«
Ubik » est certainement le plus populaire des romans de
Philip Kindred Dick. Da sa longue bibliographie, on est capable de trouver le meilleur comme le pire – surtout après la prise excessive de produits illicites. J'aime bien cet auteur, enfin surtout ses romans digestes et ses nouvelles où il excelle. J'avais acquis ce livre il y a quelque temps déjà.
Oh que j'ai eu du mal à m'immerger. J'étais même prêt à le fermer rageusement. Je comprenais même pas comment ce roman pouvait avoir de telles critiques aussi élogieuses sur Babelio – d'ailleurs je me le demande encore. J'ai donc fait un gros effort pour ne pas revivre l'aventure «
Le maître du haut château ».
Petit à petit, le récit commence à prendre une allure plaisante, mais pas aussi immersif que je l'aurais souhaité. On retrouve son univers, c'est-à-dire un futur proche dans un régime plutôt totalitaire où les inégalités entre les riches et les pauvres sont importantes. Les machines intelligentes – non pas des androïdes mais plus des superordinateurs – sont dominantes. Il y a toujours une tension entre l'un de ses personnages et l'une de ces machines. Bref, on retrouve bien sa marque de fabrique.
Là, où le bât blesse, concerne l'histoire. Je l'ai trouvé très confuse – une généralité que l'on pourrait dire sur une majorité de ses récits. Des fois ça donne des écrits de très bonne qualité et parfois, comme ici, c'est trop compliqué à comprendre. Il faut le suivre le bonhomme. Il est question de personnes aux facultés psi élevées, des précogs et des télépathes.
Tout et brouillon, en plus des pouvoirs précités, l'histoire mélange cryogénie et voyage temporel. C'est d'une complexité. Si on rajoute à cela un produit appelé «
Ubik » évolutif (tantôt capable de transformer un objet obsolète en dernier cri, de rivaliser avec le viagra ou bien encore de sauver la toux) dont le personnage central est en constante interaction, on obtient un récit indigeste. On est dans le pur délire de l'auteur. Sur l'ensemble du récit, seule une cinquantaine de pages sont intéressantes. Il s'agit de la distorsion du temps, allant vers une régression. J'ai bien aimé ces quelques paragraphes où l'on voit le monde changer, les voix de mobilités se modifier, ainsi que les personnages.
Tout cela est de courte durée puisque la fin s'étire à ne plus en finir. L'auteur extrapole sur l'état de mort, de vivant et de semi-vivant. Les personnages se mélangent les pinceaux dans leur discussion ce qui m'a donné envie de lire les dernières pages en diagonale.
Comme j'ai globalement pas trop compris ses hallucinations, hé bien, je n'ai pas trop accroché à l'histoire.
Philip Kindred Dick est (pour moi) l'un des meilleurs écrivains de Science-fiction. Malheureusement, cet auteur a bousillé son talent et son cerveau. Quel gâchis ! «
Ubik » est très populaire, mais ce n'est clairement pas son meilleur roman. Il s'agit plutôt là d'une longue nouvelle étirée pour avoir le format roman. Je conseillerai davantage «
L'oeil dans le ciel » aussi complexe au premier abord, mais doté d'une immersion et d'une très bonne histoire.
À noter que «
Ubik » a eu une adaptation, non pas cinématographique, mais en jeu vidéo. Une sortie qui est restée inaperçue. C'est le défunt studio français du nom de Cryo Interactive qui l'a développé sur PC et PlayStation en 1998.