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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Imaginez...
Imaginez que vous soyez un journaliste, un journaliste anglais, par exemple, et que vous soyez chargé d'écrire des articles sur la situation de la France dans les années 1789 à 1794, à peu près. En tant que journaliste anglais, vous seriez nécessairement loyaliste. Qu'écririez-vous ?

Vos yeux sortiraient de votre tête, vous seriez épouvanté, terrorisé par ce à quoi vous assistez quotidiennement. Vous écrieriez que le démon s'est abattu sur ce pays naguère si beau, naguère si civilisé, naguère si désirable qu'était la France. Vous diriez que des hordes de terroristes assoiffées de sang tuent pour un oui pour un non des innocents, qu'on casse tout, qu'on descelle toutes les idoles, qu'on détruit les églises, etc. À peu de choses près, vous décririez l'apocalypse, la fin des temps, la monstruosité humaine à l'état brut, l'enfer, etc. À peu de choses près, vous écririez : « Ce sont des Talibans !!! »

Croyez-moi, les Anglais de l'establishment de l'époque le vivaient comme ça, les Autrichiens également, bref, ceux qui étaient aux commandes le vivaient comme ça. Comme c'est étrange, tout de même, par rapport à la façon dont on nous a seriné la Révolution à nous. Je me souviens encore des cérémonies du bicentenaire (j'avais treize ans à l'époque, c'est l'âge où ça nous marque, ce genre de chose), les slogans débiles et mensongers qu'on y accolait " fin de la tyrannie ", " début d'une ère de liberté ", " prise de pouvoir par le peuple ", toutes ces d'âneries mélodieuses qu'on nous demandait d'ânonner bien consciencieusement, avec émotion et admiration.

On ne nous disait jamais que c'était une révolution bourgeoise qui consacrerait l'ère des banquiers et associés, non, c'était le peuple, soi-disant, c'était la République, la démocratie même, car on a toujours essayé de nous faire croire que république et démocratie étaient des notions synonymes, alors qu'on sait très bien qu'à partir du moment où quelqu'un nous représente, nous sommes comme des enfants mineurs face à leurs parents, mais, c'est pas grave, démocratie que ça s'appelle, c'est ce qu'on m'affirme, donc je le crois, moi, je ne suis pas regardante, j'avale tout ce qu'on me dit d'avaler, les orvets, les couleuvres et... les anacondas ! J'ai l'estomac solide et habitué, depuis le temps, vous verriez ça...

Pourtant, souvenez-vous, dans la ritournelle qu'on nous balance avant chaque cérémonie officielle, lors des commémorations sportives, etc., celle à laquelle on est censés s'identifier, il y a le passage suivant (j'ai vérifié) : « Entendez-vous dans nos campagnes, mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans nos bras égorger nos fils, nos compagnes. Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons ! Qu'un sang impur abreuve nos sillons. » Bref, c'est un truc dans ce genre. Et qui étaient ces " féroces soldats " ? Rien d'autre que des soldats des forces d'ingérence étrangères, notamment tous les loyalistes royalistes des environs, désireux de remettre vite fait sur pied le système d'avant et qui leur convenait mieux.

Alors je vais me faire l'avocate du diable, je vais me faire cracher dessus une fois encore, mais je vais prétendre que ce qui se passe en ce moment en Afghanistan n'est pas, par nature, différent ce qui s'est passé chez nous dans les années 1789-1794. Selon moi, ça n'est ni pire ni mieux, c'est comparable. Ne croyez-vous pas que les Afghans, en tant qu'Afghans, n'en avaient pas marre de " ces féroces soldats qui venaient jusque dans leurs bras égorger leurs fils, leurs compagnes ? "

Aussi critiquables, imbuvables, intolérables que puissent être les Talibans, ils valent au moins autant pour un pays qu'une ingérence étrangère. Après la Guerre d'Algérie, on ne peut pas prétendre que ce soient de fervents adorateurs des droits du peuple qui aient pris le pouvoir là-bas. Pourtant, ça a fait partie d'un processus. le peuple algérien, petit à petit, étape par étape, se forge un système. Il est encore loin, loin, loin d'être correct et acceptable, mais il est déjà cent fois mieux que ce qu'il a été : cela s'appelle, l'histoire en marche d'un peuple qui se construit par lui-même.

