La peur sauvage, sanguinaire, qui s’enroulait autour de ma gorge et qui me susurrait que je n’étais qu’un tas de chairs et de nerfs.
C'était tellement cher de tuer un éléphant qu'il avait dû partager les frais avec un autre type. Ils étaient repartis chacun avec une défense.
On dit que le silence qui suit Mozart, c’est encore du Mozart. On ne dit rien sur le silence qui suit un coup de feu.
"D'accord ma puce."
Ma puce. J'ai cru que mon cœur aller exploser.
Ma puce. Mon père m'avait appelé "ma puce".
Ces deux mots ont tournoyé dans mes oreilles comme des lucioles, puis sont allés se faufiler au fond de ma poitrine.
Leur lumière a brillé là pendant plusieurs jours.
Parmi le bric-à-brac qui traînait dans le cimetière des voitures, j'ai trouvé un vieux micro-ondes. J'ai entrepris de le connecter avec la batterie de la voiture. Si ma théorie était juste, il suffisait de programmer le micro-ondes sur la date et l'heure de la mort du glacier, de faire démarrer la voiture et de provoquer l'orage, le tout une nuit de pleine lune.
D'ailleurs, tout le monde à l'école était mou. Les profs, les élèves. Les uns étaient bêtement vieux et es autres allaient le devenir. Un peu d'acné, quelques rapports sexuels, les études, les gosses, le boulot et hop ! Ils seront vieux et ils n'auront servi à rien. Moi, je voulais être Marie Curie. Je n'avais pas de temps à perdre.
Vous apprendrez ça. Il y a des gens qui vont vous assombrir le ciel, qui vont vous voler la joie, qui vont s'asseoir sur vos épaules pour vous empêcher de voler.
Il fallait que quelque chose se termine. En réalité, c'était peut-être la seule chose que nous partagions tous les quatre, l'envie d'en finir avec cette famille.
Et puis, cette année-là, mon corps avait beaucoup changé. Tout s'était arrondi. Mes seins, bien sûr, mais aussi mes cuisses, mes hanches, mes fesses. Je ne savais pas trop quoi faire de tout ça. je n'y prêtais pas trop attention. Mais je voyais bien que le regard des autres changeait en même temps que mes formes.
J'aurais aimé que quelqu'un, un adulte, me prenne par la main et me mette au lit. Replace les balises dans mon existence. M'explique qu'il y a aurait un lendemain à ce jour, puis un surlendemain, et que ma vie finirait par retrouver son visage. Que le sang et la terreur allaient se diluer. Mais personne n'est venu.