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sur 2743 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
HUE ! CHRONIE...!

Nous sommes dans les années 60. Plusieurs individus (un japonais haut dignitaire commercial de son pays, un faux industriel suédois mais vrai espion allemand de l'abwehr, deux ouvriers doués de leurs mains, dont un juif recherché pour contrefaction d'antiquités, un antiquaire un peu roublard, admirateur des japonais tout autant qu'il les craint et se méfie d'eux, une femme, ex-épouse de l'ouvrier juif, aussi belle qu'insaisissable, un ancien combattant nazi, un mystérieux écrivain auteur d'une invraisemblable uchronie, voila pour l'essentiel) vont croiser ou seulement entrecroiser leurs destins dans ce qu'il subsiste des anciens Etats-Unis d'Amérique, désormais divisés en trois parts inégales : à l'est, un gouvernement américain nazi et pro-germanique (dont on n'apprendra rien de précis, sauf qu'il s'y trouve des camps d'extermination), au centre, un ventre mou et neutre mais sans grande importance, les Rocky Mountains States, car peu peuplé, peu industriel, économiquement et stratégiquement faibles (Ph. K. Dick fait dire à un routier de l'est les traversant que c'est un pays qui est passé à côté de l'histoire), à l'ouest, enfin, ce sont les Pacific States of America - regroupant, peu ou prou, la Californie, Washington States et l'Alaska-, sous domination japonaise, à l'instar de toute la sphère Pacifique, la moitié de l'Amérique du Sud ainsi que tout ce que nous nommons habituellement l'Extrême-Orient. le reste du monde (Europe, Afrique, Proche et Moyen Orient, l'essentiel de l'ancienne URSS, la partie Atlantique des deux Amérique) sont sous régime nazi allemand ou, moindrement, fasciste italien.

Mais que s'est-il donc passé pour que la face du monde que nous connaissons aujourd'hui en fut à ce point changé ? C'est aussi simple que terrible de conséquence : le 15 février 1933, à Miami, le tout nouveau président élu (à une majorité assez écrasante), celui qui allait devoir sortir son pays du marasme provoqué par le désormais fameux "black Thursday" de Wall-Street, ne réchappe finalement pas à l'attentat (véridique) par arme à feu provoqué par un anarchiste italien, par ailleurs personnage médicalement déséquilibré, du nom de Giuseppe Zangara. Les conséquences, établies avec intelligence et une certaine logique dans le roman de Philip K. Dick, sont incommensurables : Un Républicain fut élu après l'assassinat du Démocrate Roosevelt. Celui-ci appliquant des réformes totalement contraire à celle de la "vraie" histoire, provoqua un repli diplomatique des USA, prônant une politique de non-ingérence absolue tout en maintenant une politique économique libérale de libre-échange sans entrave. Les Etats-Unis ne prirent donc absolument pas part, pour les uns ni pour les autres, lorsque la seconde guerre mondiale se déclencha, laissant Winston Churchill se débrouiller seul en Europe de l'Ouest (et perdre) de même qu'ils n'apportèrent aucun soutien matériel à l'URSS de Staline, qui perdit tout espoir à Stalingrad. Dans le même temps, l'intégralité de la flotte américaine fut bel et bien détruite à Pearl Harbour par les japonais qui purent alors entreprendre la conquête de tout la sphère Pacifique. La guerre s'acheva en 1948 par une défaite totale des alliés et le partage du monde par les membres de l'Axe. Moins de vingt années plus tard, les deux anciens alliés se font de plus en plus front - inaugurant une guerre froide d'un autre genre - mais la suprématie technologique de l'Allemagne semble être écrasante quand l'esprit raffiné et porté aux choses de l'esprit des japonais paraît être bien plus humain, profond que le nihilisme de l'élitisme outrancier des germains. On en vient même à penser que l'auteur estime la philosophie de vie asiatique plus riche que celle prônée par le libéralisme marchand et pragmatique américain... Voilà à quel moment de cette histoire alternative (ainsi que les anglo-saxon la définissent) nous en sommes lorsque débute ce roman, et bien que ces éléments, l'auteur nous les délivre au compte-goutte, au gré des besoins narratifs, des dialogues ou des explications. Une "contre-histoire" qui cède aussi, pour le moins, à une vision légèrement tronquée et autocentrée de l'histoire, faisant des américains les principaux, pour ne pas dire les seuls artisans fondamentaux de la victoire contre les pays de l'axe. C'est sans doute faire bon compte de la résistance héroïque des britanniques et du sacrifice terrible de la population russe, bien plus "payant" qu'on ne le présente souvent à l'ouest, et ce malgré les erreurs monumentales des hiérarques communistes - au premier rang desquels Joseph Staline -, et du manque de moyens matériels tragique de ces centaines de milliers de combattants. Mais nous ne sommes pas ici pour refaire l'histoire de l'histoire. Laissons ce soin à K. Dick !