C'est long, c'est bancal, c'est fait parfois d'un pas en avant et de deux en arrière, mais c'est comme ça. Un peuple doit trouver lui-même ses propres marques, sans qu'aucune puissance étrangère n'ait à lui dicter quoi que ce soit. Si le peuple se trompe ? Eh bien, tant pis, il se trompe ; il apprendra, par tâtonnements, par essais et erreurs, mais je crois au peuple et à sa sagesse immanente, au bout du processus. Assisterons-nous de notre vivant à l'aboutissement de ce processus ? Rien n'est moins sûr, mais il progresse, à son rythme, indépendamment de quiconque et surtout, indépendamment des intérêts étrangers de l'instant t.

Au départ d'une révolution, le nouveau système est toujours violent, et il est logique qu'il le soit : comment imaginer que les anciens apparatchiks laissent à la fois les commandes et leurs privilèges sans riposter ? On disait de la Révolution iranienne à l'époque exactement ce qu'on dit de l'Afghanistan aujourd'hui. Est-ce que la condition des femmes est merveilleuse en Iran à l'heure actuelle ? Absolument non, mais est-elle incomparablement pire que celle des autres femmes des pays musulmans du Golfe et même un peu plus loin ? Je n'en ai pas l'impression.

Vu de chez nous, les Talibans apparaissent comme les derniers des barbares rétrogrades et sanguinaires. Si tel est le cas, pourquoi se sont-ils imposés si rapidement dans le pays ? Les raisonnements primaires s'autojustifient en disant " précisément parce que ce sont des barbares sanguinaires ". Un peu comme on nous a bourré le mou quand nous étions enfants avec les fameuses " invasions barbares ". Comment imaginer qu'une poignée de sauvages puisse mettre à genou un empire tel que l'empire romain si les populations locales n'avaient pas été partie prenante pour le mettre à plat ?

Comment imaginer que les Talibans aient pu prendre l'Afghanistan aussi vite, si le peuple n'en avaient pas ras-le-pakol de l'état en place et de ses corruptions et pourritures généralisées ? Les Talibans se sont imposés surtout — ça nous fait mal au derrière de l'admettre — parce qu'ils rendent la justice de façon plus juste, plus fiable auprès du peuple que les autorités d'avant. Les fascistes, à l'origine, ont pris le symbole des faisceaux, justement en rapport avec l'impartialité et le refus de la corruption qui les caractérisait comparativement aux systèmes capitalistes qui les précédaient. En somme, ce qui a pu séduire dans le fascisme à une certaine époque est exactement ce qui peut séduire aujourd'hui dans les Talibans pour les Afghans.

Est-ce que c'est un système parfait ? Non. Est-ce que des horreurs seront commises ? Oui. C'est le remous, c'est le temps de stabilisation nécessaire pour passer d'un système d'ingérence et de corruption généralisées à un système autonome, émanant des Afghans eux-mêmes, et qui, un jour, sera acceptable. Je prends le parti de faire confiance aux Afghans. Ils ne sont ni plus arriérés, ni plus bêtes, ni plus sauvages que quiconque. le peuple a des défauts, c'est vrai, il peut être haineux, injuste, vengeur, tout ce qu'on veut, mais il est le peuple. Soit on l'accepte tel qu'il est, avec ses qualités et avec ses défauts, soit l'on n'a rien compris à l'humain.

Eh bien c'est exactement ça dont nous parle Charles Dickens dans Un Conte de deux villes. Il nous dit que le système d'avant était inique, épouvantable, inhumain, que ceux qui le subissaient avaient supporté tellement d'horreurs, de brimades et de vexations que, dès qu'ils purent inverser la tendance, ils se montrèrent parfois plus violents, plus sanguinaires, plus impitoyables que leurs oppresseurs eux mêmes.

En somme, semble nous dire Dickens, c'est dommage, mais c'est comme ça : on n'y peut rien, c'est humain. J'imagine que tous les Français de la métropole assassinés lors de la Guerre d'Algérie n'avaient pas tous été d'odieuses personnes vis-à-vis des populations locales. J'imagine qu'il y a eu des injustice de faites, certains ont payé pour les crimes des autres. J'imagine qu'il en va de même en ce moment en Afghanistan.

