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4,02

sur 457 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si le roman historique n'est pas vraiment mon genre de prédilection, j'ai cependant beaucoup aimé les confessions de Victor Renaud durant ce procès de onze jours qu'il sait pourtant perdu d'avance. de son enfance jusqu'à ce crime dont on ne découvre la nature qu'en toute fin de récit, en passant l'apprentissage du métier d'embaumeur, Victor partage ses déboires et son ascension sociale sans aucune langue de bois. S'il a finalement choisi une profession qui lui permet d'embellir la mort, sa vie s'avère cependant particulièrement écoeurante et sordide…

Les détails techniques de cette profession ont beau être assez glauques, le quotidien de cet embaumeur permet surtout une immersion totale dans le Paris de la Révolution à la fin du XVIIIe siècle, tant au niveau de la narration qu'au niveau de la description des moeurs de l'époque. Il faut à ce titre applaudir le travail colossal d'Isabelle Duquesnoy sur cette oeuvre qui regorge de tant d'anecdotes historiques intéressantes qu'elle s'avère finalement captivante… même pour un lecteur qui n'est pas du tout fervent d'histoire. le seul petit bémol est peut-être le manque d'empathie envers cet embaumeur rebutant au possible…

Un roman historique aussi captivant que surprenant, qui me voit non seulement ravi d'avoir franchi le pas en m'attaquant à ce genre que j'ai plutôt tendance à éviter, mais qui me voit surtout ravi d'être né à notre époque !
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Nous sommes au tournant des XVIIIème et XIXème siècles. Victor Renard comparaît devant le tribunal révolutionnaire pour un crime odieux, mais on ne sait pas lequel (On ne le saura qu'à la toute dernière fin). Durant 11 jours de procès, il livre sa confession. Ce que j'ai adoré dans ce roman c'est d'abord qu'il est très instructif: on apprend quantité de choses passionnantes sur la vie quotidienne au XVIIIème siècle, sur les métiers et surtout sur les pratiques et croyances autour de la mort, puisque Victor est embaumeur. Embaumeur, c'est à dire thanatopracteur, médecin légiste, chirurgien, agent des pompes funèbres, gardien de rites millénaires, fabriquant de produits cosmétiques... J'ai aussi appris que le "jus des coeurs royaux" (oui-oui !) faisaient l'objet d'un trafic car ils donnent aux peintres la matière d'un brun inimitable. Ensuite, ce qui fait de ce roman une perle, ce sont les personnages et surtout celui de la mère de Victor, l'ignoble Pâqueline, méchante comme la gale, ivrogne, cupide et tragédienne ratée. Pourtant, il y a un je-ne-sais-quoi qui fait que j'ai été un peu déçue: le suspens maintenu trop longtemps sans doute...
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Pendant ma lecture je ne cesse de penser au roman « le Parfum » de Patrick Süskind, il y a un je ne sais quoi dans ce livre qui en a le « même goût et le même éclat ».
Immédiatement l'on se demande pourquoi notre « héros » est en prison et va être condamné à mort. Il a 24 ans, possède un caractère doux et naïf. Il est embaumeur de son état. En s'adressant à ces juges et à la salle bondée de voyeurs, il s'adresse à nous. Il parle avec une franchise grivoise et beaucoup d'humour de son horrible jeunesse. Il faut dire qu'à l'époque on ne s'embarrasse pas de psychologie. Tout est balancé « cash » dans le monde de Victorieux. Et le personnage le plus détestable est bien sa mère.
La vie est d'une dureté absolue, tout se marchande, se vole, se maquille, tout est fausseté. Pour survivre il faut faire preuve de beaucoup d'ingéniosité. L'auteur nous décrit le métier d'embaumeur, la mode, la peinture, la vie de l'époque avec une précision inégalée. Ce livre nous plonge dans le Paris crasseux de 1789. Il est parfaitement documenté.
Malgré ce tableau de misères affectives et physiques, Victor aime passionnément. Avec un humour froid et grinçant, l'auteur nous livre comme un « Yseult et Abélard » des bas-fonds parisiens pendant la Révolution. J'ai pris énormément de plaisir à le lire. Je vous le conseille.
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J'avais entendu parler du livre d'Isabelle Duquesnoy sur une chaine Youtube dont j'ai totalement oublié le nom. du coup, lorsque j'ai vu qu'il était disponible sur la masse critique, je n'ai pas hésité une minute pour poser ma candidature. J'ai eu la chance d'être sélectionnée alors je remercie Babelio et surtout les Éditions De La Martinière dont je lisais là le premier livre il me semble ...

