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3,73

sur 128 notes
Voici un roman atypique, à la belle langue, à la fois joyeux et tendre, qui nous plonge d'une maniére peu usitée au coeur de la tradition orale de l'Afrique, plus précisément au Sénégal, terre de naissance de l'auteur.
"Le Ketala "est le partage de l'héritage .
Il disperse l'ensemble des meubles ou objets qui jalonnaient la vie de celui ou celle qui n'est plus.
En l'occurrence , ici celle de Mémoria, leur défunte propriétaire, tant admirée et aimée.
"Lorsque quelqu'un meurt ....nul ne se soucie de la tristesse de ses meubles. "Peut être des souvenirs magnifiés, réinterprétés ou pire falsifiés. .....
L'auteur nous convie par ce biais original à restituer par la voix des meubles , "réunis" en assemblée, tels "vieux collier de perles"," oreiller" ," canapé, "mouchoir," statue d'ébène " babouches", "montre, "....témoins silencieux de la vie de Mémoria, de ses joies et de ses peines , à lui rendre hommage , en racontant tout ce qu'ils savent ....Un dialogue qui met mal à l'aise au début s'instaure entre ces familiers de l'héroïne disparue.
Le lecteur par ce biais surprenant et inédit revoit la vie de cette jeune femme arrivée vierge au mariage . Elle se voit confiée à un homme choisi par sa famille ....
On découvre les traditions familiales de là bas: pression de la famille, mariage arrangé, culture orale transmise de génération en génération, autorité incontestable du père, simulacre d'union non consommée, solitude à l'ombre d'un époux homosexuel trés discret.
Un drôle de livre magnifiquement écrit, doux, subtil , déroutant et original, nous plongeant au coeur de l'Afrique , qui peut ne pas plaire à tout le monde , de par sa forme ....
C'est aussi un ouvrage de mémoire et de transmission, un bel hommage fin, pétri de poésie,et émouvant à la tradition orale de l'Afrique, à ses particularités et à sa culture ancestrale ....
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Fatou Diome après le grand succès de son premier roman ,
"Le Ventre de l 'Atlantique", évoque dans "Le Kétala", la douleur engendrée par la perte définitive d 'un être aimé
Que reste-t-il de nous après la mort ? Cette question constitue la trame principale du roman .Mémoria est morte .
Dans quelques jours , l 'imam va procéder ,comme l 'exige la tradition musulmane , au Kétala , le partage de
l 'héritage .Accablés par la séparation prochaine , les meubles et divers objets familiers de la défunte cherchent un moyen d 'empêcher la dispersion des traces de leur propriétaire bien-aimée .Alors ceux-ci décident de lui rendre un hommage avant leur éparpillement .Pendant les cinq jours et les six nuits qui les séparent de la cérémonie , ils vont reconstituer par la parole ,la mystérieuse vie de leur maîtresse tant aimée .
Ainsi s'organise une assemblée atypique où chaque objet de la défunte prend la parole et raconter aux autres ce qu 'il a vu et seulement ce qu 'il a vu , sans aucune interprétation .Ainsi tous les objets de Mémoria , vont reconstituer le puzzle de la vie de leur ex- maîtresse. Témoins silencieux de ses joies et de ses peines , ils vont donc d 'une manière plus humaine que les hommes , reconstituer le puzzle de sa vie . Il se dégage de ce roman
l'idée que seuls nos meubles et nos objets personnels nous connaissent vraiment car ils nous accompagnent à chaque instant de notre vie , même dans nos moments les plus intimes . l'auteure en cédant la parole à des objets inanimés , elle leur permet d 'une certaine manière de vivre humainement .Ces" voix de l 'absence "comme elle les nomme , ne cessent de critiquer toutes les tares des humains , alors que leurs témoignages révèlent qu 'ils ont
également tous les défauts qu 'ils leur reprochent .
Dans "Kétala", l 'auteure très imprégnée par sa culture africaine , s 'attaque à certaines traditions africaines comme : les mariages arrangés , la femme marginalisée , elle doit se soumettre aux quatre volontés de l 'homme sans aucune considération de son opinion ou avis ...En bref elle dénonce la dictature de l 'homme et le peu de droit accordé à la femme africaine .Elle dénonce
l 'hypocrisie .
La grande richesse de ce roman réside dans l 'écriture poétique et musicale de son auteure qui voulait sans doute rendre hommage à le tradition orale de l 'Afrique .
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Triste histoire d'une jeune Sénégalaise… racontée par ses meubles

Kétala, c'est la cérémonie où on se partage les effets d'un défunt, et avant qu'ils soient éparpillés, les objets partagent ce qu'ils savent de la vie de Mémoria, leur maitresse, afin qu'ils puissent tous conserver son souvenir.

