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4,03

sur 460 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Tout siècle est porteur de son génie, d'un personnage hors du commun, fascinant ou répugnant, démon de l'architecture ou farfadet du flûtiau, dont l'oeuvre appartient au monde une fois le titan refroidi. Une vie d'orgueil cachée derrière un masque ; tout n'est que composition, visant à étouffer la crainte de retomber dans l'oubli, puis en poussière. Nul génie n'échappe à l'insolence de la mort, et c'est bien ce qui le rend encore plus inventif : la peur."

Si vous avez aimé le Parfum de Patrick Süskind, alors précipitez-vous sur cette odieuse confession. Vous verrez, Victor Renard n'a rien à envier à Jean-Baptiste Grenouille. Oh bien sûr nous avons là deux histoires très différentes mais les deux ouvrages se rejoignent sur de nombreux points : la reconstitution historique, des personnages hors normes et surtout... l'importance des odeurs. Tout bon ouvrage historique rappelle à bon escient que de nombreux siècles se sont succédé avant que les puanteurs ne soient éradiquées... qu'elles soient corporelles ou environnementales. A la fin du 18ème siècle, moment où se tient l'intrigue qui nous concerne, on fait encore ses besoins dans la rue, et les parfums dont on s'asperge ne cachent pas totalement les effluves de corps mal toilettés. Dans ce roman truculent et passionnant, aucune odeur, aucune puanteur ne nous est épargnée et nous avançons, captivés, sur les traces de pratiques méconnues.

Nous sommes aux alentours de 1795, dans une France post-révolutionnaire et Victor Renard fait face à ses juges du fond du cachot où il est tenu au secret. Comment est-il devenu l'homme le plus détesté de Paris ? C'est ce que nous découvrons au fur et à mesure qu'il déroule son histoire, et que l'on oscille entre fascination, révolte, pitié et écoeurement. Affublé d'un torticolis dû à la position du cordon ombilical lors de sa naissance, cordon qui a étranglé son jumeau en passant, le pauvre Victor est l'objet de moqueries en tous genres à commencer par celles de ses propres parents. Disons qu'on ne souhaite à personne d'avoir pour mère Pâqueline Renard, sorte de mégère hurlante, sale et âpre au gain qui appelle son fils Victordu, le traite d'assassin et d'incapable et ne pense qu'au moyen de lui faire gagner de l'argent afin d'améliorer son ordinaire. Après de nombreuses péripéties, Victor devient l'assistant de l'embaumeur le plus réputé de Paris et découvre, en même temps qu'une certaine forme d'affection, tout un monde de pratiques commerciales autour de la mort... Il apprend vite, trouve une forme de respectabilité, accède même à l'amour, cet amour qui lui a tant manqué qu'il pourrait peut-être causer sa perte.

Franchement, il faut se laisser embarquer dans cette fresque presque inclassable qui ose le langage crû, nous plonge dans les secrets de certaines peintures et interroge notre rapport à la mort. On n'a pas tous les jours l'occasion de lire de tels romans, à la fois précis dans la documentation et la reconstitution et virtuoses dans la narration et l'évocation. Une expérience à la fois troublante, divertissante et fascinante.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Voici un livre extrêmement bien écrit, très documenté mais surtout empreint d'un humour savoureux, qui fait sourire à chaque page, bien que les scènes soient souvent tragiques.
Un contexte ainsi qu'un décor original, que l'on apprécie à chaque page, d'autant que l'histoire est assez prenante. Une réussite !
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Ne cherchez plus, ce livre est la pépite de cette rentrée littéraire ! Comme toutes les pépites elle était bien cachée car aucun grand média n'a jugé bon de se faire l'écho de ce fabuleux livre. Heureusement les réseaux sociaux et les lecteurs ne se sont pas trompés en mettant un coup de projecteur sur ce roman.

Nous sommes aux lendemains de la Révolution Française et c'est au pied de l'échafaud que Victor Renard raconte sa vie à ceux qui vont le condamner à mort. Son crime ? Il vous faudra attendre les dernières pages pour le connaitre.

La vie de Victor commence bien mal. Né tordu, pauvre et mal aimé par ses parents, il passe les 20 premières années de sa vie à n'être qu'un vermisseau mal traité par sa mère et par Angélique, son grand amour, catin ambitieuse qui abuse de ce jeune homme candide.