Charles Dickens s'emploie, avec toutes les qualités de conteur qu'on lui connaît, à nous présenter justement ce point précis des révoltes. (Il l'avait déjà un peu traité dans Barnabé Rudge.) Il veut nous faire bien comprendre que la foule est aveugle, qu'elle ne fait pas de détail, pas de cas par cas, que du gros et pas de quartier. Untel a fait une mauvaise action dans sa vie ? Très bien, je note, ce sera la mort. Untel est le fils d'Untel qui a fait une mauvaise action ? Très bien, je note aussi, ce sera la mort également...

La narration se déroule sur plusieurs périodes de 1775 à 1793 avec, à un moment, un retour en arrière sur les années 1757 et 1767. L'auteur tient à ce qu'on ressente bien l'injustice, il veut faire pleurer dans les chaumières et, c'est selon moi le plus gros défaut de ce roman. Trop larmoyant. Quoique non, à la réflexion, je lui en trouve d'autres, des défauts, et pas des moindres. le fait, par exemple, que Dickens utilise systématiquement des cas limites, du type jumeaux, du type précisément celui qui était embastillé, du type la frangine d'Unetelle qui vit précisément avec M. Untel pour que l'histoire se goupille bien. À un moment, trop c'est trop, quand on voit à l'excès la mécanique sous-jacente, on peine à se laisser embarquer dans la narration.

Ajoutons à cela le caractère trop univoque des personnages : les gentils sont gentils, invariablement gentils. D'ailleurs, ils sont presque à coup sûr gentils ET victimes, histoire que les violons grincent à plein tube. C'est le cas de l'infortuné docteur Manette et de sa fille Lucie. Dans le genre " vivante incarnation de la gentillesse et de la fidélité ", nommons également Jarvis Lorry, le banquier de la Tellson, ainsi que Charles Darnay, le gentil et fidèle professeur de français... On y croit, on y croit.

Bien évidemment, il y a le pendant, c'est à dire le méchant, méchant et invariablement méchant. C'est le cas, par exemple du Marquis d'Évremont. Dans une certaine mesure, l'avocat Stryver appartient lui aussi au domaine de la grosse et grasse caricature de ce type.

Les personnages les plus réussis, d'après moi, sont probablement les autres, c'est-à-dire, ceux qui naviguent entre deux eaux, dont on ne sait trop s'ils sont bons ou méchants. Je les trouve incroyablement plus humains, plus crédibles, quoique la crédibilité ne soit résolument pas le fort de ce roman. Ainsi le troublant couple Defarge, l'hirsute Cruncher ou le placide Sydney Carton appartiennent à cet entre-deux intéressant pendant un bon bout de temps. Mais à la fin, notre bon Charlie di répugne à nous les laisser crédibles et s'emploie, en tout cas pour l'épouse Defarge et Sydney Carton, à nous les rendre enfin univoques et caricaturaux, parce que la petite larme en dépend, vous comprenez...

