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sur 77 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Salie est en panique : invitée à dîner par Marie-Odile, cette situation la plonge dans une grande angoisse, car elle ne supporte pas d'aller chez les autres et pour connaître la cause de cette phobie, il lui faut replonger dans ses souvenirs d'enfance.
Pour se faire, Salie fait face à la Petite, son double enfant qui la pousse dans ses moindres retranchements pour faire surgir la vérité : "Une petite fille me poursuit, me harcèle, m'assiège; après tant d'années de lutte, je ne peux toujours rien contre ses assauts; parfois, croyant agir à ma guise, je découvre avec stupeur que je ne fais que succomber à ses humeurs : grandir semble impossible !".
Élevée par ses grands-parents, Salie est une enfant illégitime à qui l'on fait payer cette situation : elle est celle qui ne mérite rien, qui doit être sans cesse traînée dans la boue et dont on cherche à se débarrasser telle une disgracieuse verrue plantée sur le nez, en somme celle qui ne mérite pas de vivre.
Entre deux crises d'angoisse, Salie écoute de la musique et se laisse bercer par les mots et la musique : "Yo sólo quiero caminar, tada-tada-tadadan".

Salie est un personnage très complexe : elle a un côté sauvage et aime sa solitude : "Est-ce moi qui suis trop sauvage où ce sont les gens qui se sont habitués à harceler les autres, à les attrouper, afin de ne jamais se retrouver seuls, confrontés à eux-mêmes ?", d'un autre elle ne refuse pas non plus le contact avec tout individu et prend plaisir à entretenir des relations amicales.
Non, ce que n'aime pas Salie, c'est que l'on cherche à lui imposer un désir qui n'est pas le sien : "Agir en adulte, est-ce devenir assez hypocrite pour se plier à toute injonction, surseoir à toute volonté personnelle, pour assouvir les désirs des autres au détriment des siens ?".
Salie est un personnage entre deux eaux : elle est une femme évoluant dans le monde adulte de par son âge mais coincée dans les limbes de l'enfance de par son passé.
Elle porte un regard parfois juste sur les relations avec autrui : "Les êtres les plus coriaces à gérer dans la vie sociale, ce ne sont pas les éventuels ennemis; ceux-là, il est aisé de vivre avec, car il suffit de se soustraire à leur présence pour ne pas souffrir leur vindicte. le vrai supplice vient de tous ces gens qui, sans être des amis proches, vous affligent du bien qu'ils disent vous souhaiter, un bien défini exactement selon leurs propres critères, parfois si contraires aux vôtres.", mais cela n'a malheureusement pas suffi à me la rendre sympathique.
Je suis restée très détachée de ce personnage et plus généralement de l'histoire, même si j'admets que certains passages, notamment ceux concernant les souvenirs d'enfance, ont une certaine beauté et alternent entre la gravité et l'humour, tout comme la réconciliation finale avec la Petite marque une grande avancée pour la narratrice : "Cette Petite, même si elle m'incommode parfois, je l'aime quand, révoltée et déterminée, elle décide de vivre, de réagir au lieu de seulement subir, c'est ainsi qu'elle a toujours sauvé ma vie.".
L'autre point qui m'a dérangée est celui de cette narration à la première personne du singulier, le roman est clairement une autofiction, dans le cas présent que je ne pense pas que cette forme était la plus appropriée pour raconter cette histoire : ou l'auteur assumait et rédigeait une autobiographie, ou elle partait complètement dans la fiction.
Cette frontière trop mince entre réalité et fiction m'a gênée dans ma lecture, je ne savais jamais sur quel pied danser, me demandant sans cesse si la rancoeur sous-jacente et omni-présente venait de Salie ou de Fatou Diome.
La plume de Fatou Diome est belle mais exigeante, c'est à mes yeux ce qui sauve ce livre car l'auteur a un véritable style et donne du rythme à son récit, créant une musicalité mêlant harmonieusement les mots jetés sur papier et les musiques écoutées par Salie.

"Yo sólo quiero caminar, tada-tada-tadadan".
Mon impression sur "Impossible de grandir" est à l'image de cette sempiternelle ritournelle qui vient ponctuer le récit parfois à bon escient souvent comme un cheveu sur la soupe : parfois charmée, souvent détachée, une lecture en demi-teinte donc.
Le style est beau mais la forme ne m'a pas séduite : la psychanalyse par l'écriture n'est pas une recette qui fonctionne à tous les coups et ce livre en est la parfaite illustration.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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En tout début de livre l'auteur a été invité par Marie-Odile, sa meilleure amie, à venir dîner chez elle.
Là commence la version psychologique de sa personne et...de son "double" petite fille.
Dans les dernières pages du livre nous sommes toujours dans la même situation ! le dîner n'a toujours pas eu lieu...
J'avoue...j'ai abandonné avant le lever du jour !
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Salie est invité à dîner chez une de ses amies. Et elle n'a pas la moindre envie d'y aller. Pire: cela la terrorise. Mais son amie ne comprend pas ses réticences: qu'elle arrête de faire l'enfant et qu'elle vienne à ce dîner! Oui mais grandir, ça, Salie n'en a pas envie. Parce que grandir, ça l'obligerait à mettre au clair son enfance, à écouter la voix de la Petite, cette petite elle-même qui la hante et qui la harcèle pour qu'elle ouvre les vannes. Alors Salie va le faire. Elle replonge dans son passé et cherche pourquoi elle ne connaît pas son père, pourquoi elle a le souvenir d'avoir été choyée par sa grand-mère et détestée par sa tante, pourquoi elle a été tant méprisée par son oncle. D'où lui vient cette peur des adultes.

Alors qu'il semblait évoquer un sujet poignant sur un mode vivant et original, ce roman n'est en fait qu'une longue, très longue introspection. Il évoque pourtant la douloureuse condition d'une victime d'un système archaïque où les femmes sont méprisées dès qu'elles s'écartent du droit chemin fixé par les hommes, et ne parlons pas de leur progéniture qui en subit les conséquences ad vitam aeternam. L'enfance se découvre telle une thérapie, et à chaque page un voile se lève, comme on creuse un peu plus profond dans les méandres des traumatismes de Salie, qu'elle revit comme s'il s'agissait d'une autre. La violence sourde devient de plus en plus prégnante par l'intermédiaire du fantôme de cette “Petite” qui poursuit Salie jusqu'à ce qu'elle s'admette à elle-même ce qui cloche.
Cependant, les presque quatre cents pages du livre ne durent, dans les faits, qu'un jour où deux, pendant lesquels la narratrice se torture, débat avec elle-même, se lance dans ce qui ressemble davantage à un essai, à un journal ou à une psychanalyse qu'à un roman. Et finalement, c'est long, introspectif, répétitif et j'ai perdu le fil des réflexions de la narratrice qui m'a surtout semblé se débattre avec elle-même, dans un discours certes très beau, dans une langue particulièrement belle et soignée, mais qui reste souvent très fermée pour le lecteur. Je me suis sentie très extérieure à cette histoire, lassée par une intrigue qui finalement n'avance pas et par un passé qu'elle n'affronte qu'en mot ou en pensée mais pas en acte.
Lien : http://mabouquinerie.canalbl..
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