AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,66

sur 22 notes
5
1 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La lecture de Mères est une expérience troublante tant les phrases s'enchaînent de manière ininterrompue, décrivant des situations familiales où la violence des uns envers les autres est inouïe.

Sous couvert de présenter la vie de jeunes adolescents qui souffrent de leurs relations avec leurs parents, Teodora Dimova attire en réalité l'attention du lecteur sur ces mêmes parents qui, incapables de surmonter leur pauvreté, leur alcoolisme, le succès de leur conjoint, une humiliation lors de leur propre enfance, s'enferment dans une sorte d'apathie ou de dénégation sans la moindre considération pour les conséquences que cela pourrait avoir sur leurs enfants.

Comment ne pas s'étonner que ces derniers s'accrochent comme des noyés à leur bouée à la mystérieuse et tendre Yavora, et refusent à tout prix de la perdre ?

Mères est un roman extrêmement sombre et attristant, qui dresse le portrait d'une société gangrénée par la mafia, la corruption, l'alcoolisme et la pauvreté ; cette Bulgarie que nous décrit l'auteur est effrayante, et l'on ne peut s'en étonner lorsque l'on découvre à la lecture de la postface que l'évènement déclencheur de l'écriture de Mères fut un fait divers bulgare où de jeunes adolescentes assassinèrent une de leur camarades. Glaçant.
Commenter  J’apprécie          71
Uppercut. En pleine face. Un écrin de noirceur.

Sofia, capitale de la Bulgarie.

Plusieurs adolescents, autant de chapitres et de témoignages, dont le seul point commun serait d'avoir des parents défaillants : dépressifs, alcooliques, indifférents.

Un nom revient dans leurs récits : Yavora. Une femme mystérieuse. Point de lumière de leurs existences sacrifiées. Qui est-elle ? Quel est son lien avec les enfants ?

Récit âpre, inspiré de plusieurs faits divers, prétexte pour dénoncer les travers de la société bulgare. La corruption, la mafia, la pauvreté et l'alcoolisme...autant de calamités dont les premières victimes sont ces jeunes, tiraillés, meurtris là où ils devraient être protégés.

Comment pourront-ils grandir, ne pas reproduire le schéma familial qui leur est imposé?

Même si les adolescents sont le point d'articulation du récit, les mères en sont l'épicentre.

Sacrifiant leurs carrières à leur maternité, elles en ressortent aigries. Elles sont dépassées par leur propre douleur. Accaparées uniquement par leur propre vie ou alors trop occupées à trouver un moyen de survivre pour pouvoir s'occuper de leurs enfants.

Elles sont l'objet de l'amour et du dévouement de leurs enfants mais elles sont également celles qui leur infligent les plus profondes blessures.

Yavora apparaît, elle, comme une figure maternelle de substitution mais elle semble si irréelle. Une sorte de métaphore de ce que l'amour parental devrait être.

Cette opposition rend le drame inévitable...

Une belle porte d'entrée pour moi à la littérature bulgare et que je vous conseille.
Commenter  J’apprécie          60
Un livre avec une étrangeté... Ressemble à ces recueils de nouvelles qui se recoupent à la toute fin.
Commenter  J’apprécie          30
Petit mais puissant! Direction la Bulgarie avec ce roman de Théodora Dimova inspiré de faits réels. Et pour ma part je n'ai pas souvent eu l'occasion de partir pour la Bulgarie au fil de mes lectures.
Nous suivons un adolescent par chapitre, le narrateur est omniscient et le récit à la troisième personne. Et une obsession émerge pour le lecteur : comprendre ce qui a amené cet adolescent à ce qu'il a fait (fait que nous n' apprenons qu'en fin d'ouvrage mais que nous devinons très vite). le style est très dense, parfois alambiqué à l'image du stream of consciousness de Virginia Woolf, mais sert parfaitement le propos, faisant ressortir toute la crudité et la violence sous-jacente à laquelle sont confrontés ces jeunes dans la société bulgare post-communisme. La lecture pourra être éprouvante pour certain, aussi je ne l'a conseillerai pas à tout le monde. Pour ma part elle m'aura durablement marquée .
Commenter  J’apprécie          20
J'aime être emportée par une lecture imprévue, être surprise par un auteur inconnu, comme cela a été le cas avec ce titre. Il faut dire que l'écriture de Théodora Dimova dégage une intensité qui ne peut laisser indifférent. le premier chapitre de "Mères" vous cueille à froid, logorrhée heurtée, d'une violence poignante, évoquant la détresse d'Andreia, orpheline d'une mère non pas défunte mais dépressive, au bord de la démence, indifférente à tout sauf à sa propre douleur, incapable ne serait-ce que de faire semblant d'éprouver le moindre sentiment pour sa fille, qui en est dévastée.

Suivent d'autres chapitres, ayant pour titre le prénom de celui ou celle dont ils évoquent la douloureuse histoire, portée par une plume vibrante, percutante, qui obsède et glace à la fois. Lia, Dana, Alexandre, Nikola... Ils sont tous adolescents, filles ou garçons, riches ou pauvres, enfants uniques à une exception près. La souffrance les a fait grandir trop tôt, les a plombés de la gravité de ceux qui savent ne pouvoir compter que sur eux-mêmes. le drame de leurs courtes existences, marquées par l'abandon, la négligence ou la violence, puise ses racines dans le lien à la mère, perverti par une relation toxique ou par l'absence, qu'elle soit physique ou psychique.

Un autre point commun les réunit : la mystérieuse Yavora, évoquée à la fin de chaque séquence, à propos de laquelle un enquêteur anonyme les interroge, dans le cadre de ce qui s'apparente à une audition judiciaire. Les adolescents tergiversent, renâclent, incapable de la dépeindre autrement qu'en se référant à leurs rêves, ou en utilisant des métaphores, femme providentielle et impalpable, dotée d'un charisme surnaturel, figure idéale d'une mère dont chacun est en carence...

En toile de fond, au gré des éléments composant le quotidien de chacun des protagonistes, se dessine la Bulgarie des années 2000, gangrenée par la corruption et les inégalités sociales. L'espoir initié par la fin de l'ère communiste vécue par leurs parents a fait place à une désillusion que semblent incarner ces mères déficientes, elles-mêmes victimes d'un système inique ou d'une filiation délétère.

"Mères" est un récit bouleversant, glaçant, dont on pressent avec effroi l'issue inéluctable, qui met en évidence l'influence de l'instabilité familiale dans la propension à la violence.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1429 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}