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Citations sur Petit Louis, dit XIV (77)

Ces gens étaient capables de se tordre de ressentiment, de se cogner durement la tête contre les murs, de verser des larmes à pleins seaux, accompagnées d’imprécations, de cris terribles et de gémissements stridents à l’occasion de la mort d’un proche parent, tandis que la vue d’un homme roué vif sur la place publique, ébouillanté dans un chaudron ou grillé sur un bûcher ne procurait qu’un frisson, le plus souvent agréable, à leurs sens en émoi.
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(...) : à mesure que la situation politique se compliquait, la tension augmentait entre le Roi et Anne d’Autriche ; car le gouvernement de Louis XIII se durcissait sous l’influence de Richelieu, qui, une fois entré au Conseil, et toujours sous le couvert de suaves protestations de modestie, avait obtenu une emprise grandissante sur l’esprit du Roi, en même temps qu’un rôle prépondérant dans la conduite des affaires. Le nouveau ministre s’était tout de suite opposé à l’Espagne, pour laquelle il ne cachait plus son hostilité, et aussi aux grands seigneurs du royaume, dont il barrait les prétentions, particulièrement ceux qui étaient huguenots. Les grands murmurèrent, puis, de cabale en cabale, ne tardèrent pas à comploter contre ce prélat arrogant qui cachait sa détermination autocrate sous les dehors d’une humble papelardise.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre II
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— Sont-ce bien des diables, maman ?
— Ce sont des âmes damnées qui souffrent en Enfer. Mais les âmes que le diable emporte ne périssent point, elles brûlent éternellement.
— Qu’est-ce à dire : éternellement ?
— Leur tourment n’a jamais de fin et le feu qui les cuit durera jusqu’au Jugement.
— Je ne veux point aller en Enfer, maman ! Le Dauphin était inquiet ; il y avait une supplication dans sa voix.
— Aussi n’irez-vous point, Louis, si vous dites bien vos prières et n’offensez jamais Dieu. — Assurément ?
— Il est vrai. À condition que vous soyez vigilant et que vous aimiez toujours notre sainte mère l’Église, ajouta Anne, qui lui caressait la joue pour le rassurer.

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre V
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— Savez-vous seulement ce que sont les poils du con, Monseigneur ? s’enquit-elle d’un ton guilleret.
Petit Louis fit un signe de dénégation timide.
— Comme cela ? Ne savez-vous point ce que sont les petits conins des demoiselles ? Les petits conins velus ? N’avez-vous jamais grattouillé celui de mademoiselle votre nourrice quand elle vous tient au lit tout nu ?
À chacune de ses questions, le garçonnet continuait de secouer la tête avec un air de parfaite ignorance qui affligeait la duchesse. — Ah ça ! dit-elle en se relevant, que lui enseignez-vous donc, ma fille ?
« Ma fille » prenait un air des plus pincés.
— Je lui enseigne, ne vous déplaise, madame, à ne pas offenser Dieu et à bien dire ses prières, comme il est de mon devoir. En outre, je ne crois pas que Sa Majesté la Reine approuverait cette conversation sur le velours des dames.
— Et Dieu, qui nous donne la vie par ces petits trous, n’est-il pas bien aise qu’on en parle aux enfants ? s’indigna Mme de Rallewaert, se moquant avec éclat. Quand je pense que son père au même âge mettait sa main sous mes jupes et qu’il tendait hardiment sa guillerie en relevant sa cotte pour qu’on la lui branlât ! Ah ! les temps deviennent bigots et revêches. Son grand-père, notre bon sire – Dieu ait son âme ! –, doit se retourner dans son tombeau à SaintDenis ! Adieu, Monsieur.

