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sur 3964 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans sa firme, Glen Runcinter emploie des anti-psys : ils sont capables de contrer les pouvoirs des télépathes et des précogs. Son meilleur élément, c'est Joe Chip, un testeur surdoué continuellement fauché. « le facteur anti-psy est une restauration naturelle de l'équilibre écologique. » (p. 38) L'arrivée de Patricia Conley, une anti-précog au niveau jamais vu pourrait bien mettre en danger la firme. Peut-être est-elle un agent d'Hollis. Lors d'un voyage sur la Lune, l'équipe de Glen est attaquée. Désormais, c'est l'existence et le temps qui semblent menacés. « Est-ce que le monde entier va se mettre à mourir de faim à cause de l'explosion d'une bombe sur la Lune ? » (p. 156)

Joe Chip doit comprendre pourquoi les choses pourrissent, pourquoi il est le seul à pouvoir entrer en contact avec Glen, comment disparaissent les membres de l'expédition lunaire et pourquoi il passe de 1992 à 1939. « Nous ne sommes allés nulle part. […] Nous sommes là où nous avons toujours été. Mais pour une certaine raison – une parmi plusieurs possibles – la réalité a reculé, elle a perdu son support, son assise et elle reflué vers des formes antérieures. » (p. 205)

Voilà, je ne vous en dis pas plus et je cache délibérément plusieurs éléments fondamentaux de l'intrigue. Sachez seulement qu'Ubik est partout, qu'il a toujours été là et qu'il peut tout. Et les publicités liminaires à chaque chapitre se chargeront de vous rappeler qu'Ubik est un produit universel. Alors, mettez un peu d'Ubik dans vos lectures. Attention, Ubik est à utiliser conformément au mode d'emploi.
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Avant de lire « Ubik », roman publié en 1969 et considéré comme le chef d'oeuvre de Philip K.Dick, mon appréhension de l'univers du célèbre auteur de Science-Fiction se limitait à Blade Runner, le film culte des années quatre-vingts où Harrison Ford pourchassait des androïdes.

Et pourtant, dès la première page, j'ai été emporté par le tourbillon vibrionnant de l'intrigue, j'ai plongé dans le vortex qui conduit les protagonistes dans un improbable voyage temporel aux allures cauchemardesques.

L'auteur situe son intrigue en 1992, dans un monde où règnent la technologie et l'argent. le héros impécunieux du roman, Joe Chip, aussi paranoïaque et désabusé que tenace, travaille pour la société Runciter Associates, spécialisée dans la chasse de télépathes.

Ella, la femme du dirigeant Glen Runciter est maintenue en demi-vie dans un Moratorium situé en Suisse. Si le corps de la jeune femme repose dans un cercueil transparent, elle a conservé une forme de conscience et est en mesure de communiquer avec son mari, qui la consulte dès lors que l'avenir de l'entreprise est en jeu.

Runciter se voit proposer un contrat mirifique par le richissime Stanton Mick, qui évoque une sorte d'avatar prémonitoire d'Ellon Musk, dont l'objet est de sécuriser des installations lunaires mises en danger par l'intrusion de dangereux télépathes. Incapable de résister à la tentation du contrat du siècle, Runciter monte une équipe de onze traqueurs de télépathes dirigée par Joe Chip, et y intègre la mystérieuse Pat Conley qui prétend être en mesure de modifier le passé récent.

Las, rien ne se passe comme prévu, et le cauchemar éveillé commence, emportant ses protagonistes dans un voyage temporel à rebours qui les conduira dans « le piège final des réalités ».

Les chapitres du roman foisonnant de Philip K.Dick sont parsemés de publicités pour des articles Ubiks toujours différents. Comme leur nom évoquant le principe d'ubiquité l'indique, les Ubiks sont partout et peuvent être compris comme une manière de dénoncer la dérive d'un système capitaliste dévoré par le mercantilisme. Si l'humanité n'a pas encore envahi la lune, l'auteur voit juste en anticipant la domination à venir du néo-libéralisme et la naissance d'un monde où l'argent est roi.

