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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Non adepte du travail de cet écrivain encensé par tant d'autres, j'ai été très agréablement surpris par ce roman dont je n'avais jamais entendu parler, car peut-être injustement éclipsé par les grands classiques du même auteur. le cheminement intellectuel est beaucoup plus subtil et le style moins maniéré que dans les autres textes de Dostoïevski.

L'ambiguïté entre Veltchaninov et, Pavel Pavlovitch, son "ami" qu'il a cocufié, alimente une tension palpable du début à la fin et relate parfaitement la difficulté des rapports humains, oscillant entre attraction et répulsion, fascination et dégoût, amitié et inimitié. Ces rapports troubles pousseront les deux protagonistes dans des abîmes sans fond, sans retour en arrière possible.

À lire, donc !
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Les grands écrivains russes peuvent parfois faire peur. Voici le roman idéal pour un lecteur qui ne serait pas familier de l'oeuvre de Dostoïevski et qui souhaiterait s'y plonger. Il s'agit d'un récit court, mais qui retranscrit parfaitement le talent de l'homme dans sa capacité à décortiquer l'âme humaine et à explorer ses tréfonds les plus obscurs, inquiétants et...comiques! On ne le dit ainsi pas assez, mais ce grand auteur russe est un maître de l'étrange et de l'absurde qui, poussés à leur extrême, peuvent en devenir aussi déroutants que drôles. L'éternel mari en est le parfait exemple.



Alexei Ivanovitch Veltchaninov est en proie à une forte neurasthénie. Ancien coureur de jupons, ancien grand mondain, il n'a plus que dégoût pour le monde et s'interroge sur la vacuité de l'existence. Il est de plus contraint, pour une affaire administrative, de vivre à Saint-Pétersbourg qu'il n'aime pas, luttant pour toucher une rente qui lui est due et qu'il n'arrive pourtant pas à percevoir. Mais surtout, depuis quelques jours, un homme semble le suivre et l'épier. Un soir, cet homme force même la porte de son appartement. Veltchaninov reconnaît alors Pavel Pavlovitch, mari de l'une de ses anciennes maîtresses, qu'il a follement aimée quelques années plus tôt. Ce dernier lui apprend la mort de sa femme. Débute alors un face à face aussi grotesque qu'effrayant.



L'affrontement du mari et de l'amant aurait pu tourner à un vaudeville amusant façon Labiche ou Feydeau, mais nous sommes chez Dostoïevski, auteur où la folie et la mort ne sont jamais loin. S'il y a quelque chose de foncièrement comique dans les relations entre l'homme trompé et l'amant d'autrefois, l'ambiguïté des desseins du mari et son comportement pour le moins étrange tiennent le récit sur le fil du tragi-comique et laisse planer un constant suspense sur cet affrontement tantôt amical, tantôt violent, jusqu'au dénouement final. L'histoire de Pavel Pavlovitch, alcoolique et bouffon, que nous découvrons page après page, nous réserve de nombreuses surprises. Il est parfois ridicule et veule, parfois monstrueux et inquiétant et, comme Veltchaninov, on ne sait jamais sur quel pied danser avec lui. On le craint, on s'en moque, au fil d'un récit savamment troussé et plein de rebondissements.



Chez Dostoïevski les personnages ne sont jamais faits d'une seule pièce et les situations toujours empruntes d'une certaine ambiguïté. Les femmes sont à l'unisson de ce récit où rien n'est jamais figé, tantôt victimes, tantôt bourreaux, elles sont craintes ou moquées.



Rires et frissons se mêlent ainsi en un bon mélange dans ce récit trouble et captivant où la folie n'est jamais loin.



