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sur 2893 notes
Un court roman passionné et passionnant
Dostoïevski était un joueur de roulette compulsif, toujours à cours d'argent. Il a également vécu une folle passion pour une certaine Pauline. Au début des années 1860, la roulette est interdite en Russie. Les riches aristocrates rallient donc les "Roulettenbourg" que sont les villes d'eau allemandes : Baden-Baden, Hambourg, Wiesbaden ou suisses comme Saxon-les-Bains près de Genève.
le narrateur, Alexeï , qui vient d'arriver à Roulettenbourg est un noble cultivé qui ne possède rien. Il est le précepteur des enfants d'un général russe ruiné qui sauve les apparences grâce à un train de vie fastueux. le général est entouré de ses deux enfants ; de sa belle-fille Pauline dont le narrateur est follement amoureux ; du marquis des Grieux, son créancier français aimé de Pauline et honni du narrateur ; de Blanche sa maîtresse française et de la mère de celle-ci. Toute la famille et les parasites qui l'environnent attendent ardemment le télégramme annonçant la mort de la tante du général, la richissime comtesse Antonina Vassilievna. Mais celle-ci débarque toute fringante sur son trône à porteur avec la farouche intention de bien profiter du séjour. Après avoir rembarré le général et jugé toute sa cour , elle charge Alexeï de la guider au casino...
Jusqu'à l'arrivée de la "Baboulinka", il est surtout question de passion amoureuse et d'argent. le narrateur Alexei est éperdument amoureux de Pauline, une femme de caractère, arrogante, cruelle et aussi orgueilleuse que lui. Elle l'envoie insulter un baron allemand pour ensuite se moquer de lui. Il est son bouffon, sa chose. Alexeï en est parfaitement conscient, se rebelle, se montre insolent avec elle mais il finit toujours par retomber à son état d'esclavage. Comme Pauline a de pressants besoins d'argent, elle lui demande de jouer pour elle. Elle n'a pas prévu ce qu'il va se passer. Lui non plus. Il deviendra l'esclave de la roulette comme il a été celui de Pauline. Cependant Alexeï est toujours lucide. Il se sait malade compulsif et nous dresse un compte rendu très clinique de son esclavage : fébrilité, effervescence, fièvre, angoisse, euphorie, désarroi, certitude de pouvoir se refaire...Il décrit la folie du jeu, la dénonce le plus souvent mais vante aussi le tempérament passionné des Russes, tempérament tellement supérieur à celui de ces froids et cupides calculateurs français.

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Le joueur est un court roman de moins de deux cents pages. Je m'attendais à une description de la compulsion du jeu menant à une sorte de damnation, avec force descriptions de chute dans un abîme. Quelle ne fut pas ma déception à la lecture de ce livre d'un des deux géants de la littérature russe du XIXe siècle !

Mais j'inclinai vite à l'indulgence envers ce pauvre Dostoïevski lorsque j'appris que, piégé par son éditeur, il s'était engagé à produire ce roman dans un court délai (il l'écrivit en un mois), ce qui l'obligea d'interrompre la rédaction de Crime et châtiment.

Comment ficeler une intrigue pertinente dans ces conditions ? Qui plus est, ce n'est pas dans la brièveté que cet écrivain a révélé son génie. Alors bien sûr, le joueur n'est pas dénué d'intérêt. Quelques passages sont bons, mais l'unité dramatique n'y est pas. L'histoire flotte beaucoup trop, certains aspects méritaient des développements qui les eussent justifiés.