La demi-vie dans laquelle est plongée Ella évoque « Ravage » de Barjavel, où un culte est voué aux morts qui sont conservés après réduction dans la maison familiale. « Ravage », comme « Ubik » refusent l'enterrement, c'est à dire la disparition définitive des morts. Philip K.Dick va encore plus loin que Barjavel en imaginant une conscience léthargique qu'il est possible d'animer ponctuellement afin d'entrer en contact avec les vivants, ainsi qu'une forme de « vie intermédiaire » au travers des possibles interactions entre les demi-vivants placés dans un même Moratorium.

Métaphore d'un monde agonisant, dévoré par le mercantilisme et la technologie, labyrinthe existentiel, « Ubik » questionne l'hubris d'une civilisation à la dérive qui refuse la mort et préfère maintenir les mourants dans un état de conscience léthargique absolument terrifiant.

Proposant une trame romanesque qui s'apparente à un R(ubik)'s cube, et offre plusieurs grilles de lectures, dont aucune ne semble totalement rationnelle, le roman culte de Philip K.Dick nous plonge dans un cauchemar vertigineux dont on a hâte de s'éveiller.
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Roman qui, s'il fut novateur à une certaine époque, nous plonge dans un univers SF dans lequel on est aujourd'hui tout de suite à l'aise : des télep, des précogs, des maisons connectées et équipées à la même sauce... Sans smartphone pour les commander, mais de la visio déjà (vidphone). En toile de fond, la bagarre entre deux sociétés pour dominer un marché, des employés névrosés, bref presque du classique, mais que l'auteur laissera tomber au milieu du roman. Si bien qu'après une longue mise en bouche narrative, on se demande où il veut en venir et même s'il sait lui-même où il nous emmène. Car c'est un peu l'appréhension de ce genre de classique encensé par l'ex intelligentsia : peut-on, si on est doté d'un esprit modeste, entrer dans le jeu narratif... faire autre chose que se vanter de l'avoir lu et d'avoir adoooréééé... comme touuuuut le monde...
Et bien, M. Dick réussit à nous prendre au piège de son histoire aux temporalités altérées. En surprenant peut être un peu moins qu'à l'origine, il nous entraîne dans le ballet de ces personnages improbables plongés en « semi-vie » et nous fait réfléchir au sens de la vie, de la mort...
Mais à la fin, quand même, l'affreuse sensation d'inabouti que je redoutais... Je crois qu'ainsi, il se moque de nous. En le cherchant heureusement.
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« Plongez dans la baignoire
pour voir d'où vient le vent.
Vous êtes tous morts, je suis vivant. »

A moins que vous préfériez la citation culte pleine d'humour de Philip K. Dick :

« SAUTEZ DANS L'URINOIR POUR Y CHERCHER DE L'OR.
JE SUIS VIVANT ET VOUS ÊTES MORTS. »

Bien souvent, je préfère les livres aux adaptations cinématographiques. L'oeuvre de l'auteur américain Philip K. Dick a inspiré de nombreuses adaptations cinématographiques, comme Blade Runner, Total Recall, Paycheck, des films dont j'ai adoré l'univers original, foisonnant et délicieusement complexe.
J'aime la science-fiction, j'aurais donc dû m'intéresser à ses romans. Et pourtant, étrangement, je n'en ai lu aucun jusqu'à aujourd'hui. Plusieurs critiques ont attiré mon attention sur cette dystopie et j'en remercie Anna, Bernard, Isidore, et Paul.

