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sur 1278 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Depuis sa petite enfance, Suzanne est malmenée par ses parents sans comprendre pourquoi. Ce n'est qu'aux portes de l'âge adulte que la vérité lui apparaît : elle n'est pas la fille de son « père », mais d'un amant de sa mère. Doublement détestée, comme le rappel d'un moment de faiblesse impardonnable, et comme preuve d'un cocufiage toujours sous les yeux du mari, on la pousse contre sa volonté à entrer au couvent. Suzanne s'enfuit une premier fois juste avant de prononcer ses voeux, scellant ainsi son sort en s'interdisant la seule autre solution possible, celle du mariage (quel homme sain d'esprit prendrait comme épouse une femme qui a fait un *éclat*, on est en droit de se poser la question).

Suzanne raconte alors sa vie à l'intérieur de ce couvent. Si la première supérieure de Suzanne lui témoignait de l'affection, la seconde la prend immédiatement en grippe, et la troisième la poursuivra de ses assiduités. Dans un lieu fermé sur lui-même, dans lequel l'obéissance absolue est la règle, les choses peuvent vite déraper. Une fois dans le collimateur de l'autorité, impossible de s'isoler ou de partir vers un horizon plus clément : les sanctions continuent de vous pleuvoir dessus sans que vous puissiez vous échapper.