La qualité d'écriture d'une histoire requiert de prendre le temps de bien penser et sentir les choses, voilà ce que je retiens de cette lecture. Que l'on soit ou non un génie, que l'on soit un débutant ou un romancier au talent déjà affirmé, rien de bien ne peut se faire sans que l'on y accorde le temps nécessaire.
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Au xixè à Roulettenbourg en Allemagne, dans une petite ville thermale à l'apparence paisible se déchaîne la passion pour le jeu dans un casino fréquenté par la haute société.
Un jeune précepteur russe Alexis Ivanovitch est au service d'un général retraité et de sa famille composée de deux enfants et de sa belle fille Paulina Alexandrowna dont Alexis est follement épris.
Autour de cette famille russe, vient se greffer des personnages tels que Blanche jeune et belle française opportuniste convoitée par le vieux général, Astley jeune et riche anglais amoureux de Paulina, et le marquis Des Grieux un français homme d'affaires sans scrupules aimé de Paulina qui possède l'hypothèque des biens du général ruiné.
Paulina qui est liée à une dette, traite cruellement le précepteur, Alexis fou d'amour s'avilit tel un esclave aux exigences de la jeune femme, au point de se risquer à tous les dangers quitte à mourir pour elle. Celle-ci lui demandera de jouer à la roulette afin de résorber sa dette.
Dans l'attente de l'héritage escompté de sa vieille tante qui doit prochainement mourir, le général espère épouser Blanche et rembourser le marquis, un marquis impatient de saisir des opportunités sur ce fameux héritage.
Mais un beau jour la vieille tante « La Baboulinka » débarque à la surprise de tout ce petit monde, la vieille dame acariâtre qui n'a pas de leçons à recevoir, se risque au jeu de la roulette au grand désespoir du général, de Blanche et du marquis angoissés à l'idée que sa fortune se dilapide.

Mais la chance du débutant ne dure pas, et la passion du jeu prend le dessus sur la raison !

Alexis est également emporté par la fièvre du jeu, conscient que lui seul pourrait changer sa destinée « renaître et ressusciter », il aimerait redevenir un homme capable de tenir bon et de ne pas rechuter afin que l'amour ressorte vainqueur et que la passion du jeu se perde.
Mais Alexis est un esclave du jeu mais surtout esclave de lui-même !

Un livre sur les passions de l'amour et du jeu, « le joueur » roman autobiographique vous entraîne dans une tension diabolique, on vit le jeu de la roulette avec frénésie, comme le joueur nos jambes tremblent, nos mains sont moites, nos fronts ruissellent, la peur nous saisit en attendant les annonces du croupier.
En parallèle Dostoïevski dépeint la noblesse russe, la positionne sur un piédestal face à une Europe qu'il a tendance à dénigrer : « je vis ce vilain, ce faux sourire français que je déteste » mais qu'on lui pardonne ce roman est (à mes yeux) un petit chef d'oeuvre.
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Dans ce roman, Dostoïevski aborde avec lucidité et cruauté l'univers du jeu. Comme toujours il nous présente des personnages hauts en couleurs, étudiés avec soin qui gravitent autour du héros : Alexeï Ivanovitch, jeune précepteur de la famille du général. le décor est planté : « Roulettenbourg » la bien nommée avec ses tables de jeu.

Tout commence comme une comédie légère : le général, amoureux d'une aventurière, Blanche, joueuse reconvertie en prêteuse sur gages, attend avec impatience le décès de la grand-mère, la « Baboulinka » pour pouvoir hériter et payer ses dettes de jeu.

Alexeï est amoureux de Pauline, belle-fille du général ; engluée dans les dettes, elle-aussi, elle lui propose de jouer à sa place et il va tomber dans l'engrenage.

Dostoïevski, joueur lui-même nous livre, à travers son double Alexeï, un brillant récit de l'addiction : le regard hypnotisé par la petite boule qui s'agite devant les yeux des joueurs, les pièces d'or qui tintent, l'impossibilité de s'écarter de la table sans avoir conscience de ce qu'on perd car on pense toujours pouvoir se refaire, les décharges d'adrénaline, l'obsession pour le jeu qui occupe toutes les pensées, tous les autres centres d'intérêt ayant fini par disparaître.