*
« Je suis Ubik.
Avant que l'univers soit, je suis.
J'ai fait les soleils.
J'ai fait les mondes.
J'ai créé les êtres vivants et les lieux qu'ils habitent ;
Je les y ai transportés, je les y ai placés.
Ils vont où je veux, ils font ce que je dis.
Je suis le mot et mon nom n'est jamais prononcé,
Le nom qui n'est connu de personne.
Je suis appelé Ubik, mais ce n'est pas mon nom.
Je suis.
Je serai toujours. »

En ouvrant « Ubik », vous entrez dans le monde labyrinthique de l'esprit où la réalité et le temps se distordent, se déforment jusqu'à ce que vous perdiez tous vos repères avec le tangible, le visible, la conscience.

« Il se sentit tout d'un coup pareil à un phalène impuissant, voletant contre la vitre qui le sépare de la réalité tout en ne voyant que confusément celle-ci de l'extérieur. »

Cette phrase pourrait résumer mon ressenti de lecture. J'ai été, tel un papillon, me cognant à la vitre de la réalité, tâtonnant pour échapper au sentier qui bifurque vers l'incompréhension.

*
L'histoire commence dans un futur où l'humanité a colonisé la Lune, où certaines personnes sont dotées de pouvoirs psychiques, tels que la précognition ou la télépathie.

Certaines entreprises « anti-psy » comme celle de Glen Runciter recrutent ces individus pour contrer les télépathes et les précogs malveillants.
Avec onze de ses meilleurs éléments dont son bras droit Joe Chip, il se rend sur la Lune pour protéger une firme qui se sent menacée par des attaques psis. Mais la mission est un désastre et après cela, le lecteur bascule dans un monde étrange truffé d'anachronismes : les contours de la réalité s'estompent, s'ombrent et le temps semble reculer, transformant physiquement le monde dans lequel ils vivent.

« Nous sommes là où nous avons toujours été. Mais pour une certaine raison – une parmi plusieurs possibles – la réalité a reculé ; elle a perdu son support, son assise, et elle a reflué vers des formes antérieures. »

Le temps est-il faussé, chamboulé, inversé ? Sont-ils dans une autre réalité, un univers parallèle ? Sont-ils vivants, morts, maintenus dans un état de "demi-vie" ? Est-ce un rêve, une illusion ? Joe Chip est-il atteint d'une maladie psychiatrique qui engendre une déformation de la perception de la réalité, de l'espace, du temps, et de lui-même ?

Le lecteur, désorienté, chemine au côté de Joe Chip, essayant de démêler les fils tortueux de l'intrigue. On pense avoir compris, et l'instant d'après, de nouvelles révélations modifient notre perception du réel.

Je ne vous en dis pas plus pour vous laisser découvrir la suite de cette histoire et interpréter à votre manière ce qui s'est passé lors de ce voyage sur la Lune.
La fin ouverte n'apporte pas toutes les réponses à nos questions mais cette incertitude voulue par l'auteur est parfaitement cohérente avec l'ensemble du récit. Elle permet de prolonger le temps de la lecture, de prendre de la distance et ainsi mieux réfléchir aux multiples questions que soulève ce roman.

*
Et Ubik dans tout ça ? Qu'est vraiment Ubik ?
Une publicité pour Ubik apparaît en tête de chaque chapitre. Tour à tour une bière, un aspirateur, du café, une sauce salade, un antalgique, une lame de rasoir, …, Ubik semble matériel, instable, polymorphe, vaporeux et s'adapter aux besoins de chaque individu.
Là encore, Ubik est ouvert à un faisceau d'interprétations différentes.

*
Vous aurez compris, Ubik explore de nombreux thèmes autour de la perception, la modification et la manipulation de la réalité. Philip K. Dick a construit un monde complexe et labyrinthique où le temps se dérègle et régresse. Passé, présent, futur s'enchevêtrent et notre perception du vrai en est totalement altérée. J'ai même eu le sentiment d'être dans une réalité virtuelle.

