en dépit de certains bruits qui courraient sur le fond de ma nature je ne cherchais pas ce genre d'exercice. Personne ne comprenait comment je pouvais supporter ça. Meme Sarah me regardait quelquefois en secouant la tete, ne sachant que penser. N'empeche que Lou m'avait sauvé la vie. Et qu'il continuait encore de me remettre les idées en place, à sa façon....Je n'aimais pas recevoir de raclée, pas plus que d'exécuter un vol plané dans la rue. Mais ce n'était rien comparé aux trois années de dépression que j'avais traversées. Quelle rigolade que de saigner du nez ou de se relever avec une bosse ! Chaque fois que je roulais sur le sol, je m'éloignais des ténèbres.
Il était deux heures du matin. Perdre sa fiancée dans ces eaux-là vous causait un mal indéfinissable, particulièrement difficile à situer. J'aurais dit les jambes, mais peut-être sentais-je quelque chose au niveau du ventre, ou là, juste au milieu du dos. ce n'était pas une de ces douleurs aiguës, qui vous frappaient en plein jour, non, c'était plutôt comme un poison très lent qui agissait par pallier et qu'un aurait coupé d'euphorisants car la plongée se déroulait sans heurts, dans le calme et la résignation.
Peut-être n'était-ce que cela qui induisait à la paix de mon esprit, qu'une forte oxygénation de l'air. je me forçais, par moments, à me demander ce que je fichais là, mais c'était comme de planter une aiguille dans une peau insensible. Ni ma situation ni les événements qui se déroulaient autour de moi, si délirants qu'ils fussent, ne me tracassaient outre mesure.