L'auteur égratigne au passage la société russe, les nobles oisifs qui perdent de l'argent sans se soucier des autres (le général claque au jeu aux dépens de ses propres enfants), mais il n'épargne pas les Français, tel l'intrigant des Grieux, les Allemands ou les Anglais comme Mr Astley. Par exemple, il décrit sans ménagement, avec férocité même, la société patriarcale de l'époque pages 42 et 43:

« Eh bien, toutes ces braves familles d'ici sont complètement soumises et asservies au Vater. Tous, ils travaillent comme des boeufs et épargnent l'argent comme des Juifs. Admettons que le Vater a déjà amasser tant de florins et il compte sur son fils aîné pour lui transmettre son métier ou son lopin de terre. A cette fin, on ne dote pas la fille qui restera vieille fille. Toujours pour la même raison, on vend le cadet en servitude ou à l'armée et cet argent va alimenter la caisse patriarcale. » P 42

Il règle ses comptes avec tout le monde, il a suffisamment fréquenté les salles de jeu, où il a perdu beaucoup pour se le permettre et il réussit à raconter quand même une histoire d'amour mais l'amour est-il possible dans l'univers infernal du jeu?

Une scène d'anthologie : l'arrivée de la Baboulinka, censée avoir un pied dans la tombe, et sa chance insolente lorsqu'elle s'assied pour la première fois à la table de jeu…

Ce roman est court, mais d'une intensité incroyable, le rythme de l'écriture suit celui de la boule sur la roulette; l'auteur parvient à susciter l'exaltation du lecteur : c'est vif, ça tourbillonne… Fiodor Dostoïevski l'a composé et dicté à sa future épouse, Anna Grigorievna Snitkina, en seulement trois semaines, en octobre 1866 car il s'était engagé à fournir rapidement un manuscrit à son éditeur (« Crime et châtiment » était en cours de rédaction).

J'ai lu et aimé « crime et châtiment », il y a quarante ans, mais je n'avais pas lu d'autres romans de Dostoïevski, remettant toujours à plus tard jusqu'à l'été dernier, en voyant la retransmission des « Frères Karamazov », magistralement joué au festival d'Avignon qui m'a scotchée…

Je continue l'aventure, en gardant « les frères… » pour la fin car il est considéré comme son meilleur roman.

Challenge XIXe siècle 2017
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Dans le cadre de ma première année universitaire, j'ai dû lire un certain nombre d'ouvrages, parmi lesquels le joueur. Sans cela, je ne me serais sans doute jamais penchée vers les ouvrages de Dostoïevski qui m'impressionnaient un peu.

Ce roman, qui se déroule en Russie, raconte l'histoire d'Alexei, un homme qui va commencer à jouer avec acharnement au casino. Il est amoureux de Paulina, la belle-soeur d'un général ruiné pour lequel Alexei est précepteur. Alexei commence à jouer par amour et Paulina sera ensuite l'excuse pour s'enfoncer toujours plus dans son addiction.

Oui, parce que ce livre parle de l'addiction aux jeux d'argent. Même s'il a été écrit il y a plus de 150 ans, nous pouvons tout de même nous y retrouver, encore aujourd'hui, et constater les dégâts que le jeu peut occasionner.