Ubik, c'est aussi une réflexion autour de la nature de la mort, à l'image de la femme de Glen Runciter, Ella, décédée, mais maintenue quelques temps dans un état de semi-vie grâce à des capsules cryoniques. Cette méthode de conservation permet ainsi de prolonger la vie, le degré de conscience étant tel qu'elle peut communiquer avec ses proches.
Ainsi, l'auteur maintient habilement une frontière incertaine et floue entre la vie et la mort, la mort étant comme un prolongement de la vie et non une rupture.
Cette dimension participe à cette impression troublante de flottement, d'irréalité, de songe, voire de cauchemar.

*
Pour conclure, « Ubik » est un roman insolite, déroutant, qui nous égare facilement dans les méandres de l'esprit. Philip K. Dick manipule ses lecteurs et leurs repères avec la réalité s'effacent pour notre plus grand plaisir.
Une expérience de lecture originale.

« Ubik : de la vitalité pour toute la journée !
Sans danger si l'on respecte les indications. »
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L'ubiquité est la faculté d'être partout en même temps. Mais qu'est ce qu'Ubik ? Si l'on se réfère aux introductions de chaque chapitre, Ubik est effectivement omniprésent dans notre quotidien. Mais encore ?

Nous sommes en 1992 (!), dans un futur (le roman a été écrit en 1969) dans lequel les dons de médiumnité et télépathie se sont multipliés ; et où les morts peuvent rester dans un état de semi-vie et dialoguer avec les vivants. Joe Chip travail dans l'entreprise de Glen Runciter, entreprise spécialisée dans la détection et la neutralisation des psis (télépathes ou précog) par des contre-pouvoirs. Lors d'une mission sur mars, le groupe de neutraliseurs est victime d'un attentat dans lequel Runciter meurt.

Quel livre étrange ! Philip K. Dick est vraiment plein d'imagination et nous mène par le bout du nez dans son univers. Un univers spirituel, mais aussi décalé et parfois plein d'humour, comme le montre la description des vêtements :
"A côté se tenait un individu à l'allure de scarabée, vêtu à la mode européenne : toge de tweed, écharpe pourpre, mocassins et bonnet violet en forme d'hélice d'avion."

Ubik est aussi un roman engagé, marqué par la contre culture. Philip K. Dick dénonce le trop grand pouvoir de l'argent : tout est payant, même ouvrir la porte pour sortir de chez soi. Et Joe chip est toujours fauché, en rébellion constante. (Il est même interdit de carte bleu car mauvais payeur : tout n'est pas de la science-fiction dans ce roman !)
"Un de ces jours, fit Joe avec colère, les gens comme moi se dresseront pour vous renverser, et la fin de la tyrannie des machines homéostatiques sera arrivée. Le temps de la chaleur humaine et de la compassion reviendra, et quand ça se produira quelqu'un comme moi qui sort d'une rude épreuve et qui a grand besoin d'un café chaud pour se remettre pourra se le faire servir même s'il n'a pas de poscred à donner."
Il fait également l'apologie de la drogue, des distributeurs d'amphétamines sont disponibles en accès libre.

Mais Ubik est aussi un roman sur les questionnements spirituels, philosophiques et mystiques, l'auteur allant jusqu'à citer Platon. Sans en dire plus pour ne rien dévoiler, j'ai trouvé de beaux passages sur la mort :
"On se trompe à propos de l'enfer, se dit-il. L'enfer est froid ; tout y est froid. Le corps, c'est la densité et la chaleur ; maintenant la densité est une force à laquelle je succombe et la chaleur, ma chaleur, s'écoule de moi. Et à moins que je ne renaisse un jour, elle ne reviendra jamais. C'est le sort commun de l'univers. Ce qui fait qu'au moins je ne serai pas seul." p136