Tom la Patate
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Si Dostoïevski est russe, son texte fait montre d'une minutie et d'une précision d'horloger suisse quand à la mécanique des sentiments, des états d'âmes. Les moeurs d'un ancien temps, le style (tout en virgules, tirets, répétitions, dont l'adverbe "brusquement" ressassé à longueur de page, parfois dans la même phrase) sont surannés et donnent un contours imprécis à cette histoire de vengeance, mais l'acuité du regard de l'auteur et sa finesse d'esprit sont tout bonnement réjouissants ! Que dire de cette formidable scène, le passage le plus long du roman, cet après-midi au jardin des Zakhlebinine, cette innocence et ce paradis perdu de l'enfance momentanément retrouvés, des lignes dignes des plus beaux élans juvéniles de Twain ? A lui seul, ce chapitre constitue déjà une prouesse littéraire. Et si on ne comprend pas toujours exactement le sens profond de l'oeuvre, la morale s'il devait y en avoir une, on est quand même tenu en haleine jusqu'à la dernière page. Idéale première lecture pour aborder le Maître.
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Petit Dostoievski assez atypique, sorte de vaudeville pathétique aux accents théâtraux centré sur un ancien de la haute société russe tombant par hasard sur le mari d'une femme qu'il avait fréquenté par le passé ...
Affrontement psychologique et ambiguë sur fond de parcours de rédemption, roman social, freudien sur le désir et ses conséquences (amour/haine, refoulement), aux dialogues savoureux remplis de sous entendus entre les deux personnages principaux, un peu confus par moment (sans doute volontairement). Voire aussi un roman qui donne part par certains aspects à l'homosexualité ?
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Avec l'Eternel Mari, Fiodor Dostoïevski nous propose une de ses oeuvres les plus singulières.

Veltchaninov remarque derrière lui un individu énigmatique qui semble presque le poursuivre. Il se rend compte que cet inconnu s'appelle Pavel Pavlovitch, un homme avec qui il a partagé pendant plusieurs années la même femme : Natalia Vasilievna.

Mari éternel, Pavel Pavlovitch a toujours fermé les yeux sur les penchants adultérins de sa femme. Veltchaninov a d'ailleurs été son amant durant de nombreuses années.

Lors de cette rencontre avec Pavel Pavlovitch, Veltchaninov apprend le décès de Natalia et rencontre sa fille Lisa. L'âge de l'enfant et sa ressemblance le submergent de doutes sur sa paternité.

Dans un face à face surprenant et vengeur, ces deux hommes vont évoquer de manière détournée cette femme tant aimée. Récit psychologique d'une grande intensité, Fiodor Dostoïevski arrive à dresser les portraits étoffés de personnages ambivalents. J'ai aimé ce récit précis sur la complexité des rapports humains.
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Premier Dosto et j'appréhendais un peu, vu la réputation du bonhomme. Ça a finalement été une bonne surprise : intrigue simple, s'articulant autour des deux personnages principaux, le mari et l'amant. Veltchaninov est accablé par des dettes et souffre d'hypocondrie, quand il remarque à plusieurs reprises un homme coiffé d'un chapeau de crêpe qui semble le reconnaître. Il s'agit en fait de Troussotski, le mari d'une de ses anciennes maîtresses chez qui il a vécu pendant une année. Lors de leur première confrontation, il comprend que l'homme est au courant de sa tromperie et doute de ses réelles intentions. Est-il venu demander des comptes ? Se venger ? Est-il venu pour le tuer ?

Dans la première partie de ce court roman, les dialogues sont parsemés de non-dits et rythmés par les « n'est-ce pas » hésitants de Troussotski, un homme assez fortuné mais sans envergure, dévasté par la mort de sa femme, trois mois plus tôt, et rongé par l'alcool. Entre eux se noue une relation étrange, ambiguë, presque obsessionnelle, car chacun occupe sans cesse les pensées de l'autre.

Suite à cette première rencontre, Veltchaninov apprend l'existence de Lisa, la fille du couple, née peu de temps après son départ. Mais qui est vraiment le père de l'enfant ? L'amant, qui cherche à donner un sens à sa vie, se prend d'une brutale affection pour elle et décide de l'arracher aux griffes de son père alcoolique et maltraitant, pour la placer dans une famille dont il est proche. Malheureusement, sa quête de rédemption va s'avérer vaine, et Lisa sera une victime collatérale de la petitesse des deux hommes.

C'est probablement là la force du roman. Les personnages sont grotesques, ridicules. Il est impossible d'avoir de l'empathie pour eux. Ils sont incapables d'exprimer leurs sentiments, la forme en est même pénible à lire, un peu comme si les personnages étaient constamment crispés, sur les dents, prêts à se sauter à la gorge à tout moment.