En cela, j'ai aimé cette histoire, bien que j'aurais voulu que le thème soit abordé plus profondément mais le roman reste relativement court ce qui ne le permettait pas forcément. C'est un texte relativement accessible, en plus d'être intéressant, et je vous invite donc à le découvrir !
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Ecrit en quelques semaines seulement, ou plutôt dicté à celle qui deviendra la future femme de Dostoïevski, entre deux chapitres de Crime et Châtiment, le Joueur révèle ce sentiment d'urgence jusque dans ses phrases brusques, ses dialogues exclamatifs et dans le tempérament à la fois passionné et enthousiaste d'Alexei! Comment ne pas s'attacher à lui que rien n'arrête, qui vit la vie passionnément, quitte à tout perdre! Et la baboulinka, n'en parlons pas! Quel caractère, quelle force d'esprit! Rétive à l'idée de lire un récit autour des jeux d'argent, j'ai vite été conquise par le rythme endiablé du livre et sa vivacité.
Un bonheur!
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Premier roman que je lis de ce célèbre écrivain russe dont je n'avais, lors de mes études, lu que des extraits. J'ai choisi ce roman, car d'après mes quelques recherches à l'occasion du bicentenaire de sa naissance, il s'agit de son texte le plus autobiographique et ce roman marque un tournant dans son oeuvre, annonçant les grands récits qui marqueront la littérature.
Cette lecture fut un réel plaisir et me donne envie de découvrir d'autres romans de ce géant de littérature russe. On y trouve dans un style à la fois intelligent et malicieux des personnages d'une rare profondeur et plein de surprises. de plus, est traitée de manière très habile, l'addiction au jeu.
Un roman que je conseille tant il est accessible à ceux, qui comme moi auraient envie de lire Dostoïevski.
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Livre du hasard puisque trouvé dans une boîte à livres, parfait pour un challenge voire plusieurs, belle affaire. J'ai lu avec un certain plaisir de retrouver la plume d'un autre siècle. Ils avaient un truc qu'on ne retrouve plus malheureusement avec les auteurs contemporains. J'ai beaucoup apprécié l'ambiance du casino, l'effervescence, le fièvre, le désarroi , toutes les émotions des joueurs.
J'ai beaucoup apprécié le passage avec la vieille tante russe ! elle m'a bien fait rire.
Un tableau parfaitement détailler des dangers du jeu qui restent toujours d'actualité voire encore plus avec les jeux en ligne. Tellement tentant de cliquer , cliquer et encore cliquer sans jamais se défaire de cette spirale infernale.
Dostoeivski, a goûté à ce démon et a su retranscrire très justement cette bête qui avale les joueurs, ce besoin de croire inlassablement à leur dernière chance jusqu'au dernier centime.
Une lecture intéressante, amusante.
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Passion, Passion et Passion . Alexis Ivanovitch suit la famille du Général à Roulenttenbourg en tant que précepteur . Roulenttenbourg est une ville d'eaux en Allemagne, la bonne société internationale s'y côtoie,les margoulins aussi .
Quel nom prédestiné que celui de Roulenttenbourg, roule , roule... la vie, les amours des uns et des autres , l'argent qui file entre les doigts, et la petite bille qui saute de case en case et ce tapis vert et ses douze numéros du milieu, les douze premiers, les douze derniers , rouge, noir et ce zéro !!!
Alexis Ivanovitch est fou amoureux de Polina Alexandrovna qui ne regarde que ce français! C'est pour elle que la première fois il s'assied à la table de la roulette , c'est son argent qu'il perd..mais le danger rôde et bientôt la passion du jeu va le dévorer , l'engloutir, l'anéantir...
Mythiques ces scènes de jeu, la grand-mère qui s'assied dans son fauteuil à roulettes et découvre le casino et ses aigrefins toujours polonais...
Ce roman est il le reflet de l'oeuvre de Dostoïevski ? je ne pourrais vous le dire mais le fait qu'il ait été dicté à son épouse lui confère vivacité et oralité. le fait que lui-même était un joueur invétéré lui apporte crédibilité et véracité .Le génie de Dostoïevski en plus .......
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Le jeu peut-être considéré comme une pénitence. Celle-là qui incarne la bon Dieu et le beau Diable. Il est le refuge des personnages ou tout au moins de leur médiocrité ou encore de l'absurdité de leurs actes. le jeu est en quelque sorte leur lave-main, ils croient y retrouver un acte de purification. ils s'y gravitent comme s'ils imploraient le bon dieu ... puis ils découvrent un beau diable qui semble leur sourire...
Une autobiographie bien poignante car le jeu dans ce livre commence au premier mot du livre jusqu'au dernier. Tout n'a été que jeu dans ce livre même des personnages n'ont été que des jeux, leurs rapports également n'ont été que des jeux.
Il faut avoir connu le jeu pour pouvoir écrire de la sorte.
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