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3,95

sur 2898 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Oserais-je l'avouer, il m'aura fallu 38 ans avant de lire mon premier Dostoïevski. Pas très courageuse, l'ampleur de son oeuvre m'a toujours effrayée. Et puis là, au (jeu de) hasard d'une brocante, j'ai parié quelques centimes sur ce « Joueur ». Sait-on jamais, me disais-je, il ne suffit parfois que d'une faible mise pour décrocher la timbale. Mystère (oui je sais, il faudrait dire « science ») des probabilités. Eh bien non, pas de « bingo » en l'occurrence, ce n'est pas grâce à ce court roman que je vais devenir « Dosto-aholic ». Pourtant en général j'apprécie les analyses psychologiques des personnages, mais cette fois je les ai trouvés excessifs, pour ne pas dire grotesques, et par conséquent pas attachants pour un sou. Et j'ai beaucoup de mal à comprendre comment une addiction peut dépouiller un être humain de tout libre-arbitre. Oui je sais, je suis trop raisonnable.
Toujours est-il que le récit se déroule à Roulettenbourg, ville d'eaux prussienne courue par la haute société de la vieille Europe. S'y trouvent un général russe et sa suite, parmi laquelle Alexis, précepteur des jeunes enfants de la famille, et narrateur de l'histoire. Le général, fauché comme les blés, tente de se refaire au casino, quand tout à coup surgit l'espoir de l'héritage d'une grand-mère richissime et agonisante. Supputation de pactole qui fait voleter les prétendants autour de Pauline, fille aînée du général, et de vulgaires « coureuses de dot » autour de celui-ci, veuf pour le plus grand bonheur potentiel de celles-là. Imaginez donc le désastre quand la grand-mère arrive, bien vivante, à Roulettenbourg, et se prend elle-même au jeu de la roulette. Voilà l'héritage en bien mauvaise posture. Pour ne rien arranger, Alexis, qui vit un compliqué « je-t'aime-moi-non-plus », épuisant et difficilement compréhensible pour le lecteur, avec Pauline, se voit chargé de surveiller, voire conseiller la grand-mère au casino, mais est à son tour atteint de la frénésie des tables de jeu.

Dostoïevski emmène tout ce petit monde (déjà sur la pente de la décadence) à sa perte, égratignant méchamment les seconds rôles français au passage. Il décrit les affres de l'addiction au jeu et à l'amour, qui embourbent les personnages dans des relations malsaines dès lors qu'inégales et/ou tissées par l'appât du gain.
Il paraît qu'Alexis serait le double littéraire de Dostoïevski, qui aurait largement puisé dans son passé de joueur invétéré pour écrire ce roman. Il paraît aussi que « Le joueur » aurait servi à son auteur à exorciser son démon du jeu. A en lire la préface de Michel Butor (édition du Livre de Poche de 1936), cela n'aura pas suffi. Mais cela n'aura pas empêché Dostoïevski d'écrire par la suite ses romans les plus célèbres...
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Le joueur est un court roman de moins de deux cents pages. Je m'attendais à une description de la compulsion du jeu menant à une sorte de damnation, avec force descriptions de chute dans un abîme. Quelle ne fut pas ma déception à la lecture de ce livre d'un des deux géants de la littérature russe du XIXe siècle !

Mais j'inclinai vite à l'indulgence envers ce pauvre Dostoïevski lorsque j'appris que, piégé par son éditeur, il s'était engagé à produire ce roman dans un court délai (il l'écrivit en un mois), ce qui l'obligea d'interrompre la rédaction de Crime et châtiment.

Comment ficeler une intrigue pertinente dans ces conditions ? Qui plus est, ce n'est pas dans la brièveté que cet écrivain a révélé son génie. Alors bien sûr, le joueur n'est pas dénué d'intérêt. Quelques passages sont bons, mais l'unité dramatique n'y est pas. L'histoire flotte beaucoup trop, certains aspects méritaient des développements qui les eussent justifiés.

