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4,02

sur 457 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelle belle lecture fut celle de L'embaumeur ! Victor Renard est à l'aube de son procès. Il va parler, raconter ce qu'était sa vie et ce qu'elle devint.
En sa compagnie nous découvrons les méandres de notre corps. Notre enveloppe corporelle n'a pas de secret pour Mariel Joulia, maître et embaumeur, qui initie Victor au secret du métier ô combien nécessaire. Cet homme bienveillant est une lumière dans la vie de notre jeune héros, bien malmené depuis sa naissance par ses parents.
Isabelle Duquesnoy a l'art et la manière pendant 470 pages de décrire toutes les possibilités qui sont ouvertes à ces deux compères pour rendre un corps présentable avec les moyens et connaissances de l'époque sur l'anatomie, les plantes. Voilà que nous découvrons ce que deviennent les coeurs et quel usage en est fait, les parties qui se monnayent, toutes les astuces (comment fermer la bouche d'un mort par exemple).
Il n'y a jamais rien de répétitif ou rébarbatif dans ce roman. Une description du quotidien de cette fin du 18ème siècle (après la Révolution) ancre les personnages dans le Paris de l'époque et réussit à nous projeter dans l'époque, à nous faire aimer son héros.
Une très belle histoire.
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"Tout siècle est porteur de son génie, d'un personnage hors du commun, fascinant ou répugnant, démon de l'architecture ou farfadet du flûtiau, dont l'oeuvre appartient au monde une fois le titan refroidi. Une vie d'orgueil cachée derrière un masque ; tout n'est que composition, visant à étouffer la crainte de retomber dans l'oubli, puis en poussière. Nul génie n'échappe à l'insolence de la mort, et c'est bien ce qui le rend encore plus inventif : la peur."

Si vous avez aimé le Parfum de Patrick Süskind, alors précipitez-vous sur cette odieuse confession. Vous verrez, Victor Renard n'a rien à envier à Jean-Baptiste Grenouille. Oh bien sûr nous avons là deux histoires très différentes mais les deux ouvrages se rejoignent sur de nombreux points : la reconstitution historique, des personnages hors normes et surtout... l'importance des odeurs. Tout bon ouvrage historique rappelle à bon escient que de nombreux siècles se sont succédé avant que les puanteurs ne soient éradiquées... qu'elles soient corporelles ou environnementales. A la fin du 18ème siècle, moment où se tient l'intrigue qui nous concerne, on fait encore ses besoins dans la rue, et les parfums dont on s'asperge ne cachent pas totalement les effluves de corps mal toilettés. Dans ce roman truculent et passionnant, aucune odeur, aucune puanteur ne nous est épargnée et nous avançons, captivés, sur les traces de pratiques méconnues.

Nous sommes aux alentours de 1795, dans une France post-révolutionnaire et Victor Renard fait face à ses juges du fond du cachot où il est tenu au secret. Comment est-il devenu l'homme le plus détesté de Paris ? C'est ce que nous découvrons au fur et à mesure qu'il déroule son histoire, et que l'on oscille entre fascination, révolte, pitié et écoeurement. Affublé d'un torticolis dû à la position du cordon ombilical lors de sa naissance, cordon qui a étranglé son jumeau en passant, le pauvre Victor est l'objet de moqueries en tous genres à commencer par celles de ses propres parents. Disons qu'on ne souhaite à personne d'avoir pour mère Pâqueline Renard, sorte de mégère hurlante, sale et âpre au gain qui appelle son fils Victordu, le traite d'assassin et d'incapable et ne pense qu'au moyen de lui faire gagner de l'argent afin d'améliorer son ordinaire. Après de nombreuses péripéties, Victor devient l'assistant de l'embaumeur le plus réputé de Paris et découvre, en même temps qu'une certaine forme d'affection, tout un monde de pratiques commerciales autour de la mort... Il apprend vite, trouve une forme de respectabilité, accède même à l'amour, cet amour qui lui a tant manqué qu'il pourrait peut-être causer sa perte.

