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Trouver un livre bulgare n'est pas une mince affaire. Alors quand en plus il est bon, c'est tout bénéfice.
Car ce mères est, pour moi, un bon livre . Un livre sur les liens parentaux mais aussi sur une société bulgare déboussolée. Écrit en 2004, il porte clairement la trace du passage au postcommuniste.
Il s'agit en fait de plusieurs chapitres mettant en scène différents adolescents qui ont tous un lien avec une mystérieuse Yavora.
Ces chapitres sont l'occasion pour l'auteur de nous faire plonger dans le quotidien d'adolescents bulgares, déboussolés, dont les parents sont absents, physiquement ou mentalement, écorchés, dévastés par la vie , sans le sous ou hors la loi.
Des adolescents livrés à eux mêmes, abandonnés par des adultes trop soucieux d'eux mêmes ou juste inaptes dans leur rôle parental. Des parents dont l'enfance les a déjà plongés dans les affres de la vie, incapables de donner ce qu'ils n'ont pas reçu.
On ne peut que s'attendrir devant la candeur des jeunes, l'injustice, le marasme dans lequel ils sont plongés. le coup de force de l'auteure est d'avoir fait évoluer ses personnages dans des milieux bien différents, avec des problèmes bien distincts et une seule solution : Yavora.
Un très beau livre , extrêmement bien écrit, construit originalement par une auteure dont le père, célèbre écrivain bulgare même si ces trois mots ont du mal à cohabiter en France !, a beaucoup souffert du communisme .
Ce roman est bâti sur un fait divers, expliqué dans une note par la traductrice .
Je finirai en signalant la grande beauté de la photo en couverture qui à elle seule résume le livre . Il y a tout dans cette image , de la détermination à aller de l'avant à l'abandon, aux difficultés d'une vie qui ne fait que commencer.
Je ne saurai trop conseiller ce livre à ceux qui veulent découvrir d'autres horizons littéraires . Il est édité par Syrtes Poche.
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La lecture de Mères est une expérience troublante tant les phrases s'enchaînent de manière ininterrompue, décrivant des situations familiales où la violence des uns envers les autres est inouïe.

Sous couvert de présenter la vie de jeunes adolescents qui souffrent de leurs relations avec leurs parents, Teodora Dimova attire en réalité l'attention du lecteur sur ces mêmes parents qui, incapables de surmonter leur pauvreté, leur alcoolisme, le succès de leur conjoint, une humiliation lors de leur propre enfance, s'enferment dans une sorte d'apathie ou de dénégation sans la moindre considération pour les conséquences que cela pourrait avoir sur leurs enfants.

Comment ne pas s'étonner que ces derniers s'accrochent comme des noyés à leur bouée à la mystérieuse et tendre Yavora, et refusent à tout prix de la perdre ?

Mères est un roman extrêmement sombre et attristant, qui dresse le portrait d'une société gangrénée par la mafia, la corruption, l'alcoolisme et la pauvreté ; cette Bulgarie que nous décrit l'auteur est effrayante, et l'on ne peut s'en étonner lorsque l'on découvre à la lecture de la postface que l'évènement déclencheur de l'écriture de Mères fut un fait divers bulgare où de jeunes adolescentes assassinèrent une de leur camarades. Glaçant.
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Pour les sept mères qui donnent leur nom à ce roman, devenir mère ne fut pas facile dans leur corps, dans leur vie. Qu'est-ce qu'être mère ? Celle de Kalina est devenue invalide après la naissance de sa fille, entre diabète et ostéoporose. Celle d'Alexander souhaitait se conformer à la volonté de Dieu et ne pas avoir d'enfants, puisqu'elle était stérile. Nicola n'est né que parce que sa mère n'avait pas le courage de se faire avorter. Christina, la mère d'Andreia, est en pleine dépression, faisant subir à sa fille ce qu'elle-même a subi étant enfant. Ces huit enfants sont déjà, le plus souvent, les parents de leurs parents.
Ceux-ci appartiennent pourtant à une génération chanceuse, celle qui a vu la chute du communisme et devait permettre la réalisation de tous les espoirs. Si ce n'est qu'aucun d'entre eux ne savait ce que le mot « espoir » signifiait. Des rêves, oui, certains en avaient mais peu les ont accomplis, et plutôt que de chercher en soi les raisons de cet échec, il est plus facile d'accuser l'autre, que ce soit son conjoint, ou, en son absence, son enfant.

