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sur 156 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Réjouissante, cette lecture! Imaginer qu'Emma ne s'est pas suicidée mais a été assassinée est le point de départ d'une contre- enquête malicieuse et prenante.

Tout fait clin d'oeil au roman de Flaubert, dans ce policier atypique.D'ailleurs, Flaubert lui-même y est présent et cherche l'inspiration littéraire à travers la mort de la pauvre Emma... Ceci dit, l'auteur est bien documenté et connaît "Madame Bovary" en détails, il se permet même de relever des erreurs ou de réinterpréter le texte.

Une véritable enquête policière est conduite par Rémi, le jeune débutant pas si maladroit qu'il n'y paraît. Lui aussi est obsédé par la morte et ses mystères. A travers lui et ses questionnements se révèlent les mensonges, les turpitudes des bourgeois normands.Suivez les pistes multiples qui s'offrent à Rémi, comme lui subissez la bise campagnarde s'attardant au printemps , et les regards agressifs de ceux qui voudraient que cette histoire soit étouffée, pour préserver la paix des nantis vicieux...

Au jeu du chat et de la souris, on sent que Philippe Doumenc s'est beaucoup amusé, le lecteur aussi. Dont il a su surtout retenir l'attention et la curiosité .

Même si vous n'avez pas apprécié le roman de Flaubert, cette contre-enquête piquante et ironique peut vous plaire...
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« Ce qui me semble beau, ce que je vou­drais faire, c'est un livre sur rien, un livre sans attache exté­rieure, qui se tien­drait de lui-même par la force interne de son style, comme la terre sans être sou­te­nue se tient en l'air, un livre qui n'aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invi­sible, si cela se peut. Les oeuvres les plus belles sont celles où il y a le moins de matière. […] C'est pour cela qu'il n'y a ni beaux ni vilains sujets et qu'on pour­rait presque établir comme axiome, en se pla­çant au point de vue de l'Art pur, qu'il n'y en a aucun, le style étant à lui seul une manière abso­lue de voir les choses. »
G. Flau­bert, Lettre à Louise Colet, 16 jan­vier 1852.

Tout d'abord (re-re-re)tordons le cou à cer­taines idées tenaces. La lit­té­ra­ture et l'art en géné­ral sont faits pour être pillés, déva­li­sés, détour­nés, alté­rés, copiés, pour­sui­vis, moles­tés. Toute l'histoire des idées marche sur ce prin­cipe, depuis l'antiquité. On copie, on pro­longe, on détourne, on s'inspire, on nuance, on contre­dit le maître. Si, je ne le nie pas, la conser­va­tion du patri­moine est essen­tielle et indis­pen­sable pour la trans­mis­sion de notre iden­tité d'humains, l'art n'a pas pour unique fina­lité de dégé­né­rer dans un musée (ou une biblio­thèque) pour le bon plai­sir bour­geois d'être relu­qué, pos­sédé, capi­ta­lisé, inven­to­rié, estimé, mar­chandé. Ainsi, par exemple, je qua­li­fie d'acte artis­tique et poé­tique celui Pierre Pinon­celli qui pisse dans la Fon­taine de Duchamp avant de la bri­ser. L'oeuvre a une vie, et n'en déplaisent aux conser­va­teurs de musée, elle peut aussi avoir une mort. A cet égard, j'aime beau­coup le tra­vail de Wolf­gang Laib qui réflé­chit sur la notion d'oeuvre et de temps et qui donne tou­jours beau­coup de mal aux conser­va­teurs des musées pour gar­der l'intégrité de ses oeuvres faites de pol­len ou de lait, de maté­riaux bio­dé­gra­dables (mais je repar­le­rai je pense de cet artiste). Pinon­celli, par son geste, désa­cra­lise le rea­dy­made en le réin­vo­quant pour ce qu'il est : un simple objet de manu­fac­ture. Chan­ge­ment d'époque, chan­ge­ment d'esprit. L'acte aurait sans doute plu à Duchamp, d'autant plus que le rea­dy­made est fina­le­ment plus une idée qu'un objet artis­tique en soi (enfin il l'est par la simple énonciation/désignation de l'artiste, mais l'essentiel réside dans l'idée et l'ironie de cette trans­gres­sion). La répé­ti­tion sans fin de la dési­gna­tion par le rea­dy­made (l'oeuvre des conti­nua­teurs en somme) se ter­mine par cet acte poé­tique de Pin­non­celli qui brise le modèle, inter­di­sant par là l'acte de répé­ti­tion sté­rile du même (cercle vicieux sans fin qui redit tou­jours le même), et le pas­sage à autre chose. Conti­nuité dans cet exemple par la des­truc­tion, plu­tôt radi­cale, mais conti­nuité quand même.

