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EAN : 9782330108274
128 pages
Actes Sud Junior (22/08/2018)
3.85/5   174 notes
Résumé :
Huit adolescents. Huit voix. Ils ne se connaissent pas mais ont en commun de rejeter les codes traditionnels de la société japonaise. Tous laissent entrevoir un furieux besoin d'imposer leur trace dans ce monde. A Ueno Park, ils vont se trouver réunis pour Hanami, le spectacle de l'éclosion des cerisiers.
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3,85

sur 174 notes
Que d'émotions et de choses à comprendre sur la société japonaise dans ce court mais intense roman d'Antoine Dole!

Huit voix adolescentes se succèdent, tissant huit histoires hors des cases choisies pour elles. le Japon a un dicton pour le moins explicite : "Le clou qui dépasse appelle le marteau". Antoine Dole met en scène huit clous qui souffrent ou ont souffert, qui ne marchent pas dans les traces standardisées. Chaque voix, fille ou garçon, se raconte et explique son mal être, sa colère, sa résignation aussi parfois. Qu'il s'agisse d'Ayumi, hikikomori, de Natsuki, la rebelle pratiquant l'enjô-kosai (sortir avec des hommes plus âgés contre de l'argent), Sora, adepte du genderless kei (androgynie) et du maquillage, tous portent en eux des plaies et fêlures. Que ce soit par des attaques physiques ou verbales, par de lourds non-dits, par une pression trop forte ou par l'indifférence, tous ont été blessés.
L'auteur montre avec brio la tendance à exclure tout ce qui ne rentre pas dans les normes de la société japonaise. Freeters, hikikomori, rebelles, ... sont considérés comme des déchets, des inutiles. le père d'Ayumi ne dit-il pas lui-même que ce serait plus acceptable et moins honteux que sa fille unique soit morte plutôt que recluse volontaire dans sa chambre?

Uniquement nippon, ce constat d'intolérance? Hélas non. Trop de faits divers et incivilités au quotidien montrent combien la différence dérange, un peu partout dans le monde. La bêtise et les préjugés n'ont ni couleur ni nationalité. Pourtant, comme le dit si bien Sora, " Il suffirait de si peu pour que chacun ait sa place. Un peu d'amour, de compassion, d'empathie, de tolérance."

Je lis la prose d'Antoine Dole pour la première fois. Non seulement je suis conquise par la qualité de son écriture et de ses récits, mais aussi par sa capacité à pénétrer l'âme de ses jeunes héros et à nous la dévoiler en pleine lumière, sous les frondaisons chargées de fleurs de cerisiers du parc Ueno qui donne son nom au titre. C'est un des endroits préférés des Tokyoïtes pour célébrer O-hanami, la contemplation des sakura en floraison. Chacune à sa façon, les huit histoires tirent de cette fête traditionnelle et extrêmement prisée un message, une philosophie de vie, le courage d'affronter les épreuves. le courage de rester en vie, cette étincelle éphémère qui, comme les fleurs de cerisiers, belles et fragiles, passe si vite et doit se savourer au moment présent.

