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3,56

sur 331 notes
Vous venez de plier contre un platane la dernière smart break jante alu de papa.
Oups, une malencontreuse marche arrière dans le garage et c'est Fifi, adorable petit chat angora de 72 kg épaulé-jeté, qui vient de rendre l'âme. En même temps, un dos d'âne sis en plein milieu dudit garage vous paraissait quand même étrange.
Enfin, c'est éreinté mais avec la satisfaction du travail accompli que vous venez de massacrer, torturer, démolir ce qui, a priori, devait à l'origine évoquer l'homo sapiens de base.
Pas de panique, j'ai la solution ! L'agence Sorry. Forte de cinq membres actifs et compétents, elle se fera un plaisir de vous dédouaner en invoquant l'excuse la plus ingénieuse qui soit.
Si la bagnole paternelle et le matou familial ne posèrent aucun problème notoire, le cadavre fut une toute autre paire de manche. Pour être honnête, certainement le contrat de trop. Celui qui vous pourrit désormais la vie et qui pourrait bien vous la faire perdre brutalement.

Alors non Zoran Drvenkar, s'il est un terme susceptible d'évoquer ce roman,ce n'est certainement pas ce mot d'excuse.
Formidable jeu du chat et de la souris mâtiné d'une réflexion poussée sur la culpabilité et la rédemption, ce Sorry fait la part belle à la manipulation, au suspense et à l'amitié qui se délite au fur et à mesure que le danger grandit.
Tout comme Toi et inversement proportionnel à la tangente, l'auteur évoque, par le prisme d'un nouveau protagoniste à chaque chapitre, sa vision des épreuves qu'il traverse et en cela, la plongée en eaux troubles s'avère rapidement suffocante.
La construction est habile, labyrinthique et ne souffre d'aucune faiblesse notoire.

Drvenkar, c'est désormais une patte diablement originale et efficace en matière de thriller. Passer à côté serait se priver d'un plaisir sans nom et ne souffrirait aucun billet d'excuse !
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Un très gros coup de coeur !!!!

Nous sommes en Allemagne, le mondial de foot est terminé depuis 9 mois. Kris Marrer, 19 ans, habite Berlin, il vient se faire licencier après 12 mois.

L'annonce :

SORRY
NOUS VEILLONS
A VOUS ÉVITER TOUT EMBARRAS,
FAUX PAS, MALENTENDU,
ERREUR ET LICENCIEMENT.

NOUS SAVONS CE QUE VOUS DEVEZ DIRE.

NOUS DISONS CE QUE VOUS VOULEZ ENTENDRE.

PROFESSIONNALISME & DISCRÉTION

C'est le soir de leurs retrouvailles, que naît l'idée de cette annonce. Elle n'est qu'une blague qui va s'avérer être une activité à temps plein... Les 5 amis d'enfances, Tamara, Frauke, Hris et Wolf viennent d'ouvrir une agence : SORRY. Chargée de s'excuser à la place des autres !!!

Les affaires sont florissantes, jusqu'au jour où, ils tombent sur le cadavre d'une femme cloué au mur les bras en croix, comme Jésus-Christ. Un énorme clou en travers de la tête. Leur mission : s'excuser pour cette chose. Ils doivent faire disparaître le cadavre. Ce n'est une mince affaire et va créer des tentions dans le groupe.
Ils sont complices, ils sont coupables, ils l'ont fait, ils vont en assumer les conséquences...
Maintenant, ils doivent découvrir qui est le tueur et le commendataire de tout cela. Il faut qu'ils soulagent leur conscience...

Ma première réflexion a été de me demander pourquoi l'auteur Zoran Druenkar, s'adresse au lecteur et dans quel but. En effet dans les tous premiers chapitres, le fait que l'auteur tutoie le lecture et cela m'a interpellé... je me suis demandé si c'était pour l'interpeller ou l'impliquer dans l'histoire...

Nous avons ici un très très bon thriller psychologique, une de ces perles que j'aime temps. Une bouffée d'oxygène entre deux lectures qui peuvent être très bonnes, mais qui laissent une place de choix à cet opus.
J'ai adoré, j'ai eu un coup de coeur pour ce premier thriller de cet auteur : Zoran Druenkar. Encore un qui arrive dans mon escarcelle d'auteurs à suivre...
Lien : http://tousleslivres.canalbl..
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Sorry est un roman qui remplit avec efficacité sa fonction : tenir en haleine le lecteur avec une histoire à première vue invraisemblable.

