Lorsque naît
David Copperfield, il n'a déjà plus de père. Sa mère, bien jeune et bien perdue, finit par se remarier avec un homme sévère, M. Murdstone.Si le petit David est d'abord bien protégé par sa gouvernante, la brave Peggotty, il ne tarde pas à subir la dureté de son beau-père et de sa soeur, la lugubre Melle Murdstone. Envoyé en pension, il apprend quelques temps plus tard la mort de sa mèreet de son bébé. Seul au monde, le jeune David va devoir subvenir à ses besoins.
Au fil de ses errances, David va croiser un grand nombre de personnes, chacune avec son histoire, ses problèmes, ses joies et ses peines. C'est le Londres grisonnant qui nous est décrit, celui où les orphelins courent dans les rues (on y reconnaît volontiers des accents du mieux connu
Oliver Twist ou même d'une certaine Jane Eyre). L'histoire de ce personnage qui se construit tout seul et qui finit si bien entouré m'a beaucoup touché, mais j'ai également beaucoup aimé les petite histoires annexes auxquelles il se trouve mêlé: les personnages sont pleins de surprises, toujours dans des situations foireuses et pourtant plein d'ingéniosités. Peut-être est-ce cela qui m'a le plus plu chez Dickens: l'ingéniosité d'un petit monde où jamais le Londres grisonnant, avec ses problèmes d'argent, ses escrocs, ses convenances et ses drames n'empêche de continuer à sourire: on s'entasse volontiers dans une minuscule maison, on se prend une bonne cuite en pendant une crémaillère avec le peu d'argent que l'on a, sans oublier franchement la dureté de la vie, mais en la rendant, peut-être, un peu plus supportable. Des retournements, il y en a sans arrêt: Betsy Trotwood, la p'tite Emilie, Traddles sont autant de personnages que l'on retrouve au moment où l'on ne s'y attend pas.
Un mot sur le style. Je pensais, de ce que je savais du livre, lire l'histoire d'un homme qui devient écrivain (on a souvent dit que le roman était en grande partie autobiographique). Je n'ai pas du tout trouvé cela dans le roman. C'est plutôt l'histoire d'un homme qui éprouve le besoin de revenir sur une vie hors du commun et qui ne parviens à le faire que par l'écriture, une écriture intense, volontiers elliptique, qui nous raconte certaines scènes détachées de leur contexte comme de véritables tableaux. Et surtout, j'ai été agréablement surprise de découvrir l'humour, la finesse et la virtuosité verbale de Dickens, qui manie l'ironie et la distanciation avec grand talent: il utilise le langage comme une surprise de plus et c'est un vrai plaisir de s'y laisser prendre.