Dans ce livre, l'enfant est souvent unique – comme si un seul accident suffisait, et après, les précautions furent prises. Il doit faire face, seul, aux errances de ses parents. La solitude est encore plus accentuée pour Deyann, séparé de sa soeur jumelle depuis la séparation de ses parents, chacun d'entre eux voulant que l'autre prenne ses responsabilités. Mot souvent prononcé ou sous-entendu, alors que personne ne semble vraiment mesurer ce qu'elle recouvre. Ainsi, la mère de Dana, qui subvient aux besoins de sa famille en partant travailler deux ans à l'étranger, sans veiller aux besoins affectifs et psychologiques de sa fille adolescente.
Faut-il alors vraiment s'étonner que tous aient vu Yarova, leur professeur, comme une lumière dans la nuit ? Ne les écoute-t-elle pas, ce que personne ne fait ? N'est-elle pas venue en aide à certains d'entre eux ? Il n'est pas facile de connaître les motivations de cette femme. A-t-elle été dépassée par ce qu'elle a contribué à créer ? La fin du premier chapitre nous le montre assez.
Mères est un livre dur, âpre, au style très particulier, asphyxiant – de très longues phrases, avec de nombreuses pauses, mimant la colère et l'urgence, l'absence de signe permettant de distinguer le dialogue du récit, comme si parler ne servait à rien, les interlocuteurs n'écoutant qu'eux-mêmes. Un livre pas assez connu en France, qui donne une vision glaçante de la Bulgarie.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Uppercut. En pleine face. Un écrin de noirceur.

Sofia, capitale de la Bulgarie.

Plusieurs adolescents, autant de chapitres et de témoignages, dont le seul point commun serait d'avoir des parents défaillants : dépressifs, alcooliques, indifférents.

Un nom revient dans leurs récits : Yavora. Une femme mystérieuse. Point de lumière de leurs existences sacrifiées. Qui est-elle ? Quel est son lien avec les enfants ?

Récit âpre, inspiré de plusieurs faits divers, prétexte pour dénoncer les travers de la société bulgare. La corruption, la mafia, la pauvreté et l'alcoolisme...autant de calamités dont les premières victimes sont ces jeunes, tiraillés, meurtris là où ils devraient être protégés.

Comment pourront-ils grandir, ne pas reproduire le schéma familial qui leur est imposé?

Même si les adolescents sont le point d'articulation du récit, les mères en sont l'épicentre.

Sacrifiant leurs carrières à leur maternité, elles en ressortent aigries. Elles sont dépassées par leur propre douleur. Accaparées uniquement par leur propre vie ou alors trop occupées à trouver un moyen de survivre pour pouvoir s'occuper de leurs enfants.

Elles sont l'objet de l'amour et du dévouement de leurs enfants mais elles sont également celles qui leur infligent les plus profondes blessures.

Yavora apparaît, elle, comme une figure maternelle de substitution mais elle semble si irréelle. Une sorte de métaphore de ce que l'amour parental devrait être.

Cette opposition rend le drame inévitable...

Une belle porte d'entrée pour moi à la littérature bulgare et que je vous conseille.
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Une soirée de Coupe du monde est l'un des plus petits détails qui, comme un fil reliant les différentes perles d'un collier, rassemble les chapitres de ce roman bref et percutant, et lui donne son unité. Ce livre porte le nom de Mères, mais ses chapitres – Andreia, Lia, Dana, Alexander, Nikola, Deyann, Kalina – égrènent ceux de leurs enfants. Seul le dernier chapitre y fait exception : Yavora, le nom de l'énigmatique et adorée Yavora, qui fait le lien à la fois tangible et intangible entre tous ces adolescents, sans pourtant être l'un d'entre eux. Lien, et fermoir, car c'est avec ce chapitre où elle apparait enfin après avoir été incessamment et mystérieusement évoquée, que se résout et se clôt la structure du roman.

Jusqu'à ce dernier chapitre, on pourrait presque lire Mères comme une succession de nouvelles parallèles, chacune le portrait d'une famille de la Bulgarie ordinaire du début des années 2000.