Partie d'une plaisanterie de fin de soirée entre quatre amis d'enfance à l'avenir économique et pécuniaire incertain, l'entreprise qui porte le nom du titre s'engage à présenter des excuses à la place des autres. Contre toute attente, ça marche du tonnerre et ramène à ces quatre pré trentenaires suffisamment d'argent pour acheter une grande villa à retaper sur la Wansee et y vivre ensemble. Après des années de galère, l'horizon semble s'éclaircir sur Berlin. Mais voila, ce serait trop beau. Un contrat pour le moins singulier s'invite tel un grain de sable bien importun et les événements se précipitent pour Kris, Wolf, Tamara et Frauke. Menaces et dangers planent sur le quatuor et s'accumulent à vitesse grand V.

Zoran Drvenkar opte pour une approche particulière, passant de chapitres à la première personne du singulier à d'autres à la deuxième puis au narrateur omniscient. Ces mêmes chapitres sont courts et tendus, repartent régulièrement dans le passé pour apporter des éléments expliquant le présent. C'est parfois limite en terme de crédibilité et pourtant ça passe... le temps de la lecture. Pas sûre que j'en retienne énormément d'ici quelque temps. Mais Sorry a le mérite, comme dit plus haut, de m'avoir tenue en haleine jusqu'à un certain point.

PS: qui sait comment se prononce le nom de famille de l'auteur???
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Ils sont quatre amis un peu paumés dans leur vie respective, indécis quant à leur avenir, traînant leur guêtres bon gré mal gré dans un Berlin en crise. Et puis l'un d'entre eux, Kris, le plus terre à terre, le plus posé du quatuor, est frappé d'une illumination quasi divine : vu la proportion de salauds qui écument le monde professionnel, pourquoi ne pas créer une agence qui s'excuserait auprès des personnes que les patrons véreux et les entreprises sans scrupules auraient lésées, blessées ? Cette agence trouve rapidement son nom, 5 lettres simples, un mot qui résume tout : Sorry. le succès arrive très rapidement et nos comparses (deux frères et deux filles), croulent sous les demandes. Tout se déroule plutôt bien jusqu'à ce qu'un homme décide lui-aussi de faire appel à l'agence mais pour un genre d'excuse un « poil » différent car derrière ce client se cache un assassin qui pour soulager sa conscience décide de les mêler à son petit jeu morbide. L'engrenage infernal se met donc en place, happant nos quatre amis dans une course contre la montre mortelle pour tenter de comprendre les motivations de ce mystérieux client et surtout s'extirper du bourbier dans lequel ils viennent de s'enliser.
J'ai d'emblée été séduite par le sujet de ce thriller que je trouve particulièrement original. J'ai d'autant été séduite que Zoran Drvenkar alterne les points de vue narratifs : celui de nos pauvres compères, aux prises chacun à leur manière avec ce client psychopathe et ledit psychopathe dont on comprend petit à petit les motivations et dont on suit le parcours sanglant. Sans l'excuser, la vérité laisse entrevoir un secret remontant à l'enfance douloureuse du tueur et qui personnellement m'a un peu secouée. le lecteur peut être dérouté par le rythme relativement lent du début (je l'ai été et ai failli abandonner) mais il faut aller au-delà et s'accoutumer à cette ambiance si particulière. Et puis rassurez-vous, tout va s'emballer jusqu'au dénouement final, assez déroutant.
Mon impression est donc plus que positive pour ce thriller allemand de très bonne facture, efficace, original, à l'écriture et aux dialogues bien ciselés, à l'histoire choc et paradoxalement plutôt émouvante. L'engrenage est particulièrement bien dépeint et l'angoisse du lecteur va de concert avec celle des personnages. Je ne peux que le recommander car il est rare qu'un thriller me secoue comme Sorry a pu le faire.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Un superbe livre sur les thèmes de la culpabilité et du châtiment.
Un sujet dur, que certains pourront trouver choquant, mais traité avec suffisamment de subtilité et de profondeur pour rendre cette lecture mémorable.
Un livre d'une grande originalité dans l'écriture et la construction, tortueux, à la fois très noir et profondément humain.
Une construction narrative exceptionnelle, alternant le « je », le « tu », le « il », déstabilisant le lecteur, sans pour autant lui faire perdre totalement le fil. Une prouesse que l'auteur mène à bien avec brio.
Très loin des stéréotypes du thriller, sur une idée de base excellente, la découverte d'une vraie plume.
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
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Sorry
Désolé, le titre de ce livre qui transporte le concept d'excuse à son apogée Une formidable idée pour cet auteur croate : utiliser le concept de l'excuse pour créer un roman dans lequel nous allons retrouvé tout les ingrédients du bon thriller psychologique.
Cela nous permet aussi de réfléchir à tout ce qui nous pousse à s'excuser dans la vie quotidienne. Remords personnels oui bien obligation sociale ? Pourquoi nous excusons nous ?
En tout cas aucunes excuses valable pour ne pas découvrir ce thriller dans lequel l'auteur utilise directement le lecteur dans le cheminement macabre de l'enquête.
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Frauke, Kris, Tamara et Wolf ont créé une agence qui s'excuse à la place des autres. « Nous représentons le nouveau pardon. Oublie la religion. Nous sommes les intermédiaires entre la faute et le remords. » (p. 200) Leur entreprise rencontre un succès inattendu et les quatre amis pensent en avoir fini avec les années de galère. Jusqu'au jour où un tueur qui semble très bien les connaître leur demande de s'excuser auprès de ses victimes qu'il a massacrées dans une mise en scène étrange. « Les détails te tiennent à coeur. Tu connais la valeur du souvenir. » (p. 17) le terrible engrenage de la peur et de la violence est en marche et rien ne l'arrêtera jusqu'à l'issue finale. « Vous dirigez une agence qui présente des excuses alors qu'il y a tant de choses que vous n'arrivez à vous pardonner. » (p. 259) Pour comprendre comment tout a commencé, il faut remonter des décennies plus tôt, quand un garçon a été forcé d'apprendre la docilité et d'endurer la douleur.

