Elle aimait du reste les vers avec passion et, bien qu’elle n’en écrivît point elle-même, elle les récitait avec une grâce et un goût capables de ravir l’âme la plus fruste et la moins sensible aux effets de la poésie. Cet art naturel lui avait acquis un succès et une réputation inouïs dans le salon bleu de la marquise de Rambouillet, où elle fréquentait avec assiduité dans le temps où elle n’était pas tout entière au soin d’entretenir sa tendre et intime amie la Reine.
Rien de bien fait n’existe au monde si ce n’est eux qui le font. Ils sont toujours si remontrants que s’ils ne trouvaient qu’un étron ils y trouveraient à remordre !… Si par cas fortuit ceux-là avaient aperçu quelqu’un sur quelqu’une, foi de ma vie !
Le Cardinal dépensait une part de sa fortune à payer partout des espions : il était tenu au courant de leurs moindres faits et gestes par le premier valet de chambre du Roi, qu’il soudoyait pour se faire rapporter en secret tous leurs discours – sa hâte de la voir partir était grande.
Elle était la seule personne au monde, qui connaissait Louis – assurément la seule à l’aimer. D’un amour chaste évidemment, un amour de romans tendres comme on en inventait dans la chambre bleue de la marquise de Rambouillet. Ils en devisaient eux-mêmes parfois, en riant : ils se comparaient aux héros imaginés par Honoré d’Urfé dans ce livre porteur d’aventures selon leur cœur à tous deux. Il était Céladon, elle était Astrée…
Qu’elles craignent aussi que le diable n’entre par soi-même et en propre personne en leur sein et en leur corps ! Ou que la terre ne s’ouvre sous elles et les engloutisse ! Ou que la foudre ne les écrase en un instant ! Ou que quelque autre grand malheur extérieur ne leur advienne !…
Il est à croire que, tout ainsi que l’oiseleur, quand il voit la terre couverte de neige, en sorte que les oiseaux et les autres animaux ne peuvent rien trouver à manger, lors principalement, tend son rets et ses appâts pour les attraper… ainsi le diable prépare-t-il ses ruses ! Mais particulièrement quand il voit une femme se plaire à se montrer débraillée pour donner de l’amour : c’est lors qu’il attise et renouvelle en elle les feux amortis de la sensualité…
Combien sont effrontées les femmes…… les femmes qui, non seulement ne pleurent pas, ni ne font point pénitence pour les péchés de leurs prochains, mais au contraire les induisent et excitent à pécher en leur montrant leur col, et leur sein nu, avec une grande partie de leur dos et de leurs bras découverte !…