A lire ne serait-ce que pour ce faire son propre avis !
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Ubik de Philip K. Dick, première lecture -sur les conseils éclairés de AnnaCan, merci Anna !!!- de l'écrivain tant adapté au cinéma, entre autres : Blade Runner, Minority Report, Total Recall…
Tout commence dans le style d'un roman américain classique de SF avec des télépathes des inertiels des précogs et un moratorium -une mission décolle dans une « fusée » style années 60 pour Luna dans le monde futur de 1992! -et puis doucement voire insidieusement tout bascule et devient mouvant et incertain, le lecteur comme les personnages se perdent dans un monde schizophrène en pleine régression, les ascenseurs, les voitures, les avions ou les pharmacies se transforment, le présent recule et Ubik est là partout- ubiquité - mais enfin qu'est-ce que c'est? Un livre étonnant, une lecture intense -drôle par moment- , un style direct et efficace au service d'une imagination folle pour une histoire obscure ponctuée de faits qui poussent les personnages accompagnés du lecteur lui-même au bord du malaise et de la mort (ouf le lecteur en ressort indemne -ou à peu près ! )
La fin du livre où tout s'éclaircit -ou presque est magistrale et follement surprenante ! Un monument littéraire dans l'oeuvre du grand écrivain!
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Les machines dévoreuses de pièces, qui déforment les poches, ou qui font défaut..., la pub à outrance, sur tous les supports que les yeux rencontrent...On du sacrément casser les pieds à Philip K Dick....Et il s'est sacrément bien vengé...
Un récit qui évolue sans cesse dans le passé et le presque présent.... celui d'un futur antérieur...ce qui ne manque pas d'un charme presque désuet...c'est toujours avec un regard tendre que je lis ce que les auteurs de SF des années "utopistes" 60, 70 imaginaient dans les 30 ou 40 années futures.
La conquête de l'espace ouvrait des horizons "supra terrestre". Hélas, la Lune n'offrant que ses "pierres", les deux "géants" de l'époque, ont préféré continuer à se battre ici bas....et les voitures ne volent toujours pas, nous ne mangeons toujours pas de pilules ( bon de cela je ne me plaint pas...)
Philip K Dick nous "ballade" dans ce cauchemar . Ce que nous vivons est ce réel ou "implanté", ce roman a inspiré d'autres récits, mais il est dans un jus primeur délicieux.
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Je me réveille d'un cauchemar. J'ai vu le passé ressurgir quand la porte de l'ascenseur s'est ouverte. Un ascenseur pour l'échafaud. Je savais que si je montais dedans, c'était fini de mes tripes, de mon corps, de mes sensations. Alors j'ai préféré souffrir, à genou, grimpant jusqu'à la dernière marche, celle qui me permettra d'atteindre une chambre au fond du couloir de cet hôtel de Des Moines. Que m'arrive-t-il ? J'ai beau lire les indices que Runciter, mon patron, a laissé dans les chiottes ou sur une contravention, je n'y comprends rien. Et Ubik... qu'est-ce que c'est que cette fichue pommade ? Je viens du 21ème siècle et aujourd'hui, je lis un journal de 1939. Pat ? Est-ce toi qui manigance tout ce merdier ? Je sais que tu es capable de modifier le passé. Si seulement je pouvais lui parler à Runciter. Mais il est dans une capsule, gelé comme un glaçon et rien n'y fait. Même en semi-vie il n'arrive pas à communiquer avec moi. Et mince... J'oubliais qu'il est mort dans cette explosion sur la Lune. Ou bien est-ce nous ? Mais pourtant, il m'adresse ces messages. Il doit bien y avoir un lien entre ce qui est arrivé sur la Lune, quand toute l'équipe, dont j'assurai la direction, pourchassait Melipone. Melipone... encore un qui nous échappe tout le temps. Bref, tout a explosé. Et mes certitudes aussi. J'écris encore quelques lignes sur le papier fourni par cette machine mais dans quelques secondes tout s'arrêtera.. 25 cents. Il me faut 25 cents pour maintenir la communication. M.er...credi ! Je n'ai plus un radis et la seule pièce qui me reste ne pourra intéresser qu'un numismate. A bien la regarder, sur le verso ..mais c'est la tête de Runciter qui est dessus ?! j'envoie ce message à l'avenir. Lisez Ubik, vous le trouverez partout.
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Un petit bijou de science-fiction que ce bouquin. Dick nous plonge dans un monde futuriste (du moins, pour son époque à lui) où certaines gens ont le pouvoir de lire dans les pensées des gens. le personnage principal en fera son gagne-pain… mais à ces dépends. Une descente aux Enfers pour lui. L'action du roman démarre dès les premières lignes, pour ne pas perdre en intensité. L'histoire est pleine de rebondissements. le seul hic, c'est que j'ai trouvé les personnages un peu plats. Je suis tout de même contente d'avoir enfin sorti ce pilier de la SF de ma PAL. Une bonne lecture… à donner froid dans le dos !
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« Runciter déclara : - Cette situation est très complexe, Joe. de simples réponses ne suffisent pas.
- Vous ne connaissez pas les réponses, dit Joe. C'est là le problème. »