Jusqu'au jour où il rencontre Mariel Julia, maître embaumeur qui va l'aimer comme son propre fils et lui apprendre tout de ce métier hors normes. Petit à petit la vie matérielle de Victor change. Il s'embourgeoise, épouse Judith et mène une vie de nouveau riche.

Ce livre regroupe les onze jours d'audition de Victor devant son tribunal, onze jours durant lesquels il racontera tout et ne nous nous épargnera rien : comment conserver un coeur, comment découper un corps, combien se revend une dent, comment farder un cadavre, etc….

Il aura fallu 10 ans de travail à Isabelle Duquesnoy pour écrire ce roman mais quelle réussite. Un roman au coeur des viscères et de l'histoire de France dans lequel on apprend un tas de choses surprenantes.

Un livre truculent, passionnant, foisonnant, intelligent, excessivement bien documenté : un immense coup de coeur.

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ALERTE COUP DE COEUR ♥♥♥
Un jeune souffre-douleur dans le cloaque parisien!
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Suite à une critique élogieuse de G. Collard et au sujet historique intrigant, j'ai décidé de lire ce roman racontant l' "odieuse confession de Victor Renard", embaumeur de son métier.
C'est un réel coup de coeur! J'ai d'ailleurs pris bcp plus de temps à le lire pour pouvoir en savourer chaque instant.
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Familière de l'époque de fin de 18e siècle, je me suis délectée des scènes de la vie quotidienne, les dialogues au français argotique, une plongée dans le Paris des petites gens qui "ne se la racontent pas", mais où tout fourmille, grouille...
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Une véritable descente dans les quartiers pittoresques avec des personnages odieux et infâmes (ah la Mère!), des métiers oubliés et des sens affolés (on sentirait presque les odeurs nauséabondes des pissotières!).
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Le pauvre Victor - une anomalie de la nature d'après ses parents - pendant onze jours (11 chapitres) nous raconte avec verve et sans langue de bois, son enfance et adolescence ainsi que son apprentissage auprès d'un embaumeur, sa courte vie d'adulte auprès d'un public juridique (oui, il est condamné, et l'on va, tout au long du livre, découvrir son méfait).
Et l'on va également en apprendre plus long sur le métier d'embaumeur de cette fin de siècle. L'histoire dans la grande Histoire. Des coeurs royaux utilisés comme pigments de peinture...(véridique). On sent que l'auteure a passé bcp de temps à des recherches et nous dévoile petit à petit les fruits de son long travail.
Fans de romans historiques, jetez-vous dessus!
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Voici un livre que j'aurais pu ne jamais lire et cela aurait été bien dommage.En écoutant une rubrique de Gérard Collard,ma curiosité à été excitée et je me suis plongé dans la lecture immédiate de ce roman un peu particulièr.En effet,je n'ai pas trop l'habitude de lire des ouvrages historiques,encore moins de fréquenter les embaumeurs d'après la Révolution.Bref,au final,plus de 500 pages lues en deux jours,sans effort,sans avoir envie de quitter les personnages très "typés " de cette histoire peu commune.Quel travail de la part de l'auteure,comme l'histoire devient passionnante à étudier ainsi présentée. Une vraie découverte pour moi,un grand moment,une réussite.Je tiens vraiment à remercier l'auteure.Par contre,ne comptez pas sur moi pour résumer l'intrigue,je ne le fais jamais,mais je vous invite à vous laisser aller.
Je suis sûr que,comme moi,vous serez surpris....
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Le titre complet est "L'Embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard". Confession, car le bouquin tout entier est un très long soliloque, celui de Victor Renard, qui est jugé (il risque la peine de mort) pour une faute que le lecteur ne découvrira que dans les ultimes pages. Au cours de cette audience, qui s'étend sur onze jours, il raconte sa vie, comment les circonstances de sa naissance l'ont entraîné dans cette existence, laquelle l'a amené à commettre la faute en question
Victor Renard vit à l'époque de la Révolution française, au cours d'un chapitre, il assiste à la décapitation de Louis XVI. Né dans la pauvreté, avec une déformation du cou, haï par son atroce mère, et après avoir survécu de diverses manières, il devient embaumeur. Aujourd'hui, on dirait thanatopracteur. Contrairement à ce que les historiens ont cru pendant longtemps, cette pratique a toujours été assez courante, et non réservée aux gens aisés. Bien sûr, il y avait différentes qualités d'embaumement, selon la fortune de la famille.