En somme, un roman pas fantastique quant aux grosses ficelles scénaristiques utilisées, des personnages dont le passé ou le futur se retrouve toujours pile là où il faut et quand il faut. C'est gros, c'est très gros. Un roman que je trouve en revanche plus intéressant quant à son propos sur l'essence du peuple et sur ce qu'on peut en attendre lors des bouleversements révolutionnaires. Enfin, ma note finale tient compte du talent de conteur de Dickens, qui, même quand il se prend un peu les pieds dans le tapis comme ici sur la crédibilité de l'ensemble, est capable de produire un roman malgré tout très agréable à lire. Chapeau Charlie et puis, gardez à l'esprit que, comme d'habitude, ceci ne représente que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Si tout le monde connait et est capable de citer certains romans de Charles Dickens, ce n'est cependant pas « Un conte des deux villes » qui va être cité en premier.
Même si ce n'est pas le roman le plus connu de Dickens, il fait cependant parti de la sélection des 110 romans les plus plébiscités par les anglais. Sélection qui se retrouve chez Babelio sous la forme d'un challenge créé par Gwen. C'est d‘ailleurs grâce à ce challenge que je viens de terminer cette lecture et qui m'a permis de découvrir d'autres oeuvres de cet auteur.
Cette oeuvre est un peu singulière chez Dickens car il la fait se dérouler au dix-huitième siècle et plus précisément aux heures les plus sombres de cette période , c'est-à-dire pendant la Révolution Française. de plus, Dickens fait évoluer ses personnes dans deux pays : l'Angleterre et la France, théâtre d'évènements tragiques et sanglants.
Il est intéressants de lire un livre traitant de cette thématique écrit par un anglais (et pas n'importe lequel !)qui de surcroît n'a pas vécu ces évènements.
J'ai retrouvé le style de Dickens dans cette histoire, avec son humour si reconnaissable, même s'il n'a pas été trop présent dans cette oeuvre plutôt sombre.
Ce livre souffre selon moi de quelques longueurs au début et un peu trop de rebondissements à la fin de l'histoire, ce qui ne m'a pas cependant pas empêché d'apprécier cette lecture.
A noter le personnage plus que sinistre de la tricoteuse Mme Defarge, qui a tout fait sa place dans cette période appellée à juste titre « Terreur ».
Pour terminer, c'est clairement grâce à ce challenge que je me suis réconciliée avec cet auteur, mais mes deux favoris resteront « David Coperfield « et « Oliver Twist »

Challenge A travers L Histoire 2024
Challenge BBC
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Pourquoi diantre un auteur anglais se mêle-t-il de faire un roman sur NOTRE Révolution, ce moment fondateur du Nouveau Régime qui doit abolir les privilèges et les injustices de l'Ancien Monde?
Ce britannique, véritable scélérat, choisit en outre de situer l'action aux moments les plus noirs de la Terreur. Leurs Majestés viennent de perdre la tête, et c'est précisément à ce moment que d'innocents et naïfs jeunes gens viennent se précipiter dans la gueule du loup. le héros s'appelle Charles, pure coïncidence sans doute. Il a la fâcheuse habitude de se retrouver accusé de haute trahison, d'abord à Londres, puis à Paris, et d'être jeté en prison.
La prison, lieu d'infamie et de désespoir, que Dickens a bien connu dans son enfance. On y envoie sans distinction les criminels, les vagabonds, les prostituées, les petits délinquants de 10 ans, les ivrognes tapageurs, les escrocs, les marginaux, parfois des familles entières, comme c'est le cas des Dickens qui n'ont pas pu rembourser leurs dettes. La Justice est expéditive, les accusés n'ont guère d'espoir dans l'indulgence des juges de Sa Majesté.
Pour les criminels, la pendaison ou le bagne. Pour les autres des geôles malsaines. le XIXè siècle condamne la pauvreté comme un vice.
Une injustice que Dickens dénoncera toute sa vie.

Mais ici il est question d'une autre forme d'injustice. La Révolution a chassé le Roi, les nobles et les prêtres. Elle a supprimé tout ce qui rappellerait la monarchie et donné le pouvoir au Tiers-Etat. Elle a institué de nouvelles règles, propres aux régimes révolutionnaires: tout ennemi de la Révolution doit mourir. L'arbitraire de l'Ancien Régime devient celui du Tribunal révolutionnaire. A lui seul, Fouquier-Tinville fit exécuter 2600 hommes et femmes, souvent dénoncés par leurs voisins comme étant de mauvais patriotes. Une dictature en remplace une autre, et à leur tout les guillotineurs seront victimes de leurs ennemis qui les déclarent traitres à la Patrie.
A plusieurs reprises, Dickens démonte le mécanisme qui aboutit à cette nouvelle tyrannie. Il ne suffit pas de chasser les aristocrates, de piller et d'incendier les châteaux, il faut aussi venger tous ceux qui sont morts de misère, d'épuisement et de mauvais traitements, privés de droits et de dignité. Et cette vengeance réclame un bain de sang.
"Devant ce tribunal inique, il n'y avait pour ainsi dire aucune forme de procédure qui garantit à un accusé de se faire raisonnablement entendre. Il n'aurait pu y avoir de révolution comme celle-là si les lois et les formes de la Justice n'avaient été précédemment l'objet d'abus si monstrueux que, dans sa vengeance qui rejoignait le suicide, elle les éparpillait à tous les vents."

