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108 pages
éditions Faï fioc, 2020 (01/06/2020)
3.75/5   2 notes
Résumé :
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sept mai…



(...) sept mai, sept heures trois, tout serre davantage,
les pensées sombres ne lâchent pas, l'inquiétude déplace
dans la vie ce qui déjà n'est plus la vie. vingt-et-une heures
deux, ciel rose : j'y pourrais patauger longtemps, vautrer
ma charge jusqu'au déclin, n'en fais rien, répète encore
vouloir est un mur mais m'étreignent les regrets de
n'avoir pas pesé davantage sur la journée, de n'avoir pas
dissous les aplats mêlés, les touches éparses, les jus,
de n'avoir pas cédé, pas gagné, pas perdu de terrain,
de n'avoir pas aggravé l'étreinte — j'épingle à mes pensées
la mouche sur la vitre comme si c'était le seul véhicule
à présent possible et non pas taillis, branches, ciel, collines
ou fleur. huit mai, six heures cinquante-huit, tête en avant,
trilles assez maniérés d'un merle hautain, sa coupe
soudaine et presque publicitaire dans l'obscur raffut,
détachée comme s'il n'expulsait pas son chant mais
se le rentrait sans fin, l'enfonçait sous bec et plumes
par je ne sais quel orifice secret, l'oiseau devenant l'œil
ou le doigt chanté des matins, seul maître et peintre en son
chant. quinze heures trente-trois, virages à l'atelier jusqu'au
dégoût, l'usure, l'échec répété, bouillie de tête, d'herbe et
de membres, corps mêlés, vapeurs de térébenthine.
le noyau — quel est-il ? moteur / désir / désir effondré —
réclame silence : il faudrait ne plus, n'exercer pas les
potentialités pour que cède et s'ouvre ce qui n'appartient
à personne, et creuse ma nuque, doucement, que tout ça
m'avale, me broie, me rende au compost heureux.
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neuf mai…



neuf mai, cinq heures cinquante-six, hébété longtemps
par l'obligation, l'emploi du temps, non pas laissant venir
mais cherchant, traquant moi-même stations et silo dans
ce qui ne vient pas, dans ce qui lutte et s'acharne à ne pas
venir — mes récits d'impossibilités successives, de chambres
sans récits, sans plus personne pour dormir : on pourrait
dire encore j'inquiète l'inquiétude. onze mai, six heures
quarante-et-une, j'enfile un pull et toute la grande pièce
fraîche avec, passe à travers le col, sors la tête, j'attaque
mes pentes, slalome entre un tas de chiffons et les oiseaux
poussant d'un bloc à la fenêtre, mélange sonore et foncé,
chant par flaques, strates et sauts — je détache les pelures
jusqu'au timbre du plus froid chanteur touchant en moi
l'effroi, la bête surgelée des premières heures, merle encore
et sa tête toujours déjà coupée (Ponge: « Sous cet amas
de plumes il y a certains endroits où le corps existe,
d'autres où il fait défaut » ; sa phrase touchant à son tour
mon chant désastré, sonnant mon défaut d'existence), je me
surprends pourtant d'espoir entre le bloc et les chiffons.
treize mai, quatre heures trente-cinq, peut-être me faut-il
ces véhicules éphémères, scutigères, mouches ou merle,
qu'importe, pour déplacer ma pensée, la transporter —
ramener le clair par l'obscur et le reste par pattes, lassos,
becs ou salive, écoper le temps puis s'effondrer sur les
restes de ces toutes petites choses qui n'existent pas.
six heures cinquante-trois, ciel blafard, grandes pelles
s'opposent au bourrelet, pied lent d'un petit-gris passant
dans mon tableau double vitrage, puis l'émulsion coquille /
carrosseries, remorques et bâches plongeant sous la façade,
bafouant le rond clignotant cinquante. quinze mai, sept (...)
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ONZE FÉVRIER DANS MA DEMI-HEURE D’ATTENTE…



onze février, dix heures trois, dans ma demi-heure d’attente je traverse le marché, découpe nette au sécateur d’un poulet fermier, bac de potatoes — m’attirent les couleurs du cimetière, fleurs plastifiées dans la pente détrempent et chutent, je longe la paroi de crépi saumon, les pieds d’hortensias séchés, boules brunes où le bleu manque (exerce son absence), tombes affaissées, pierre noire usée peine à nommer l’occupant — une femme lustre un granit récent, désherbe, je quitte lentement, les yeux sur deux tas de gravier rose entamés, puis longe le mur, les hortensias de nouveau, rudoyant ma façon manquée de traiter ces miniatures. […]
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NEUF FÉVRIER PAYSAGE AQUATIQUE D’ARBRES FIGÉS…



neuf février, huit heures vingt-et-une, paysage aquatique d’arbres figés, d’algues longues et ligneuses aux connotations lacustres, suivant le bleu du camion benne, sur les bavettes, le dessin blanc d’un rhinocéros, cuirasse à la Dürer – pointe sèche s’impose bien qu’il n’en soit rien dans ce paysage, ne venant alors que pour ça : contredire la mouillure généralisée (mon plaisir étrange de toucher les contraires comme d’avaler ses deux tétons d’une seule bouche certains soirs). seize heures quarante-huit, longeant les prés ramollis, la colonne creuse débitée d’un feuillu, filet d’eau, cane de barbarie s’ébroue, le poney broute – s’ébroue/broute, j’accède aux sonorités grossières que suscite mon trajet (je motorise) l’artifice langagier n’est est pas moins vérité. […]
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HUIT FÉVRIER JE M’ENTENDS PARLER DU TEMPS QU’ON SERRE…



huit février, dix-neuf heures cinquante-sept, je m’entends parler du temps qu’on serre, dilate, du peigne sensible repassé dans les phrases sans toucher jamais l’étage supérieur, ne faisant que passer, s’engouffrer de nouveau, je m’explique, justifie, prononce je m’autorise sonnant aussitôt sans déplaisir je motorise par retraits successifs et contractions. […]
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