Diderot ne s'attaque pas à la religion dans ce roman, inspiré d'une histoire réelle : l'héroïne trouve consolation dans la prière, et manifeste plus de vertus chrétiennes que ses bourreaux. L'auteur dénonce principalement l'institution du couvent et estime que l'enfermement, la coupure avec le reste du monde sont non-naturels et pourraient rendre fou n'importe qui. le propos reste d'actualité et peut se généraliser à toute sorte d'institutions : le couvent décrit par Diderot n'est d'ailleurs pas sans rappeler les sectes modernes.
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Suzanne, fille illégitime mal aimée est envoyé au couvent afin que ses parents puisse doter à son insu ses deux soeurs aînée. Suzanne n'a rien contre me fait de passer quelques années au couvent mais s'oppose à devenir religieuse et prononcer ses voeux ce qu'elle sera contraint de faire toutefois.
Diderot nous raconte donc ici la vie de cette jeune femme sous la forme d'un mémoire qu'elle écrit a un possible protecteur.
L'écriture est fluide. C'est la premiere fois que ke lis Diderot et J'ai été agréablement surprise par le fait que ça se lise facilement. Suzanne, apres les remises en questions familiales connaît le sadisme, la perversité, l'hystérie tout ça dans un huis clos où aucun échappatoire n'est possible.
Véritable critique de l'institution du couvent par l'auteur cela a été une lecture agréable après c'est pas non plus le livre le plus passionnant que j'ai eu entre les mains ces dernières semaines.
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C'est une histoire bien triste que je vous présente ici et même si ce n'est qu'une fiction de la part de l'auteur, j'imagine sans peine que certaines femmes, dans d'autres époques plus reculées que la nôtre, ont subi ces tourments.
La vie religieuse est une vocation, et si elle ne l'est pas, c'est une prison où l'on reste inéluctablement. Ici, Suzanne, parce qu'elle doit expier la faute de sa mère adultère, se voit contrainte d'intégrer un couvent. Mais l'expérience tourne vite au cauchemar : dans le premier couvent, elle sera aux mains d'une soeur despotique et violente, qui lui mènera la vie dure tant et si bien qu'elle essayera à tout prix de se défaire de ses voeux perpétuels. Son changement de lieu d'affectation, loin de lui apporter du répit, ne fera que la rendre plus malheureuse car la mère supérieure n'hésitera pas à séduire notre héroïne et va même l'entraîner dans des situations intimes embarrassantes.
L'auteur ici nous offre un violent réquisitoire contre la vie dans les couvents et dénonce les abus qui pouvaient exister dans certains de ces lieux (violences, harcèlement sexuel, tortures, pression de la part de l'entourage etc.). Pour Diderot, rester cloîtrée entre quatre murs est contraire à la nature humaine, et loin d'éloigner les vices, elle ne fait que les exacerber.
Je n'entrerai pas dans la polémique de la religion, et si certaines parties de l'histoire m'ont paru exagérés, elles sont là pour servir l'intérêt de l'auteur avant tout, c'est-à-dire défendre la liberté individuelle, le libre arbitre et le droit de disposer de son corps et de sa vie comme on l'entend.
Le style d'écriture est riche, même s'il m'a paru désuet à certains moments, ce qui est normal vu que ce récit a été écrit au XVIIIème siècle. Il y a de belles descriptions et l'auteur a su rendre avec beaucoup de réalisme et de sensibilité les états d'âme d'une jeune femme.
C'est du « classique pur » donc pour les non-initiés, il faut s'accrocher un peu pour le lire.
Le mot de la fin ? C'est une histoire triste donc, mieux vaut l'éviter si vous avez le blues. La fin m'a semblé inachevée et chacun choisira ce qu'il souhaite pour l'avenir sombre de Suzanne.
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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"La Religieuse" est une oeuvre choc pour la société du XVIIIème siècle.
Pour faire revenir à Paris un ami parti finir ses jours loin de la capitale, Diderot emprunte à une vraie religieuse le scandale de son appel à l'aide et concocte un récit suceptible de toucher le Marquis de Croismare.
Mais très vite il se prend au jeu, et avec passion il achève une oeuvre polémique, pamphlétaire et dénonciatrice sur la claustration au nom de la religion. Sans doute pense-t-il, en écrivant, à sa propre soeur, dont la santé mentale fut enterrée dans un couvent.
Suzanne est une fille illégitime, placée en couvent afin d'expier le péché de sa mère à sa place ; mais cette voie n'est assurément pas la sienne. Cette vie privée de la société des autres hommes déshumanise et dénaturalise ses victimes. La tyranie, la violence, l'impudeur. Suzanne est, dans un premier temps, victime des ses consoeurs, puis favorite d'une Mère Supérieure. Mais où qu'on la place, elle ne trouve que la folie.
Ce récit est percutant. Suzanne, pantin sous la plume de Diderot, se veut libre, et se fait la porte-parole révélatrice de l'injustice de la claustration, une faute sociale grave et génératrice de déshumanisation.
Un être humain n'est pas fait pour être enfermé. Il a besoin de la société de ses semblables, dans un rapport libre , sans clôture. Enfermer une jeune personne parce qu'on la considère comme une gêne est un crime.
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En lisant Diderot, on est frappé par sa grande modernité, son ton, ses idées, tout ça au XVIIIème siècle...
On connaît l'histoire de la religieuse, ensuite adapté en film : un enfermement subi, l'absence de vocation, des misères au quotidien puis la séduction de la mère supérieure... le passage à l'âge adulte se fait ici apparemment en tout naïveté, mais on ne peut échapper à la violence du propos et des faits décrits.
Côté texte, bien entendu une langue travaillée et accessible à la fois, tout le talent de Diderot, qui philosophe sans en avoir l'air... Par contre, la fin m'a surprise par son côté abrupt et beaucoup moins travaillé que le reste, comme si Diderot en avait eu marre.
Sinon, une (re)lecture à savourer pour son côté largement intemporel.
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J'ai trouvé ce livre dans la liste donnée à ma fille lycéenne par sa prof de spécialité "Humanités, littérature et philosophie". Une oeuvre dénonçant l'engagement forcée d'une jeune fille dans la religion me semblait intéressante. S'adressant à un marquis dont elle attend qu'il défende sa cause dans les tribunaux et auprès du grand public afin que ses voeux, faits sous la contrainte ("Quand on vit qu'il était inutile de solliciter mon consentement, on prit le parti de s'en passer"), soient révoqués, Suzanne raconte son parcours et ses souffrances ("Il était décidé que je serais religieuse, et je le fus").