Franchement, il faut se laisser embarquer dans cette fresque presque inclassable qui ose le langage crû, nous plonge dans les secrets de certaines peintures et interroge notre rapport à la mort. On n'a pas tous les jours l'occasion de lire de tels romans, à la fois précis dans la documentation et la reconstitution et virtuoses dans la narration et l'évocation. Une expérience à la fois troublante, divertissante et fascinante.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Voici un livre extrêmement bien écrit, très documenté mais surtout empreint d'un humour savoureux, qui fait sourire à chaque page, bien que les scènes soient souvent tragiques.
Un contexte ainsi qu'un décor original, que l'on apprécie à chaque page, d'autant que l'histoire est assez prenante. Une réussite !
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Je me suis bien amusé à la lecture de ce roman qui raconte la vie de Victor Renard mal aimé de ses parents sous prétexte qu'il a tué son frère jumeau mort-né le cordon ombilical entouré autour du cou.

le roman est écrit sous forme de témoignage Victor étant accusé d'on ne sait quoi raconte sa vie à la cour. On connaîtra l'acte d'accusation à la fin du roman. le ton est humoristique, le langage des protagonistes est assez cru, certaines situations sont cocasses , on en apprend beaucoup sur les usages mortuaires de la fin du XIXe siècle, sur les méthodes d'embaumement aussi et sur les us et coutumes en général de cette époque.

Isabelle Duquesnoy a une plume alerte, vivante, jamais ennuyeuse, un vrai talent de conteuse et aucune fausse pudeur pour appeler un chat un chat, Elle a tout ce que j'aime d'un écrivain: une bonne histoire à raconter, un bon talent pour le faire, un sens de l'humour évident et un sens de l.intrigue qui nous tient en haleine pour savoir comment tout ça va finir. Alors je ne bouderai pas mon plaisir et je lirai la suite de l'embaumeur, la Pâqueline, on s'en reparle.

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Le cadre de l'histoire : la révolution. Nous sommes au procès de Victor Renard ou « Victordu », sobriquet dont il est affublé car il est né avec le cou tordu, est face à ses juges, sous la forme d'une confession il va livrer les détails de sa vie et nourrir l'assistance de la particularité de celle-ci et de ce qui l'amène à être candidat à la guillotine. Victor est né dans une famille qui ne l'aime pas, son père musicien meurt accidentellement, sa mère Paqueline Renard est une femme odieuse qui lui voue une haine irréversible et autant dire que c'est réciproque... le jeune Victor se débrouille comme il peut pour survivre, obligé de travailler pour donner de l'argent à sa mère mais aussi dans le but d'en gagner pour offrir de jolies choses à sa belle Angélique, il va se faire engager en tant qu'apprenti par maître Joulia, embaumeur, sa vie va se métamorphoser ! Ce livre m'a fait passer par toutes les émotions, plus de 500 pages, des mots qui vous glissent sous les yeux à une vitesse folle. L'Histoire est le domaine de prédilection de l'auteure, c'est une transmission d'un savoir que l'on prend plaisir à lire, c'est un roman passionnant écrit pas une passionnée ! L'ambiance des rues de Paris et de la misère qui y règne est très bien retranscrite, l'apprentissage du métier d'embaumeur, ses rituels, ses techniques et ses digressions, est tout simplement passionnant à découvrir et la cerise sur le gâteau : l'auteure insère dans ce récit le trafic des coeurs des rois par certains peintres de l'époque, notamment Martin Drolling, c'est stupéfiant ! Ma conclusion est simple : un livre haut en couleur avec des personnages qui ont du relief, rien de lisse non plus dans la narration et une écriture de haute volée ! Si on a envie de trouver un bémol ce serait la couverture du livre peu attirante mais je vous conseille de vous jeter dessus et de mon côté je vais me procurer rapidement « La Pâqueline Renard où les mémoires d'une mère odieuse » qui vient de sortir !
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Voilà un moment que l'embaumeur me faisait de l'oeil (fort heureusement pour des raisons livresques).

A la sortie de sa suite en format poche, je me suis lancée et ai acheté les deux volumes d'un coup.

Et quelle riche idée ai-je eu là !

Certes, il m'a fallu un petit temps d'adaptation au style narratif, immergeant le lecteur dans le phrasé argotique d'époque de ces personnages plus vrais que nature.

Mais je ne peux que saluer l'écriture de l'autrice alliant humour caustique bien dosé, parsemé de critiques acerbes de la société, et transmission de son savoir historique sans en avoir l'air, des grands sujets aux petites anecdotes.

Saviez-vous que certaines grandes oeuvres ont été réalisées avec le sang des rois de France ?
Connaissiez-vous l'origine du mot impasse ?
Vous doutiez-vous que les pâtisseries servaient des pâtés, tourtes et viandes avant de servir les donuts de nos goûters ?

