En soit, il s'agit ici d'un ouvrage, composé de trois parties officielles ( l'histoire, la post-face et deux chapitres écris plus tardivement ), avec une non-officielle ( les remerciements entre l'histoire et la post-face ) ayant de base une narration très intéressante montrant le mode de vie que pourrait avoir les Américains, si l'Allemagne et le Japon avaient gagné la Seconde Guerre mondiale, mais surtout, si ils avaient dû vivre sous les lois japonaises.
J'ai été particulièrement intriguée de voir que, dans ce monde, chacun occupe une place hiérarchique non discutable : les japonais et les allemands en premier. Ils sont fonctionnaires, dirigeants, notables, possèdent les meilleures maisons et une très belle vie. Puis les américains, italiens et tout autre personne plus ou moins européennes, occupant la deuxième place. Ils ont les travaux les plus « manuels », sont employés de caisses, au mieux directeur d'une fabrique de métal ou d'un petit commerce d'antiquités. Leur vie n'est pas très aisée, mais il y a pire. En effet, les chinois sont utilisés en tant que taxis dans des cyclo-pousses et les africains ou afro-américains sont devenus esclaves, et ce, depuis l'attaque de l'Allemagne nazie. Quant au restant de la population de confession juive, elle se cache ou a disparu.
Ce qui me choque c'est ce fait que les japonais se sentent réellement supérieurs face aux natifs américains et face à toute vie humaine, mais pas que. Les natifs-américains eux-mêmes usent de discriminations en utilisant des esclaves pour porter des charges, ou des taxis en cyclo-pousse pour se rendre d'un point A à un point B. En bref, tout le monde à une place et pour le peu qu'une occasion de supériorité se présente, ce même monde en profite, au travers des humiliations ou autre comportements peu acceptés dans notre monde, pour faire valoir leur place en tant qu'être « supérieur ».
Mais, bien que les japonais méprisent d'une certaine manière ceux leur étant inférieurs, ils aiment quand même leur histoire et leurs artefacts. C'est un peu ce qui m'a amusé car dans ce livre on remarque que le mode de vie américain (montre Disney, revolver, bijoux) s'est mélangé à la culture japonaise (nourriture, façon de pensée, arts martiaux, ameublement). Notamment avec le «
Yi King », soit deux livres recueillant les pensées d'un oracle ayant vécu il y a très longtemps, et donnant réponse à la vie et aux choix que doivent faire les japonais et toutes personnes vivant du côté de San Francisco. Et, chose encore plus étonnante, les japonais refusent le mode de vie et la pensée allemande, où une personne handicapée, de confession juive, ou vieil est directement abattue. Pour eux, toutes les vies sont sacrées. Ce qui constitue un sacré paradoxe.
J'ai crû, en lisant le livre, qu'il serait génial. Mais malheureusement, j'ai été profondément déçue par celui-ci. Entre des termes non définis comme « pinocs » (même si je pense avoir compris au fur et à mesure son sens, sans en être sûre), ou encore des phrases écrites en allemandes et non traduites, ma lecture a été quelques peu, voir pas mal secouée. Il est dommage de devoir lire un livre qui ne comporte aucune traduction dans les notes de bas de pages.
Mais ce n'est pas ma plus grande déception. Ce qui m'a vraiment donné envie de rapidement en terminer avec cet ouvrage, c'est ce fait que je me sois rendue compte que l'auteur, bien qu'il ait eu une très bonne idée, se soit totalement perdue dans son écrit et a publié pour moi un ouvrage inachevé.
À la fin de la lecture, on pourrait croire qu'il existe un deuxième tome qui permettrait de rentrer dans l'action tant attendue et donnée par le «
Yi-King » et « le poids de la sauterelle », un ouvrage imaginé par K. Dick, et dont l'auteur se trouve être un certain Hawthorne Abendsen. Ce serait ici une histoire où nous serions plus sur l'hypothèse de l'existence de multiples univers avec des différences sur chacune d'elles, commençant avec la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Mais non. Cela s'arrête uniquement à la découverte, très surfaite, rapidement donnée, des origines de ces deux livres.
Je pense qu'en voulant créer son propre style, qui n'est pas si mauvais, et à force de se référer aux ouvrages historiques nommés dans ses remerciements, l'auteur a fini par se perdre lui-même dans son objectif, et n'a fait que décrire de manière passive comment serait le monde si Hitler avait gagné la guerre, et si celui-ci serait décédé, laissant donc place à un conflit, encore cette fois-ci légèrement survolé, entre ses subordonnées. Peut-être qu'en faisant avancer l'histoire essentiellement au travers des pensées et des dialogues, l'auteur a fini par rendre l'histoire moins attractive, puisqu'il m'a fallu la postface de
Laurent Queyssi pour comprendre que Monsieur Tagomi, l'un des protagoniste de l'histoire, a réussi à faire un voyage spirituel dans un autre univers. Et c'est également cette même postface, ainsi que la troisième partie, qui ont fini par valider ce que je pensais et vous ai dis : l'histoire est inachevée. L'intrigue devant parler de mondes parallèles, n'a été que légèrement traitée et ne commence qu'à devenir intéressante uniquement dans le premier chapitre rédigé après la publication. Dommage que l'auteur ait abandonné la suite de cet ouvrage qui aurait pu, et j'en suis certaine, être géniale.
Je me dois de le dire, la série est de loin meilleure à l'ouvrage initial.