On apprend assez rapidement pourquoi Suzanne a été abandonnée à 16 ans au couvent par sa famille: elle est le fruit d'une "faute" commise par sa mère ("Peut-être mon père avait-il quelque incertitude sur ma naissance"). Cette (première) injustice arrange bien ses soeurs dont la dot ne sera que plus conséquente pour leur trouver un mari, d'autant que la benjamine est une concurrente sérieuse ("Je valais mieux que mes soeurs par les agréments de l'esprit et de la figure, le caractère et les talents"). Diderot pose ainsi la question des droits des enfants illégitimes.

Une fois au couvent, c'est à la fois l'absence de liberté individuelle et le carcan des rituels religieux qui sont mis en avant ("Le célibat, le renoncement, l'ensevelissement dans les cloîtres sont en contradiction avec les instincts les plus profonds de l'âme humaine").
Mais le pire est tout de même la description des différentes mères supérieures que Suzanne va connaître: la première est une maso friande de pénitences (les passages où Suzanne est battue, affamée, mise au cachot, humiliée sont très durs), la deuxième est une illuminée et la dernière une libertine (l'innocence de Suzanne face aux caresses et baisers frôle le ridicule). Il est tout de même incroyable de voir autant de méchanceté chez des femmes sensées servir Dieu (et ses créatures)... Diderot met aussi en cause le fondement même du christianisme: "Jésus-Christ a-t-il institué des moines et des religieuses?". Ce n'est pas tant la foi qui est contestée que ce que certains en font (un abus de pouvoir).

Face à toutes ces épreuves, la jeune Suzanne oscille entre courage et résignation. Elle fera tout ce qu'elle peut pour échapper à sa condition... mais une telle histoire peut difficilement avoir une fin heureuse.
Je n'ai pas trop compris l'intérêt des lettres à la suite des mémoires de Suzanne. C'est le site de la BNF qui m'a éclairée: "Le point de départ du roman serait une farce faite à un ami, le marquis de Croismare, pour le convaincre de rentrer à Paris. Poussé par Grimm et la joyeuse bande, Diderot imagine qu'une religieuse fait appel à lui pour l'aider à se faire relever de ses voeux."

Quant au film de Guillaume Nicloux (2013), c'est une version édulcorée du roman qui constitue presque un contresens à l'oeuvre de Diderot. Il ne m'a rien apporté par rapport à l'oeuvre. Par ailleurs cette dernière comporte trop de longueurs et d'exaltation pour que je la conseille à ma fille. Elle en choisira une autre dans la liste!
Lien : https://www.takalirsa.fr/la-..
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il y a quelques mois, ma prof d'Histoire nous avait recommandé de découvrir "La Religieuse" qui selon elle, « est étonnement moderne ». intriguée, je l'avais pris en note et j'avais donc dans l'idée de le découvrir assez vite.

comme on peut s'en douter, au vu de l'auteur, cette oeuvre à tout du texte anticlérical. tout le roman est une dénonciation pure et dure de l'institution religieuse du XVIIIe siècle. on est ici à la limite - si ce n'est dans - une dénonciation explicite. j'ai trouvé cela extrêmement intéressant et même instructif : de la vie en tant que religieuse, mais aussi de la réalité de beaucoup de jeunes filles engagées dans cette voix contre leur gré à cette époque.

cependant, sans cette portée engagée et instructive, je considère cette lecture comme assez monotone et peu intéressante. plusieurs fois je me suis surprise à passablement m'ennuyer car répétitif. j'avais rarement une folle envie de continuer ma lecture : non, c'était plutôt un désir de la finir le plus vite possible...

tout de fois, ce roman a fait naître chez moi un vif intérêt pour Denis Diderot. je ne le connaissais - comme tout le monde je pense - principalement pour sa participation à "L'Encyclopédie", mais rien de plus. j'ai maintenant envie de découvrir ses autres oeuvres !

pour finir, est-ce que je rejoins ma prof d'Histoire qui insistait sur la surprenante modernité du roman ? parfaitement ! le caractère de Suzanne, le personnage principal, m'évoque celui qu'on peut retrouver dans les manifestations que l'on connaît. et puis le style, la façon dont le récit est amené. je trouve que cette oeuvre résonne vraiment avec notre actualité !