"Pute borgnesse !" Victor Renard n'eut jamais de chance avec les femmes. À commencer par sa mère, l'épouvantable Pâqueline, qui lui reprochait d'être venu au monde en étranglant son frère jumeau de son cordon ombilical. Puis ce fut Angélique, la prostituée, qui se moquait des déclarations enflammées de Victor et de sa difformité, comme de sa "demi-molle". Victor échappe pourtant à sa condition misérable : il devient embaumeur. Avec les cadavres, au moins, le voilà reconnu. Et en ces temps troublés, quelle meilleure situation ? Les morts, après la Révolution, ne manquent pas dans Paris …

J'ai un peu tranché le résumé dans le vif car je le trouvais un peu trop long. Je suis partie à la rencontre de Victor avec un immense enthousiasme et je n'ai pas été déçue. On suit notre protagoniste alors qu'il est en train de livrer son témoignage. Il nous raconte son passé, depuis son enfance passée auprès d'une mère que j'ai trouvé horrible. Pâqueline Renard est veuve et semble détester complétement son fils. J'ai eu un mal fou à comprendre cette femme que j'ai adoré détester. Quelle bonne femme abominable !

Victor grandit, mûrit et fait des rencontres. Il commence un apprentissage et finit par devenir embaumeur (vous l'aurez compris avec le titre je pense). J'ai adoré en apprendre plus sur ce métier tel qu'il était pratiqué sous la Révolution. Les méthodes ont bien entendu beaucoup changé (heureusement !)et c'est passionnant de suivre l'apprentissage de Victor auprès de Maître Joulia. Même si certains cadavres sont vraiment peu ragoûtants, j'ai aimé découvrir quel soin les embaumeurs prenaient avec ces corps.

Et puis la vie de Victor est un roman à elle toute seule, il lui arrive des tas d'aventures. J'ai trouvé certains passages assez palpitants, d'autres en revanche m'ont paru un poil longuets mais ça, c'est juste pour trouver un point négatif au livre. L'auteure a fait un travail de malade sur son bouquin, on sent que tous les détails historiques sont réels et parfaitement maitrisés. J'ai appris de nombreuses choses au cours de ma lecture, je suis vraiment ravie d'avoir découvert l'univers et la vie de Victor Renard. Quelque part, il m'a fait penser à Jean-Baptiste Grenouille du Parfum de Süskind. Oui, c'est une belle référence mais je la trouve vraiment méritée.

C'est très bien écrit, la plume d'Isabelle Duquesnoy m'a séduite et a su me conquérir. En plus, elle utilise un vocabulaire d'époque, ce qui rend le récit vraiment vivant et crédible. Pour moi, c'est une réussite. Les personnages sont hauts en couleurs pour certains (je pense là à La Pâqueline et à Angélique par exemple ... Angélique que je n'aimais pas trop au début et qui a fini par me conquérir), le récit est dynamique et le lecteur souhaite absolument savoir à quelle sauce Victor va être mangé.

Mention spéciale pour la fin du livre. Je suis peut-être une andouille finie mais je n'avais pas réellement compris de quoi Victor était accusé. Lorsque je l'ai compris, j'avoue avoir été un peu heurtée quand même ! Je trouve que c'est justement cette fin qui sublime la totalité du roman. Je suis ravie de l'avoir découvert.

N'hésitez pas à plonger dans la vie de Victor Renard, avec le coeur un peu accroché malgré tout !
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⭐️⭐️⭐️⭐️/5

Paris, la révolution a décapité son roi. La ville lumière s'engorge de cadavres et le travail ne manque pas pour les croque-morts et les embaumeurs, dont un certain Victor Renard. Nous rencontrons notre protagoniste en plein procès, celui d'un crime odieux auquel il a perpétré, mais dont on n'en sait rien. Ce procès est aussi le moment pour Victor d'enfin être l'héro de son histoire, et nous livre un récit autobiographique mêlant cruauté, ironie et pitié. La plume de Duquesnoy est délicieuse. Elle nous dépeint un environnement et une histoire dérangeante, glauque, mais avec un humour pince-sans-rire qui allège le récit et son fond.