La qualité d'écriture d'une histoire requiert de prendre le temps de bien penser et sentir les choses, voilà ce que je retiens de cette lecture. Que l'on soit ou non un génie, que l'on soit un débutant ou un romancier au talent déjà affirmé, rien de bien ne peut se faire sans que l'on y accorde le temps nécessaire.
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Dans le cadre de ma première année universitaire, j'ai dû lire un certain nombre d'ouvrages, parmi lesquels le joueur. Sans cela, je ne me serais sans doute jamais penchée vers les ouvrages de Dostoïevski qui m'impressionnaient un peu.

Ce roman, qui se déroule en Russie, raconte l'histoire d'Alexei, un homme qui va commencer à jouer avec acharnement au casino. Il est amoureux de Paulina, la belle-soeur d'un général ruiné pour lequel Alexei est précepteur. Alexei commence à jouer par amour et Paulina sera ensuite l'excuse pour s'enfoncer toujours plus dans son addiction.

Oui, parce que ce livre parle de l'addiction aux jeux d'argent. Même s'il a été écrit il y a plus de 150 ans, nous pouvons tout de même nous y retrouver, encore aujourd'hui, et constater les dégâts que le jeu peut occasionner.

En cela, j'ai aimé cette histoire, bien que j'aurais voulu que le thème soit abordé plus profondément mais le roman reste relativement court ce qui ne le permettait pas forcément. C'est un texte relativement accessible, en plus d'être intéressant, et je vous invite donc à le découvrir !
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Pourquoi avoir acheté ce livre? Quelle idée étrange, je n'aime pas le jeu... La plume de Dostoïevski certainement, or ce roman n'est certainement pas son plus grand livre, son chef-d'oeuvre. Et puis, je trouve que cette histoire a bien mal vieilli, c'est un tout autre monde, constitué d'ailleurs de personnages peu sympathiques, absolument pas attachants, des désoeuvrés qui paradent et vivent au-dessus de leurs moyens. le paraître n'est pas mon truc... J'ai lu sans plaisir, avec ennui même et vais me défaire de cet ouvrage sans regret. Rendez-vous manqué, par ma faute en partie car j'évolue loin des casinos, de sa roulette et de ses tapis.
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Un premier Dostoïevski pour moi … j'ai été un peu impressionnée, et ai commencé la lecture un peu à reculons mais quelle surprise ! Dès les premières lignes on saute dans l'intrigue : un homme, russe, rejoint un groupe de personnes de sa connaissance à Roulettenbourg. On apprend qu'il est amoureux d'une certaine Paulina, que son beau-père le général est amoureux de Mademoiselle Blanche, et qu'il y a deux autres personnages désignés au départ comme le Français et l'Anglais.
Le narrateur nous fait tout d'abord une description assez dédaigneuse du casino, de la roulette et des ses joueurs, dépendants pour la plupart et manquant d'élégance.
Hélas le démon du jeu le saisit lui aussi et on suit au fil des pages sa descente en enfer.
Les personnages sont bien décrits et on entre dans leurs pensées, qui ne sont pas toujours pleines de bons sentiments ! le Français est une jolie caricature (Dostoïevski n'aime que très peu les français visiblement !) mais l'Anglais trouve un peu plus grâce à ses yeux, il obtient même un nom !
J'ai eu du mal quand même à éprouver quelque empathie pour ces personnages, incapables de résister aux tentations de la boule noire.
L'argent est bien sûr omniprésent : il peut faire une réputation, permettre un mariage, … alors bien sûr la famille attend la mort de la tante/grand-mère (et donc son héritage !) avec impatience !
Je me suis donc intéressée un peu à l'auteur et aux circonstances de la création de ce roman, pour découvrir qu'à cette époque de sa vie, Dostoïevski lui-aussi était un joueur invétéré et qu'il a écrit ce roman en quelques semaines pour pouvoir récupérer un peu d'argent … d'où peut-être cette entrée si rapide dans l'action ! Il démonte bien les mécanismes et les sentiments d'addiction liés au jeu mais ne semble pas avoir pris le même recul sur sa vie !
C'est un petit roman (environ 200 pages), comparé à L'Idiot qui m'attend maintenant ! Je me suis débarrassée de mon angoisse à l'idée de lire de la littérature russe, non ce n'est pas inaccessible, alors je continue !
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Un univers cosmopolite de la fin du XIXième, hors des préoccupations quotidiennes : les personnages, avides ou passionnés, sont issus de la haute société russe, parisienne, voire anglo-saxonne, sauf Alexis, précepteur des enfants. Peu de descriptions des lieux : il s'agit avant de tout de rentrer dans les sentiments exacerbés de la Cour du général déchu. En toile de fond, le jeu est décrit sous toutes ses facettes dont l'avilissante addiction.

