Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary de
Philippe Doumenc
Point de départ intéressant : la dose d'arsenic prise par la célèbre Emma Bovary n'aurait pas suffit à la tuer. Philippe Doumec se sert de cette faiblesse de l'oeuvre de
Flaubert pour construire une nouvelle histoire, policière cette fois, sur Emma Bovary.
Quel bonheur de retrouver Emma et un beau travail sur la restitution des personnages que
Flaubert avait laissés dans l'ombre (Mme Homais tout particulièrement).
Cependant, je dois bien admettre que l'enquête m'a laissé perplexe surtout sur la fin. Faire d'Emma une espèce de prostituée lors de soirées d'orgie réservées à tous les riches administratifs de Rouen me semble totalement contre nature avec la personnalité du personnage. Emma est une rêveuse romantique qui n'accepte pas une réalité non conforme à sa vision du monde et de l'amour que lui ont inspirés les romans. L'endettement est une cause de cet excès romantique, ce qui ne la rendra jamais vénale, c'est contraire à sa vision des choses. Mais elle n'a trouvé que l'argent pour tenter de corrompre les hommes à son monde à elle, mais elle, n'a que fi de l'argent. Alors faire d'elle une "prostituée" vénale qui par dessus tout couche avec Homais (son exact contraire) pour son argent c'est être complétement à côté de l'âme d'Emma et de
Flaubert.
Ce roman est plus proche des polars contemporains que de l'esprit du roman de
Flaubert sans être vraiment ni dans l'un ni dans l'autre.