Un roman historique comme je les aime, divertissant et enrichissant, le combo parfait !

L'incipit m'a talentueusement harponnée et plongée au coeur d'une intrigue des plus particulière et captivante.

J'ai passé les 450 pages de ma lecture à me demander ce qu'avait pu faire ce pauvre Victor pour se trouver dans cette salle d'audience, craignant l'échafaud, face à un public dont j'étais un membre non averti de ses méfaits jusqu'à la fin.

L'usage de ce « pauvre Victor » vous laisse entrevoir l'attachement que j'ai ressenti pour ce personnage dont j'ai suivi le récit de sa vie et de ses multiples péripéties avec appétit pendant 11 jours de confession.

Pourtant, nous sommes plus proches de Quasimodo que de Casanova : tordu de naissance, boutonneux, sans le sou, haï de sa pochtronne de mère qui lui reproche jusqu'à son existence, ayant assisté à l'éviscération de son père tout aussi abject que sa mère, et se faisant mener en barque par une catin qui n'a d'angélique que le prénom. Seul son mentor apporte une touche de bienveillance dans sa triste existence.

Bref, une lecture que je vous recommande chaudement !

Pour ma part, je m'en vais attaquer sa suite…
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Entre défiance et fascination, découvrez l'histoire insolite de Victor Renard, embaumeur du XVIII ième siècle !

Spécialiste des chairs putréfiées, imbattable sur les nymphes, les pupes ou autres asticots, c'est le hasard de la vie qui le mène à ce métier hors du commun, qui sera son salut et signera sa perte. Né tordu, houspillé et méprisé par ses parents, son misérable départ dans la vie ne présageait pas grandeur et respect de ses concitoyens...

Admirablement décrit, d'un réalisme stupéfiant et remarquable, on est pris par cette histoire incroyable ! Ces confessions, tant touchantes que passionnantes, nous embarquent dans l'époque difficile post révolutionnaire, où l'hygiène comme la santé laissaient à désirer. La mort est alors une compagne bien connue de tous... Époque bénie pour les embaumeurs qui officient autant pour s'assurer que les morts sont bien morts que pour les rendre présentables, mais aussi pour déterminer la cause de leur trépas !

Là où les odeurs et les humeurs des corps pourraient en faire défaillir plus d'un, Victor, habitué à la puanteur et aux sévices n'y trouve rien à redire, et se passionne pour ce métier qui s'offre comme une aubaine ! Et poussé par la nécessité, ose sortir des sentiers battus pour arrondir les fins de mois.

Quand on le découvre, Victor semble condamné. Et c'est lors de sa confession au tribunal qu'on aura les détails de sa déchéance finale. Déballage des secrets tragiques de son enfance, complaisance dans les vicissitudes du corps humain, donnant un descriptif fouillé de son expérience du terrain, sans crainte d'écoeurer ou de rebuter son auditoire, il n'épargne rien ni personne. Il ouvre son coeur et sa mémoire, et subjugue son auditoire ! Et si son histoire est d'un abord plutôt sordide et pathétique, elle va être pourtant transfigurée par l'amour d'une femme. Car le noeud de l'histoire réside dans la passion amoureuse qui a bouleversé sa vie...