L'écriture apurée donne une force à cette histoire. Cependant, je n'ai pas vraiment saisi le chemin de ces personnages. Peut-être parce qu'il s'agit de figures tellement extrêmes qu'ils sortent du réel.
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« Je comprenais tout ce que je risquais à perdre : tout, ma vie... »


Une famille russe ruinée séjourne dans une ville de jeux, en Allemagne, avec créanciers français et prétendants intéressés par la fortune familiale. Tout ce beau monde compte sur le décès annoncé d'une tante russe extrêmement fortunée qui, elle, ne veut pas donner ses sous à une famille qui les gaspille. Alors en attendant, le Général et sa fille Pauline n'ont d'autres choix que de miser sur le Casino, ses jeux de hasard, sa roulette... russe. Pauline charge le précepteur, Alexis, de miser pour elle. Mais fou amoureux, celui-ci reste raisonnable car il ne veut risquer de perdre l'argent de Pauline et ne gagne pas grand-chose. Sur ce, la tante russe débarque et les nargue en jouant son argent, n'ayant confiance qu'en Alexis pour lui expliquer les subtilités du jeu.


C'est alors que l'on assiste à la descente aux enfers des deux personnes qui avaient l'air les plus censées de l'histoire : Pouvant miser beaucoup, la tante gagne rapidement de grosses sommes qu'elle s'empresse de rejouer, personne ne parvenant à l'arrêter. Totalement fascinée, elle et Alexis perdent toute notion de la réalité et finissent par tout perdre. Mais si la tante peut rentrer en Russie retrouver ce qui lui reste, le jeu a fait perdre à Alexis non seulement toute ressource, mais également toutes les chances de vivre une vie normale et notamment son amour pour Pauline : En effet, il ne peut plus à présent s'empêcher de miser chaque piécette qu'il parvient à trouver pour survivre. Malgré les avertissements de beaucoup de repentis, il ne sait plus s'arrêter et en l'espace de quelques jours il devient dépendant. A partir de là, sa vie bascule, et son combat pour retrouver une vie normale ne fait que commencer… Est-ce un combat perdu d'avance ?


*****

A travers cette histoire simple et banale, Dostoïevski parvient en peu de pages à nous décrire une galerie de portraits savoureuse et une addiction au jeu dangereuse, puisque forcément vouée à l'échec dans la mesure où le joueur dépendant ne peut s'arrêter jusqu'à ne plus rien avoir. Et même alors, jusqu'où ira-t-il pour continuer à jouer : Volera-t-il ? Ce cercle vicieux devient fascinant sous la plume de Dostoïevski. Caractères, sentiments, revirements, comique, sérieux : tout se côtoie dans ce roman extrêmement bien écrit et pourtant sans fioriture.


J'ai choisi ce court roman pour découvrir cet auteur car je craignais une écriture complexe, trop dense pour moi. J'y ai trouvé tout l'inverse : une plume fluide qui m'a rassurée pour entamer « Crimes et Châtiments » ! Pour être honnête, comme l'auteur aborde dans ce roman quelque chose qu'il vivait lui-même (d'ailleurs le narrateur de cette histoire est « le joueur »), j'ai même été très surprise que les sensations du joueur dépendant, dans sa fièvre ou même dans sa lutte, soient décrites de manière aussi simple et aussi synthétique. Je m'attendais à plus. Et pourtant, plusieurs jours après avoir refermé ce livre les sensations prennent encore de l'ampleur parce que, finalement, cette simplicité les a fait ressortir.