Et en lit­té­ra­ture il en va de même. Il n'y a pas de per­son­nages, d'oeuvres, de lieux, d'idées qui soient défi­ni­ti­ve­ment invio­lables, per­chés sur un pié­des­tal inac­ces­sible sans prise aucune au chan­ge­ment, à la dépos­ses­sion, au pas­tiche, à l'interprétation. Bien sûr une oeuvre reste une oeuvre est sa qua­lité n'est pas, de facto, trans­mise par héri­tage depuis son modèle. Bien au contraire, elle doit être per­ti­nente, intel­li­gente, com­plé­men­taire, sub­ver­sive… elle doit alté­rer son ori­gine, jouer de contre­point dans son dis­cours, elle doit la sur­pas­ser dans son ambi­tion intel­lec­tuelle, poli­tique et esthétique.

Cette longue intro­duc­tion pour dire que non, Emma Bovary n'est pas une vieille momie à conser­ver jalou­se­ment dans le musée de Flau­bert et qu'il est cou­ra­geux de la part de Phi­lippe Dou­menc de la faire revivre (bon pour mieux la tuer, mais ça c'est son autre his­toire). N'en déplaisent aux conser­va­teurs (et pour­tant j'aime cette oeuvre de Flau­bert, lue et relue).

La contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary, reprend l'oeuvre exac­te­ment au moment de la mort d'Emma. Il s'agit d'une enquête menée sur l'origine de sa mort, ordon­née par le pré­fet suite à la décou­verte sus­pecte de traces minus­cules sur son corps. L'oeuvre est donc le rap­port de cette enquête pas ordi­naire sur un fait on ne peut plus ordi­naire. On y retrouve tous les ingré­dients du roman poli­ciers, ingré­dients fri­sant par­fois la cari­ca­ture : le vieux com­mis­saire proche de la retraite, le jeune ini­tié Remi (qui est le témoin et le rap­por­teur de l'histoire dans sa tota­lité), un méde­cin légiste, des dépo­si­tions, une enquête reti­rée par les auto­ri­tés parce que trop déran­geante, 4 sus­pects, des faux et des vrais aveux, des men­songes, de l'adultères, de la déca­dence… Bref tous les éléments d'un bon poli­cier. Et dans ce sens, il peut être sim­ple­ment lu comme tel. Sans réfé­rence à l'oeuvre de Flaubert.

Je repense à la phrase de Flau­bert à Louise Colet (cf. inci­pit) : « Ce qui me semble beau, ce que je vou­drais faire, c'est un livre sur rien ». Comme Flau­bert, Dou­menc lance une enquête sur une non-affaire, sur rien, ou si peu. Une femme, qui a englouti son patri­moine par des dettes incon­si­dé­rées, qui a été reje­tée par ses amants, qui meurt suite à l'absorption d'arsenic, d'aucuns auraient conclu (et Flau­bert le pre­mier) au sui­cide. Mais non ! L'enquête doit avoir lieu. Même sur la base d'un presque mal­en­tendu. Toute his­toire, toute enquête mérite d'être creu­sée afin d'en révé­ler la beauté (par le style) ou la vérité (par la confron­ta­tion des faits). le choix du style et du ton, celui de l'enquête, neutre et plat, renoue évidem­ment avec celui de Flau­bert, simple obser­va­teur, enquê­teur sur le rien. On notera, parmi les pas­tiches du style (car il y quand même cette ten­ta­tion, tant l'univers de Flau­bert est intrin­sèque à son style, cf. la cita­tion) le recours à l'adverbe flau­ber­tien, un long adverbe de manière, déta­ché en incise, comme un appen­dice inutile à la phrase.