(issu de mon compte instagram @l.iris.me)
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Un peu lourdingue dans sa démonstration comme dans son érotisme à deux balles. Mais malgrè tout, c'est du Diderot, donc ça reste brillant. Se souvient-on que dans les années soixante, le film tiré de ce roman avait été interdit par la censure ! autres temps, autres moeurs.
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Une histoire forte et cruelle pour dénoncer quel poids peuvent avoir les traditions, les non-dits. J'ai aimé alors que je n'aurais jamais imaginé lire un jour du Diderot.
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C'est une curieuse histoire, bien évidemment bien plus qu'une simple histoire. C'est le pamphlet d'un philosophe envers une institution établie de la religion. Et pas n'importe laquelle. Celle des couvents.

Alors, avant toute chose, je comprends parfaitement qu'on puisse se désintéresser de ce genre de roman si l'on n'y voit pas l'intérêt et qu'on y vient pas avec un minimum de connaissance de base. En effet, l'époque de Diderot est celle où les jeunes filles de bonne famille sont envoyés au couvent, soit avant le mariage, soit définitivement faute de dot suffisante pour la marier. Et deux trois autres détails du genre. Alors, je conçois que si vous ne vous intéressez que très peu à cette époque et à son comportement religieux, c'est assez difficile d'approche et peu intéressant.

Cela dit, j'ai beaucoup aimé la façon dont Diderot traite le livre. C'est la lettre de l'héroïne à un protecteur anonyme, dans laquelle elle raconte son histoire d'un bout à l'autre, tout en conservant sa naïveté et sa candeur d'origine. C'est une fille de bonne famille qui connue la malchance d'être née seconde dans la famille. Et qui va se retrouver au couvent très vite, alors qu'elle refuse.
Mais la vie est mal faite, et notre héroïne va se retrouver à fréquenter divers couvent, chacun avec ses méthodes et sa façon d'agir, qui bien évidemment, ne conviendront jamais.

Ce livre est amusant, de part son énorme pamphlet anti-clérical, et toute la volonté qu'il met à décrire des couvents comme des institutions sordides hérités d'une époque qui ne correspondait plus à la réalité et qui ne faisant que mettre à mal une partie de la gent féminine, qui n'avait pas demandé à s'y trouver pour la majorité. le pamphlet a perdu de sa force, il faut l'avouer, puisqu'il vise, plus que la religion, une institution de celle-ci. Institution qui n'a pas disparu, mais n'existe tout du moins plus dans la forme qui nous est présenté ici (et tant mieux !). Mais cela fait réfléchir, je trouve, que de lire ce qu'il s'y passait (en traits grossis) et les limites de toutes religions.

Personnellement, je me suis amusé à la lecture, qui ne fut pas la plus inoubliable mais très sympathique tout de même, avec quelques rires, pas forcément voulu par l'auteur je pense, mais cela m'a amusé de me retrouver dans un dix-septième siècle rempli de nonnes. Même si je ne pense pas relire ce livre, ce fut une lecture distrayante.

Un livre philosophique mais qui a perdu de sa force et de son potentiel, même s'il reste très sympathique à lire (notamment son langage très classe), avec des bonnes choses à en tirer. Je ne suis pas sûr qu'il me faille vous le conseiller, sauf si vous êtes fan d'histoire et de religion, et que vous avec quelques connaissances préalables sur le sujet. le livre ne manquera pas, alors de vous plaire, même si là encore ce n'est pas le meilleur livre qu'on ait conservé de cette période. Mais pour ma part, j'en ressors satisfait.
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