C'est un livre universel à beaucoup de points de vue : Tout d'abord le thème peut parler à tout le monde puisqu'il démontre que même les plus raisonnables et censés sont susceptibles de se faire avoir un jour… Et puis cette addiction peut finalement être remplacée par n'importe quelle autre : l'intéressé n'écoute pas les conseils, pensant qu'il est capable de résister, de maîtriser, de s'en sortir. L'auteur rajoute une touche d'universalité en nous peignant des portraits de personnes de plusieurs nationalités, mettant en avant les caractères qu'on leur prête habituellement sans pour autant les rendre trop caricaturaux dans la mesure où sa vision demeure assez juste ou justifiée…


En bref une jolie découverte, distrayante, reposante, intéressante : Vivement ma prochaine rencontre avec l'auteur !
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Pour tous les craintifs des livre fleuves et tortueux qu'a commis Dostoïevski, je vous conseille de commencer alors cet auteur par ce biais-ci.
Même si à mon sens il est infiniment plus faible, plus court, moins dense, moins tortueux (justement), moins complexe, moins tout que les toutes grandes oeuvres de l'auteur. Même si les circonstances de l'écriture l'ont résumé, l'ont dépouillé de sa finesse et d'approfondissements (que moi j'attendais, j'en suis un peu déçu, quand bien même on ne cesse de le citer quand on parle du thème de l'addiction au jeu), Il en est un échantillon assez honnête et alléchant.
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Vous avez l'esprit joueur ?
Moi je l'avais quand j'étais plus petit depuis je le suis plus vraiment...
J'ai lu le joueur du Dostoïevski pour m'entraîner à une analyse de documents pour le français pour le baccalauréat français.
Comme le bac blanc j'ai eu seulement 8 et 12 pas terrible...
J'ai voulu prendre des éléments clés et des exemples comme quoi le jeu était addictif même pour des jeux pour pas grand chose.
C'est le cas de cette famille complètement folle dans un délire de dépenser des somme considérable et de s'engueuler en famille !
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L'addiction emporte tout sur son passage, plus rien d'autre n'a d'importance. C'est ce qu'illustre Fiodor Dostoïevski dans « le joueur » avec un rythme calé sur la frénésie du jeu, des prises de conscience, ponctuelles, mais toujours suivies d'une rechute.

Sur ce point, ce roman reste très moderne même si les addictions les plus répandues de nos jours ne sont peut-être plus celles liées aux casinos.

D'autres aspects, en revanche, ne seraient sans doute plus présentés de la même manière, notamment sur le déterminisme lié aux nationalités : les Russes (le général, la babouschka, l'outchitel) ne peuvent lutter contre leur addiction, les Français (M. de Grillet, Mademoiselle Blanche) sont calculateurs et seul leur profit compte, alors que les Anglais (M. Astley) sont observateurs et savent garder une meilleure distance à l'argent.

En 1881, Fiodor Dostoïevski est mort et Stephan Zweig est né, si bien qu'ils n'ont pas vécu à la même époque. Cependant, je n'ai pu m'empêcher de penser à « Vingt-quatre heures de la vie d'une femme » de Stephan Zweig en lisant « le joueur » de Fiodor Dostoïevski : la passion du jeu, ses conséquences et les difficultés du sevrage y sont également décrites.

En revanche, si je n'avais dû en lire qu'un, ma préférence aurait été au texte de Stephan Zweig pour sa construction, les tentatives de sauvetage plus développées même si elles se soldent aussi par un échec, un plus grand attachement au personnage de Mrs C…, qu'à celui de Paulina, et enfin, pour le parallèle établi entre la passion du jeu et la passion amoureuse.

Ainsi, je n'ai pas suffisamment apprécié « le joueur » pour poursuivre, au moins prochainement, la lecture de l'oeuvre de Fiodor Dostoïevski. Rendez-vous manqué. Dommage…
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