Je n'aime pas les thrillers, c'est avéré, mais ceux de Zoran Drvenkar ont un petit quelque chose qui me fascine. J'ai lu sans m'arrêter Toi et le schéma s'est répété avec Sorry. Avec un délicieux frisson, j'ai évolué en aveugle parmi des personnages qui ne se dévoilent que lentement, qui restent dans l'ombre et chuchotent des horreurs. L'auteur s'y entend pour décrire des scènes d'insoutenable violence, à tel point que l'on ne sait pas s'il s'agit de perversité ou de folie. Sorry s'interroge sur la vengeance et la culpabilité qu'elle peut engendrer. Attention, n'essayez pas de reproduire les actes du tueur, même sous la surveillance d'un adulte (surtout sous la surveillance d'un adulte…) Vous trouvez vos nuits trop calmes ? Lisez Sorry. Et vous ne regarderez plus jamais les lys blancs du même oeil.
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Sorry, c'est le nom de l'agence que 4 amis de jeunesse viennent de mettre sur pied à Berlin. La fonction de l'agence est de s'excuser à la place des autres, en se limitant toutefois à la sphère professionnelle. L'affaire démarre sur les chapeaux de roue.
Mais à prétendre soulager les consciences et accorder l'absolution à peu de frais, à jouer à Dieu en quelque sorte, on risque de s'attirer les foudres de l'enfer. Celui-ci ne tarde d'ailleurs pas à se matérialiser, sous la forme d'un mystérieux client qui souhaite s'excuser des meurtres qu'il a commis. Et voilà nos 4 amis entraînés dans un jeu de massacre impitoyable…

Je ne suis pas spécialiste du thriller, mais je pense pouvoir affirmer que celui-ci se démarque par son originalité dans la construction du récit, parfaitement maîtrisée par l'auteur.
Les courts chapitres se succèdent en alternant différents points de vue (narration en « je », « tu », « il/elle ») et différentes époques (passé lointain, passé récent, présent), décrivant tantôt des personnages dont l'identité est connue, tantôt des anonymes. Il faut un temps d'adaptation pour comprendre où on va, mais on s'aperçoit vite que les pièces du puzzle finiront par s'assembler. C'est assez efficace à condition d'admettre comme vraisemblables le concept de l'agence d'excuses et les crimes pédophiles qui fondent toute l'histoire (pas très réalistes à mes yeux, mais bon…).
Après une mise en place un peu lente, le rythme des événements augmente et la tension monte au même tempo, l'auteur n'étant pas avare en rebondissements. le récit est écrit au présent, ce qui accentue encore l'impression d'urgence, et la froideur et la précision dans la description de scènes violentes et/ou sordides contribuent au malaise.
Le style et le vocabulaire sont simples, pas la peine de rajouter la complexité de la forme à celle du fond.
Sur fond de pédophilie, Sorry brasse les thèmes du pardon, de la culpabilité, du châtiment et de la vengeance, malheureusement sans les approfondir. Mis à part le coupable « originel », aucun des acteurs du récit n'est simplement bon ou méchant, l'analyse psychologique est d'ailleurs assez fine. Comme dirait l'autre, il y a « fifty shades of grey ». Sorry…pour l'utilisation détournée de ce dernier titre…
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Quatre amis montent une entreprise à succès sur une idée pourtant initialement lancée à la va-vite : ils proposent aux entreprises de s'excuser à leur place auprès d'employés. le bouche à oreille fonctionne très bien, à tel point qu'ils finissent par recevoir une demande qui s'avère macabre : un assassin veut qu'ils s'excusent auprès de ses victimes. Et qu'ils se débarrassent des corps, tant qu'à faire. Menacés, les quatre amis se trouvent embarqués dans un engrenage qui leur coûtera tout. Un engrenage que même le meurtrier n'avait pas correctement calculé...