Car s'il est évident que ce texte est pour une large part une uchronie (en bon français, et selon son inventeur, le philosophe français du XIXème siècle, Charles Renouvier), c'est à dire une histoire qui n'a pas eut lieu, telle qu'elle aurait pu être si... Philip K. Dick n'en demeure pas à cette seule proposition. Il y aborde le sens du beau et surtout du vrai dans l'art, les relations des oeuvres à leur histoire, supposée, fausse ou véritable. Il y fait aussi le procès, sans aucune forme de rémission, du nazisme (ce dont on peu évidemment se féliciter), de la volonté de puissance germanique (avec une vision de l'esprit allemand qui confine parfois à la caricature) d'une manière plus générale alors qu'on lui voit un penchant relativement admiratif, une fascination certaine pour le mode de vie des japonais, leur spiritualité, leur civilisation, leur capacité à recevoir autrui avec humilité et une certaine ouverture. Il s'y essaie aussi à une véritable expérience stylistique, certains critiques y ayant même vu la volonté de s'inspirer des haïku pour exprimer ses pensées narratives, souevtn constituées de phrases brèves, radicales et insondables à la fois.
Par ailleurs, un autre "gros" morceau de la pensée asiatique (chinoise à l'origine) y est omniprésente, une oeuvre multi-millénaire parfaitement intégrée dans l'esprit du Tao de la pensée asiatique : Philip K. Dick avait ainsi reconnu s'être incroyablement servi du fameux Yi-King dans la rédaction de ce roman le maître du haut château (dans la version en deux volumes de Richard Wilhelm du "livre du changement") ainsi que d'une des uchronies américaines les plus célèbres à l'époque, "Autant en emporte le temps", de Ward Moore (celle-ci se passe pendant la guerre de Sécession. C'est le Général Lee qui remporte la bataille de Gettysburg puis la guerre elle-même). du second ouvrage, il retiendra un modèle fouillé, aussi logique que possible, essayant de voir toutes les implications de la liberté prise à l'égard de l'histoire. du premier, il parsèmera (à n'en plus finir) notes et narrations, il en émaillera même (plus souvent qu'à son tour) des dialogues entiers. Philip K. Dick n'échappe toutefois pas à la principale erreur des occidentaux par rapport à ce texte tellement étonnant et profond que le grand psychanalyste Carl Gustav Jung en fera même le premier texte traitant du psychisme jamais pensé et rédigé par l'homme, ainsi qu'un sujet d'analyse passionnant. Dick s'attache ainsi beaucoup aux supposées qualités divinatoires du "Livre des mutations " (autre traduction possible de son titre), lui donnant parfois le nom générique de "l'oracle", tandis que d'aucuns estiment que les tirages du Yi-King donnent bien plus une espèce de photographie immanente du présent, qu'un vade mecum des actions futures à accomplir (même si cette approche n'est pas infondée). Cependant, en fin connaisseur de l'ouvrage immémorial, il le relie fort bien avec la philosophie de vie des japonais que sont roman a rendu maître d'une partie importante des USA.
Philip K. Dick s'amuse à perdre un peu plus son lecteur, à le fourvoyer plus exactement, en insérant une uchronie dans l'uchronie. En effet, à côté des innombrables références au Yi-King, on découvre pas à pas, et par le biais de regards de lecteurs successifs, les bonnes pages d'un roman défrayant alors la chronique, interdit en Allemagne et dans tous les pays satellites de celle-ci, qui raconte comment les USA et la Grande-Bretagne ont, en réalité, gagné la guerre. L'art consommé du célèbre auteur de SF américain lui fait prendre la source proto-historique de ce roman dans le roman, non à la date de l'assassinat de Roosevelt, mais à une date légèrement ultérieure. Lequel est intitulé "Le poids de la sauterelle" en référence à ce qui fait suite à la victoire des alliés : le pouvoir de plus en plus hégémonique de la Grande-Bretagne, conduite par un Winston Churchill devenu aussi vieux que despotique, et se conduisant avec les autres nations du monde comme l'Empire le fit dans ses colonies : telle une nuée de sauterelles dans des champs à récolter. Ainsi, ce sont deux dystopies qui se font face, dans lesquelles ont est fort éloigné d'un monde apaisé et libre, tout autant que ce que fut le notre à cette époque.

