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Citations sur Petit Louis, dit XIV (77)

En quelques jours, on ne parla plus que de Mllc de Hautefort, dont tous les souhaits les plus chers semblaient se réaliser. Elle fut présentée par la princesse à la Reine Mère, qui fut également si charmée qu’elle l’accepta parmi ses filles d’honneur. C’est de ce moment que l’éclat de son extrême beauté, jointe à son extrême jeunesse, lui valut le surnom d’« Aurore » que toute la Cour lui donna. Car Dieu, après tout, l’avait conduite à la cour de France et Marie louait le Seigneur comme une bonne chrétienne d’avoir exaucé ses prières. Sa piété parut donc très vive, son esprit éveillé, sa bonté inépuisable, et toutes ces qualités, jointes à une grande fermeté, la firent aimer et rechercher de tous ceux qui l’admiraient déjà.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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L’aimable enfant était si belle, si douce, si bien morigénée qu’elle fit, sur bien des personnes de qualité qui la virent en compagnie de sa grand-mère, plus qu’une heureuse impression. Sa grâce, son esprit précoce séduisirent tant la princesse de Conti qu’elle la voulut mener avec elle en promenade, et tout le monde tâchait à deviner quelle était cette charmante jeune personne que l’on voyait à la portière de son carrosse.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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Les douze premières années de Marie s’écoulèrent dans la monotonie et l’austérité de la vieille demeure périgourdine, en compagnie de sa sœur la plus jeune, Charlotte, appelée d’Escars, qui avait six ans de plus qu’elle. Elle y fut élevée par les nourrices et les servantes, dans la vieille langue de ses aïeux, qui étaient chevaliers et poètes, dont on lui racontait les histoires, les croisades et la foi immense. Ils étaient, lui disait-on, les protecteurs des veuves, des orphelins et des prêtres. Marie mélangeait ces histoires avec les récits, qu’elle entendait chez sa grand-mère, de la vie brillante et agitée de la Cour, où se faisaient et se défaisaient les destinées glorieuses et le destin du royaume. Quand elle avait onze ans, elle s’enfermait dans une chambre de la tour et demandait à Dieu, à genoux, dans une ardeur sauvage, qu’il la conduise à la cour de France… Elle disait à Dieu que peu importait la manière et ce qu’elle ferait là-bas : qu’il voulût seulement la rendre belle, pour voir Monseigneur le Roi et Notre-Dame la Reine.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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Marie était née en 1616, dans le vieux château féodal de Hautefort, à deux lieues et demie d’Excideuil, dans le Périgord, sur une colline qui domine la Baure. Son père mourut quelques jours seulement après sa naissance dans cette demeure antique qui avait appartenu au fameux poète Bertrand de Born, oublié de tous, et à bien d’autres illustres personnages des temps anciens, eux aussi sortis des mémoires. Avant de devenir une noble résidence, ce château de Hautefort avait servi très longtemps de rempart dans les guerres des Anglais. La mère de Marie avait suivi d’assez près son époux dans la tombe, de sorte que l’enfant était restée orpheline en très bas âge, presque sans biens, et elle avait été confiée aux soins de sa grandmère, Mme de La Flotte, une noble personne qui séjournait parfois à Paris et se rendait à la Cour, d’où elle rapportait toutes sortes de contes merveilleux sur la vie de douceur et de fêtes qu’y menaient des princesses et des demoiselles de bonne naissance et de haute vertu.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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La Porte reconnut, à la lourde perruque qu’il portait par tous les temps, l’un des auteurs les plus à la mode de ce printemps, qui s’appelait M. Corneille. C’était un homme de stature assez épaisse, à la démarche un peu lourde, qui atteignait la trentaine et avait déjà toutes ses dents pourries. On en disait grand bien, et sa tragédie à l’espagnole, l’été dernier, avait soulevé la passion des jaloux et provoqué entre les parties une querelle qui ne s’était pas encore apaisée…