Le coeur, organe d'importance très symbolique, faisait l'objet d'un soin spécial, puisqu'il était souvent momifié à part.
Mais ce qu'on ignore, car il en est rarement fait mention, c'est que ces mumies de coeurs ont été utilisées pour donner une couleur brun foncé à des oeuvres peintes, surtout les coeurs de rois et de reines, qui étaient particulièrement appréciés pour cette usage. Il y a donc de nombreux tableaux exposés au Louvre et dans d'autres grands musées, réalisés avec ce procédé ! Certains peintres, tel Martin Drölling, était coutumiers de cette méthode.
Wouahou ! Vous ne regarderez plus jamais une toile comme avant, et moi non plus.
Pour écrire ce roman magnifique, Isabelle Duquesnoy a bossé pendant dix années, au cours desquelles elle a effectué un travail de documentation colossal. Sans doute a-t-elle a vraiment visité le Paris de la fin du XVIIIe siècle, tant le décor de ce livre est réaliste. le vocabulaire, les habitudes, les croyances, l'habillement, les odeurs, les bruits, les coutumes, l'alimentation, les relations sociales, la musique… tout est décrit avec une précision sans failles, et cela contribue à transporter le lecteur dans cette époque dont on ne retient bien souvent que la guillotine et la chute de la monarchie. Je lis beaucoup de romans historiques, peu offrent une telle exactitude et un pareil dépaysement.
Revenons à Victor Renard. Comme je l'ai dit plus haut, un concours de circonstances fait de lui l'assistant d'un embaumeur, puis un embaumeur lui-même, profession qui fera sa fortune au-delà de toutes ses espérances, puisque la reconnaissance que les vivants lui ont refusée, il l'obtient grâce aux morts. Il tombe amoureux d'une femme, se marie avec une autre… Au cours de son apprentissage, il est formé au traitement des cadavres qui se trouvent dans des états plus ou moins avancés, et le lecteur découvre avec lui les recettes du métier (là encore, remarquable préparation de l'auteure). Il est prudent d'éviter certains passages après un repas copieux, car Isabelle Duquesnoy privilégie l'exactitude à la sensibilité de nos estomacs, et c'est très bien. Il n'y a aucune concession, ni dans les descriptions ni dans les mots employés.
"Je commençai par ôter délicatement son coeur. Il était gros et pâle, de consistance un peu molle. Je le déposai dans un plat de faïence. Puis, tout frissonnant de mon audace et de cette profanation, je vidai la vieille dame de ses viscères de la poitrine et du bas-ventre, lavant bien soigneusement ses intestins, au-dehors et au-dedans, avec du jus de raifort sauvage pressé. Cette plante comparable au radis croît dans la terre humide et possède une grosse racine longue, d'un goût âcre et brûlant, qui chauffe et dessèche les organes. J'avais appris, dans mes leçons précédentes, que le radis de jardin offre les mêmes qualités, mais que son action demeure beaucoup moins forte.
Après leur nettoyage, les intestins ainsi que les poumons présentaient de nombreuses protubérances réunies en grappes, petites bulles cireuses semblables à des grains de blé mûr."
Ne croyez pas que cela fasse de ce livre un ouvrage austère. L'intrigue est prenante, il y a des scènes drôles, du suspense, de la romance, des retournements de situations, et l'ensemble, allié à une plume excellente et une parfaite progression du récit, en font un bouquin passionnant.
À ne pas laisser manquer, sous aucun prétexte.
Lien : http://attardd.fr
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Paris, fin du 18ème siècle – les lendemains de la révolution chantent les têtes royales tombées.

Le roman débute avec la première journée d'audition de Victor Renard, face à ses juges. Lui aussi risque la guillotine qui a tranché la tête des aristocrates, alors qu'il n'est qu'un jeune homme de pauvre condition. Quel est son crime? Dans une longue confession, qui durera les onze jours de son audition, Victor Renard déroule le fil de sa vie jusqu'au jour fatidique de son crime…

Notre pauvre héros n'est pas né sous les meilleurs auspices: arrivé au monde laid et le cou tordu, il a malencontreusement étranglé son frère jumeau avec son cordon ombilical à la naissance. Maltraité par sa mère, une femme odieuse qui trouve tous les prétextes pour le détester, et par son père, musicien de paroisse qui mourra l'année de ses 15 ans mais continuera à révéler les petits secrets consignés dans son carnet, Victor va réussir malgré ses handicaps et les persécutions de sa mère à s'élever socialement en devenant embaumeur…