J'ai extrait ce bout de dialogue entre les deux personnages principaux du roman pour vous donner d'emblée mon impression sur Ubik : c'est complexe. Brillant, mais complexe ! Et difficile à résumer et à chroniquer…

Dans une société dystopique, des individus disposent de pouvoirs parapsychologiques. Les précognitifs devinent le futur, les télépathes lisent dans les pensées. Ces pouvoirs peuvent se révéler dangereux s'ils sont utilisés à mauvais escient. Ainsi, un criminel dénommé Hollis recrute les plus puissants d'entre eux pour mener des opérations d'espionnage. Des sociétés anti-psis ont été créées dans le but de détecter ces attaques et de les neutraliser. La firme la plus importante est dirigée par Glen Runciter, elle emploie une quarantaine de « neutraliseurs » et un expert en détection nommé Joe Chip. Runciter, Chip et une équipe d'anti-psis partent sur la lune pour une opération grassement rémunérée. Mais très vite, le piège se referme sur eux…

La suite ? Difficile de la raconter sans trop en dire. Oui, je sais, cela ressemble à l'esquive d'un rédacteur empêtré dans les méandres de la SF. Disons que les personnages vont se trouver dans une confusion totale et que l'intrigue consistera pour eux à comprendre ce qui leur arrive, à deviner qui tire les ficelles et s'il est possible d'y remédier.

La confusion est d'abord temporelle. Deux époques, 1939 et 1992 (année du futur pour ce roman publié en 1969), coexistent. Les personnages sont témoins d'un étrange processus : les objets suivent une contre-évolution et prennent leur forme passée, la chaîne Hi-Fi se mue en gramophone par exemple. Cette dégénérescence est parfois positive car la société imaginée par Philipp K. Dick est soumise au marketing et au commerce à outrance, les objets parlent et imposent leurs conditions.

La réalité se trouble et d'ailleurs, la question qui se pose est : "qu'est-ce qui est vrai ?" Joe, le narrateur, est-il en pleine hallucination ? Ses pensées sont-elles guidées par une personne extérieure ? La frontière entre la vie et la mort est elle aussi imprécise. Il faut dire que dans ce futur, il existe un état intermédiaire, il est possible de mettre un proche en « semi-vie » : le corps est conservé par cryogénisation et la conscience reste accessible et peut-être contactée par un vivant.
Cela m'a fait penser à « La vie est un songe » de Pedro Calderon de la Barca : « Qu'est-ce que la vie ? Une illusion, une ombre, une fiction ; et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe et les songes sont des songes. »
La réalité est aussi tangible, la consicence aussi lucide pour un esprit en vie ou en semi-vie. Cela renvoie à une question philosophique éternelle : existe-t-il un monde hors de ma perception ?

J'ai avancé à tâtons dans ce roman en prenant des notes. J'ai conscience que des subtilités m'ont échappé. Si le style de K. Dick est sec, Ubik surprend par la richesse des problématiques traitées et par le champ laissé libre à l'interprétation. Rares sont les romans à vous retourner ainsi l'esprit et qui, une fois terminés, appellent à une relecture.
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