Pourquoi eux? La question paraît d'emblée suspecte, parce qu'elle semble justifier l'ignominie. Elle est pourtant nécessaire. Les bribes de réponse d'
Hannah Arendt me laissent un peu sur ma faim. Quelque chose échappe encore, et échappera toujours. Certes, il y a les rapports ambigus entre les Juifs et la société, qui va des Juifs de cours, utiles à l'Etat, aux magouilles de quelques financiers véreux, nuisibles, cristalisant sur eux le sentiment diffus de mépris des Juifs. Certes, les Juifs eux-mêmes oscillent entre l'assimilation, jamais complète, et la différence, qui, en devenant individuelle devient essentielle, le Juif ne devenant que le Juif, l'ennemi intérieur, le comploteur, l'exotique se faisant dangereux. Pourtant, on ne peut que continuer à se demander "pourquoi eux?", tant le saut du mépris au massacre est gigantesque, tant la frénésie antisémite a été (et est encore, Toulouse l'a prouvé la semaine dernière) absurde et criminelle. Sans doute faut-il que je lise la suite, celle où
Hannah Arendt tent, autre mission impossible, d'expliquer ce qu'est le totalitarisme, ce monstre politique devenu monstre en chair et en os.