Il est cependant un problème majeur consubstantiel à ce roman - considéré, par ailleurs, comme l'un des plus grands ouvrages de la SF mondiale, et comme un véritable modèle en matière de référence uchronique. Ce qui doit rendre notre jugement personnel humble, bien que parfaitement honnête, assumé et réfléchi - c'est qu'assez rapidement on peine à trouver son compte dans cet embrouillamini d'une trop grande richesse de thématiques, d'explications, d'histoires parallèles, rapidement jointes, disjointes ou conjointes. Ainsi, beaucoup, parmi les protagonistes du roman, ne se rencontrent-ils non seulement jamais mais n'ont même que des rapports extrêmement indirects, pour ne pas dire inexistant, les uns à l'égard des autres. Les personnages sont campés de manière assez inégale et relativement caricaturale, ce qui empêche d'y croire tout à fait, et puis, surtout, il y cette omniprésence des tirages du Livre des Mutations qui alourdit considérablement le rythme de l'intrigue, le rendant parfois indigeste. Il y a aussi ce maître du haut château dont on imagine l'importance capitale, tandis qu'il n'est qu'un élément parmi d'autres du récit. Il y a enfin qu'on fini par se demander si l'auteur n'a pas hésité entre essai et roman tant le scénario global semble ne fondamentalement mener à rien de précis, de concret, donnant la part belle à la réflexion, qu'elle soit sous forme strictement narrative ou par l'entremise des pensées émises par les différents personnages, laissant souvent la lecture en suspend, sans véritable résolution ni conclusion, dans l'un de ces jeux en miroir permanent, en perpétuelles rupture d'équilibre qui feront le succès ainsi que l'intérêt majeur de son chef d'oeuvre publié sept ans plus tard, Ubik.
Dès lors, l'auteur semble-t-il nous dire : êtes-vous bien certain que ce que vous pensez vivre est la seule et véritable réalité ? Est-il si impossible qu'il n'y en ait aucune autre, que vous ne soyez-pas vous même un peu d'encre au sein d'une histoire inventée ? Si Ubik nous mène, entre autres choses, vers une conclusion de ce genre, ce roman à venir le fait avec une distance légère à l'humour noir consommé. Rien de cela dans le maître du haut château (en raison même de ses présupposés liés au pire du pire de notre histoire moderne). C'est fort dommage parce qu'arrivé vers la seconde partie du roman, on finit par comprendre que rien ne se déclenchera de fondamental et si l'on ne s'y ennuie pas tout à fait, on peine à y trouver satisfaction et plaisir. On se rassurera en songeant que le maître du haut château fut une sorte de déclencheur dans le processus créatif d'un plus grands écrivains mondiaux de Science-Fiction (jusque-là boudé par le public comme par la critique), qu'Ubik, Blade Runner / Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? ou encore Total Recall et autres récits sont encore à venir. Qu'il s'en est peut-être fallu d'une suite, prévue (la présente édition chez J'ai lu en donne les deux seuls chapitres jamais entamés par l'auteur) pour que l'ensemble s'éclaire vraiment. On sait que l'auteur devenu culte n'entamait jamais un nouveau livre sans une documentation conséquente ; on en trouve d'ailleurs trace ici, certain détails méconnus mais parfaitement avérés de l'histoire ou des projets nazis s'y trouvant mentionnés. Philip K. Dick ne parvint cependant jamais à se replonger dans l'étude des horreurs nazis pour parvenir à ses fins, et l'on ne peut franchement pas l'en blâmer.
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Des années que j'ai envie de lire ce livre mais il trainait sans que je l'ouvre. Et puis, la série TV qui arrive plus un challenge pour lequel je dois lire un livre primé et voilà, je me lance.
Mon enthousiasme est malheureusement bien vite retombé. Car si le sujet fait partie de mes thèmes de prédilection, la façon dont il est traité est bien terne. On s'enlise dans le quotidien des personnages et il y a peu d'action. Un bon point pour l'univers décrit qui est totalitaire et raciste.
Bref, je me suis ennuyée pendant cette lecture alors que j'en attendais beaucoup plus quand on pense que ce livre est considéré comme un classique de la SF.
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Je regrette de ne pas avoir plus d'affinités avec l'univers de Philip K.Dick, écrivain dont je pressens une sensibilité du monde extrêmement profonde mais dont les connexions neuronales fonctionnent selon les lois d'un univers totalement étranger au mien. Une preuve de la réalité des multivers à lui tout seul, ce gars-là.