Dans certains dialogues entre révolutionnaires, dans le discours du procureur, on reconnait les arguments qui seront utilisés plus tard par Staline, Mao ou Castro. "Citoyen, calme-toi; manquer de soumission à l'égard du Tribunal serait te mettre hors-la-loi." "Si la République exigeait le sacrifice de ta fille elle-même, ton devoir serait de la sacrifier."

Dickens souligne aussi la versatilité de la foule qui assiste aux audiences du Tribunal. Emportée par ses émotions, manipulée ou simplement par le fait du hasard, elle va d'abord acquitter l'accusé qui est libéré triomphalement. Mais le surlendemain, on revient l'arrêter et à la deuxième audience, on l'envoie à l'échafaud sous les huées de l'assistance.
Au lieu de rédiger un essai sur la démocratie et les libertés, le romancier utilise la méthode romanesque et nous fait partager les angoisses et les états d'âme de ses personnages, les péripéties de l'intrigue, pour nous montrer l'horreur d'un régime totalitaire, dominé par l'arbitraire et une idéologie pervertie. "Une des plus folles aspirations de cette populace était d'imiter les vertus contestables de l'Antiquité et de sacrifier sur l'autel de la patrie ce qu'on avait de plus cher au monde." Il nous décrit en détail le défilé de chariots qui conduit les condamnés vers leur supplice, sous les regards indifférents ou les cris hostiles du peuple.
On ne peut rester insensible au sort du malheureux Charles, et le dernier chapitre a l'intensité d'un thriller: l'action se condense sur quelques heures et plusieurs personnages auront un sort tragique.
Le dénouement parle pourtant d'espoir en des jours meilleurs, et d'un avenir moins sombre. Car le bonheur est réservé à ceux qui sauront surmonter les épreuves et garderont foi en la générosité de l'homme.
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Un conte de deux villes, aussi nommé Paris ou Londres en 1773, est un roman historique écrit par le célèbre Charles Dickens, initialement paru sous forme de feuilletons épisodiques hebdomadaires.

Durant la Révolution française, dès 1789, l'auteur nous promène entre Paris et Londres, les deux villes au coeur de la tourmente. Les bouleversements sociaux et politiques sont nombreuses, toujours accompagnées de violence à l'encontre des populations civiles. le point d'orgue de cette Révolution, que nous décrit avec forces détails l'auteur, se situe en 1794, lors de la Terreur, période de très forte exécutions de masse. Des milliers de personnes sont emprisonnées, puis exécutées, guillotinées ou pendues pour cause de trahison, souvent injustifiée, envers la patrie.

Charles Dickens, un anglais qui n'a pourtant pas connu la Révolution française, nous raconte son point de vue de cette grande guerre. La violence est omniprésente, cruelle, implacable, sanguinaire : les têtes tombent les unes après les autres, sans justification rationnelle. L'injustice de ces exécutions est révoltante. Il dresse un tableau de la période pré-révolutionnaire, de la Révolution même et critique avec habileté et justesse l'histoire et ses faits.

C'est dans ce contexte chaotique que nous suivons Lucy, une jeune française, qui vient de retrouver son vieux père qu'elle croyait mort, le docteur Manette, emprisonné durant dix-huit longues années, coupé de toute vie et du monde extérieur, il a fini par devenir fou. Lucy, secondée par Mr Lorry, un banquier de chez Tellson & Co, va ainsi pour apprendre l'existence de son père et renouer contact avec lui. Mais la guerre éclate, faisant voler en éclat leur tranquillité retrouvée. le docteur Manette, ancien prisonnier français, vénéré pour son courage, va jouer un rôle essentiel dans la libération de Charles Darnay, un jeune homme accusé à tord de trahison et prêt à être envoyé à l'échafaud.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire et à me greffer au contexte. Mon début de lecture fût assez laborieux, puisque je n'arrivais pas à m'attacher aux personnes et à compatir avec leurs destinées, mais la fin s'est révélée nettement mieux, avec des révélations qui permettent d'éclaircir l'ensemble de l'oeuvre et un très bon travail sur certains des personnages : ils m'ont paru gagner en sensibilité et en humanité.