Un beau texte, présentant pourtant de dures et douloureuses situations mais porteurs de beaux messages disséminés dans le récit de chacun. Merci Monsieur Dole pour ce concentré d'émotions et de beauté!
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Nostalgique de notre voyage à Tokyo (où, vu la conjoncture actuelle je ne suis pas prête de retourner) je me suis plongée dans Ueno Park d'Antoine Dole.
Huit adolescents. Huit voix. Ils ne se connaissent pas mais ont en commun de rejeter les codes traditionnels de la société japonaise. Tous laissent entrevoir un furieux besoin d'imposer leur trace dans ce monde.
A Ueno Park, ils vont se trouver réunis pour Hanami, le spectacle de l'éclosion des cerisiers...
Ueno Park se situe à Tokyo et ce roman est en fait un petit recueil de nouvelles, il nous présente huit tranches de vie de huit jeunes japonais.
Nous découvrons en premier Ayumi, une jeune fille qui s'est mise à l'écart des autres pendant deux ans, trois mois, et vingt-neuf jours. Tout allait bien pour elle jusqu'au jour où elle ne s'est plus senti à sa place parmi ces camarades..
Sora quand à lui est un garçon... à moins que les choses ne soient pas si simples que ça.. Il est tellement facile de se cacher derrière un costume, dans une autre identité et de devenir une autre...
Füko est une jeune fille malade, clouée dans un fauteuil roulant elle parcourt le parc, poussée par sa soeur.. avant de partir vers un autre monde...
Natsuki ressemble à une poupée, ici dans ce parc. Elle est jolie, et joue un rôle elle aussi. Tout va bien jusqu'à ce qu'elle reconnaisse un père de famille avec qui elle a joué un rôle...
Haruto est arrivé à Tokyo après avoir fuit la côte avec sa mère, suite à un tsunami. Ils ont tout perdus. Alors le jeune homme se destine à une carrière qu'il ne veut pas vraiment..
Daïsuké fait des pancakes à proximité du parc, tous les jours il voit les touristes et les japonais s'y diriger..
Aïri est une jeune fille qui attend que son grand amour la rejoigne.
Enfin, nous découvrons Nozomu, un jeune sans abri. Il va faire une rencontre...
Ueno Park nous présente donc huit jeunes gens qui ont pour particularité d'être en marge de la société dans laquelle ils vivent. Certains le sont moins que d'autres toutefois les apparences peuvent être trompeuses.
Je n'ai pas été perdu par le cadre car même si nous ne sommes pas allé à Ueno Park, certains lieux dont parle l'auteur me sont familiers, ce qui m'a permis (pour mon plus grand bonheur) de me replonger en pensées à Tokyo. Je connais les rituels de leur religion pour avoir vu des japonais les effectuer dans deux des parcs que nous avons visité donc là encore j'imaginais bien les scènes.
De plus, même si nous n'avons pas assister au Hanami, nous avons eu la chance de voir de nombreux cerisiers en fleurs. Autant vous dire que j'ai apprécié ma lecture et l'ambiance qui s'en dégage car j'ai fait un bond au Japon sans aucune difficulté.
Les tranches de vie décrites par Antoine Dole montrent bien la difficulté pour certains de vivre dans une société japonaise très rigoureuse, très cadrée. Nous nous en sommes rendu compte à de nombreuses reprises, par exemple il y a des endroits spécifiques pour fumer, des sens pour les trottoirs. C'est assez surprenant pour nous européens.
Ils sont très libérés dans leur façon de s'habiller, de se déguiser mais pourtant on sent que leur vie est très cadrée. Les écoliers portent un uniforme, ils sont tous très calmes. C'est une société très différente de la notre et c'est peut-être pour cela que ça me fascine tant.
Ueno Park est un ouvrage qui m'a beaucoup plu car les huit jeunes gens ont chacun leur histoire, leur personnalité et pourtant ils ont en commun de chercher leur place.
Certains m'ont plus touchés que d'autres, mais tous m'ont intéressé et je suis ravie d'avoir fait leur connaissance.
Ce livre me tentait à sa sortie et je suis bien contente d'avoir pu enfin le dévorer grâce à la bibliothèque.
Ma note : cinq étoiles
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Ce tout petit roman est en fait une succession de tranches de vie, celles de huit jeunes gens, filles et garçons, habitants à Tokyo et qui se trouveront tous au parc Ueno durant une journée pendant laquelle les cerisiers sont en fleurs.
Ces huit jeunes sont tous en marge de la société, pour des raisons différentes, une société extrêmement rigide et cadrée qui ne tolère pas que l'on sorte du rang.
Ces jeunes n'acceptent pas de devoir se plier aux règles établies. Parfois ignorés, craints, humiliés, regardés avec pitié, dégoût ou effroi, ils tentent tous de trouver leur place au sein de cette ville.
La diversité de leurs parcours est intéressante, entre un jeune SDF, une ado atteinte de leucémie, un garçon ayant vécu le traumatisme du tsunami, une autre qui sort avec des hommes pour de l'argent, un garçon qui se travesti…
J'ai beaucoup aimé ces récits courts, justes et très touchants, les jeunes y expriment des sentiments très bien décrits, poignants sans être exagérés, criants de vérité et qui en disent long sur la société japonaise.
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"Dans ce moment de solitude, je suis assis là comme sur le contour des choses. Ni tout à fait dedans, ni vraiment en dehors."

Huit adolescents, tous différents, tous en souffrance, se retrouvent à Ueno Park pour Hanami, le jour où les cerisiers japonais fleurissent. Ayumi, Sora, Fuko, Natsuki, Haruto, Daïsuke, Aïri et Nozomu ressentent le besoin de se trouver dans ce lieu, ce jour-là, mais ils ne se croiseront pas. Ils ne se connaissent pas.