Et quels portraits ! C'est d'abord celui d'Andreia, prise en étau entre « sa mère malade qui se mouvait comme un enfant devant elle, [et] son père malheureux qui tentait de tout son coeur de l'élever. » Puis celui de Lia, à qui ses parents aimants mais désargentés ne peuvent offrir les cours nécessaires pour développer ses dons pour la danse, puis celui de Dana, « grande, massive, masculine, … première de la classe », vivotant avec son père sur les deux cents euros mis de côté chaque mois par sa mère, garde-malade à Chypre, et ainsi de suite jusqu'à la dernière, Kalina, « cette enfant qui n'avait pas connu d'enfance » et qui s'écroule devant la responsabilité de s'occuper de sa grand-mère semi-paralysée et de sa mère frappée « d'asthme bronchique, d'un diabète avancé et d'ostéoporose. »

Si chaque chapitre est, à son tour, la description d'un univers particulier, compris entre les quatre murs d'un appartement, il est aussi celle d'un univers général, celui d'une société que la transition post-communiste a jeté dans une crise matérielle et existentielle à laquelle peu échappent.

Bien que chaque chapitre soit relativement bref (l'ensemble fait tout juste 200 pages), il rend presque immédiatement palpable chaque famille et chacun de ses membres. Par son style, le livre épouse au plus près les récits, les émotions et les besoins de ses personnages, et la lectrice se retrouve prise dans les flots de dialogues et de pensées qui se bousculent dans cette narration rapide et sans transitions (et superbement traduite par Marie Vrinat).

Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire – sur l'amertume de parents, pris, à mi-chemin de leurs vies d'adultes, dans une transition dont les bénéfices sont durs à apercevoir ; sur le rôle que joue Yavora dans la vie de leurs enfants ; sur le changement de registre qui marque la fin de chaque chapitre… Mais c'est surtout cette structure à deux niveaux que je retiendrai, avec cette immersion dans l'univers de chaque appartement et de ses occupants, et ces détails qui sentent le vécu à plein nez : une immersion qui nous fait aussi nous rendre compte à la fin des récurrences dans ces vies. Celles-ci transcendent chapitres et personnages pour mener à un chapitre final brutal et inattendu, que la traductrice Marie Vrinat compare dans son excellente postface à une scène biblique. Une scène finale d'autant plus brutale qu'elle se déroule dans un parc de la ville pendant que, devant la télévision, bière en main, les adultes regardent le dernier match de la Coupe de monde de football.

Par son style incisif et son sujet en prise avec l'actualité, Mères appartient à la même veine littéraire que deux autres romans publiés en traduction française ces dernières années par les éditions des Syrtes : La croisade des enfants de la roumaine Florina Ilis, et L'été où maman a eu les yeux verts, de Tatiana Ţîbuleac (également roumaine). Publié en Bulgarie en 2005, la traduction française parait déjà en France en 2006, et c'est à l'occasion de sa réédition en version poche l'année dernière que les Syrtes m'en ont envoyé un exemplaire. On ne peut qu'espérer que les éditions des Syrtes continueront à enrichir ce volet résolument contemporain, percutant, et féminin de leur catalogue.
Lien : https://passagealest.wordpre..
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Un livre avec une étrangeté... Ressemble à ces recueils de nouvelles qui se recoupent à la toute fin.
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Petit mais puissant! Direction la Bulgarie avec ce roman de Théodora Dimova inspiré de faits réels. Et pour ma part je n'ai pas souvent eu l'occasion de partir pour la Bulgarie au fil de mes lectures.
Nous suivons un adolescent par chapitre, le narrateur est omniscient et le récit à la troisième personne. Et une obsession émerge pour le lecteur : comprendre ce qui a amené cet adolescent à ce qu'il a fait (fait que nous n' apprenons qu'en fin d'ouvrage mais que nous devinons très vite). le style est très dense, parfois alambiqué à l'image du stream of consciousness de Virginia Woolf, mais sert parfaitement le propos, faisant ressortir toute la crudité et la violence sous-jacente à laquelle sont confrontés ces jeunes dans la société bulgare post-communisme. La lecture pourra être éprouvante pour certain, aussi je ne l'a conseillerai pas à tout le monde. Pour ma part elle m'aura durablement marquée .
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J'aime être emportée par une lecture imprévue, être surprise par un auteur inconnu, comme cela a été le cas avec ce titre. Il faut dire que l'écriture de Théodora Dimova dégage une intensité qui ne peut laisser indifférent. le premier chapitre de "Mères" vous cueille à froid, logorrhée heurtée, d'une violence poignante, évoquant la détresse d'Andreia, orpheline d'une mère non pas défunte mais dépressive, au bord de la démence, indifférente à tout sauf à sa propre douleur, incapable ne serait-ce que de faire semblant d'éprouver le moindre sentiment pour sa fille, qui en est dévastée.