Le texte reste compréhensible pour notre époque, mais je le conseillerais quand même aux historiens conformés, aux personnes qui connaissent le contexte de la Révolution française et qui pourront être plus apte à l'apprécier dans son ensemble. Il n'en reste pas moins un très bon texte, bien écrit, fluide, que je suis fière d'avoir découvert, même si parfois, j'étais tentée d'abandonner ma lecture, faute de réel attrait pour le récit.

Un roman historique sur la violence et l'injustice des exécutions lors de la Révolution française. À conseiller aux passionnés d'histoire !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Londres, XVIIIe siècle. À 17 ans, Lucy Manette apprend que son père qu'elle croyait mort est en réalité prisonnier de la Bastille depuis des années. Après être allée le chercher à Paris, alors qu'elle rentre avec lui en bateau, elle rencontre un jeune aristocrate Français, Charles Darnay, accusé peu après d'être un espion…

A tale of two cities est un roman historique publié par Charles Dickens peu avant l'inoubliable Grandes Espérances. L'intrigue de ce « conte » mêle la petite à la grande histoire, le parcours de Lucy Manette, héroïne pure et sans taches, au tourbillon de la fin du dix-huitième siècle. le tout se déroulant sur plus d'une dizaine d'années, l'écrivain anglais n'hésite pas à pratiquer de nombreuses ellipses et à multiplier les personnages, rendant le tableau plus vivant mais aussi plus difficile à suivre. Au passage, Dickens n'hésite d'ailleurs pas à utiliser un certain nombre de facilités. Il joue beaucoup sur les symboles, à l'image de la mémorable scène du vin renversé devant l'échoppe parisienne de M. Defarge, qui semble annoncer les massacres à venir.

Mais il est difficile de ne pas s'attacher au destin de Lucy et de son père. le célèbre romancier anglais sait insuffler vie à ces personnages et nous passionner pour leurs aventures, même s'ils sont parfois caricaturaux. du point de vue historique, sa critique des dérives de la Terreur est d'ailleurs assez juste.