C'est une oeuvre vrai­ment plai­sante lire, on y retrouve l'ambiance pro­vin­ciale d'Yonville et de ses ‘char­mants' habi­tants, les amants d'Emma… On replonge avec délec­ta­tion dans cet uni­vers médi-ocre… On fouille, on creuse dans ces “sujets invi­sibles” et on y découvre la nature humaine, ses fai­blesses, ses souf­frances, ses men­songes… mais on ne découvre tou­jours pas ces mots qu'Emma “avait trouvé beaux dans les livres”. On croise un per­son­nage nou­veau, la fille du phar­ma­cien Homais, jeune fille de seize ans qui s'éprend du jeune Remi et qui souffre des mêmes maux qu'Emma, dont ce besoin irré­pres­sible de fuir Yon­ville et sa bêtise, de s'évader de cette pri­son. On veut croire un moment à la féli­cité avec Remi mais l'image se creuse, les sen­ti­ments se dégonflent en ne lais­sant qu'« un goût acide et tendre dans la bouche. »

Le dénoue­ment est plu­tôt sur­pre­nant. Mais plus encore la post­face, qui attaque direc­te­ment l'oeuvre de Flau­bert, lui fai­sant le pro­cès (encore un !) d'avoir volon­tai­re­ment fal­si­fié les faits, d'en avoir omis voire même d'en avoir inven­tés. de n'être qu'un fal­si­fi­ca­teur de la réa­lité. de cette fal­si­fi­ca­tion qui a trompé Emma jusqu'au tom­beau ? Plu­tôt que les livres et leur uni­vers déréa­li­sant, n'est-ce pas plu­tôt la triste réa­lité d'Yonville la vraie cou­pable du meurtre d'Emma Bovary ?

« Pour­tant quand il [Remi] par­lait du livre qu'un jour enfin il se décida à lire, il ne pou­vait dis­si­mu­ler — à regret — que cer­taines pages étaient belles. Dans le roman, Yon­ville et ses per­son­nages res­plen­dissent à jamais de l'éclat immor­tel de la bêtise. Mais sur­tout la figure cen­trale rede­vient Emma Bovary. Par ins­tinct Flau­bert l'a splen­di­de­ment res­ti­tuée, lui qui jamais ne l'a jamais ren­con­trée vivante, alors qu'Herville et Remi avaient eu au moins une sorte de contact indi­rect avec elle, l'un au bout de son scal­pel, l'autre au tra­vers d'une enquête plu­tôt fan­geuse. Remi n'en était pas jaloux. Sa pro­fes­sion avait été de recher­cher les cir­cons­tances de la mort de cette femme, celle de Flau­bert de bro­der sur sa vie, en ce domaine un pauvre flic aura tou­jours tort : il n'a droit qu'à la stricte vérité des faits, alors que le roman­cier, lui, peut à loi­sir inven­ter, rêver — et men­tir ! » p. 186

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Et si la mort d'Emma Bovary n'était pas due à un suicide ? Et si elle avait été assassinée ? En une seule prise, l'arsenic est rarement mortel… de cette périlleuse hypothèse (entre autres), Philippe Doumenc nous livre un réjouissant polar littéraire.

24 Mars 1846. Emma Bovary, dans son lit, alterne moments de répit et atroces souffrances liées à son empoisonnement à l'arsenic. Autour d'elle s'affairent, s'affolent et se désolent son mari Charles, le pharmacien Honnais et son épouse. Ainsi que les docteurs Canivet et Larivière appelés d'extrême urgence.
Mais rien n'y fera, Emma a bien réussi son suicide ! Sauf qu'à son retour à Rouen, le docteur Larivière s'est empressé d'avertir la police : avant de rendre l'âme, Emma Bovary, dans un dernier instant de lucidité, a eu le temps de lui souffler à l'oreille dans un soupir ; « Assassinée, pas suicidée ! ». Et les observations de contusions sur le corps de la victime, faites par son confrère Canivet, ont justifié d'un sursis à délivrer le permis d'inhumer ! Commence alors l'exposé d'une excellente enquête de terrain menée par le commissaire Delévoye dépêché depuis Rouen, en compagnie de Rémi, un jeune apprenti policier qu'il laissera seul sur place pour terminer le travail après avoir été rappelé par le Préfet. Les suspects ne manquent pas. Charles Bovary, mari cocu à la face du monde, avait toutes les raisons de tuer sa femme. le pharmacien Homais, qui regardait la fragile Emma avec «concupiscence», aurait pu jouer l'amoureux éconduit. Même Rodolphe, lassé de sa jeune maîtresse, était capable d'espérer sa mort jusqu'à la provoquer. Les femmes n'étaient pas en reste: une épouse jalouse, une belle-mère acariâtre. A moins que l'argent, les dettes ne soient le motif principal quand un prêteur sur gages vient demander qu'on le paye aussitôt...

