Je suis fébrile en lisant "
Les nuits blanches" de
Dostoïevski car je suis à Saint-Pétersbourg en voyage et je suis passée dans le quartier de Fontanka et sur le pont de la Neva où se déroule cette histoire.
Un instant je me suis imaginée être au 19eme siècle par la puissance littéraire de
Dostoïevski. Et puis il faut dire que le titre est particulièrement bien choisi car il y a un double sens. Pour nous, la nuit blanche est une nuit sans sommeil. Mais c'est aussi une période entre juin et juillet ou les nuits de Saint-Pétersbourg sont très courtes et lumineuses.
Cela s'explique par la situation septentrionale de la ville : aux latitudes légèrement inférieures au cercle polaire, le soleil ne descend pas beaucoup en dessous de l'horizon et cela ne permet pas à la nuit de devenir totalement noire.
Et ce sont bien des rencontres furtives et nocturnes dans une atmosphère magique, au bord de la Neva, que vont vivre les deux personnages principaux de cette belle histoire.
La vie d'un jeune homme solitaire et noctambule va être bouleversée quand il rencontre une jeune fille dans la nuit claire de Saint-Pétersbourg. Elle pleure et ils parviennent à lier conversation après qu'il ait écarté un opportun ayant abusé de vodka.
Ils vont se retrouver quatre nuits successives. En parlant, elle va le rendre heureux. Ces deux coeurs écorchés de rêveurs ont besoin de se soutenir, de ne pas être seuls. Ils veulent se connaître et se raconte. Nastenka, la jeune fille demande pourtant à ce nouveau compagnon de ne pas tomber amoureux car son coeur est pris. Mais leurs rendez-vous nocturnes sont l'occasion de confidences et de rapprochements.
L'histoire de Nastenka est très intéressante et nous permet de retrouver une ambiance chère à
Dostoievski comme dans "
Crime et châtiment". Nastenka à 17 ans et vit avec sa grand-mère aveugle qui, pour ne pas la laisser à la dérive, l'épingle à sa robe. Accrochée ainsi elle va pourtant tomber sous le charme du jeune et beau locataire de sa grand-mère. Il lui prête des romans de
Walter Scott et de
Pouchkine et les emmènent à l'opéra voir "Le barbier de Séville". Mais son prince charmant part pour un an à Moscou en lui disant qu'il l'épousera dès son retour.
Pourtant, quand il revient, il ne se rend pas au lieu de rendez-vous comme convenu, sur le pont de la Neva. Voilà pourquoi elle a tant de chagrin et accepte d'être consolée. Par amour, notre héros va tout faire pour permettre à Nastenka de retrouver le moral et continuer à attendre son aimé sans perdre patience. Revirements amoureux, sacrifice, amitié éternelle, tous les sentiments vont être exacerbés.
Dostoievski est très fort pour décrire des rencontres essentielles qui peuvent changer la vie. Mais au-delà, il sait aussi rendre hommage à ses contemporains et maîtres comme
Vassili Joukovski, qu'il cite à plusieurs reprises. Il fut le précurseur du romantisme russe et influença
Dostoïevski notamment par l'étude approfondies des sentiments et de la psychologie des personnages dans ses
oeuvres. On en a un bel exemple avec "
Les nuits blanches".