Classique anglais peu connu en France, A tale of two cities est un roman historique éminemment romanesque qui mérite le détour si vous aimez lire en anglais.
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Certains critiques ont dit du conte de deux villes (ou de deux cités, selon les traductions) que c'était le roman le moins dickensien de Dickens.
Il s'agit donc pour l'auteur de raconter une histoire de la révolution française, depuis ses prémisses en 1775 jusqu'à la Terreur en 1793. Il va pour cela s'employer à utiliser la méthode de l'ambivalence. L'action va donc se dérouler à la fois à Paris et à Londres. Les personnages vont aller et venir entre ces deux villes tandis qu'en France grondent la révolution et la fin des privilèges. L'auteur y mêle petites gens, boutiquiers (M. et Mme Defarge à Paris) et aristocrates punis ou non (les Saint-Évremond). L'ambivalence continue entre la prison et la liberté (Darnay, le bonheur et le malheur (Carton), le souvenir et la mémoire (le docteur Manette et les Defarge), la vengeance et le pardon, l'individu et la populace, l'amour et la haine et se prolonge jusqu'aux personnages eux-mêmes entre les aristocrates pétris d'idéaux (Darnay) et ceux attachés à leurs privilèges (le marquis de Saint-Evremond.)
Tout en se rangeant manifestement du côté des révolutionnaires, des gueux affamés et des exploités de longue date, Dickens soulève néanmoins un point important sur la Terreur : les citoyens de la nouvelle république en profitent pour assouvir leur vengeance personnelle. En ce sens, les Defarge, tenanciers d'une échoppe de vin sont des personnages avec une vraie profondeur, une véritable épaisseur car ils participent non seulement à la survie du docteur injustement emprisonné par les ancêtres de Darnay mais ils poursuivent néanmoins leur vengeance en dépit de toute logique puisqu'ils punissent ledit Darnay, innocent des crimes qu'on lui impute mais seul descendant de la famille Sainte-Evrémond. Pour Dickens il s'agit aussi de montrer que des tyrans peuvent en remplacer d'autres bien qu'il nous fasse sentir que ceux-ci ont quelques excuses.
Néanmoins, la lecture fut lente et peu distrayante. On a aussi reproché à Dickens, le manque d'humour de ce roman. J'avoue que ce n'est pas ce qui m'a vraiment manqué dans ce roman parfois morose dont la fin est digne d'une tragédie grecque. Enfin ce livre sombre m'a paru assez souvent obscur dans ses tenants et aboutissants. On se perd vite entre Paris et Londres, entre les anciens et les nouveaux, les espions, les vrais amis et autres comploteurs de toute sorte, les cauchemars, les visions et la « réalité » fictionnelle (« diégèse », dit-on dans le grand monde). de même, certains passages, descriptifs ou contemplatifs avec ce détachement dans le style à l'image prégnante, à la métaphore recherchée – peut-être est-ce en cela que réside l'humour de Dickens- alterne avec des chapitres où l'action se fait pressante et non dépourvue d'un certain suspens, presque comme dans un roman policier et où la lecture devient passionnante et captivante.
Pour conclure, je dirai que j'étais assez content d'avoir terminé ce roman. Je l'avais déjà commencé il y a quelques années sans parvenir à m'y intéressé. Ce ne sera pas mon Dickens préféré.
It was nothing to her, that an innocent man was to die for the sins of his forefathers; she saw, not him, but them. It was nothing to her, that his wife was to be made a widow and his daughter an orphan; that was insufficient punishment, because they were her natural enemies and her prey, and as such had no right to live. To appeal to her, was made hopeless by her having no sense of pity, even for herself.
Book the Third, The Track of the Storm, Chapter XIV, “The Knitting Done.”
Ce n'était rien pour elle qu'un homme dût mourir pour les crimes de ses ancêtres. Ce n'est pas lui qu'elle voyait mais eux. Ce n'était rien pour elle que son épouse dût devenir veuve et sa fille orpheline. le châtiment n'était pas assez sévère parce qu'ils étaient ses ennemis naturels et sa proie et qu'ainsi n'avaient pas le droit de vivre. L'appel à la clémence était rendu inutile par un manque de pitié qu'elle n'avait même pas pour elle.
Livre troisième, le souffle de la tempête, chapitre XIV, « Fin de la tricoteuse ».
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Certains critiques ont dit du conte de deux villes (ou de deux cités, selon les traductions) que c'était le roman le moins dickensien de Dickens.
Il s'agit donc pour l'auteur de raconter une histoire de la révolution française, depuis ses prémisses en 1775 jusqu'à la Terreur en 1793. Il va pour cela s'employer à utiliser la méthode de l'ambivalence. L'action va donc se dérouler à la fois à Paris et à Londres. Les personnages vont aller et venir entre ces deux villes tandis qu'en France grondent la révolution et la fin des privilèges. L'auteur y mêle petites gens, boutiquiers (M. et Mme Defarge à Paris) et aristocrates punis ou non (les Saint-Évremond). L'ambivalence continue entre la prison et la liberté (Darnay, le bonheur et le malheur (Carton), le souvenir et la mémoire (le docteur Manette et les Defarge), la vengeance et le pardon, l'individu et la populace, l'amour et la haine et se prolonge jusqu'aux personnages eux-mêmes entre les aristocrates pétris d'idéaux (Darnay) et ceux attachés à leurs privilèges (le marquis de Saint-Evremond.)
Tout en se rangeant manifestement du côté des révolutionnaires, des gueux affamés et des exploités de longue date, Dickens soulève néanmoins un point important sur la Terreur : les citoyens de la nouvelle république en profitent pour assouvir leur vengeance personnelle. En ce sens, les Defarge, tenanciers d'une échoppe de vin sont des personnages avec une vraie profondeur, une véritable épaisseur car ils participent non seulement à la survie du docteur injustement emprisonné par les ancêtres de Darnay mais ils poursuivent néanmoins leur vengeance en dépit de toute logique puisqu'ils punissent ledit Darnay, innocent des crimes qu'on lui impute mais seul descendant de la famille Sainte-Evrémonde. Pour Dickens il s'agit aussi de monter que des tyrans peuvent en remplacer d'autres bien qu'il nous fasse sentir que ceux-ci ont quelques excuses.
Néanmoins, la lecture fut lente et peu distrayante. On a aussi reproché à Dickens, le manque d'humour de ce roman. J'avoue que ce n'est pas ce qui m'a vraiment manqué dans ce roman parfois morose dont la fin est digne d'une tragédie grecque. Enfin ce livre sombre m'a paru assez souvent obscur dans ses tenants et aboutissants. On se perd vite entre Paris et Londres, entre les anciens et les nouveaux, les espions, les vrais amis et autres comploteurs de toute sorte, les cauchemars, les visions et la « réalité » fictionnelle (« diégèse », dit-on dans le grand monde). de même, certains passages, descriptifs ou contemplatifs avec ce détachement dans le style à l'image prégnante, à la métaphore recherchée – peut-être est-ce en cela que réside l'humour de Dickens- alterne avec des chapitres où l'action se fait pressante et non dépourvue d'un certain suspens, presque comme dans un roman policier et où la lecture devient passionnante et captivante.
Pour conclure, je dirai que j'étais assez content d'avoir terminé ce roman. Je l'avais déjà commencé il y a quelques années sans parvenir à m'y intéressé. Ce ne sera pas mon Dickens préféré.

