Vampyria est une sorte de fantasy uchronique qui m'avait l'air tout à fait originale. C'est donc avec un bon enthousiasme que j'ai entamé ma lecture, mais j'ai assez vite déchanté.
Bon, le contexte historique du récit se résume plutôt aisément : au XVIIIe siècle, alors qu'il était sur le point de mourir,
Louis XIV, dit le Roi-Soleil, s'est transformé en vampyre, se faisant ainsi appeler
Le Roy des Ténèbres. C'est le monde entier qui a alors changé, tous les dirigeants des autres royaumes et empires ayant également voulu obtenir la vie éternelle. Aujourd'hui, le monde tel que nous le connaissons n'existe pas, car il est resté figé sur cette ancienne époque : la médecine n'a guère progressé (la théorie des fluides influençant les humeurs est par exemple toujours d'actualité), tout comme la technologie (on voyage toujours à cheval ou en carrosse, les téléphones n'existent pas, etc.), la société est toujours celle des monarchies du XVIIIe siècle sauf qu'on y a ajouté des règles spéciales pour les vampyres, qui représentent à présent le haut du panier. le nombre de vampyres étant régulé, une autorisation spéciale est nécessaire pour transformer un humain en vampyre.
Les humains ne sont d'ailleurs plus désormais qu'une sous-espèce, obligés d'obéir à des lois cruelles. Ils doivent ainsi respecter un couvre-feu strict leur interdisant de sortir la nuit, réservée aux vampyres (ceux qui prennent le risque de sortir sont souvent retrouvés vidés de leur sang). Existe également la loi du parcage (ça fait très bétail, hein), c'est-à-dire que, sauf autorisation spéciale, les humains ne peuvent quitter la ville ou le village où ils vivent. Enfin il y a la dîme : chaque mois, les humains (sauf les nobles) donnent une certaine quantité de sang, afin de nourrir la population vampirique.
Tout cela a l'air drôlement intéressant, n'est-ce pas ? C'est ce que j'ai pensé en tout cas, et j'étais vraiment emballée par toutes ces idées. Dans ce roman, l'auteur reprend le vampire classique, à l'ancienne : celui, cruel et avide de sang, qui ne supporte pas l'ail ni la lumière du jour, qu'un pieu en bois peu tuer, et qui dort dans un cercueil. J'ai trouvé ce retour aux sources assez sympa, malheureusement on a un tel amoncellement de clichés que c'en devient lourd : ils portent des vêtements sombres, toute la décoration est sombre, il y a des symboles de chauve-souris partout... Et finalement on ne voit que très peu cette fameuse Cour des Ténèbres : pour une histoire centrée sur les vampires, c'est un comble de ne suivre quasiment que des humains.
L'héroïne de cette histoire est une jeune roturière de dix-sept ans, Jeanne, qui vivait tranquillement dans son petit village, avec ses parents et ses frères, jusqu'à ce que tous se fassent tuer (ou plutôt massacrer) pour trahison. J'ai été assez étonnée par la rapidité de toutes ces morts dès le premier chapitre, je ne m'y attendais pas du tout. Bref, Jeanne réussit miraculeusement à s'en sortir en se faisant passer pour une noble, et se retrouve à faire le voyage en carrosse avec un vampyre en direction de la capitale : Versailles. [...]
Jeanne arrive donc dans une école qui forme les jeunes nobles à leur entrée à la Cour. On y enseigne l'art de la discussion, l'équitation, l'escrime... bref, tout ce qu'une personne bien née doit savoir faire pour briller en société. Personnellement je suis restée assez dubitative devant la pauvreté des joutes oratoires des personnages : on se traite de mouton, on fait des jeux de mots plutôt ridicules... Soit c'était vraiment comme ça à l'époque et la Cour de France devait vraiment s'ennuyer, soit l'auteur n'est vraiment pas doué pour ça. Même les ados d'aujourd'hui ont bien plus d'imagination quand il s'agit de clasher quelqu'un.
Je reviens sur notre héroïne, à laquelle je n'ai pas du tout accroché. Elle perd trop facilement son sang-froid, elle est hypocrite et est prête à tout pour se venger, peu importe les victimes collatérales (elle a bien quelques moments de culpabilité, mais très très brefs). Parce que Jeanne n'a qu'un objectif : venger la mort de sa famille. Si au départ elle veut tuer le vampyre qui l'a accompagnée à Versailles (c'est lui qui a achevé sa mère), elle reporte finalement sa haine sur
Le Roy. Pourquoi pas voir plus grand, en effet ? Un tel projet eût été crédible si Jeanne avait été un minimum maligne, ce qu'elle n'est pas. du tout. Elle lance sans cesse des plans sur la comète. [...] À cause de ses choix insensés, elle se retrouve souvent en mauvaise posture, mais s'en sort à chaque fois comme une fleur. À chaque fois. (Oui je me répète mais tant pis.) C'en est exaspérant.
Il y a vraiment trop de facilités dans ce récit. Tout lui tombe dans la main. Dès le premier cours, elle réussit une joute verbale contre une de ses rivales, et hop ! la prof lui dit qu'elle est digne de concourir à la Gorgée du Roy, une cérémonie qui permet aux deux gagnants d'être recrutés dans la garde mortelle du monarque. C'est comme si vous répondiez juste à une question au lycée et que le prof vous disait que vous êtes prêts à avoir votre bac. C'est n'importe quoi. Et bien sûr elle ne réussit aucune des épreuves par elle-même mais grâce aux autres (soit parce qu'elle va avoir de l'aide, soit parce que les autres auront eu moins de chance qu'elle).
Idem pour la romance, qui tombe comme un cheveu sur la soupe. [...] du coup on se retrouve avec des conversations ultra mièvres entre les deux personnages, avec des phrases ultra clichées. J'ai levé les yeux au ciel un nombre incalculable de fois, ça fait mal à force...
[...]
En bref...
Ce premier tome de Vampyria ne tient malheureusement pas ses promesses.
Victor Dixen a beau avoir une bonne plume et de bonnes idées, cela ne suffit pas. Si l'univers imaginé par l'auteur est vraiment très intéressant, les clichés qui se multiplient au point d'en devenir indigestes viennent gâcher toute son originalité. L'absence de manichéisme de l'héroïne aurait pu être un plus, si cela était pleinement assumé et si elle n'obtenait pas tout avec une facilité déconcertante étant donné son manque flagrant de jugeote. Les personnages, humains comme vampyres, sont tellement stéréotypés et leur actions souvent si prévisibles, à l'exception de deux-trois surprises, que l'on finit par s'ennuyer.
Moi qui adore les histoires de vampires... ce fut une grosse déception. Je m'attendais à un récit mieux maîtrisé que cela, plus crédible. [...]
Victor Dixen plaît pourtant à beaucoup de lecteurs, mais il ne doit simplement pas être un auteur fait pour moi.
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