A la vie, à la mort. A la bonne vôtre ! ^^
A l'éloge de la fuite (*) , je préférerai toujours l'éloge du risque. C'est un acte peu ordinaire de chroniquer un livre avant de l'avoir lu, et c'est un autre risque que de l'annoncer. Double saut périlleux dans la confiance. Anne Dufourmantelle analysera de risquer la Vie et de l'engager sur un pari à un point de basculement. Un de ces carrefours mystérieux de tous les possibles qui dessinera ma vie et illuminera ma mort. Ou pas.
La lecture pour me rechercher, par l'écriture me révéler. Pour l'écriture : oser le je, le démasquer dans ces on, il, nous et même vous ; au direct du dit. Ce faisant, je risque de vous perdre, j'ajoute à l'inattendu de l'acte, transgressif, la peur de l'inconnu. Soudain je pense à Spinoza, l'isolement pour prix de ses idées. N'aurait-il pas été plus heureux polissant des verres de lunettes plutôt qu'à vouloir y voir clair par lui-même ? Réflexion faite, donner une sienne idée au lieu d'une idée de soi : quel risque ! Oui, je mise sur la profondeur de l'amitié au détriment de la séduction.
J'ai lu l'audace de vivre, Anne me soufflera autrement la joie d'Arnaud Desjardin ainsi que cette parole d'Evangile profonde et terrible : « Celui qui voudra sauver sa vie la perdra. » La vie, cet inespéré cadeau, éphémère certes, mais lumineuse. Comment prolonger cet éblouissement de l'enfance ? La Vie n'a que deux exigences, celle de la chérir et celle de la jouer, lançant tourbillonner si besoin cette pièce dont une face est ma vie et l'autre ma mort. Non par bravade, mais par nécessité m'en remettre au hasard, voguer vers l'incertain, à la rencontre de ce moi inconnu. L'éloge du risque est forcément un hymne à la Vie. Evidence.
Anne que pourrait-elle me dire d'autre que vivre c'est aimer ? Aimer à m'en oublier. Jusqu'à l'oubli de moi pour mieux être moi. Prendre le risque de me découvrir, dans tous les sens du terme. Aller me chercher par ce chemin tortueux et étroit, aux multiples embranchements hasardeux, m'engager pour approcher l'intime, fil de ferriste au-dessus des abîmes de la frivole dilution et de la frileuse intériorité. Oui je vais au devant d'elle sans armes et sans armure, osant le je.
Aussi je me dépouille de ce pressenti, ayant momentanément interrompu ma lecture au 5ème court chapitre : En suspens. Je le fais pour m'engager volontairement sur le chemin de l'abandon à une pensée que je sais plus haute afin de laisser de côté celui confortable de la confrontation, de l'argutie mentale. Je m'en vais confiant à une triple rencontre, celle d'Anne Dufourmantelle dont la mort lumineuse éclaire la justesse du propos, celle de cette amie babéliote qui m'encourage dans sa lecture, celle de cette autre part de moi-même à l'instant ignorée.
Ainsi prendrai-je ma place dans cette cordée, l'esprit totalement libre et concentré à escalader cette voie escarpée du risque de vivre. Voilà, maintenant m'appliquer, m'accrocher aux prises proposées par cette guide hors norme, ranimer la flamme falote d'un cœur pourtant ardent.
Au passage, je tends la main à l'invite au copain Hugo (*) et à quelques autres^^.
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A la croisée de la psychanalyse et de la philosophie, cet essai n'est pas toujours facile d'accès. Il faut accepter de s'attarder sur certaines notions, phrases où le sens n'apparaît pas immédiatement. Anne Dufourmontelle nous parle du risque dans toutes les acceptions possibles. Il s'agit ici de prendre le risque de vivre notre vie telle qu'elle se présente, accepter les désaccords avec nous-mêmes et avec ce qui nous entoure. Il faut dire que c'est véritablement un langage psychanalytique et parfois assez ardu. Cependant, l'auteure, par une empathie, une chaleur, une compréhension, que l'on ressent dans son texte, parvient à retenir son lecteur, à le mettre suffisamment en confiance pour en faciliter la compréhension.
C'est un livre vers lequel je reviendrai certainement.
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Entre réflexion philosophique et étude psychanalytique, cet ouvrage nous rappelle les difficiles vérités du doute, de la passion, de la peur, de la liberté... Et de tant d'autres risques qui font une vie réellement vécue. Bel antidote à l'abrutissement solitaire ou collectif.
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Un livre érudit, mélange de poésie, de Philosophie, de psychanalyse, de mythologies et d'histoires de vie mais dont le fil conducteur est d'oser être soi et de vivre sa vie Intensément. Mais également oser voir l'autre, oser repenser le monde et interroger qui semble acquis, oser autrement et oser aimer. On sent la douceur et la transcendance de l'amour chez Mme Dufourmantelle. Néanmoins je dois avouer qu'à certains moments elle m'a perdue mais je me suis retrouvée
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