Quant on évoque les grands romans de guerre, impossible de ne pas citer
Les croix de bois, de
Roland Dorgelès.
Publié juste après la fin de la première guerre mondiale, alors que l'auteur s'est inspiré de toutes les notes qu'il a prise durant le conflit, il s'agit, à mon avis, du roman le plus marquant consacré à "la grande guerre", au côté de A l'ouest, rien de nouveau, d'Erich Marcia Remarque.
Pourtant, aujourd'hui, on lit sans doute moins
Les croix de bois qu'il y a un demi-siècle. Pour quelle raison ? Peut-être parce que, pour un lecteur du XXI°, l'oeuvre de
Dorgelès est un peu plus difficile à lire que pour les lecteurs nés deux générations plus tôt.
Le roman est une succession de tableaux et de saynètes de la "vie" (et la mort) des troufions sur le front de l'est, près de trois cents pages bourrées aux trois quarts de dialogues.
Et ces dialogues sont des échanges incroyablement vivants et réalistes de jeunes hommes nés au XIX° siècle : un vocabulaire et des expressions de cette époque, de l'argot, des formules à l'emporte-pièce telles que pratiquées dans les campagnes et les villages français. Et je ne suis pas certain que tout cela soit si compréhensible que cela pour un jeune contemporain...
Ceci mis à part, il est étonnant de redécouvrir, avec cette nouvelle lecture, à quel point
Roland Dorgelès maniait les dialogues avec une aisance, une agilité, que n'auraient pas renié les scénaristes du cinéma parlant, un demi-siècle plus tard. J'ai même la sérieuse impression que, sans
Dorgelès,
Michel Audiard n'aurait pas été le même !
Un exemple ? Cette phrase d'un des héros, Sulphart (Chapitre 2) : "Si les c... nageaient, t'aurais pas besoin de bateau pour traverser la Seine" . Cela ne vous dit pas quelque chose ?
Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page
Lien :
https://www.letournepage.com..