Philippe Doumenc prodigue clins d'oeil et citations. Flaubert apparaît furtivement à l'enterrement de Madame Bovary. le réel se mélange à la fiction et le fait divers dont Flaubert s'était inspiré, refait surface. Et il pousse la provocation jusqu'à commencer son roman par une citation de Flaubert, extraite de sa Correspondance avec George Sand :
" Mais naturellement ma pauvre Bovary s'est bien empoisonnée elle-même. Tous ceux qui prétendront le contraire n'ont rien compris à son personnage !…Comment ne pas se suicider si l'on a un peu d'âme et que le sort vous condamne à Yonville ?"

Philippe Doumenc invente une suite fort convaincante au célèbre roman de Flaubert avec audace et humilité. Il redonne vie aux personnages négligés dans Madame Bovary. Avec un exercice de style parfait, il réussit le tour de force de retrouver la langue de l'époque, une atmosphère, un milieu. Et nul doute que le nom du coupable en surprendra plus d'un. Un roman (im)pertinent !

Ce petit livre est une réussite, très agréable à lire. Une bonne raison de relire Mme Bovary mais surtout d'apprécier la façon dont l'auteur a eu de remettre ce classique au goût de jour.

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L'action démarre lorsque deux policiers sont appelés pour enquêter sur la mort de la célèbre Emma Bovary. Originale, cette enquête nous propose une nouvelle vision du roman de Flaubert, ainsi que son prolongement. C'est, parfois, délicieusement inattendue. A faire : relire le roman de Flaubert en diagonale pour se replonger dans l'ambiance avant de prendre la température de celui de Philippe Doumenc...
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D'un fait divers probablement , Flaubert tire un livre Madame Bovary. Pas vraiment satisfait de la conclusion de celui-ci Philippe Doumenc contre enquête par un spin-off pour arriver a un tout autre résultat très séduisant avec un style qui sonne bien écrit d'une main de maître du réalisme du XIX siècle

Une suite donc mais pas vraiment, plutôt une uchronie en tous les cas un petit polar XIX siècle plus vrai que nature : le scoop : Emma ne s'est pas suicidé et donc suite aux allégations du médecin ayant assisté à sa mort, la procédure de mise en terre est suspendue et la police enquête

On retrouve les personnages de Flaubert Toujours une belle brochette de personnages de province, bourgeois encorsetés dans une morale à l'esprit de clocher de véritables âmes grises qui on toujours quelque chose à cacher.
On retrouve cet esprit provincial très décrié fait de médiocrité intellectuelle et de mesquinerie financière, de torpeur routinière et d'ennui Incommensurable sous un ciel de printemps qui ne veut pas lâcher l'hiver 
Yonville petit bourg en Normandie composé d'une unique rue, univers feutré et cachottier que Rémi jeune policier accessoire faisant l'objet d'une ostracisation de la part des notables du village aura à décrypter.

Les personnage sont retravaillés avec bonheur et n'ont rien à envier de ceux de Flaubert une histoire dont la fin est détournée mais avec brio le personnage d'Emma Bovary reste le centre d'intérêt de l'ouvrage et c'est le principal tout tourne autour d'Emma même morte et suicidée elle se permet aussi d'être assassinée. Emma est un des rares personnages de littérature à avoir eu deux morts

Si donc Madame Bovary c'est Flaubert est-ce que cette femme agonisante dénommée Emma c' est Doumenc ?
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« Madame Bovary » est un des classiques que je préfère. J'avais d'ailleurs adoré sa récente adaptation théâtrale au théâtre Jean Vilar. J'étais donc très heureuse de replonger dans l'histoire de la belle Emma.
Car si vous pensiez tous que Mme Bovary s'est suicidée à l'aide d'arsenic, Philippe Doumenc pense quant à lui qu'elle a été assassinée...