Cela aurait pourtant pu marcher avec le maître du haut château, uchronie singulière au rythme plus posé et au ton délicatement onirique, dans laquelle les Etats-Unis auraient perdu la dernière guerre et seraient colonisés par le Japon.
Et pourtant ça n'a pas fonctionné pour moi : j'ai noté l'élégance froide, la complexité des jeux d'ombres avec la réalité, mais je me suis au final bêtement ennuyée.
Mais où diable sont les clés de ce bonhomme?
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Sans doute, à sa parution en 1962 aux Etats-Unis, ce roman à-t-il fait l'effet d'une bombe. Il est vrai qu'imaginer que la seconde guerre mondiale a été gagnée par l'Allemagne, qui, ensuite, s'est partagé les Etats-Unis avec le Japon, c'était franchement audacieux et original. Tout le monde n'a pas dû apprécier ce fâcheux trucage de l'Histoire.

Pour ma part, je reconnais que je suis loin d'être une inconditionnelle des uchronies. Cependant, alléchée par le tapage médiatique autour de la série et pressée de compléter un item pour un challenge lecture, je me suis laissé tenter par le gagnant du prix Hugo 1963 que je n'avais jamais eu l'honneur de lire.

Le hic, c'est que j'aime L Histoire et la version du Maître du haut château a tellement bouleversé mes repères que j'ai mis du temps à comprendre comment le nouvel ordre mondial fonctionnait. En plus, non content de proposer un premier bouleversement historique, Philippe K. Dick introduit un livre dans le livre. Celui-ci propose lui aussi une uchronie : la seconde guerre mondiale a été gagnée par l'Angleterre ! J'y perds mon latin, on n'est pas loin du film Inception ! Donc, si vous me suivez toujours, vous devez commencer à comprendre mon mal de tête. Vous me direz que c'était bien l'objectif de Philip K. Dick. J'admets donc qu'il a brillamment atteint son but.

Bien. Maintenant que j'ai lancé les seules fleurs que j'avais en réserve, voici qu'arrive le pot.

Après avoir réajusté mentalement et en deux couches distinctes ma carte de l'ordre mondial, j'ai tenté de suivre les différents personnages que l'on retrouve en alternance, chapitre après chapitre. Las, chaque fois que je me disais que l'intrigue prenait forme, que je commençais à comprendre quelque chose, ça retombait à plat les chapitres suivants. Tout au long de ma lecture, j'ai vainement retourné la pelote dans tous les sens, à la recherche du fil qui reliait les différents personnages et me permettrait de sortir du labyrinthe. En vain !

Mon désarroi n'a fait que croire quand je me suis rendu compte que je n'arrivais même plus à comprendre le sens des phrases que je lisais. le style est surprenant par moments : phrases courtes, monologues introspectifs en italique, extraits de philosophie orientale ... Pfiou !