"Station Ueno. À la sortie de la gare, on aperçoit dans les hauteurs quelques branches d'arbres qui griffent le gris du ciel. de minuscules touches roses viennent aussitôt panser ces plaies qui déchirent les nuages. Des pétales, comme des points de suture sur la grisaille. C'est ce que je suis venue chercher, aux premières heures du jour. D'ici, je peux entendre les battements de coeur de la ville, l'énergie qui l'anime et tout ce qui la rend vivante."

Celui qui est parti de chez lui pour ne plus être un poids financier pour sa mère. Celle qui vit recluse dans sa chambre depuis deux ans. Celle qui est malade, très malade. Celle qui est fan, et croit en ses fantasmes. Celui qui a survécu à un tsunami et qui essaie de revivre après le traumatisme. Celui qui est asexué… Tous se sentent en retrait des règles et codes de la société actuelle japonaise. Marginalisés. Et pourtant, dans leurs différences, finalement ils se ressemblent.

"Je sais que nous vivons la même émotion à cet instant.
Nos coeurs apprennent à se parler, sous les cerisiers en fleurs de Ueno Park.
Leurs branches accrochent des lumières au-dessus de nos têtes.
Elles dissipent les ombres qui nous habitent.
Un par un.
Une par une.
Nous ne sommes plus étrangers à nous-mêmes.
Et du même élan, plus tout à fait étrangers aux autres."

Huit voix, huit histoires. Huit destins.

"C'est la naissance d'un monde. Ce même miracle à chaque fois. le retour à la vie d'une partie de moi.
Combien d'heures sont passées pour te faire apparaître dans le miroir ?
Combien d'heures pour redevenir toi ?
Je t'aime tellement que je ne compte pas.
Ce que je vois dans le miroir à présent, c'est celle qui dort au fond de moi quand les autres me veulent autre.
Celle que je suis vraiment.
Je me vois.
Moi."

Leur passage à Ueno Park est l'occasion de faire le point. Un bilan de leurs jeunes années. de réfléchir à qui ils sont, et qui il deviendront, ou pas. de leurs réflexions profondes sur leurs différences et leurs vies se dégagent de la maturité, du courage, de l'amour, mais aussi du dépassement de soi, et du respect de soi-même et des autres. Leurs réflexions cheminent en même temps que les fleurs se préparent à éclore. Une nouvelle saison. Un nouveau départ.

"Mais je ne suis pas morte.
Même si je ne suis plus tout à fait vivante.
Je suis interrompue.
C'est arrivé, c'est tout. Je n'ai rien décidé. Je n'ai rien voulu.
J'allais bien, et la seconde d'après, j'étais cassée.
Une cassure qui ne se répare pas.
J'avais renoncé."

L'écriture d'Antoine Dole est fluide. Les mots et les phrases s'enchaînent en même temps que les émotions. J'ai souvent eu les larmes aux yeux en lisant ce roman. Sans pourtant m'identifier aux adolescents, j'ai ressenti leur mal-être. Jusqu'à souffrir pour eux. Avec eux. Vouloir les aider. Ou au moins les écouter. le roman s'attache à ce moment, lors d'Hanami, mais j'aurai aimé les suivre plus longtemps, les voir évoluer.

Le texte est beau. Touchant. Bouleversant. Un court roman jeunesse, à lire d'un seul souffle. Huit voix pour une leçon de vie et une grande bouffée d'oxygène. Ueno Park, c'est un tourbillon d'émotions. Et d'espoir.

"Je vais partir, et tout ce vide que je laisse, il faudra le remplir de choses merveilleuses."
Lien : https://ellemlireblog.wordpr..
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Huit personnalités, huit révoltes adolescentes, huit « moeurs » controversés au Japon où souvent tout est rigide, linéaire et sans travers ! Succinct mais efficace.