Je trouve que le concept est original : combler les ellipses pour recréer une histoire derrière l'histoire, donner un éclairage nouveau à des personnages secondaires dont on se souvenait à peine dans l'oeuvre originale. C'est une jolie façon de revisiter un classique.

Sympa, donc. Mais je n'ai pas non plus été transportée: c'est distrayant et étonnant, mais ce récit ne peut pas prétendre au titre de coup de coeur de l'été pour autant... Pas facile de concurrencer une grosse pointure de la littérature française...
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Et si Emma Bovary ne s'était pas suicidée ? C'est en tous cas ce que pense l'un des médecins appelés à son chevet lorsque, dans un dernier soupir, elle prononce ces mots : "Assassinée, pas suicidée". Qui plus est, le corps présente des ecchymoses. Il n'en faut pas davantage pour dépêcher deux policiers de Rouen afin d'enquêter, semant le trouble au sein de la bourgeoisie provinciale d'Yonville.

Car autour d'Emma se pressent un certain nombre de personnages hauts en couleurs, à commencer par son mari dont l'infortune notoire constitue un excellent mobile de meurtre. Tout le monde sait que l'attitude d'Emma n'était pas exemplaire et Rodolphe, son amant, figure lui aussi sur la liste des suspects. Tout comme le pharmacien Homais qu'Emma ne laissait pas indifférent et son épouse animée par une jalousie féroce, ou encore Mr Lheureux, le vendeur de frivolités chez qui Emma dépensait beaucoup d'argent...

Tout ce beau monde se retrouve autour du cercueil lors des funérailles ; Gustave Flaubert en personne y fait une courte apparition ! Car c'est là l'un des nombreux talents de Philippe Doumenc qui mêle habilement les différents niveaux de fiction dans sa réappropriation de l'histoire d'un des personnages phares de la littérature française. Sous couvert de nous révéler les circonstances exactes de la mort d'Emma Bovary, l'auteur multiplie les références, allant jusqu'à citer... Flaubert lui même. A travers une enquête policière en bonne et due forme (en témoignent les nombreux comptes-rendus d'auditions), il dénonce les travers de la bourgeoisie à la manière d'un Chabrol de la meilleure veine. Avec ce polar littéraire, Ph. Doumenc réussit un pari osé et donne envie, une fois les dernières pages lues, de se replonger dans ses classiques !
Lien : http://livredailleurs.blogsp..
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A la manière d'une enquête policière des années 1840, nous revoilà dans le village de Yonville, sur les talons d'enquêteurs intéressés par la mort (suspecte ?) d'Emma Bovary. L'auteur prend évidemment des libertés avec les personnages de Flaubert, en proposant une relecture de leurs vies et de leurs comportements, mais l'esprit du lieu et de l'époque se retrouve parfaitement.
Les "fans" du roman trouveront l'exercice intéressant ou sacrilège, mais pour ma part j'ai passé un bon moment !
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Une très agréable surprise que ce petit livre détournant et réinventant avec beaucoup de malice et de talent le grand-chef d'oeuvre de Flaubert. Notre chère Emma Bovary, victime de son romantisme et de la médiocrité de sa vie provinciale, accède dans cette seconde vie (mais devrais-je dire mort) littéraire au statut d'héroïne tragique, entre libertinage et manipulation. Séduite par l'audace du projet de Philippe Doumenc, qui consistait à faire rejouer les personnages flaubertiens dans une histoire où le crime s'en mêle, je le fus aussi par son style "à la manière de", et par la subtilité de son intrigue. Très entichée de Madame Bovary, je n'aurais pas pardonné qu'on la transpose dans un autre roman qui n'aurait pas été à sa hauteur. Non seulement ce n'est pas le cas, mais en plus Philippe Doumenc offre soudain un espace de liberté avec ce texte : celui d'imaginer avec vitalité et enthousiasme des héros et héroïnes que nous aimons en littérature pour leur inventer d'autres vies sans trahir leur origine.
Bibliothérapie : Explorer l'intertextualité avec par exemple l'Etranger d'Albert Camus et Meursault , contre-enquête de Kamel Daoud; plus classiquement Médée de Euripide, Sénèque, Corneille... liste à compléter !
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Le titre "contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary" résume le livre, une vraie nouvelle enquête où l'on voit le jour sur des éléments passés inaperçus.
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