Victor Renard, jeune homme avec un grand coeur et un bon fond, mais haïe par sa mère qui aurait rêvé qu'il meurt nourrisson. Malgré une vie ballottée par les coups et les mots blessants, il garde une douceur et une morale (quasi ?) impeccable. C'est un homme qui reste droit dans ses bottes et dont on ressent beaucoup de délicatesse. On s'attache à lui petit à petit, j'ai donc beaucoup apprécié ce personnage ! Ce que j'ai apprécié aussi, c'est découvrir son côté franc du collier pendant son procès qui était drôle à lire.

Victor, par le destin des choses, va découvrir le métier d'embaumeur grâce à un homme qu'il considérera comme son père spirituel et la première personne qui l'a bien traité dans sa vie. Il découvrira un art ancestral et nous montre l'importance de prendre soin autant des vivants que des morts (bien que ça ne l'empêche pas de piller des tombes et revendre des coeurs). Car oui, ce que j'ai trouvé aussi intéressant avec ce livre, c'est qu'il explore vraiment plein de facettes morbides de l'après-vie et de son business. On oublie - ou l'on ne sait pas - que pendant longtemps, les coeurs de personnages célèbres (dont la royauté) étaient très prisés par les artistes pour réaliser certaines nuances de rouge et de marrons... La prochaine fois que vous irez dans un musée et que vous regarderez un tableau de la fin du XVIIIe, vous pourrez vous demander si vous avez devant vos yeux le coeur de Louis XIV sous forme de peinture. Enfin bref !

Et cette fin ! On apprend enfin quel est le motif de ce procès, j'avoue que je ne m'y attendais pas. Cela colle complètement à l'atmosphère, le personnage et le livre en général, mais j'avoue que ça m'a étonné. le second plot twist encore plus ! Il renforce la révélation.

Enfin bref, c'est un roman que j'ai apprécié autant par cette atmosphère à la fois paradoxale et contrastante, mais nécessaire pour ne pas nous étouffer dans la chaleur fétide Parisienne, autant par ce protagoniste dont on s'attache et dont on a pitié. Ainsi que les passages à la fois burlesques, ironiques, mais également ceux plus écoeurants.

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Nous découvrons la vie de Victor Renard de sa naissance jusqu'au moment du procès. j'ai aimé suivre ses aventures, sa simplicité dans ce monde si dur, et les personnages secondaires il fallait les inventer. on apprend beaucoup de choses sur l'embaumement et sur la vie après la révolution, un véritable plaisir de lecture. Certaines de mes connaissances ont refusé de lire le livre au vu du titre. pour moi, elles sont passées à côté d'un bon roman.
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Cette auteure est une artiste par sa plume ; une historienne par sa formation et son partage des recherches réalisées sur les usages d'embaumement des corps...entre autre. Les découvertes sont multiples et étonnantes au fil des pages, des personnages .....révélatrices de pratiques, méthodes. Elles sont surprenantes et intrigantes notamment en matière de pigments de peinture. J'ai beaucoup appris au cours de cette lecture riche de détails, aux descriptions des lieux et des odeurs particulièrement précises, aux moeurs légères, où l'honnêteté n'est pas récompensée.
Le procès de ce Victor Renard, pauvre Victor affublé de multiples sobriquets/jeux de mots par une mère pleine de rancoeur et un père qui ne lui a pas laissé grand chose ; ce procès révèle la difficile réalité d'une société non empreinte de compassion. le verdict, connu d'avance, est décrit d'un joli verbe, parfois teinté d'humour. J'ai apprécié cette lecture qui m'a parfois rappelé «le Parfum».
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Voici que sous nos yeux de lecteur estomaqué commence la sombre confession de Victor Renard, comparaissant devant un tribunal pour un crime qui le conduira de façon évidente à l'échafaud ; mais auparavant il entend bien nous faire profiter, au fil d'une déposition qui durera plusieurs jours, des moindres détails de son existence… et de son métier bien particulier.