Lorsque je suis vaillamment arrivée à la dernière page (que je n'ai pas comprise), j'ai découvert avec soulagement que mon édition de poche contenait une postface hautement éclairante truffée de clés de compréhension de cette oeuvre majeure, dixit son rédacteur, Laurent Queyssi. Eurêka, j'ai enfin accédé aux hautes sphères créatrices où l'auteur évoluait. Malheureusement, ma note plaisir ne volera pas aussi haut.

Bref, à la lecture de ma chronique, les spécialistes de Philip k Dick vont me prendre pour la dernière des ingrates mais j'ai le regret de conclure que la pensée dickienne a glissé sur mon intellect aussi sûrement que la pluie sur mon imperméable. C'est à pleurer, je sais.


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le résumé de ce livre avait tout pour me plaire : et si l'Allemagne et le Japon avaient gagné la guerre en 1947 ? de plus, Philip K. Dick n'était pas un auteur inconnu pour moi, après tout c'est bien le créateur de Blade Runner.
Je ne discuterais pas de la qualité de l'écriture, bien réelle, ni de a profondeur de l'histoire, mais je n'ai jamais vraiment réussi à rentrer dans le livre.
J'avoue que tout ce qui avait trait au Yi-king me laissait un peu hermétique et m'ennuyait un peu, et pourtant je n'ai pas l'impression d'avoir un esprit si carré que cela.
L'histoire de cet auteur un peu mystérieux qui écrit un livre ( de science-fiction ) interdit par les autorités allemandes est intéressante, mais finalement pas assez développée et mise au premier plan selon moi.
En tournant la dernière page,j'ai vraiment eu l'impression d'avoir passé à coté de ma lecture...
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Ce roman avait tout pour plaire : le contexte uchronique, des USA sous la domination de la culture japonaise, un mystérieux livre de divination et un tout aussi mystérieux écrivain qui vivrait isolé dans son château pour avoir osé imaginer la victoire des Alliés en 1945.
Mais malgré tous ces ingrédients alléchants, la sauce n'a pas pris.

Pourtant le cadre est intéressant même s'il est principalement restreint à l'occupation d'une partie des Etats-Unis par les japonais. Des nazis et de l'Europe il est rarement question. Dick s'intéresse à la réaction des américains face à cette culture étrangère qu'on leur impose et son idée est intéressante car il évoque aussi bien le sentiment d'infériorité éprouvé par les américains que leur envie de révolte. Dommage que ce ne soit que survolé.

Le récit propose au lecteur de suivre le parcours de plusieurs personnages, liés entre eux par quelques liens plus ou moins forts, mais qui pourtant ne se rencontrent jamais. Tous ont entendu parler de cet écrivain dissident dont la vie serait menacée, ce fameux maître du Haut-Château. Pendant tout le roman, le lecteur attend fébrilement de savoir ce qu'il en est de ce maître du Haut-Château qui reste en arrière-plan sans arrêt. Un fil rouge dont on ne voit le bout qu'à la toute fin, une surprise d'ailleurs mais bien décevante.

A côté des personnages qui partiront à la rencontre de l'écrivain mystérieux, d'autres poursuivent leur train-train qui ennuie profondément et semble totalement dénué d'intérêt. En fait, j'ai du faire des recherches pour comprendre un minimum où Dick voulait en venir.

Finalement, Dick a voulu nous parler encore de son thème favori : la réalité et sa perception. Comment distinguer le réel de l'imaginaire, le vrai du faux. Plusieurs éléments du récit se rapportent à cette question : le problème des oeuvres d'art et de leur authenticité, un personnage se faisant passer pour un autre, la question de savoir comment distinguer un briquet ayant appartenu à une personne célèbre d'un briquet de même modèle mais n'ayant pas eu d'illustre possesseur et de façon plus globale la réalité du monde perçu.

J'ai beaucoup pensé au concept des mondes parallèles pendant cette lecture. A travers tout d'abord cette histoire d'écrivain auteur d'une uchronie ( le roman dans le roman) mais aussi par le biais de ce livre du Yi-King grâce auquel toute personne peut connaître la réponse à une question concernant son avenir et qui semble supposer que le destin est tout tracé, écrit à l'avance et que nous n'avons finalement pas le choix de nos actes, que toute alternative semble impossible. Et pourtant …

Enfin bref, il y a de la matière à réfléchir comme toujours chez Dick mais cette fois-ci c'était plus difficilement accessible et puis j'aurais voulu plus d'action et plus de surprise.