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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Marie, que l’on appelait toujours Aurore à l’âge de vingt et un ans, à cause de l’éclat de sa beauté légendaire, était d’une grande et belle taille, avec un air libre et aisé qu’elle déployait sans effort. Son aspect donnait à sa personne un certain air de majesté et de bonté tout ensemble, qui inspirait chez tous ceux qui l’approchaient du contentement, de la tendresse, en même temps que du respect… Elle avait la gorge bien formée et fort blanche, le cou rond, le bras bien rond aussi, les doigts menus et la main pleine. Ses cheveux, du plus beau blond cendré qu’il fût donné de voir sur les épaules d’une jeune fille, longs et bouclés, formaient une masse épaisse et ondulante qui descendait sur ses tempes, sur sa nuque, et qui lui tombait jusques au bas du dos. Son visage avait le front large en son contour, les sourcils blonds aussi, bien fournis mais séparés et arqués, et des yeux d’un bleu soutenu, d’une vivacité surprenante, aux coins fendus en amande, des yeux que tous ceux qui l’avaient vue ne pouvaient plus oublier. Elle avait le nez droit, la bouche assez petite au dessin parfait, avec des lèvres d’un rouge vif qui laissaient voir des dents blanches et régulières quand elle souriait, c’est-à-dire bien souvent. Ces sourires si plaisants lui creusaient deux adorables fossettes sur ses joues lisses où la nature avait mêlé le blanc et le vermeil avec tant de mignardise que les roses semblaient s’y jouer avec les lys, disaient les poètes de la Cour.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre IV
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Celle qui descendit les marches la première, lentement, tenant ses robes à poignée, suivie d’un grand chien roux qui lui léchait la main dont elle le flattait en marchant, était, dans toute sa grâce, Marie de Hautefort, dame d’atour et confidente de la reine Anne.

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Chapitre IV
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Quand elle sortit sur le perron de l’esplanade, Angélique avait coiffé un chaperon de voyage qui ne laissait voir de sa chevelure que les longs bouffons à l’anglaise qui encadraient son visage mat et mince où luisaient ses grands yeux noirs. Il se fit un silence. Elle quittait pour toujours les fastes, les faveurs, la vie frivole de la Cour. Elle choisissait de son propre gré et vouloir, sans contrainte, l’austérité de la règle monastique : elle sentit dans ce silence, et sur les visages de ces femmes, dont presque toutes avaient un jour réfléchi à ce choix pour elles-mêmes, le respect qu’inspirait son renoncement.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre III
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À ce moment, Mllc de La Fayette n’était plus tout à fait certaine que Dieu l’appelât… Pour la millième fois depuis une année entière, le doute l’assaillait, l’obligeant à considérer interminablement si le cardinal de Richelieu n’était pas celui qui la poussait insidieusement vers le cloître, comme le lui assuraient ses oncles, l’évêque de Limoges, ami particulier de la Reine, et le chevalier de La Fayette, comme du reste tout le parti de Mmc de Sénécey, prudente et digne, qui haïssait le Cardinal. Ceux-là s’étaient tous opposés, dès l’abord, comme le Roi lui-même, à cette vocation où ils voyaient l’inspiration secrète de Son Éminence qui souhaitait se débarrasser ainsi de la favorite afin de placer auprès du monarque une créature qui fût plus docile à ses propres desseins.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre III
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Car, en ce beau mardi qui suivait les fêtes de l’Ascension, le 19 mai en l’an de grâce 1637, Louise de La Fayette, que le Roi appelait Angélique, se préparait, après de tumultueuses hésitations, à entrer au couvent. La beauté fragile, l’aspect juvénile et la gaieté enfantine de cette demoiselle d’honneur de la Reine avaient attiré l’attention de Louis XIII – une attention habilement dirigée par son premier écuyer, Saint-Simon, lequel, agissant sous la direction de Richelieu, lui parlait sans cesse des mérites de la petite nymphe brune… Depuis un peu moins de deux ans, il en avait donc fait sa chaste favorite et il l’aimait tendrement, remplaçant momentanément dans sa faveur la favorite en titre qu’était Mme de Hautefort, dont la beauté de légende s’accompagnait d’un esprit fort sarcastique et surtout d’une fidélité absolue à sa maîtresse la reine Anne, dont elle était la dame d’atour… Le Roi, qui venait de quitter le château si brusquement, ne s’était résolu à accepter la réclusion de sa chère Angélique que la mort dans l’âme, après bien des débats, des tiraillements à l’infini, tant l’idée de cette séparation lui était douloureuse.

Première partie. Le fils de mon silence
Chapitre III
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