.
L'homme passe beaucoup de temps dans son atelier dont l'entrée est interdite à Hugo. Bien sûr, celui-ci s'y introduira vite pour découvrir les secrets qu'il renferme.

A hauteur d'enfant, nous apprendrons à connaître ce grand-père un peu bougon et sa passion : fabriquer des livres.

Un petit garçon et sa maman vont passer une semaine de vacances chez le grand père. On comprend rapidement que le grand père est sourd.
Hugo a peur de lui mais petit à petit ils s'apprivoisent et fabriquent des livres ensemble.

Courte bande-dessinée, c'est une toute petite tranche de vie qui mériterait à être étoffée pour accrocher plus le lecteur.