Ce roman de Dick m'aura ennuyée et surtout beaucoup déçue car j'en attendais autre chose.

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Et si l'Allemagne avait gagné la seconde guerre mondiale. Livre culte dans le domaine de l'uchronie, le Maître du Château Haut est un des romans phares de Philip K. Dick.
On plonge dans un autre monde, les Japonais sont les "dirigeants" des PSA (Pacific State of America), les Allemands ont en gros le reste du monde. Même si les Japonais détiennent une petite partie du Monde, on sait très bien que nous sommes tous sous la coupe des Allemands.
On suit plusieurs personnages, tous liés mais qui ne se croiseront jamais. Chacun de leurs actes ont des impacts sur la vie des uns et des autres.
C'est bien écrit, j'ai bien aimé lire les parties en italique où on peut découvrir les pensées des protagonistes. On sent la complexité des personnages et des enjeux politiques.
Mais pour être honnête je suis passée à côté de l'histoire. Je vais sûrement me faire appeler Arthur par les fans de K. Dick, mais je trouve qu'il ne se passe rien. On voit venir des trames d'histoires, des problématiques pour les personnages, mais j'ai le sentiment qu'on fait du surplace, rien n'avance vraiment.
A la fin de mon livre, on peut lire 2 chapitres que l'auteur avait écrit pour la rédaction d'un 2ème volume. Et bien en les lisant j'étais plus enthousiasme qu'en lisant le livre. le livre je le considère comme une (bonne) introduction à un projet plus ambitieux, plus complexe, qui malheureusement n'a jamais vu le jour.
Même si j'ai été un peu déçue à la lecture de ce livre, ça m'a vraiment donné envie de me plonger dans l'univers de K. Dick que je connais qu'à travers les adaptations cinématographiques. Petite parenthèse le Maître du Château Haut vient d'être adapté en mini-série...

Lien : http://le-club-des-incorrigi..
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Philip K. Dick est un auteur que j'avais déjà lu et chroniqué sur le blog, en 2015 et en anglais. J'avais beaucoup apprécié la version bilingue de Minority Report, un premier pas au coeur de l'univers de la science-fiction, un genre que j'aime et de plus en plus et que je prends plaisir à explorer. Je suis, par hasard, tombée sur ce livre à la médiathèque, c'est d'abord sa couverture qui m'a interpellé avant de me souvenir qu'un ami m'avait conseillé ce livre il y a plus de 5 ans… Je finis souvent par lire les titres que vous me conseillez, mais bien des années plus tard, ne désespérez pas les amis.


Avec le Maître du Haut Château, l'auteur nous propose une uchronie, le topo est assez simple : les Allemands ainsi que les Japonais sont les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, rien que cela. J'avoue que c'est intrigant, que l'on a envie de connaître les tenants et les aboutissants d'un monde dans lequel la France et ses alliés auraient perdu la guerre, toutefois… je vous le dis de suite, je ressors très mitigée de cette lecture, un goût âpre et douteux dans la bouche, comme une sensation de malaise grandissante et persistance. Je trouve ce livre beaucoup trop complexe pour être agréable, la lecture est immédiatement rendue plus compliquée que nécessaire, ce qui n'a pas facilité mon immersion, loin de là.


le roman a, semble-t-il, été adapté en série depuis peu « The man in the high castle » ou la bande-annonce que l'on exècre sur Twitch car elle est synonyme de pub interminable. J'espère sincèrement que la série est beaucoup plus accessible que le livre en lui-même, que les réalisateurs ont fait le choix de la simplicité sans pour autant dénaturer les messages. Même si je garde un sentiment plus que mitigé ainsi qu'une certaine réserve quant au roman de K. Dick, je suis tout de même curieuse de voir ce que cela peut donner sur petit écran… Sans doute est-ce la fan de lecture qui parle, la fille qui aime à comparer les adaptations.