Paris regorge de morts, des bébés, des jeunes, des moins jeunes, assassinés, morts de mort naturelle… et en ces temps où les chambres froides n'existent pas, l'embaumement est la seule manière de conserver plus longtemps, parfois pour leur garder leur dignité après le trépas, parfois en espérant l'éternité, tous ces corps puants, putrides, coulant de fluides… Tout cela pourrait dégoûter n'importe qui, mais pas Victor Renard. Après avoir appris méticuleusement son art auprès de son maître Monsieur Joulia, Victor va ingénieusement faire prospérer l'affaire, s'élever socialement et s'enrichir, tout en devenant un expert dans sa science. Mais en ces temps troubles, les dangers viennent de partout, surtout lorsque l'on exerce un métier aussi morbide que secret… et sans compter les femmes, qui de sa mère à sa femme (épousée contraint et forcé) sont bien décidées à lui rendre la vie impossible tout en abusant de sa richesse nouvelle. D'autant plus qu'aux deux premières s'ajoute Angélique, jeune prostituée et grand amour de Victor, qu'il va prendre pour maîtresse…

520 pages dévorées en 2 jours, un véritable coup de coeur. A certains égards (la période historique, la maltraitance de l'enfant, et bien sûr le côtoiement des cadavres) ce livre m'a évoqué un roman qui a eu en son temps un grand succès: le Parfum, de Patrick Süskind. Mes comparaisons s'arrêtent là car mon souvenir en est assez flou. Toutefois, l'histoire de Victor Renard, plus réaliste et surtout plus avérée que celle de Jean-Baptiste Grenouille, a aujourd'hui, et de loin, ma préférence.

J'ai envie de vous dire « pauvre Victor Renard », affublé depuis toujours des surnoms les plus cocasses par sa mère (Victordu, Victorgnole, Victorchon, Victortillon, …), maltraité et mal aimé depuis toujours:


On éprouve d'emblée une empathie réelle pour ce Victor Renard, qui semble surtout être une victime – il nous paraît attachant malgré ses travers, son physique peu avenant. Aussi revient sans cesse cette lancinante question: « quel peut donc être ce crime qui va le condamner à la guillotine? »

On devine que le métier sulfureux de Victor est à l'origine de son acte, d'autant qu'il n'éprouve aucune répugnance, aucun dégoût dès que commence l'enseignement de M. Joulia. Bien au contraire, c'est un monde empli de fascination qui s'ouvre à lui.

Un monde qui se révèle encore bien plus morbide qu'il ne l'est déjà: au-delà des pratiques d'embaumement décrites, du commerce d'organes déjà en pratique, on y découvre l'utilisation avérée, par de grands peintres, de pigments issus des coeurs embaumés des têtes couronnées de l'ancien royaume! Isabelle Duquesnoy a fait un véritable travail de recherche à ce propos, aussi glaçant que fascinant. Comment imaginer que certains tableaux de nos rois de France portent à leur insu la trace de leur propre coeur?

Le roman prend place dans une reconstitution historique foisonnant de détails, très cinématographique, un Paris du 18 ème siècle qui interpellera le lecteur. On assiste au passage, l'air de rien, à l'exécution de Louis XVI, et même à l'autopsie de Louis XVII!

L'écrivaine use d'une langue à la fois opulente, truculente et alerte, particulièrement dans les dialogues, à même de nous faire ressentir l'ambiance historique et incarner les personnages dans leur époque.

Ce roman est une pépite, un bijou littéraire, tant du point de vue de l'intrigue, que du contexte, que de la langue. Seule une passionnée d'Histoire telle Isabelle Duquesnoy pouvait nous offrir un tel ouvrage.