C'est l'angle original que l'auteure a choisi pour raconter la vie d'une femme contrainte d'épouser un homme qu'elle connait à peine.
En plus de divergences de sentiments, le couple vivra de nombreux problèmes, et après avoir vécu en France quelques années, Mémoria retournera au pays pour y mourir.

C'est une histoire pas toujours joyeuse, mais le regard extérieur des meubles crée une distance qui allège le propos. Il faut bien sûr adhérer à cet artifice et faire comme si c'était normal d'assister à une discussion entre une assiette, un mouchoir et une statue ancienne…

Un texte d'une belle écriture, un roman qui rappelle les difficultés de la vie de femmes africaines.
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Le kétala, c'est, au Sénégal, la cérémonie de partage de l'héritage. A la mort de la belle Mémoria, ses objets familiers, avant leur dispersion, décident de retracer sa vie.
L'idée est originale, mais ne tient pas la route. En revanche, L'évocation de la vie d'une femme : pression de la famille , mariage arrangé, émigration, pression de la famille quémandeuse, misère, prostitution, sida est assez émouvante.
Agréable écriture
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Un concept original et très émouvant. On assiste aux dialogues entre le canapé et la montre, l'assiette et la statue, tantôt drôles, tantôt émouvants. Un livre magnifiquement bien écrit, cultivé qui parle à la fois de l'amour, des êtres humains, de la vie, de la mort, de la peur, de la souffrance.
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J'ai tardé à rédiger cette critique...
Ce roman évoque la vie de Mémoria qui vient de mourir et ce sont les meubles et objets de son appartement qui décident de partager leurs souvenirs avant le Kétala - distribution des biens du défunt à ses proches.
L'idée est intéressante et la vie de Mémoria (et aussi celles de Makhou et surtout Tamsir) permet d'aborder des thèmes sensibles : famille, amour, couple, sexualité, maladie...
Mais le style des discussions-disputes entre les objets m'a vite agacée. C'est le même procédé que dans "Sous les couvertures" où les livres étaient personnifiés mais là j'ai trouvé ça lourd. Il n'empêche que j'ai relevé de nombreuses jolies formules et c'est une belle réflexion sur le souvenir et la mémoire (Memoria...)
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Subtil, drôle et tendre, ce roman est un bel hommage à la tradition orale de l'Afrique. Comme le dit Fatou Diome dans le récit : « Je viens d'une civilisation où les hommes se transmettent leur histoire familiale, leurs traditions, leur culture, simplement en se les racontant, de génération en génération ». Un très grand coup de coeur !
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N°601– Novembre 2012.
KETALAFatou Diome - Flamarion.

Le livre refermé que m'en reste-t-il ? Au vrai une somme d'impressions bizarres, à la fois agréables, futiles, instructives et finalement émouvantes.

Cela n'a pas été simple, ce roman a bien failli souvent me tomber des mains et j'ai eu envie de l'abandonner en cours de lecture. La mise en scène qui pouvait paraître originale m'avait un peu agacé : Sous les latitudes africaines, une assemblée d'objets ayant appartenu à une femme, Mémoria, tiennent une sorte de conférence au sommet avant d'être sans doute dispersés. Ils en profitent pour évoquer la vie de leur propriétaire. « Objets inanimés avez-vous donc une âme » s'interroge le poète... mais là c'est carrément en tribunal que s'érigent ces choses. Ils le font d'ailleurs sous la présidence d'un masque qui dirige et inspire des débats et on se demande si ce choix de l'auteure se porte sur lui parce qu'il domine cette assemblée de part sa positon élevée ou s' il a été choisi pour le symbole de l'hypocrisie qu'il représente. Son office est en effet de cacher le visage (la personnalité) de celui qui parle, la réalité des choses en faisant valoir le paraître au détriment de l'être. Après tout, pourrait-on dire, le grand Jean de la Fontaine, en s'inspirant d'Esope et des autres n'a pas agit différemment en faisant parler des animaux pour singer et critiquer les choses humaines et personne n'a rien trouvé à y redire.

