Je ressors bouleversée de cette lecture... Trouver les mots justes sera extrêmement difficile pour rendre compte de ce que j'ai pu ressentir.
Victor DIXEN , grand maître de la littérature jeunesse, signe là un roman d'une intensité et d'une force stupéfiantes, un roman qui, dans le contexte actuel, prend une résonance particulière.
EXTINCTA secoue, émeut, terrifie et bouleverse.
Bien plus qu'une dystopie,
EXTINCTA est un hommage et une ode vibrants :
* à l'humanité : malgré le sujet grave et sa fin terriblement tragique - oui, j'ai pleuré -
EXTINCTA porte un message de lutte et d'espoir. L'être humain n'est pas que la vile créature qui assassine la planète. Sa bienveillance et son intelligence peuvent la sauver.
* la poésie :
Victor DIXEN réussit le coup de maître de mêler de manière harmonieuse et naturelle des poèmes de
Charles Baudelaire à l'intrigue de l'histoire. Admiratrice inconditionnelle de
Baudelaire, cette idée m'a profondément touchée et émue. Quel talent de transformer L'Invitation au Voyage ou
L'Albatros en guides spirituels pour les héros de l'histoire. La poésie transcende tout, au delà des siècles et des époques, et, comme le disait Hugo, le poète est ce marcheur au flambeau guidant l'humanité.
L'homme, au plus profond de sa noirceur, peut faire jaillir des sources de lumière.
Les Fleurs du mal et les Fleurs du bien.
EXTINCTA a de plus des allures de poèmes : on y retrouve des procédés poétiques tels que l'anaphore, les constructions en chiasme, les jeux sur les contraires ou les sons.
*) à la culture :
EXTINCTA mélange intrigue futuriste et fantasy avec une influence forte de la tragédie antique. Les termes de "choeur", de "coryphée", la fin inéluctable illustrée par la bougie se consumant en sont les exemples les plus probants. La technologie futuriste épouse la culture ancestrale, sans doute ce dans quoi l'homme excelle, faire perdurer un savoir à travers le temps. Les Machines m'ont fait penser aux créatures de Prométhéus, porteuses à la fois d'espoir et de mort.
*) la TERRE, à la vie, sous toutes ses formes : impossible de ne pas être sensible au cinglant message délivré page après page , l'homme tue ce qui lui permet de vivre et crée lui-même la destruction de sa planète. Chaque parcelle de vie doit être considérée comme un trésor, en témoignent les animaux totem greffés sur le ventre des personnages. J'ai adoré cette idée.
*) à l'amour : Roméo et Juliette du XXIe, Astréa et Océarian illuminent la fin apocalyptique avec un amour rayonnant. Vivre et aimer, aimer et mourir "au pays qui te ressemble"... aimer est ce qui permet de vivre et ce qui sauvera les humains.
On peut également y déceler des clins d'oeil à ses différents romans : Phobos pour le côté spatial de la fin, à
Cogito pour les intelligences artificielles des artefacts et la puissance de la culture.
L'univers géographique créé est empreint de poésie.... je suis fascinée par une telle imagination....
Je sais, je suis un peu longue, mais je pourrais écrire des heures et des heures sur ce roman magistral qui déploie les grandes questions existentielles de l'humanité autour d'un scénario d'une intelligence folle.
Un roman pacifiste, humaniste, vegan dans une certaine mesure puisque manger un animal vivant relève du crime, philosophe...
Baudelaire serait fier d'être la référence d'une oeuvre contemporaine aussi riche et profonde.
Merci, merci pour ces merveilleux moments de lecture passés en compagnie des Viridiens.....