Ce qui ne nous tue pas est l'histoire d'une douleur : celle d'abord, de Lola, qui souffre des disputes de ses parents, qui se révolte contre l'incompréhension des profs, contre la maladresse de ses amis. Et qui un jour, n'en peut plus de sa solitude, de se sentir seule face à tous ces sentiments, de haine, de rejet, de tristesse, ces cris de rage qui l'assaillent le soir quand elle est dans sa chambre. Alors Lola fugue, fuit pour oublier les lâchetés ordinaires de ses parents qui doucement se haïssent, Lola fuit pour oublier la colère qui prend possession peu à peu de son corps et qui lui fait faire n'importe quoi, jusqu'à faire du mal à ceux qui l'entoure, Lola fuit pour ne pas imploser. Elle n'attend rien ni du présent ni de l'avenir, elle a ce sentiment difficile que plus rien ne la retient. Et dans sa fuite, Lola va rencontrer une autre solitude, une autre douleur : celle d'une vieille dame, Simone (dont le vrai nom est en fait Colette), chez qui Lola va squatter d'abord par besoin, puis pour aider Simone. Car Simone a la mémoire pleine de trous, elle prend Lola pour une autre, la laisse s'installer et lors des brides de lucidité qu'elle possède, la vielle dame va aider Lola, elle aussi, à sa manière. Ces deux êtres pleins de solitudes, de blessures, vont peu à peu s'apprivoiser. Et la douleur va doucement faire place à un autre sentiment : la douceur.
Deux générations s'entrechoquent et vont s'aider, se soutenir mutuellement. Face à la solitude désarmante de Simone, Lola va trouver des remèdes, un peu de ménage dans l'appartement délabré, faire chauffer de la soupe et puis surtout combler les souvenirs de la vieille dame, en lui inventant un passé doré, fait de cinéma, de crépitement des flashs des photographes, de lumière et d'amour. Et Lola en s'appliquant à prendre soin de Simone, va revenir à elle, et faire des ses erreurs une force insoupçonnée, quelque chose qui va la reconstruire, l'expérience de l'autre, de l'entraide, de la tendresse.
Antoine Dole nous offre le beau récit d'une maturité, d'une métamorphose, celle de la colère adolescente en douceur. Les deux états se confrontent, la narration étant en deux temps : le chemin de Lola à la première personne où l'on suit la chute de la jeune fille jusqu'à sa fugue et un autre récit, à la troisième personne, qui nous dévoile la rencontre de Lola avec la vieille dame, une rencontre qui va faire renaître la jeune collégienne. le roman est simplement beau, différent je trouve des précédents d'Antoine Dole, comme
Laisse brûler ou
K-cendres, et pourtant on y retrouve cette dureté à s'élever face à la vie, cette jeunesse qui se cogne aux sentiments, aux autres et parfois même contre soi. Ici le récit - à l'écriture si reconnaissable de l'auteur - est pourtant plus apaisé, doux, optimiste.
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