Pour être totalement franche, je trouve que les personnages de ce récit sont presque insipides, sans réelle profondeur, comme si l'auteur n'avait pas pris le temps de creuser leur personnalité. L'attachement au moindre d'entre eux est quasi impossible, les émotions sont absentes, ne subsiste qu'un goût de trop peu, une sensation de manque que l'histoire ne parvient pas à combler. Les personnages sont multiples, peut-être trop, cela disperse l'attention, sème la confusion dans l'esprit du lecteur. Entre les noms à consonance japonaise, allemande, américaine et même juive, il apparaît compliqué de se souvenir de tout, de mettre des visages sur chacun d'entre eux, c'est ce que je déplore…


Lire le maître du haut château s'avère être un exercice éprouvant, nécessitant une grande concentration pour finalement… Finalement me laisser sur ma faim. C'est éprouvant d'une part car l'histoire part dans tous les sens, je ne savais plus où donner de la tête, et d'une autre part car la plume de l'auteur est certes très riche, mais surtout excessivement compliquée. le style de Philip K. Dick est ici beaucoup trop lourd, pesant et donne l'impression de lire un pavé alors qu'il n'en est rien. le ton employé semble beaucoup trop grave et sérieux, alourdissant encore le récit qui s'éternise, encore et encore… Je n'étais plus animée que par une seule envie : enfin finir ce livre, je voulais connaître le fin mot de l'histoire afin d'être en mesure de juger ce livre dans sa globalité.


Plusieurs fils rouges viennent alimenter ce récit, parvenant tant bien que mal à capter mon attention. Je peux par exemple citer le livre le poids de la sauterelle dont il est question, à de multiples reprises dans le livre. Nous avons en effet un jeu de mise en abyme, l'auteur de ce best-sceller ayant lui aussi écrit une uchronie, et si la France et ses alliés avaient gagné la guerre… Un petit jeu intrigant mais assez vite agaçant, comme si l'auteur se projetait lui-même dans le livre, un moyen d'évoquer une partie de sa propre histoire peut-être ? Toujours est-il que le procédé ne m'a pas totalement convaincu, loin de là.


Abordons maintenant quelques aspects plus réjouissants, car oui, il y en a. Ce livre traite de thèmes passionnants tels que l'Histoire ou encore le faux. Au fil de la lecture, nous avons l'impression que certaines choses ne sont que des illusions, des prétextes destinés à nous faire douter, à pousser toujours plus loin notre réflexion sur le vrai et la valeur que nous accordons aux objets historiques. Il est question d'historicité, un terme que je ne connaissais pas mais qui va être ici au coeur de quelques intrigues. L'auteur exploite notamment ce sujet par le biais des bijoux et des contrefaçons, de ce marché noir qui fait douter plus d'une personne. On sent une certaine volonté de rendre hommage à l'Asie en général, à la mentalité et manières des Asiatiques.

L'auteur ne manque pas d'idées et d'inspirations, c'est le moins que l'on puisse dire. de très nombreuses pistes sont explorées, empruntant pour cela des chemins dérivés, nous permettant de comprendre que les personnages sont liés entre eux mais je ne se rencontreront jamais. C'est un brin frustrant je dois le reconnaître. Chacun semble jouer un rôle sans le savoir, membres d'une machination géante dont seul l'auteur connaît l'issue finale. Ce sont deux visions qui s'opposent et parfois se rejoignent, un étau qui se referme progressivement… le Japon et l'Allemagne. Réels vainqueurs ? Qu'en est-il en vérité ? de l'autre côté, les États-Unis sont divisés en trois..


Il y a énormément de choses, d'éléments en superposition dans ce livre, quelques explications annexes nous sont fournies par une personne extérieure ; c'est appréciable mais on se sent un peu bête et j'avoue que les détails et précisions énoncées ne m'ont pas totalement convaincue, je reste sceptique. Toujours est-il que je n'ai pas réussi à m'attacher à qui que ce soit, les personnages se perdaient en considérations et en manières, ce qui a eu le don de m'agacer plus qu'autre chose. J'ai le sentiment que l'auteur a voulu en faire trop, que ce livre n'est pas assez épuré, provoquant une sensation de longueur et ne permettant pas une immersion totale.