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Alors, comment dire ? le dernier roman qui m'a fait cet effet là, c'est "L'oeuvre au noir, de Marguerite Yourcenar. Excusez du peu ! Isabelle Duquesnoy a mis dix ans pour écrire ce roman. Dix ans ! Sans jamais se demander s'il serait édité ou non. Voilà certainement le secret pour réussir une telle oeuvre. Un secret que nous devrions tous, auteurs plus ou moins anonymes, appliquer à la lettre. Ecrire avant tout pour soi, en puisant au fond de chacun de nous l'énergie nécessaire à affronter une décennie entière consacrée à un seul ouvrage. L'embaumeur ! Tout y est ! L'histoire à la fois terrifiante et tellement touchante de Victor Renard, personnage central qu'on finit par aimer parce que dans son témoignage, fut-il des plus terribles, se cache un besoin d'aimer et d'être aimé incommensurable. La qualité du texte, adapté à l'époque des faits ( avec une maîtrise du subjonctif à faire pâlir le meilleur des Bernard Pivot ). Une description exemplaire et captivante de cette période de l'histoire de France et des embaumements alors pratiqués. Une intrigue qui vous tient en haleine jusqu'à la dernière page... Et j'en passe. Donc, et pour finir, au cas où vous ne l'auriez pas compris, bien entendu il importe par-dessus tous que vous lisiez mon roman "la course du scarabée", mais, surtout, n'omettez pas de vous jeter sur l'embaumeur de Isabelle Duquesnoy ! Vous ne vous en remettriez pas si vous deviez passer à côté ...
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Un de mes coups de coeur de la rentrée 2017.
Tout est au rendez vous pour faire de ce roman une pépite qui, j'espère, fera parler d'elle.
L'histoire se déroule fin des années 1700. On suit l'histoire de Victor, un jeune homme que la vie n'a pas épargné dans les premières années et qui conservera d'ailleurs toute sa vie une déformation du haut de la colonne, tordant son cou sans qu'il ne puisse y remédier. Au fil de diverses péripéties, il se fait engager via sa mère, femme détestable qui ne cherche que le profit, par un embaumeur qui le prend son son aile. Apprenti dans cet univers très fermé et spécifique, il apprendra rapidement son métier et le lecteur sera initié par la même occasion à cette fascinante pratique millénaire qui consiste à préparer les corps en vue de les présenter à la famille mais également de tenter de les conserver au mieux. cette histoire est suivie via le procès en cours de notre fameux Victor. Je n'en dirai pas plus....UN seul conseil, courrez vous procurer cette pépite qui m'a fait penser bien des fois à l'univers sombre et instructif du "Parfum" de Suskind. ...Courrez je vous dit! ;-)
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Le roman d'Isabelle Duquesnoy plonge le lecteur dans le Paris post-Révolution, aux côtés de Victor Renard, embaumeur de son état, et confronté à des juges pour un crime que l'on va découvrir.

Livrant une confession fascinante, dans l'espoir de gagner du temps face à la guillotine qui vraisemblablement l'attend, l'embaumeur va dérouler le fil de sa vie. Une vie qui commence tragiquement, par une mort : celle de son frère jumeau, et qui sera jalonnée de drames, de joies, d'amour, de moments que nous allons partager, avec une joie totalement jouissive.

« « Je vous l'ai dit, je m'appelle Victor Renard…. On me surnomme parfois Victordu, à cause de ma tête penchée sur le côté. Un torticolis congénital m'inflige cette posture que vous pourriez prendre pour une pitrerie… Je suis laid, ramassé, et toujours atteint d'une acné dont j'ai passé l'âge ».

Homme malformé, difforme, transformé au fil des ans par des carences affectives (une mère particulièrement odieuse), il sortira de cette condition à priori implacable grâce à une rencontre, celle d'un maître embaumeur qui lui apprendra les rudiments de la profession, lui permettant ainsi d'accéder à une certaine aisance matérielle.

Paris est alors une ville ravagée, insalubre, la mort règne et épouser ce métier est donc ce que l'on nommerait aujourd'hui un « créneau porteur ».

Il faut aussi compter avec les « à-coté », les transactions sous le manteau, celles des grands artistes peintres, qui achètent des coeurs momifiés pour en extraire des pigments rares. Ce sont les « mumies », qui circulent plus qu'on ne l'imagine aujourd'hui. D'ailleurs, à la fin du livre, Isabelle Duquesnoy dresse une liste des lieux où sont actuellement exposées ou conservées des peintures réalisées avec lesdites mumies.

Au fil des pages et jusqu'à la fin que je ne révèlerai bien sûr pas ici, Victor m'est apparu comme un être fragile, abimé, en quête d'amour, et sa plaidoirie, qui ne peut laisser insensible, est un pur bonheur historique et littéraire.


Lien : http://nathdelaude.canalblog..
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