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre V
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Il y avait aussi ce conseil, utile pour un homme qui hantait les palais des souverains : « La vérité n’est pas toujours bonne, il la faut bien souvent taire ; ou s’il y a de la nécessité à la déclarer, il est besoin de faire comme les Pharmaciens & les Apothicaires, qui dorent la pilule pour la mieux faire avaler. »

Deuxième partie. Des châteaux en Espagne
Chapitre IV
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Pour dire autrement, ce nouveau dauphin de France se trouvait être proprement le neveu de l’Europe entière. Il aurait dû devenir, dans ce royaume dédié à la Vierge en honneur de lui, un prince de famille : un Jésus de paix.
Il n’en fut pas ainsi… Dieudonné, dit Louis comme son père, dit XIV encore enfant, était né d’un orage. Sa vie ferait hurler les foules et tonner les canons : sa vie ne serait que bruit, tumulte, fêtes, fracas, plaintes aussi, et guerres, et rugissements – elle serait couronnée par les cris des pauvres gens.
Pierre de La Porte, qui, pour l’heure, coulait à Saumur des jours monotones, pourrait écrire, trente années plus tard, sur ses carnets, parlant du nourrisson de ce dimanche de septembre : « Avec raison, on le pouvait appeler le fils de mon silence. »

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre XI
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(...) la chambre du Roi était un lieu plus sacré que la sienne ; le Roi était oint des saintes huiles, il était le lieutenant de Dieu, il avait le pouvoir de guérir. Quels que fussent l’ennui ou l’agrément de son caractère, il était en liaison avec Dieu, fût-ce à son insu. Le Roi était nécessairement magique, jusqu’à un certain point ; Anne pensait qu’elle serait davantage en sécurité dans sa chambre, où le Tout-Puissant ne saurait abandonner une enfant qui était en quelque sorte comme son sous-lieutenant…

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre XI
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La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre enflammée par la torche d’un sapeur ; d’emblée, elle fut considérée à Paris et dans tout le royaume comme la marque d’une intervention divine. Toutes ces prières ardentes, toutes ces offrandes, toutes ces supplications enfin – y compris la dernière, qui fut faite un beau soir de décembre par les âmes pieuses de la capitale –, toutes ces dévotions n’avaient pas été en vain ! Les prières avaient été entendues, les offrandes avaient été acceptées par la main de Dieu.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre X
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Quand elle eut prié, elle s’approcha doucement de la fenêtre ouverte. Tout dormait encore dans la maison. (...)
Elle regarda le lac, très clair à présent, où une vapeur légère flottait au-dessus des eaux dormantes. Elle s’accouda sur le rebord et respira les senteurs humides d’herbe, de mousse et aussi les exhalaisons de la vase séchée qui se craquelait au bord des étangs par étiage des eaux. Cette journée serait encore très chaude : l’horizon extrêmement lumineux prenait une teinte rose très clair au-dessus des forêts, du côté de Senlis.
Anne repensa à son rêve… Que signifiaient ces ormes droits et lisses ? Pourquoi son père les appelait-il les « roseaux qui naissent de l’eau » ?… Pour indiquer qu’ils étaient flexibles ? Que les bois, et sans doute les êtres les plus durs, peuvent ou doivent plier sous la volonté des rois ? Lesquels sont eux-mêmes les instruments sacrés de la puissance et de la volonté divine ?

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre V
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En outre, le garçon avait fait de bonnes études dans un collège de Baugé et il avait des lettres – préparé comme il l’avait été, de longue main, à entrer au service royal dans l’entourage de Marie de Rohan, il avait appris l’espagnol, qu’il parlait fort bien, chose tout à fait essentielle. Le castillan était alors non seulement la langue la plus importante au monde par le rayonnement de la cour de Madrid dans toute l’Europe, mais aussi celle qui se targuait du plus grand prestige dans la politesse de ses écrits, le raffinement de sa littérature et l’abondance de la pensée religieuse dont elle était le véhicule et le soutien. Par ailleurs, il était indispensable de savoir l’espagnol lorsqu’on était au service d’une souveraine qui, au bout de cinq années, vivait encore les pieds dans le royaume de France et l’esprit outre-Pyrénées. Ses sentiments, ravivés par le chagrin et par la langueur de l’été, la rendaient tout imprégnée du souvenir des terres ocre de Castille-la-Vieille et des senteurs ensoleillées des vergers de Valladolid, où elle était née. Le deuil rallumait en elle la poignante nostalgie de ses courses d’enfant sur les frais bords du Tage, dans les jardins d’Aranjuez où la brise jouait dans les feuillages gris des ormes, dans les cours du palais…

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre II
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