En définitive, malgré un contexte et une époque qui me parlaient, je n'ai finalement pas été transporté par l'histoire. Je suis restée en surface, incapable de plonger totalement au coeur du récit. Je voulais à tout prix connaître le fin mot de l'histoire, mais je reste malheureusement sur ma fin. Une fin qui d'ailleurs retourne le cerveau et laisse de trop nombreuses questions en suspens. Je reconnais que les thèmes abordés sont passionnants, que l'intrigue est complexe, mais sans doute trop compliqué pour que je l'apprécie. La plume de l'auteur est certes recherchée mais beaucoup trop lourde, brisant le rythme de la lecture. Je ressors donc plus que mitigée et pas du tout convaincue par ce titre, là où j'avais adoré Minority Report. J'espère sincèrement l'adaptation en série du Maître du Haut Château est accessible que le livre. Un rendez-vous manqué pour moi, cela fait partie du jeu de la lecture.
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Philip K. Dick nous entraîne dans un monde post Seconde Guerre mondiale où les forces de l'Axe ont gagné la guerre. Les États-Unis ont été balayés car Roosevelt a été assassiné en 1933 et sa flotte a été complètement anéanti à Pearl Harbor.
L'Allemagne a pu s'imposer face à l'URSS et s'est partagé le monde avec l'Empire Japonais.
Je n'ai pas totalement accroché au récit et surtout à la conclusion finale du roman. L'histoire des différents protagonistes est loin de m'avoir passionné, peut-être par manque d'intensité ou pas assez de suspense, cela manquait pour moi d'intrigue.
J'ai plus apprécié la description de ce monde dominé par l'Axe et notamment les Nazis qui font de gros projets (spatial, Afrique, agriculture...) mais toujours dans la démesure et le cynisme.
Dans cette uchronie, de nombreux rôles sont inversés ou remplacés : Ainsi, ce sont les américains blancs qui sont victime de racisme et sont rabaissés, la guerre froide couve entre l'Empire Japonais et l'Allemagne Nazie, le Reich se comporte un peu comme l'URSS de notre réalité et les États-Unis se rapproche du Japon de notre réalité.
En somme, j'ai été déçu de ce roman, notamment parce que j'en avais entendu beaucoup de bien et finalement je me suis perdu et ennuyé dans sa lecture.
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Et si les allemands et les japonais avaient gagné la seconde guerre mondiale
Après la capitulation des Alliés en 1947, les forces de l'axe se sont partagé le monde.
Les nazis occupent l'est des Etats-Unis où ils ont exterminé les Juifs, y appliquant la solution finale. Ils ont asséché la Méditerranée et l'ont mise en culture. L'Afrique, un de leurs nouveaux terrain d'expérimentation, n'est plus peuplée que de quelques tribus.
Les Japonais règnent sur l'Ouest et la Californie. Ils y ont apporté le livre du Yi-King dont les oracles sont maintes fois utilisés pour guider les actions de certains personnages de son roman.
Après un début qui fixe le cadre général de son roman, Philip K Dick restreint son récit aux actions de ses personnages dans un récit lent, très lent, qui par moments, m'a fait penser à l'ambiance des films noirs des années 50 ...
Espions déguisés en espions,
Un écrivain de roman à clé prétendant que les allemands ont perdu la guerre, s'est réfugié à Cheyenne, dans les États des Montagnes Rocheuses, restés à l'écart des grandes puissances ...
Le roman évoque les atermoiements de Frank Fink, artisan qui se met à son compte et crée des bijoux modernes sans savoir s'il aurait des clients, ceux de R Childan, antiquaire spécialisé dans l'art américain, leurs relations avec les japonais...
Ce roman lent, si lent m'a déçue. Je pensais qu'il traiterait davantage de la situation géopolitique de cette uchronie ...
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Vous êtes infiniment triste
Bof,ce n'était qu'un insecte
Vous compatissez, mais au fond, vous vous en fichez un peu
Tant mieux ! Vous detestez ces petites bêtes

6 questions
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Thème : Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?) de Philip K. DickCréer un quiz sur ce livre

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