Ressort de cette lecture un constat simple : je ne suis pas faite pour les thrillers. Tous ces meurtres et ces gens qui deviennent des meurtriers aussi facilement qu'ils changent de chemise, toutes ces morts gratuites et ces horreurs perpétrées... Et cette "révolte" des victimes qui se laissent totalement embarquer comme si ces réactions étaient intrinsèques à leur personnalité... C'est vraiment pas pour moi. Faut que j'arrête, c'est tout.
Je dois néanmoins reconnaître à cet ouvrage une construction maîtrisée qui conserve bien un suspense alléchant, ainsi qu'une écriture et une traduction de qualité. le contexte de fond est original, et surtout les mystères et ambiguïtés sont savamment distillés tout au long du récit pour tenir le lecteur en haleine jusqu'au bout. Il faut reconnaître aussi que les personnages sont assez bien décrits, avec chacun leur part de souffrances et de déchirures personnelles.
L'origine du mal, elle, fait froid dans le dos. Et la question de l'injustice ou de la justice se pose au fil de la lecture, avec une sensibilité propre.
Mais voilà, la fin laisse un peu coi, ce qui en soi est dommage et clôt l'histoire jusque-là presque sans faute sur un point d'interrogation assez brouillon.
Il y a beaucoup de points positifs qui font de ce livre un bon produit du genre. C'est juste... que c'est pas ma came.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Sorry est un oxymore qui mêle l'excellent – voire le génie – et le médiocre.

Par conséquent, si j'étais mauvaise langue (ce que je ne suis que les jours impairs des années bissextiles), j'interpréterais volontiers le titre de ce thriller – Sorry – comme une excuse inconsciente de l'auteur à son lectorat. Comme un clairvoyant "désolé".

Ce serait toutefois être médisante car le roman de Zoran Drvenkar est loin d'être abominable – il est simplement décevant – et que le titre est en réalité un clin d'oeil à l'agence créée par les quatre amis d'une part et au thème qui prédomine dans ce thriller d'autre part, j'ai nommé, le pardon.

Sans doute en attendais-je trop, sans doute n'aurais-je pas dû démarrer simultanément l'haletant Battle Royale – qui est for-mi-dable mais j'aurai l'occasion de vous en reparler –, il n'empêche qu'indépendamment de tous ces éléments, Sorry a également ses torts.

À commencer par l'idée originelle – et originale ! – du thriller, à savoir une agence chargée de s'excuser pour les autres, qui m'avait profondément intriguée à la lecture de la quatrième de couverture et qui, pour tout vous dire, avait même motivé mon achat mais qui est malheureusement survolée. La société Sorry est en effet présentée dans la première partie du récit, de sa création jusqu'à sa mise en application en passant par la répartition des tâches entre les quatre amis, mais disparaît peu à peu au profit de la traque de l'assassin.

Traque légitime, certes, au vu du genre, mais qui aurait pu – et dû – selon moi coexister avec une réflexion sur l'agence dont le succès phénoménal est, somme toute, le reflet d'une nécessité universelle : "Les gens ont la culpabilité qui leur suinte par tous les pores. Wolf, nous représentons le nouveau pardon. Oublie la religion. Nous sommes les intermédiaires entre la faute et le remords". le hic, c'est que l'auteur se concentre uniquement sur les conséquences d'une telle entreprise et élude complètement les causes, qui me semblent pourtant tout aussi, sinon plus, passionnantes.