La culture japonaise est bien connue pour être dans une espèce de perfection permanente qui ne déborde jamais ou très peu, les rues sont propres, la population, pourtant nombreuse, ne se marche jamais dessus, il y a un réel dynamisme, les hommes au travail, les femmes ont généralement ce rôle de femme d'intérieur qui s'occupe du mari et des enfants, mariées avant un certain âge sinon rapidement cataloguées de vieilles filles ou mal vues dans une société fortement normée, une sorte de fourmilière géante, efficace, mais aussi profondément bornée. Étonnamment, c'est dans cette société ultra rigide que certains laissent place à une fantaisie excessive (il n'y a qu'à regarder leurs jeux télévisés), à un look coloré et sexy (K-Pop et autre business) ou encore à des idées trash (plongez dans les mangas hentaï du genre Urotsukidoji…), certainement une façon d'exorciser une pression souvent trop intense. C'est dans ce contexte que l'auteur à puiser ses idées pour écrire Ueno Park, sans critiquer le pays, mais plutôt en soulevant ce que peut cacher cette image de perfection, l'auteur dresse huit portraits d'adolescents en marge d'une société qui en demande beaucoup et qui laisse peu de place à l'émancipation et aux « hors normes ».

L'auteur a voyagé au Japon et en garde un souvenir impérissable, il en parle d'ailleurs de manière concise et succincte dans un prologue. Il est vrai que le pays du Soleil levant à sa manière émerveille par une histoire traditionnelle passionnante, attise les papilles par des spécialités culinaires folles et délicieuses, tout une culture, une langue, une histoire qui ne demandent qu'à être connues. Je suis personnellement attirée par ce Japon là, un peu moins pour celui qui codifie et inhibe sa population au point d'avoir quelques ratés psychologiques. le Japon, c'est aussi les sakuras, les fameux cerisiers en fleurs, magnifiques aux floraisons succinctes. Tous les ans, dans les parcs, est fêté Hanami, période au cours de laquelle les japonais et les touristes peuvent observer les jolies fleurs aux pétales roses pâles. Ici, l'histoire se passe à Ueno Park au coeur de Tokyo, capitale effervescente où huit jeunes gens se retrouvent à travers leur singularité. L'auteur pointe du doigt une jeunesse qui se cherche à travers huit personnages.

Ayumi est une jeune fille studieuse, première de la classe qui réalise un jour que ce n'est pas l'excellence qui rend heureux quand on est profondément seule. Après une période cloîtrée chez elle, elle décide de reprendre contact avec le monde extérieur en fêtant Hanami seule.

« Et je souris à ces vies que les fleurs de Hanami nous aident à célébrer. A ces vies qui nous manquent et que des vents contraires ont emporté trop tôt. A celles qui naissent, fleurissent et se dévoilent en plein soleil. A celles qui s'égarent et retrouvent leur chemin. Et à toutes celles, précieuses et pleines d'espoirs, qu'il nous reste encore à vivre. »

Sora est un jeune homme qui se sent profondément fille et en prend l'apparence au grand dam de ses parents qui jouent les aveugles, et subit chaque fois les moqueries et les regards haineux des uns et des autres intolérants.

« Je suis une fleur et je m'ouvre au regard de cette foule. Je me sens plus proche de moi que je ne l'ai jamais été. Dans ma vérité. »

Fuko est une jeune fille malade, atteinte de leucémie, se déplaçant en fauteuil roulant et que la vie épuise à petits feux. Elle vit ces derniers instants auprès d'une soeur aimante et pleine d'énergie !

« Tu m'as emmenée à l'endroit exact où nous ne mourons jamais. Celui des souvenirs. Au milieu des fleurs qui bercent les espoirs. »

Natsuki est une jeune fille qui joue de son sex appeal auprès des hommes d'âges mûrs pour gagner un peu d'argent, pas de sexe, juste de l'escorte, une oreille attentive et un profond dégoût pour ceux qui ont le monopole.

« Être une femme dans un monde d'homme. Une asphyxie lente te guette auquel il te faudra toute ta vie vie, être attentive. Pour ne pas devenir une ombre. Pour ne pas disparaître. »

Haruto est un jeune homme qui a perdu son père au cours d'un séisme. Aujourd'hui, il se retrouve à vivre dans l'ombre du père défunt pour faire plaisir à sa mère, en réalité il aspire à d'autres rêves.

« C'est ça mon rêve. Devenir musicien. Parcourir le monde. Rêver en grand. Vivre une vie que j'ai choisie. »

Daïsuké n'a pas fait d'étude et travaille dans une échoppe à pancakes et vit encore chez ses parents.