Bref, voilà donc un dialogue qui s'installe entre les meubles dont Mémoria s'est servi, un véritable débat entre une assiette, un ordinateur, un vieux collier de perles, une statue, un canapé... un véritable inventaire à la Prévert ! Tout ce petit monde parle de concert mais personne, et surtout pas les hommes qui les entourent et les voient ne peut les entendre dialoguer. Ils échangent en toute liberté leurs sensations, leurs sentiments et leurs souvenirs où leur propriétaire est présente. C'est qu'ils ont une bonne raison pour cela, Mémoria vient de mourir et c'est eux qui s'érigent en gardiens de sa mémoire. La tradition africaine et islamique veulent qu'à la mort de quelqu'un on se partage ses biens, c'est le Kétala qui donne son titre à cet ouvrage, selon des règles précises et codifiées à la fois par la religion et par la coutume. Avec cette mémoire ainsi évoquée par ces objets, le lecteur revoit ainsi la vie courte de cette jeune femme naïve qui arriva vierge au mariage et qui se vit, au terme de tractations familiales convenues et ancestrales, confiée à un homme, Maklou, qu'elle ne connaît pas, dans le seul but d'être une épouse soumise et qui perpétuera la descendance. Pourtant, malgré sa beauté, elle est délaissée par cet époux qui fait d'elle une créature éplorée à qui il a volé son bonheur tout neuf. Comme toute jeune fille devenant une épouse et malgré la tradition d'un mariage arrangé entre des parents pourtant présentés comme évolués, elle se bâtit un avenir de foyer et de maternité, bref tout ce qui est l'attribut de la femme africaine et même des femmes en général. Sauf que le mari, qu'elle ne connaissait effectivement pas lui échappe très tôt. Elle ne comprend pas le fait qu'elle ne puisse pas le séduire, le garder auprès d'elle, mais elle ne tarde pas à prendre la mesure de la réalité. le cocuage inattendu et surtout brutal, la trahison d'une amitié autant que l'erreur sur la véritable nature de son époux font vite partie de sa nouvelle vie et la bouleverse durablement à plus d'un titre.

Les époux partent cependant pour la France où Maklou a encore des contacts dans l'espoir que le dépaysement arrangera un peu les choses. Strasbourg s'offre donc à eux avec une vie facile et ce d'autant plus de lui ne peut résister à ses démons. Partir vivre en France pour un couple d'Africains est une bénédiction pour les membres de leur famille restés au pays. Pour eux ils sont l'assurance de mandats réguliers qui sont davantage un dû qu'une libéralité à leur profit. Là aussi la tradition est respectée.
Pourtant, l'envie que Mémoria a de faire durer artificiellement son couple ne résistera pas aux événements qui, bien entendu, débouchent sur une séparation des époux et une vie malheureusement en marge de la société et de la morale pour elle. Elle y trouvera tout à la fois un moyen de subsistance qui lui permettra de vivre et de continuer ses mandats, de cacher la réalité à sa famille mais aussi d'obtenir des autres hommes l'amour que lui refuse son mari.

Si la tradition de l'Islam est respectée, celle judéo-chrétienne de la faute ne l'est pas moins puisque Mémoria est punie par où elle a péché. Elle va contracter une maladie sexuellement transmissible qui va l'emporter et son mari, sans doute rongé par la culpabilité ou désireux lui aussi de sauver les apparences la ramènera sur la terre africaine où elle sera ensevelie. le remords pourtant aura raison de la tradition qui veut qu'un veuf, surtout jeune, épouse une des soeurs sans enfant de sa défunte femme et que les objets qui lui ont appartenu soient disséminés dans la parentèle. Maklou refusera d'observer ces prescriptions, gardera tout ce qui a appartenu à son épouse et ne se remariera pas... pour d'autres raisons.

J'avoue que j'ai eu du mal à entrer dans l'univers de ce roman, un peu agacé aussi par la volonté de l'auteure d'introduire au cours du récit et à la faveur de la naïveté supposée des objets-acteurs des définitions puisées dans les figures de la rhétorique littéraire. J'avoue aussi que je me suis laissé émouvoir par la destiné hors du commun de Mémoria, par le chagrin qui accompagne la mort de cette jeune femme qui aurait mérité un autre sort, mais le happy-end facile et convenu qui, bien souvent conclue les romans ne me convient pas. Ce genre de fin est souvent bien éloignée de la réalité de la vie des hommes. Je regrette aussi la dernière phrase « Lorsque que quelqu'un meurt, nul ne se soucie de la tristesse des meubles ». Là aussi, j'attendais autre chose, à la mesure notamment de l'émotion ressentie à la suite de cette histoire.

©Hervé GAUTIER – Novembre 2012.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Après le ventre de l'Atlantique, Fatou Diome nous livre un deuxième roman toujours à cheval entre les traditions africaines, bonnes et mauvaises, et la vie occidentale, avec cette fois une langue que j'ai trouvée encore plus musicale et poétique. Son parti pris original tient bien la route et, astucieusement, elle est parvenue à narrer une histoire de vie au travers des bribes données par chacun des meubles ayant appartenu à Mémoria. Sa véritable vie est restée un secret pendant longtemps, pour beaucoup de ses proches et de sa famille, bien loin de s'imaginer la réalité de sa vie française qui, comme celle de Makhou, échappe à toutes les règles morales de la société traditionnaliste sénégalaise... Mais rien de son parcours ne pouvait échapper aux objets qui l'entouraient.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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D'entrée de jeu, le lecteur se rend compte que Kétala est un livre à part
Lien : http://nahe-lit.blogspot.com..
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