Il aurait ainsi été intéressant d'autopsier la notion d'excuse et ce qu'elle recouvre : pourquoi aujourd'hui plus que jamais les Hommes sont pétris de remords et rongés par la culpabilité ? Y-a t-il un lien avec le déclin de la religion ? Si oui, lequel ? Par ailleurs, l'excuse est-elle recevable si elle est faite par un tiers, comme c'est le cas ici, et non par la personne qui a fauté ? le pardon n'est-il pas alors plus "social", "marketing" que moral et humain ? Et enfin pourquoi avoir recours à un intermédiaire ?

Autre élément effleuré – et encore, c'est beaucoup dire ! – par Zoran Drvenkar, et pas des moindres, le lieu. L'intrigue se situe en effet en Allemagne et plus précisément à Berlin dont on n'apprend, à mon grand dam, presque rien. Seuls deux endroits se distinguent : l'un urbain, composé des appartements que "visitent" les quatre amis, l'autre plus verdoyant car au bord du lac Wannsee où ils ont élu résidence. Or que Berlin ne soit jamais vraiment décrit et ne fasse office, finalement, que de vague décor a considérablement entaché la vraisemblance du récit.

Par ailleurs, la quatrième de couverture est doublement trompeuse ce qui agace profondément la lectrice que je suis. En premier lieu, Sonatine nous parle d'un roman "à la construction exceptionnelle – ce que j'approuve totalement mais j'y reviendrai – et au style remarquable". C'est là que le bât blesse. le style de Zoran Drvenkar est, comme nombre d'auteurs de thrillers et de polars, assez simple, plutôt laconique afin, je suppose, d'exacerber le suspense et de stimuler le rythme du récit. Il est donc d'une sobriété efficace mais en rien remarquable à mes yeux.

En second lieu – et là ce sera un mini coup de gueule – la quatrième de couverture ne spécifie à aucun moment que l'intrigue repose sur une sombre histoire de pédophilie (!) et donc, indirectement, que Sorry contient des descriptions d'une cruauté effroyable et assez insoutenable. Outre le fait que j'estime qu'il n'est pas indispensable, pour "déranger" son lecteur, de brosser les viols d'enfants dans leurs plus minutieux détails, je n'ai pas non plus apprécié d'être "trompée" de la sorte car je ne me serais jamais aventurée dans ce thriller si auparavant j'avais su qu'il traitait, en filigrane, de pédophilie.

Ceci étant dit, Sorry se démarque positivement par sa construction narrative et sa tonalité – qui constitue d'ailleurs selon moi sa plus grande qualité – pour le moins surprenantes. Chaque chapitre porte en effet sur un personnage parfois clairement désigné (Kris, Tarama, Wolf, Frauke) parfois simplement signalé par un mystérieux "toi" ou "l'homme qui ne devait pas être là" ce qui attise fortement la curiosité. En outre, la chronologie des chapitres est bousculée par des en-têtes temporelles ("entre-temps", "avant", "après").

Sorry s'avère donc être un aussi brillant que suffocant puzzle chronologique et identitaire qu'il vous faudra patiemment recomposer. Peut-être est-ce d'ailleurs cet effort constant placé dans l'enchevêtrement astucieux des chapitres et dans l'entretien méticuleux du suspense qui fait que Zoran Drvenkar a malencontreusement négligé le cadre (Berlin) ou encore les personnages, eux aussi peu développés, encore moins attachants – personnellement je n'ai pas besoin de m'attacher ou de m'identifier pour apprécier un roman mais je le signale quand même pour ceux pour qui c'est indispensable.

Enfin, à défaut de sonder la notion d'excuse comme je l'explique ci-dessus, ce thriller interroge le pardon, la culpabilité ou encore la rédemption. Sorry pose entre autres la question suivante – et fort judicieuse selon moi : faut-il pardonner ? Il m'est malheureusement impossible de développer mon argumentation ici, sous peine de vous spoiler mais disons simplement que Zoran Drvenkar pulvérise toute trace de manichéisme en nous avec brio et parvient à nous faire aimer – ou du moins à ne pas nous faire détester –, comprendre (?) des personnages aux actes pourtant immondes.

En résumé, de regrettables lacunes, une quatrième de couverture trompeuse mais une construction narrative singulière, haletante et une réflexion très intéressante sur le pardon. Un thriller antinomique donc et dont il est impossible, quoi qu'on en pense, de sortir indemne.

Plus de détails (mes rubriques "n'hésitez pas si ; fuyez si ; le petit plus ; le conseil (in)utile, en savoir plus sur l'auteur") en cliquant sur le lien ci-dessous.
Lien : http://blopblopblopblopblopb..
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