"It was nothing to her, that an innocent man was to die for the sins of his forefathers; she saw, not him, but them. It was nothing to her, that his wife was to be made a widow and his daughter an orphan; that was insufficient punishment, because they were her natural enemies and her prey, and as such had no right to live. To appeal to her, was made hopeless by her having no sense of pity, even for herself. "
Book the Third, The Track of the Storm, Chapter XIV, “The Knitting Done.”

"Ce n'était rien pour elle qu'un homme dût mourir pour les crimes de ses ancêtres. Ce n'est pas lui qu'elle voyait mais eux. Ce n'était rien pour elle que son épouse dût devenir veuve et sa fille orpheline. le châtiment n'était pas assez sévère parce qu'ils étaient ses ennemis naturels et sa proie et qu'ainsi n'avaient pas le droit de vivre. L'appel à la clémence était rendu inutile par un manque de pitié qu'elle n'avait même pas pour elle."
Livre troisième, le souffle de la tempête, chapitre XIV, « Fin de la tricoteuse ».
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Je referme ce livre avec un certain sentiment de soulagement. Soulagement de l'avoir terminé et surtout d'avoir été jusqu'au bout. Pourtant j'ai vraiment apprécié ma lecture. L'histoire de la France vu par un anglais est tout ce qu'il y a de fascinant. J'ai découvert ici une page d'histoire à laquelle je ne m'étais jamais intéressé auparavant (autre que les feux d'artifice 😂) la révolution française et la prise de la Bastille. On se rend compte que rien n'est tout noir ou tout blanc, la monarchie n'était certes pas la plus juste envers le peuple mais la révolution a fait couler beaucoup de sang d'innocents.
Enfin, ce roman ce concentre sur un père et sa fille, ainsi qu'un banquier, des avocats et le mari de la jeune fille. On y suit leurs péripéties durant lesquelles ils devront se battre. Se battre pour la liberté d'un, pour la santé d'un autre... Les divers personnages sont très attachants et on ne peut qu'être touché par leurs histoires. le père embastiller durant des années, la fille une orpheline qui se découvre un père vivant mais qui c'est perdu à cause de son emprisonnement, le banquier qui découvre que les affaires ne sont pas les seules choses qui existent dans la vie,... Je pense que je n'ai pas su faire la part des choses entre le contexte historique et l'histoire même de nos personnages. Ou peut être l'écriture était plus dense que ce que j'ai l'habitude de lire et cela a ralenti ma lecture. En tout cas j'ai aimé ma lecture mais j'ai aussi apprécié de la finir.

J'avais adoré le recueil "Les Contes de Noël" et je pense me procurer un autre ouvrage de Charles Dickens pour pouvoir découvrir un peu plus de son univers.
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Comme chaque année , Scrooge n aime pas Noel .Il reste seul pour le reveillon .Pour lui? Noel signifie gaspillage et paresse . Mais cette année le réveillon ne va pas se passer comme prévu.
J ai appréciée cette histoire parce que j aime les histoires des Noel et de fantôme. Mais le livre est trop court . l'anglais n est pas dur a comprendre car ce sont des mots faciles. Je recommande ce livre a ceux qui aiment les histoires de Noel.
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