Dans ce livre de Dumas, l'auteur se fait narrateur et nous plonge encore plus au coeur de l'histoire, c'est tout l'avantage d'un récit à la première personne. Dumas, donc, emploie à l'occasion d'un voyage maritime, quelques bagnards à son service. Ils viennent du bagne de Toulon, bagne maritime s'il en est. Seulement, voilà ; le narrateur croit connaître le visage d'un de ces bagnards, le plus silencieux d'entre tous. Finalement, il avouera son identité ;
Gabriel Lambert. Reste à savoir comment un homme qui semble aussi éduqué ait pu se retrouver au milieu des forçats, dont la grande majorité sont illettrés.
C'est là qu'intervient l'autre nom sous lequel on avait précédemment connu le pâle bagnard… qui se faisait appeler le vicomte de Faverne. Comment peut-on passer des luxueuses salles, dorées, immenses, gravées et sculptés de l'Opéra Garnier, au bagne étroit, austère, morne et triste ? C'est ce que le narrateur essaiera de savoir au fil des pages de ce livre.
Si le livre se révèle un peu long à démarrer, on se retrouve rapidement plongé dans la curiosité. Un tour de force ; il est difficile de faire en sorte que le lecteur s'intéresse à tel ou tel personnage. Pourtant, ce Lambert est véritablement intriguant. Et par notre curiosité, on se trouve absorbé par les différentes scènes qui se déroulent sous nos yeux.
Des notes d'un médecin ayant assisté à un combat à l'épée bien singulier entre deux hommes d'honneur, dont l'un est le dit vicomte de Faverne, on en apprend beaucoup plus sur le bagnard de haute société. Et comme la diversité est de mise, le roman se finit sur la narration d'un forçat enchaîné auprès de Lambert, qui, malgré tous ses efforts, ne parviendra jamais à faire croire à sa noblesse, toujours trahi par ses origines modestes. C'est là le point du récit.
Dumas rejoint Hugo en dénonçant, d'une manière plus implicite, les conditions du bagne et la sévérité des lois. La loi punit de mort le contrefacteur, retient Lambert. Une sentence exagérée ? Pas seulement.
Dans ce récit définitivement contemporain de Dumas, on a autant l'honneur de croiser le roi Charles X que le chef de la Sûreté, Vidocq, identifié seulement par la première lettre de son nom, mais qui ne trompe personne sur son identité. Un ancien forçat envoyant un de ses « compagnons » au-devant de la justice ; telle est l'apparition de Vidocq dans ce livre, toujours appréciée, ainsi que le Roi à qui on a l'audace de demander une commutation de peine.
Mais assez parlé ; je vous laisse découvrir l'histoire, si jamais vous venez à lire ce livre. Non pas tant pour sa charge politique, au contraire d'Hugo, mais bien parce que l'immersion est complète et parce que tout littéraire est curieux de nature.
Court de 200 pages,
le Bagnard de l'Opéra n'a rien à envier à ses grands frères, alors bonne lecture !
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