« Je suis celui qu'on ne voit pas, mais à qui l'on confie un sourire sur le chemin du parc. (…) C'est ma façon d'appartenir à cet endroit. Ma façon d'être utile aux autres. »

Aïri est une jeune fille névrosée qui attend patiemment l'arrivée de celui qu'elle aime sous un cerisier en fleurs.

« Les lettres de son prénom sont gravés dans ma chair. Je l'ai fait hier avec la pointe de mon compas. Makoto mon amour. Mon idole »

Nozomu est un jeune homme SDF qui a une famille qui l'attend quelque part, mais qu'il a préféré quitter pour des raisons financières.

« Nous ne somment les étrangers que d'un instant. Un instant de solitude, de peur, d'inconnu. Un sourire nous en délivre, une parole, un geste. Pour exister au creux de l'autre, se lier. »

Autant de personnalités, pour autant de réflexions sur l'individualité, ce qui fait ce que nous sommes, avec des questionnements sur la solitude, notre identité sexuelle, sur la vie, la maladie, la mort, mais aussi sur la place de la femme et de l'homme dans une société patriarcale, sur le regard des autres quand vous ne suivez pas une certaine linéarité, sur l'image de votre activité professionnelle, votre place dans une famille, et sur les échappées psychologiques destructrices, ces vies inventées par les adolescents pour échapper à leur quotidien, l'aspect financier au sein d'une famille, autant de thèmes qui touchent les adolescents japonais mais pas que. L'auteur décrit des personnalités bien marquées, avec toujours ce côté dramatique qui finit cependant toujours sur une note positive ou d'espoir. C'est plutôt bien fait, avec ce fil conducteur autour d'Hanami, ces tâches individuelles qui paraissent gangrener la société et qui finalement se révèlent plus lumineuses et porteuses d'ouverture d'esprit, d'acception et d'individualisation que tout autre chose. J'ai particulièrement apprécié la façon dont l'auteur finit son récit, la « boucle est bouclée ».

En bref, un roman qui narre huit tranches de vie de jeunes adolescents japonais en proie à des pressions qui les dépassent, à des codes sociétaires qui devraient les forger dans un moule et pourtant, ces huit jeunes nous ouvrent les yeux sur beaucoup de thématiques sensibles et sur une certaine liberté d'être ce que l'on est, le tout écrit avec une plume belle et sensible. Concis et efficace !

Je remercie les éditions Actes Sud Junior pour cet envoi et l'auteur Antoine Dole pour sa dédicace.
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
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critiques presse (4)
Culturebox
12 décembre 2018
Ce court roman propose une belle galerie de personnages, chacun son chapitre, tous traversés par des difficultés ou des peines, qui vont trouver dans le parc de Ueno à l'occasion de cette célébration de la renaissance une forme d'apaisement.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Ricochet
03 décembre 2018
Il y a dans ces textes et dans les personnalités des personnages d’Antoine Dole tant de justesse qu’on est comme sur un fil tout du long de ces presque 120 pages. Le sentiment d’être seul est très bien rendu et beaucoup de lecteurs adolescents se reconnaîtront certainement, à cet âge où l’on se cherche une place parmi tant d’êtres humains.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Liberation
30 novembre 2018
Les huit ados dont Antoine Dole sonde le cœur analysent leur solitude, l’un après l’autre. Ils se croiseront, se reconnaîtront, ou pas. Ils sont confrontés au destin qu’on a tracé pour eux.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
26 octobre 2018
Dans ce livre choral à destination des 14 ans et plus, Antoine Dole donne la parole à huit adolescents tokyoïtes. En quête d’identité face à une société rigide et conservatrice, tous convergent vers ce parc de la capitale japonaise à l’occasion de la floraison des cerisiers. Simple et profond.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Station Ueno. À la sortie de la gare, on aperçoit dans les hauteurs quelques branches d’arbres qui griffent le gris du ciel. De minuscules touches roses viennent aussitôt panser ces plaies qui déchirent les nuages. Des pétales, comme des points de suture sur la grisaille. C’est ce que je suis venue chercher, aux premières heures du jour. D’ici, je peux entendre les battements de coeur de la ville, l’énergie qui l’anime et tout ce qui la rend vivante.