Suivent d'autres chapitres, ayant pour titre le prénom de celui ou celle dont ils évoquent la douloureuse histoire, portée par une plume vibrante, percutante, qui obsède et glace à la fois. Lia, Dana, Alexandre, Nikola... Ils sont tous adolescents, filles ou garçons, riches ou pauvres, enfants uniques à une exception près. La souffrance les a fait grandir trop tôt, les a plombés de la gravité de ceux qui savent ne pouvoir compter que sur eux-mêmes. le drame de leurs courtes existences, marquées par l'abandon, la négligence ou la violence, puise ses racines dans le lien à la mère, perverti par une relation toxique ou par l'absence, qu'elle soit physique ou psychique.

Un autre point commun les réunit : la mystérieuse Yavora, évoquée à la fin de chaque séquence, à propos de laquelle un enquêteur anonyme les interroge, dans le cadre de ce qui s'apparente à une audition judiciaire. Les adolescents tergiversent, renâclent, incapable de la dépeindre autrement qu'en se référant à leurs rêves, ou en utilisant des métaphores, femme providentielle et impalpable, dotée d'un charisme surnaturel, figure idéale d'une mère dont chacun est en carence...

En toile de fond, au gré des éléments composant le quotidien de chacun des protagonistes, se dessine la Bulgarie des années 2000, gangrenée par la corruption et les inégalités sociales. L'espoir initié par la fin de l'ère communiste vécue par leurs parents a fait place à une désillusion que semblent incarner ces mères déficientes, elles-mêmes victimes d'un système inique ou d'une filiation délétère.

"Mères" est un récit bouleversant, glaçant, dont on pressent avec effroi l'issue inéluctable, qui met en évidence l'influence de l'instabilité familiale dans la propension à la violence.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Le style est particulier, la ponctuation, enfin le « point » surtout se fait rare. Un livre dur, reflet d'une société bulgare post communiste souffrante, mais une intrigue trop vite survolée.
Lien : https://lesperluette.blog/20..
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L'instinct maternel dont on nous rebat si souvent les oreilles, ça vous parle ? Eh bien voici un petit livre qui lui en met un grand coup dans l'aile ! Sept histoires nous y sont relatées, celle de sept enfants grandissant dans la Bulgarie post-communiste, sept enfants étudiant dans le même lycée et qui ont noué une étroite relation de confiance avec leur professeure principale prénommée Yavora.

On découvre l'un après l'autre le contexte familial dans lequel vivent ces adolescents avant d'entendre la déposition qu'ils sont sommés de faire et dont on ne sait pas précisément si elle est formulée devant un représentant de la police ou devant un psychologue. Mais ce qui est clair, en revanche, c'est qu'un mystérieux drame les unit.

A travers ces récits, c'est toute une société qui nous est dépeinte, celle d'un pays qui, en s'ouvrant à l'économie libérale, a vu naître une oligarchie mafieuse, la corruption s'étendre et le chômage sévir, d'où émerge néanmoins une classe moyenne mais où l'extrême pauvreté et la précarité sont devenues légion. C'est un pays où le hiatus peut très vite se creuser entre des parents nés dans un système socialiste et des enfants grandissant dans un monde différent, avec pour tous des repères brouillés et des perspectives difficilement perceptibles.

Comment, dans ce contexte, assumer sa maternité ? Accompagner son enfant lorsqu'on est contrainte de partir travailler à l'étranger, que l'on a sombré dans une profonde dépression, que l'on a soi-même connu de violents traumatismes dans sa propre enfance ou que l'on a le sentiment d'avoir été dépossédée de sa propre existence ?

Etonnant récit, dont le rythme effréné qui happe le lecteur pour le rendre captif de ces univers souvent étouffants contraste avec l'atmosphère fantasmagorique des pages consacrées à Yarova, ce personnage surnaturel incarnant une sorte de vie rêvée, d'idéal inaccessible. On sera sensible ou pas à cette surprenante composition, mais elle confère assurément à cet ouvrage une couleur insolite qui ne laisse pas indifférent.
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