Ce qui est intéressant aussi, c'est cette fascination qu'ils ont l'un pour l'autre. Veltchaninov est dégoûté par Troussotski. Il passe son temps à l'insulter mentalement, parfois il le provoque, participe à son humiliation. Pourtant, dans un rêve, un homme apparaît, un homme « qu'il a beaucoup aimé », et cet homme doit venir, soit pour l'accuser, soit pour l'innocenter. Quand il se réveille, c'est Troussotski qu'il trouve sur le pas de sa porte et qu'il reconnaît enfin, après l'avoir croisé cinq fois dans la rue.

Troussotski, de son côté, bataille avec ses sentiments. On ne sait jamais trop s'il rit, s'il pleure, s'il est bon ou mauvais. En tous les cas, nos deux héros retombent irrémédiablement dans leurs travers, malgré les remords et la bonne volonté. Ils ont aimé la même femme, une femme qui les a soumis, un fantôme qui les hante encore aujourd'hui et leur a laissé Lisa, mais je crois qu'ils se sont aussi aimés et que dans le contexte (Russie du 19e siècle, poids de la religion, répression de l'homosexualité), ils ont dû refouler leurs sentiments. C'est quand même l'époque où l'on a déclaré que l'homosexualité était une pathologie. de fait, cette homosexualité n'est pas forcément très claire à la lecture (mais rien ne l'est vraiment), et on peut penser que Dosto (assez porté sur la religion je crois), n'est pas allé tout à fait au bout de sa pensée.

Bref, un bon roman, classique, court, facile à lire et surprenant. On pourrait en faire une pièce très drôle, on pourrait aussi le réadapter dans tous les endroits, à toutes les époques, car les thèmes exploités sont intemporels et universels. À mettre dans sa bibliothèque si on ne l'a pas déjà fait !
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Un homme, hypocondriaque, traversant une période difficile, voit surgir dans sa vie le mari d'une ancienne maîtresse tout juste défunte. Il ignore d'abord les intentions et l'état d'esprit de cet homme dont il n'est pas aisé de se défaire... Tous deux étant dans des états de fébrilité et d'excitation, cela donne lieu à des échanges et situations savoureux, bien que tendus et souvent proches de l'angoisse. Comme toujours, Dostoïevski joue à merveille avec la psychologie de ses personnages, avec beaucoup de finesse et d'humour. J'ai beaucoup aimé.
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Depuis L'Idiot que j'ai lu il y a quelques années, Dostoïevski était mis de côté. Je me refusais à lire un autre roman tiré de sa plume par "crainte" de vivre une nouvelle mauvaise expérience. Mais quenini ... L'Eternel mari que j'ai fini par choisir pour renouer avec l'auteur s'est révélé bien agréable, bien appréciable.

L'histoire est simple. Très simple. Elle écrit la rencontre de Veltchaninov avec son ancien ami Troussotzky qui le cherchait depuis la mort de sa femme pour régler ses comptes. Lesquels? Veltchaninov a eu, par le passé, une relation avec la défunte. Cocufié, en colère et blessé, Troussotzky veut donc se venger.

D'une écriture gracieuse et fluide, Dostoïevski raconte le remords de l'un - éternel mari - et la vengeance de l'autre - ancien amant. Il raconte les sentiments qui gagnent le coeur et l'esprit de ces deux hommes liés par un secret. Quant la colère et le ressentiment mènent le mari à la folie et au désastre, le repentir, lui, mine fortement l'intérieur de l'amant qui finit par améliorer son caractère. Différents, ces hommes ont en commun un tempérament et un comportement quelque peu excessif, très théâtralisé. Ici, j'ai retrouvé ce que j'avais déjà remarqué dans L'Idiot. Cette fois-ci, pas de gêne ni d'incompréhension, je conseillerai donc ce roman.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Premier roman que je lis de Dostoyevsky et certainement pas le dernier tellement j'ai pris un plaisir fou à le lire.
Je me doute qu'il n'est pas dans la même veine que ses autres oeuvres mais j'ai été surpris par les traits d'humour et son écriture franchement amusante. Non content d'être drôle, le roman est d'une profondeur et d'une complexité certaines, l'auteur explore une relation à plusieurs étages et c'est vraiment génial à lire.
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Un livre déstabilisant à bien des égards. Dur quelquefois de s'y retrouver dans cette relation étrangement tordue qui allie les deux personnages principaux... et quand on pense avoir compris la direction prise en rencontrant la petite Lisa, elle disparaît aussi vite qu elle est venue.
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