Victor Renard a été mal aimé durant toute son enfance, tordu du fait d'un torticolis congénital et considéré comme l'assassin de son frère jumeau, il n'a guère inspiré la compassion à son père (joueur de serpent dans les messes) mort littéralement coupé en deux par le soc d'une charrue, et surtout pas à sa mère, la malfaisante Pâqueline qui se complait à jeter des fèves par dessus son épaule chaque fois qu'il ouvre la bouche. le portrait est cruel et explique d'emblée que notre héros soit en manque éperdu d'affection ; sa rencontre avec monsieur Joulia l'embaumeur, dont il va devenir le zélé apprenti, va changer sa vie en lui permettant d'échapper à son triste sort, et peut-être même d'arriver à conquérir l'amour de sa vie, la capricieuse Angélique.

Et voilà qu'on en apprend avec moultes précisions sur la bonne conservation des coeurs (70 jours de séchage) et sur le profit que l'on peut tirer d'un corps après la mort ; car oui, même si Joulia et son apprenti travaillent dans le plus grand souci du chagrin des familles, il n'en reste pas moins que l'époque post-révolutionnaire est difficile et propice aux trafics et combines en tout genre, jusqu'au commerce de « jus » et de « mumies », et là je préfère te laisser découvrir de quoi il s'agit, sache seulement qu'il se pourrait bien que dans nos musées se trouvent des tableaux particulièrement… sanguinolents !

En plus de ce contexte qui fait déjà de l'Embaumeur un roman qui ne ressemble à aucun autre, il faut ajouter une écriture drôle, érudite, truculente et très organique… Isabelle Duquesnoy a un goût prononcé pour la transgression et ça se sent ! On devine le travail de fou (10 ans !) derrière le livre, qui nous permettra d'acquérir un vocabulaire inédit (et fleuri) et une connaissance de pratiques inédites (oserai-je te parler de l'objet qui a failli donner son titre au roman et sert de fil conducteur ?). Lorsque l'on referme le livre avec regrets, on a le sentiment d'avoir fait une lecture hors normes, un voyage en des temps troublés reconstitués avec minutie, et avec une seule envie : que Victor Renard poursuive son odieuse confession.
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Ce livre se présente sous la forme d'une confession. En effet, Victor Renard livre son témoignage à des juges, on le comprend assez vite, mais comme il veut expliquer tout en détail pour que ses juges puissent prendre la meilleure décision, il remonte loin en arrière par rapport aux faits qui lui sont reprochés. D'ailleurs, ces faits, le lecteur ne les connaîtra que dans les toutes dernières pages.
Lors de son récit, Victor Renard raconte son enfance et sa jeunesse, durant lesquelles ses parents lui ont bien fait comprendre qu'ils ne l'aimaient pas, qu'il était un raté et même un assassin puisque son cordon ombilical était enroulé autour du coup de son frère jumeau lors de la naissance, et ce dernier en est mort. Avec son style, Isabelle Duquesnoy nous plonge dans l'horreur de la vie de ce garçon à qui rien n'est épargné : avec un vocabulaire direct, argotique on reçoit quasiment la même violence que Victor. C'est également vrai par le fait qu'elle donne beaucoup de détails dans les sévices qu'il reçoit ou les discours qu'on lui tient. Tout cela est abject et le lecteur en a bien conscience. Heureusement, il va rencontrer M. Joulia, embaumeur, qui va lui enseigner son métier et lui témoigner un peu de respect et presque de l'amour.
J'aime beaucoup cette autrice qui a le don de vous "faire ressentir" son récit et c'est encore le cas cette fois.
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Sous la forme d'un récit d'audition, nous découvrons au fils des jours la vie de Victor Renard, de sa naissance jusqu'au jour de son arrestation par les gens d'armes venus le quérir dans son cabinet d'embaumeur.

L'histoire se situe dans la seconde moitié du 18ème siècle et Isabelle Duquesnoy rend avec une extrême justesse la réalité et l'ambiance de cette période de notre histoire!

C'est avec un style à la fois érudit, léger et plein d'humour que l'on fait connaissance des personnages qui gravitent autour de Victor et qui font chacun sa joie et son malheur.

Ce jeune homme malchanceux né dans une famille rude et non aimante va se construire et faire fortune grâce à son maître d'apprentissage qui va l'aider à trouver sa voie.

Un très agréable moment de lecture que je vous conseille vivement. Assez peinée de le quitter, j'entreprends la "suite" de ses aventures avec le récit de l'histoire : "La Pâqueline, ou les mémoires d'une mère monstreuse".
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