Ils s'aiment dans un endormissement progressif de leurs forces vives.
C'est vivre qui nous tue, oui. C'est vivre qui nous tue. Parce qu'on souffre et elle s'en fout, cette vie, que l'on s'accroche ou non.
Mais tandis que la boîte vocale énumère les options, Jérémy suffoque en retenant ses larmes, rien n'indique la touche sur laquelle appuyer pour un dégât de soi.
Il se tient là, au bord de devenir père, avec pour seule certitude l'idée d'en être incapable, et cette sourde envie de crever.
C'est pas si difficile, mourir. Oui, c'est vivre qui réclame un effort. S'accrocher, faire bonne figure, mentir aux autres, se tenir là, au milieu d'eux, droit et le souffle clair, sans suffocation, sans soupir. Sans donner l'impression de trouver ça pesant, les sourires vides qu'il faut redessiner sans cesse, tous ces masques à lustrer pour qu'ils soient beaux et brillants.
Le sourire qu'elle adresse, quand on le lui demande, est une fissure donnant sur du vide.
Elle veut que cela reste réel le plus longtemps possible. Elle veut y croire. Jérémy et elle. Une vie qui les réparerait tous les deux.