Au cours de mes lectures, à plusieurs reprises ces derniers mois, j'ai croisé Lily Pastré, pour être plus précise, Marie-Louise Double de Saint-Lambert, comtesse Pastré (1891-1974) (« Elle Edmonde » de Jean-Nöel Liaut, « Un chemin vers la liberté sous l'occupation » de Daniel Bénédite…) Grâce à François Donadieu, je pensais découvrir beaucoup plus sur cette femme passionnée et passionnante, personnalité emblématique qui marqua la cité phocéenne, qui mit sa fortune au service de l'Art et des artistes, plus particulièrement des écrivains , des peintres, des musiciens, des comédiens qui, en dépit des risques encourus, ouvrit sa bastide rose du XIX e - le château Montredon- à Marseille et accueillit à partir de 1940, avec une générosité débordante, bon nombre d'exilés juifs et autres personae non gratae (les pianistes Youra Guller Clara Haskil, la harpiste Lily Haskine, le peintre Rudolf Kundera, les compositeurs Norbert Glanzberg, Darius Milhaud, le chef d'orchestre Manuel Rosenthal, les écrivains André Breton, Lorenzo del Vasto…), elle qui fut à l'initiative de la création du Festival d'art Lyrique d'Aix-en-Provence .Pourtant Lily n'aurait pu être qu'une aristocrate extravagante, excentrique dépensant sans compter pour satisfaire ses propres désirs puisque elle était la fille cadette d'une famille riche de la haute bourgeoisie marseillaise , celle qui créa et commercialisa le fameux vermouth Noilly-Prat.
La biographie de Lily se décline chronologiquement, avec mise en exergue des moments les plus importants de sa vie . Différents personnages se livrent à des réflexions (l'aïeule, Anne-RosineNoilly-Prat qui dirigea la maison Noilly-Prat , spécialisée dans la production de vermouth, Lily, Maurice, le frère de Lily mort en 1916 dans la Somme, Marie-Laure de Noailles, Luc Dietrich, romancier, photographe…) et leurs commentaires étayent et éclairent le récit d'une façon originale.
Le château, désormais propriété de la ville de Marseille abrita, un temps le musée de la faïence, aujourd'hui fermé, il ne s'ouvre que pour accueillir des hôtes de prestige ou… pour quelques tournages de « Plus belle la vie »
Une lecture intéressante mais qui ne me permet pas de faire complètement connaissance avec ce personnage esthète, philanthrope, un brin fou et narcissique et tout à la fois prodigue et généreux.
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A la fin de l’après-midi, je suis allé dans la grande bibliothèque aux murs peints de motifs mythologiques saluer Varian revenu de la rue de Grignan, où il reçoit les postulants au départ. Il était en train de taper une lettre et en m’approchant, j’ai vu le papier à en-tête du Centre américain de secours. J’y ai lu sous la mention Comité de patronage entre les noms de Wanda Landowska et de Françoise Rosat, Comtesse Pastré. Varian a saisi la direction de mon regard. « Votre mère est un bon camarade, a good fellow, comme on dirait en Amérique mais je préfère user à son propos de l’expression bien française : une grande dame, c’est juste non ?
Alfred Tokayer -musicien
Il me racontait « J’ai dû fuir comme un criminel la ville où j’enseignais a musique, la ville même où Jean Sébastien Bach était maître de chapelle. Bach, notre génie allemand ! Savez-vous Lily, en quoi j’ai corrompu l’âme de cette musique ? En tant que juif, Lily, en tant que juif. »