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Georges Conrad (Illustrateur)
349 pages
Alfred Mame et Fils (01/07/1924)
4/5   1 notes
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Jean Drault est un écrivain qui n'est pas simple à aborder. Il appartient à la génération du Maréchal Pétain, une génération traditionnellement catholique et vieille France qui, malgré un âge avancé, s'est dramatiquement compromise avec l'occupant nazi durant la Seconde Guerre Mondiale. Plus que certains de ses confrères, Jean Drault s'est rendu coupable de pamphlets antisémites monstrueux et inexcusables, qui méritent d'autant moins la mansuétude qu'il n'a pas attendu l'avènement du Nazisme pour s'engager fermement dans l'antisémitisme, et ce dès la parution du sinistre "La France Juive" publié à compte d'auteur par le pamphlétaire antisémite Edouard Drumont, dont Jean Drault devint un ami et un collaborateur proche.
Pour autant, malgré cet engagement détestable, Jean Drault fut un auteur populaire prolifique, dont les romans ne reflètent pas toujours les vues politiques. Surtout connu pour la série des "Chapuzot", récits humoristiques quelques peu datés, Jean Drault a laissé une cinquantaine d'ouvrages situés majoritairement dans la France provinciale de la Belle-Epoque ou exploitant quelques hauts faits de l'Histoire de France.
C'est à ce dernier genre qu'appartient "La Fiancée de Brumaire", publié originellement en 1910, et réédité en 1924 dans une édition abondamment illustrée par Georges Conrad.
D'ores et déjà, je précise que "La Fiancée de Brumaire" est un roman-feuilleton historique purement contextuel, où l'auteur ne fait pas la moindre allusion à ses convictions politiques. Pas de propos ou d'allusions antisémites dans ce livre-ci, et c'est aussi la raison pour laquelle je me sens libre d'en parler.
D'autant plus que Jean Drault choisit ici un passage de l'histoire napoléonienne rarement abordé dans le roman historique : le coup d'état du 18 Brumaire, orchestré par Bonaparte et Sieyès pour faire tomber le Directoire, et s'emparer ainsi du pouvoir républicain. Pour autant, comme son titre le suggère, "La Fiancée de Brumaire" n'est pas un roman historique sérieux et documenté. L'entièreté du récit couvre les trois jours précédant le coup d'état. Jean Drault est précis dans le déroulement des faits, s'offre le luxe de retranscrire quelques discours prononcés durant les derniers jours du Directoire, mais ne pousse pas plus loin le cours d'Histoire. Napoléon Bonaparte lui-même ne fait que quelques apparitions sporadiques. Jean Drault pose sur le futur empereur un regard relativement neutre, montrant un simple général concentré sur son action.
Jean Drault en fait s'intéresse moins à Napoléon qu'aux figures historiques annexes, ainsi qu'aux simples particuliers, qui vont se retrouver embarqués malgré eux, dans ce coup d'état nocturne et diplomatique, où personne ne sait exactement ce qu'il se passe. En toile de fond, et en guise de fil rouge, le roman dépeint aussi la romance ardemment combattue, et d'abord impossible, entre la fille du président du Directoire et un soupirant dont elle est éprise, et qui vient d'être nommé colonel par Bonaparte. Comme on s'en doute, cette romance qui va dans le sens de l'Histoire se terminera bien, après cependant beaucoup de péripéties.
Mais le véritable héros de ce roman, c'est avant tout le personnage de Fouché, en lequel Jean Drault reconnaît des talents de stratèges, de noueur et de dénoueur d'intrigues, qui n'hésite pas à servir alternativement les deux camps afin de mieux préparer la victoire de Bonaparte. Tour à tour ersatz de Fantômas ou d'Arsène Lupin, Fouché apparaît ici sous un jour très romanesque, fortement idéalisé.
"La Fille de Brumaire" aurait pu être un petit chef d'oeuvre, si Jean Drault s'était montré un peu plus ambitieux. L'auteur n'était pas un immense écrivain, mais il faut lui reconnaître un indéniable talent de conteur, qui connaissait sur le bout des doigts toutes les bonnes ficelles du roman-feuilleton. Il brosse ici des personnages convaincants, attachants, savamment contradictoires, qu'ils soient figures de l'Histoire ou sombres anonymes. Il sait alterner avec inspiration scènes d'action trépidantes, joutes verbales, analyses politiques, scènes romantiques et passages humoristiques, voire ironiques, visant à détendre un peu l'atmosphère. le cocktail est parfaitement dosé, seulement, la foule de petites histoires qui parsèment ce roman font un peu passer au second plan la Grande Histoire qui lui sert de décor - et hélas uniquement de décor. Qui plus est, dans son désir de ne pas pousser le récit au-delà de l'accomplissement du coup d'état, Jean Drault conclut assez brièvement son roman, suggérant la suite des aventures de certains personnages,dans un prochain récit qui apparemment, n'a pas été publié.
Tout cela fait de "La Fille de Brumaire" un roman tout à fait passionnant, même pour un public peu intéressé par l'histoire napoléonienne. L'efficacité de la narration, la richesse et la variété des personnages, l'intensité très bien retranscrite d'un changement brusque de régime politique, relève de ce que le roman-feuilleton à l'ancienne pouvait apporter de plus divertissant. Pour ceux qui possèdent l'édition illustrée de 1924, les gravures inspirées et joliment désuètes de Georges Conrad apportent une touche supplémentaire tout à fait appréciable.
On ne peut au final que regretter que Jean Drault ne se soit pas senti les épaules de signer un très grand roman historique sur le coup d'état du 18 Brumaire. Il a fait volontairement le choix de s'arrêter à "La Fiancée de Brumaire", et aux trois jours de chaos fortement générateurs d'intrigues et de vaudevilles qui ont accompagné ce moment d'Histoire. Bien qu'il n'ait pas failli à sa tâche, et que l'on suive le récit avec plaisir, le roman de Jean Drault laisse tout de même un peu le lecteur sur sa faim... Mais les amateurs de cette littérature populaire rocambolesque, qui ne s'est jamais trop préoccupée de réalisme, y trouveront certainement leur contentement.
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