Les odeurs de curry et de dashi recouvrent lentement celle de la bruine matinale sur le trottoir, tandis que les échoppes se préparent à l’ouverture. J’avance en regardant mes pieds. Un enchaînement de petits pas entre les taches d’ombre et de lumière qui se dessinent au sol. Dans le train que j’ai pris pour venir, une femme m’a dévisagée avec insistance. Elle devait être surprise que je ne porte pas l’uniforme d’une école alors que la rentrée scolaire a eu lieu il y a quelques jours. J’ai tourné la tête pour regarder au loin, à travers la vitre. Chez moi, on garde nos cris et nos secrets au fond de soi.
Ueno Park n’est qu’à quelques minutes de la gare. Je prends une grande inspiration et, avec elle, mes semelles avalent les derniers mètres pour me mener jusqu’à la grande place. Un cerisier immense accueille les visiteurs, à l’entrée du parc. Son tronc noir se tend vers les bâtiments du quartier comme pour leur dire de reculer, tandis que les fleurs sur ses branches se déploient dans le ciel, prêtes à s’envoler. Un éclatement de douceur contre le paysage de béton froid. Je me
retourne. Vu d’ici, Tokyo n’est plus cette capitale immense qui mâche les corps et les recrache. Cette ville qui m’a tant fait peur ces derniers mois semble retenir son souffle. J’entends sa voix au loin, les bruits de la rue se mélangent pour faire parler Tokyo.Mais qu’a-t-il à me dire ? Et après tout ce temps, suis-je encore capable de l’écouter et de le comprendre ? Ce matin, je suis partie avant que mes parents ne se réveillent. Je ne voulais pas qu’ils insistent pour m’accompagner. Tout au long du trajet qui m’a menée ici, j’ai la sensation d’avoir marché sur la pointe des pieds, en effleurant à peine le sol. À chaque pas, mon coeur sur le point de lâcher.
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J'étais cette petite fille parfaite, qui sourit, qui ne dit rien, même quand le dedans a mal. Des contorsions, toujours. Ne jamais être un obstacle. Dire oui. Obéir. Faire ce qu'on attendait de moi. Ne pas être une difficulté. Mais pour chaque sourire, j'avais une larme. Pour chaque victoire, une défaite. J'étais cette petite fille parfaite, oui, mais prête à m'effondrer. J'ai consacré toute mon énergie à tenter de faire tenir debout mes morceaux et mes fracas.
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Grand-père avait raison : c'est tout l'arbre qu'il faut regarder. Chaque fleur est une réponse à l'autre. Un grand tout qui redessine le paysage et le transforme. Ce changement, c'est une force que l'on porte en nous. Cette histoire que la nature nous récite depuis des siècles est un rendez-vous pour ne pas que l'on oublie. Elle nous raconte, dans son langage végétal, que tout pourrait être différent. Que chaque instant est une opportunité à saisir. Un sourire à donner. Une porte à franchir. Un cœur à explorer. Une vérité à dire. Un avenir à vivre. Il s'agit juste de s'ouvrir. D'éclore. Accepter d'être, parmi ces milliers de fleurs semblables en tout, à la fois unique et singulière, libre. Et le reste, c'est cet arbre immense qui le porte. Le poids de nos espoirs comme de nos doutes, de nos rêves et de nos combats. Rien de tout cela n'est vain. Ce n'est ni un début, ni une fin. Chaque parole que l'on prononce est un recommencement. Et notre vie, un cadeau éphémère que cet univers a à saisir, pour peu qu'on la lui offre.
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“À la sortie de la gare, Ueno Park n’est qu’à quelques minutes. Un cerisier immense accueille les visiteurs. Un éclatement de douceur contre le paysage de béton froid. Vu d’ici, Tokyo n’est plus cette capitale immense qui mâche les corps et les recrache. Cette ville qui m’a tant fait peur ces derniers mois semble retenir son souffle. Tout au long du trajet qui m’a menée ici, j’ai la sensation d’avoir marché sur la pointe des pieds, en effleurant à peine le sol. À chaque pas, mon coeur sur le point de lâcher.”
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Ici, personne ne sait mon âge et j'ai pris soin de ne rien dire aux autres. Les nuits passées dehors, à même le sol, brouillent les pistes et nous transforment. Elles nous cassent, nous façonnent, nous préparent à prendre la forme qui nous permettra de tenter de survivre à la rue. Cette apparence, c'est ce qui aide à ne plus exister dans le regard des autres. Ils ne nous voient plus et nous laissent tranquilles. A Ueno Park, nous sommes cette population invisible , tapie dans de minuscules maisons de fortune en carton que le vent renverse.
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