Richement documenté, ce récit détonnant et formidable ne se quitte qu'avec regrets. J'ai envie de commencer une grande ola pour ce grand roman historique et je vous attends pour la continuer à ma suite !
Lien : https://auxpetitespepites.bl..
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« Avec ton métier d'embaumeur, ta vie n'est qu'une histoire de trous. »
J'ai découvert Isabelle Duquesnoy, grâce à une amie lectrice et à son roman La Pâqueline, qui serait la suite de L'embaumeur. L'inversion des lectures n'est en rien gênante, car c'est la réponse du berger à la bergère ou vice versa.
Le plaisir de lecture est intact et trouble car le lecteur se délecte d'horreurs d'un réalisme absolue.
C'est dû à une plume lettrée et cultivée, accompagnée d'un esprit farceur, l'auteur joue avec nous avec brio.
Il s'appelle Victor Renard, il est sur le banc des accusés et pendant onze jours il va essayer d'échapper à la guillotine, le pourquoi vous ne le savez pas d'emblée et cela a peu d'importance finalement.
Il est même dépouillé de son prénom.
« On me surnomme Victordu, à cause de ma tête penchée sur le côté. Un torticolis congénital m'inflige cette posture que vous pourriez prendre pour une pitrerie. Je ne ressemble pas à ma mère, autrefois admirée tant pour sa beauté que pour sa tournure naturelle bien qu'elle fût de fort petite taille. Je suis laid, ramassé, et toujours atteint d'une acné dont j'ai passé l'âge. »
Sa mère, la Pâqueline dit de lui :
« Brave Victordu, bon à rien mais prêt à tout. »
A la naissance, ils étaient double, mais Isidore fût étranglé par le cordon de Victor, alors a paré le mort de toutes les qualités et le vivant de tous les défauts.
Le père meurt lorsque l'enfant est tout jeune, alors la veuve place Victor en pension.
A la fin du premier trimestre, la Pâqueline attend Victor à la sortie de la pension.
« Au regard d'autrui, elle était une bonne mère puisqu'elle chérissait son grand dadais. Qui pouvait deviner les moisissures du pain qu'elle me faisait avaler ? »
Alors pendant les onze jours de son procès, Victor Renard va se raconter, non pas se répandre, même s'il joue avec son auditoire, de plus en plus nombreux au fil des jours.
Il va être factuel et vous faire vivre sa vie.
Un règlement de comptes avec sa génitrice ?
Pour commencer sa vie d'homme, elle lui offre ce viatique :
« La grossesse, m'avait-elle révélé, le plus gros bide de ma carrière ! Une malédiction ! Une excroissance de chair qui pendouille ! Mon talent foudroyé en plein vol ! »
Un duo fils-mère inoubliable ! Un pugilat jouissif et désopilant.
Un roman-fresque inclassable, un langage cru sous une plume débridée, une odieuse confession ? A vous de juger, mais une chose est certaine, vous serez vite envoûtés par cette lecture addictive et vous en redemanderez.
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Ce livre est fantastique dans le sens où il nous propose un portrait d'un homme plutôt atypique, quoique à cette époque.... Un enfant qui partait avec tant de handicaps que sa vie fut presque un miracle... Qui plus est, l'auteure nous peint une époque, après 1789, très fouillée, un mélange d'Histoire, d'histoires, de sociologie, j'ai vraiment beaucoup apprécié!
C'est donc l'histoire de Victor Renard, né tordu du cou et ayant étranglé son frère jumeau dès la naissance avec le cordon ombilical, ce qui lui vaudra la haine farouche de sa mère toute sa vie!!!! Mais Victor est un survivant, et de ce fait, il se bat pour toujours essayer de vivre quelque chose... Et c'est comme ça qu'il devient apprenti embaumeur, après la Révolution, dans les temps troubles de la Terreur.... de pauvre, il devient riche et de détester, il devient mari et amant....
Vraiment un livre passionnant, avec moult descriptions de techniques d'embaumements, parfois certes pas très ragoutantes mais tout de même intéressantes, et un pan d'histoire du "petit peuple" à connaitre...
Une découverte au hasard de ma bibliothèque, j'adore!
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Quelle lecture jubilatoire! Autant le dire tout de suite, j'ai adoré me plonger dans ce livre de la première à la dernière ligne! le titre m'intriguait autant que la quatrième de couverture et j'avais hâte de découvrir quelle odieuse confession allait révéler Victor Renard. Un sacré personnage ce Victor à qui la vie et ses parents, franchement détestables, n'ont rien épargné à commencer par l'accusation d'avoir tué son jumeau avec son cordon ombilical! Plongé dans l'ambiance du Paris révolutionnaire, le lecteur va suivre les aventures de ce personnage original, attachant et remarquable par bien des aspects. Devenu embaumeur, il finira devant un tribunal pour y livrer sa vie et la révélation qui tient toute l'assistance en haleine. Sur l'embaumement, on apprend une multitudes de choses jusqu'à la plus surprenante: l'utilisation par des peintres d'alors du sang des cœurs royaux pour pigmenter leurs toiles! Mais, si les techniques d'embaumement sont très bien décrites, il n'y a rien de morbide dans cette histoire. Il est aussi question de vie et d'amour. J'ai aussi beaucoup ri! L'écriture d'Isabelle Duquesnoy est sublime, riche sans jamais être pompeuse, précise, rythmée et très imagée. C'est un livre historique passionnant, jamais ennuyeux et instructif! Si vous ne l'avez pas encore lu, précipitez-vous!
Je remercie vivement Babelio et les Editions de la Martinière de m'avoir offert cet immense plaisir de lecture à l'occasion de la dernière masse critique!
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